Répertoire national/Vol 1/Chant de Noël

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Collectif
Texte établi par J. Huston, Imprimerie de Lovell et Gibson (Volume 1p. 230-232).

1833.

CHANT DE NOËL.

Quels chants harmonieux au séjour du tonnerre
Troublent le calme de la nuit ?
Les esprits bienheureux descendent sur la terre.
Sur leurs traces l’aurore luit.

        Éclipsant les rayons de sa gloire,
        Le Verbe s’était incarné…
        Enfin mille chants de victoire
        Disent qu’un Sauveur nous est né !
        Divin Enfant, tu nous appelles,
        Ta voix est celle du Très-Haut :
        Ton amour nous donne des ailes,
        Nous fait voler à ton berceau.

Mortels, réveillez-vous, marchez à la lumière
        Du jour qui se lève pour vous ;
Déjà l’astre divin commence sa carrière,
        Il vient nous vivifier tous.
        Voyez comme il chasse les ombres
        Où s’était plongé l’univers !
        Relancé dans ses cachots sombres,
        Satan frémit dans les enfers…
        Divin Enfant, tu nous appelles,
        Ta voix est celle du Très-Haut :
        Ton amour nous donne des ailes,
        Nous fait voler à ton berceau.

Trop orgueilleux mortels, quoi ! votre foi chancelle,
        A l’aspect de ce faible Enfant !
Votre fière raison refroidit votre zèle ;
        À son anéantissement…
        Craignez qu’il ne vous mette en poudre,
        Cet Enfant, Dieu de l’univers !
        Sa main n’a déposé la foudre,
        Que pour venir briser vos fers !
        Divin Enfant, tu nous appelles,
        Ta voix est celle du Très-Haut :
        Ton amour nous donne des ailes,
        Nous fait voler à ton berceau.

Tel que les fils de roi, descendu sur son trône,
        Si dans la pourpre il n’est pas né,
S’il se montre à vos yeux sans sceptre, sans couronne,
        Et sans pompe et sans majesté ;
        C’est que déjà sa voix vous prêche
        L’exemple de l’humilité ;
        Venez donc apprendre à sa crèche
        L’amour de l’humble pauvreté.

 
        Divin Enfant, tu nous appelles,
        Ta voix est celle du Très-Haut :
        Ton amour nous donne des ailes,
        Nous fait voler à ton berceau.

Du fond de son berceau maîtrisant la nature,
        Les astres marchent à sa voix.
Partis à ce signal et bravant la froidure,
        À sa crèche accourent les rois !
        Déjà les Dieux du capitole
        Tremblent, chancellent devant lui :
        Il n’a qu’à dire une parole,
        L’univers en poudre est réduit.
        Divin Enfant, tu nous appelles,
        Ta voix est celle du Très-Haut :
        Ton amour nous donne des ailes,
        Nous fait voler à ton berceau.

Chrétiens, n’imitons pas l’aveugle indifférence
        De l’ingrate Jérusalem ;
Partageons les transports, la sainte jouissance
        Des habitants de Bethléem !
        Marchons sur les traces des Mages ;
        Au lieu d’encens, de myrrhe et d’or,
        Offrons à Jésus en hommages
        Nos cœurs qui plairont plus encor !
        Divin Enfant, tu nous appelles,
        Ta voix est celle du Très-Haut :
        Ton amour nous donne des ailes,

        Nous fait voler à ton berceau.
Pierre Laviolette.