Réponse à l’écrit anonyme intitulé: de la formation des églises/chapitre 2

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Imprimerie et librairie L. Alex. Michod. (p. 58-63).



EXAMEN
de l’article commençant à la page 18, et intitulé :
Directions du Saint-Esprit pour l’état actuel des choses.

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L’auteur, cherchant les directions que la Parole nous a données pour les temps où nous sommes, temps, qui, selon lui, sont ceux d’une économie déchue ou manquée, ou d’une apostasie de l’Église, croit les trouver dans les passages suivans : Détournez-vous de telles gens (2 Tim. III, 5.). Ne portez pas un même joug avec les infidèles (2 Cor. VI, 14). Là où deux ou trois sont réunis au nom du Seigneur, il est au milieu d’eux (Matth. XVIII, 20).

Après nous avoir cité ces trois passages qui, selon lui, nous servent de direction pour les temps actuels, l’auteur fait une nouvelle sortie contre ceux qui voulant, de nos jours, constituer des Églises, prétendent que « toutes les directions pour les Églises, sont pour tous les temps et pour tous les lieux. »

Plus tard, nous ferons une remarque sur une singulière question qu’il nous adresse à ce sujet. Mais avant tout, nous voulons attirer les regards sur une étonnante préoccupation de l’auteur, qui l’a empêché de s’apercevoir qu’il faisait bien pis que ce qu’il nous reproche à nous-mêmes.

Quant à nous, nous aurions seulement, pour nous servir de ses expressions, « un jugement assez peu éclairé dans les choses de Dieu » (page 15), pour croire que les règlemens donnés aux Églises primitives par les Apôtres, sont encore en vigueur de nos jours. Voilà notre erreur, si c’en est une. Qu’on nous la reproche, si on croit que nous voyons à faux ; nous y consentons. Mais ce que nous trouvons un peu étrange, c’est qu’en même temps on tombe dans une erreur bien plus grave que celle-là ; qui est d’appliquer à des temps où l’on croit qu’il n’y a plus d’Églises, des règlemens et des promesses donnés aux Églises.

Nous demandons à l’auteur où il a vu que la promesse de Matth. XVIII, est faite pour les temps où il n’y aura plus d’Églises ? Quant à moi, comme je l’ai déjà dit, je vois dans ce verset qui se lie étroitement avec les précédents, la définition d’une Église, et la promesse qui lui est faite de la présence du Seigneur. Je puis dire que je ne suis pas le seul à voir ainsi, et que je pourrais m’appuyer de l’opinion de bien des frères, versés dans les Écritures. — Où est-ce que l’auteur a vu encore que la direction donnée à l’Église de Corinthe, ch. VI, 14, de la 2e épître, a été donnée pour les temps où il n’y aurait plus d’Église ? — Où a-t-il vu, enfin, que lorsque l’Apôtre parle à Timothée de temps fâcheux, et d’une classe d’hommes qui se montraient sans doute déjà de son temps, puisqu’il lui dit : Détourne-toi de ces gens-là (2 Tim. III, 5) ; cette exhortation est faite pour des temps où il n’y aurait plus d’Églises ? N’y en avait-il plus du temps de Timothée, qui avait été chargé par l’Apôtre Paul d’en inspecter, et qui lui avait donné des règles pour l’établissement des Pasteurs et des Diacres ; pour l’assistance des veuves ; pour l’imposition des mains aux Pasteurs ; pour leur paiement, etc. (Voyez toute la première épître à Timothée) ?

En vérité, on ne peut qu’être singulièrement sur pris en voyant un homme qui, de sa propre autorité, vous dit : « Voici les directions que l’Écriture nous donne pour les temps où il n’y a plus d’Églises. » — Il trouve fort naturel d’appliquer ces directions, données pour des Églises, à des temps où, selon lui, il n’y en a plus ; et il nous blâme hautement, nous qui dans notre simplicité, voulons les appliquer à ce que nous regardons comme des Églises.

Maintenant venons-en à la singulière question de l’auteur, dont nous avons déjà fait mention en passant. La voici transcrite textuellement : « Quand on nous dit que toutes les directions pour les Églises, sont pour tous les temps et pour tous les lieux, je demande si elles sont pour des temps et pour des lieux où les Églises ne subsistent pas ? » — Prise dans toute sa simplicité, cette question serait par trop naïve, pour qu’on puisse croire qu’elle exprime la véritable pensée de l’auteur. Elle reviendrait à dire : Les règles de l’architecture sont-elles pour des temps et pour des lieux où il n’y a point de maisons ? — L’auteur a trop de sens pour faire d’une pareille question un argument contre ceux qui, de nos jours, forment des Églises. Il sait bien que la réponse serait toute simple. Les règles, dirions-nous, sont pour les temps et les lieux où il y a déjà des Églises formées, et pour ceux où l’on en forme de nouvelles.

Il me paraît donc évident que l’auteur a voulu dire que les directions pour les Églises, ne sont pas pour des temps et pour des lieux où il ne peut plus y en avoir. En cela nous sommes pleinement d’accord avec lui. Mais pour que l’argument vint frapper contre nous, il faudrait que l’auteur nous eût prouvé que de nos jours, il ne peut plus y avoir d’Églises. C’est là le point de la question. Or nous déclarons que nous n’avons pas su voir dans sa brochure la moindre démonstration de cette vérité.

Quand l’auteur nous aura prouvé par la Parole, que pour qu’une assemblée mérite le titre d’Église, il faut qu’elle soit constituée ou dirigée par les Apôtres, qu’elle ait des dons miraculeux, ou qu’elle réunisse en un même corps tous les enfans de Dieu, d’un même endroit ; alors nous nous tairons, et nous conviendrons que les directions données aux Églises ne nous regardent plus. Mais tant que l’auteur se bornera à affirmer que l’économie de l’Église a manqué, qu’elle est retranchée, qu’elle a failli ; que l’Église a apostasié, etc., etc. ; toutes ces affirmations dont les mots même, sont étrangers à la Parole, ne nous ébranleront nullement. L’autorité d’un homme quel qu’il soit, n’est pour nous d’aucun poids. La Parole est notre seule règle ; ses décisions sont seules valables à nos yeux : et en toutes choses, nous en appelons à la Loi et au Témoignage (Ésaïe VIII, 20).

L’auteur croit sans doute en terminant l’article dont nous nous occupons, nous adresser une question fort embarrassante, en nous demandant « si la direction que l’Apôtre donne sur l’usage du don des langues est pour ces temps-ci ? » — Oui sans doute, dans le cas où ces dons viendraient à reparaître, ce qui n’est nullement impossible. — Mais ces dons ne sont pas là, dira l’auteur. Voilà donc une règle donnée aux primitives Églises, dont vous ne pouvez faire aucun usage. — Très-bien : mais à cause de cela ne sommes-nous plus une Église ? Faudrait-il aussi n’être plus une Église, parce que les règles données à l’Église de Corinthe, à l’égard des repas des idolâtres, ne peuvent pas s’appliquer à nous qui ne vivons pas entourés de païens ?

Il est clair qu’ici la question est de savoir si telle circonstance qui se rencontrait dans les Églises primitives, caractérisait une assemblée comme étant l’Église de Dieu, en sorte que lorsqu’elle a cessé d’exister, l’Église a cessé avec elle. Faites donc la preuve par rapport aux dons miraculeux, et alors votre question sera embarrassante pour nous.

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