L’année expire, une autre recommence,
Ainsi le flot au flot succède et meurt :
Sans en connaître encore l’influence,
Un jour du moins, respirons le bonheur.
Que sur l’aile d’Éole
Tout noir chagrin s’envole !
Et réunis dans le sein du plaisir,
N’ayons qu’un cœur pour savoir en jouir !
Rappelons-nous comme autrefois nos pères,
Avec transport, saluaient ce beau jour ;
Ils devenaient tous amis et tous frères,
L’aimable paix habitait leur séjour.
Les jeux, les ris, les grâces,
S’enchaînaient sur leurs traces ;
Ils célébraient, dans leur joyeux élan,
L’heureux retour du premier jour de l’an.
Qu’ils étaient beaux, hélas ! ces temps antiques,
Temps de vertus et de félicité !
Dissensions, querelles politiques
Ne venaient point refroidir la gaité.
Être à leur Dieu fidèles,
Au roi, comme à leurs belles :
C’est le motto qu’avaient pris nos ayeux,
Ils y trouvaient le secret d’être heureux.
Ce jour du moins imitons leur exemple,
Faisons revivre encor le bon vieux temps !
Dans nos foyers transformés en un temple,
Sacrifions aux plus doux sentiments !
Mais que sous son égide,
La sagesse nous guide
Faite pour plaire à l’esprit comme au cœur,
Elle ne prend des plaisirs que la fleur.
Mais quel penser trouble soudain nos fêtes,
Et nous arrache à nos joyeux ébats ?
La foudre gronde au-dessus de nos têtes,
La terre tremble et gémit sous nos pas
Plus de paix, d’harmonie,
Dans ma pauvre patrie !
Quand des vautours lui déchirent le sein,
Comment ne pas trembler pour son destin ?
Faible, roseau battu par la tourmente
Qui va partout briser les nations,
Laisseras-tu ta tête chancelante
Fléchir, tomber aux vents des factions ?
Non ! non ! brave l’orage !
Ranime ton courage !
Ton front flétri ne succombera pas :
Vois Albion l’appuyer de son bras !
Mais bannissons des souvenirs funèbres,
Autour de nous ils ramènent la nuit,
Que l’horizon, désormais sans ténèbres,
Fixe nos yeux sur le jour qui nous luit !
Aimons notre patrie,
Que la paix, l’harmonie,
De ce beau jour signale les transports,
Et le bonheur restera sur nos bords.
|