Rational (Durand de Mende)/Volume 1/Troisième livre/Chapitre 09

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Traduction par Charles Barthélemy.
Louis Vivès (volume 1p. 247-248).


CHAPITRE IX.
DU HAUT-DE-CHAUSSE ET DU VOILE DE TÊTE.


Quant au haut-de-chausse (succinctorium), nous n’en disons rien autre chose que ce qui en a été dit dans la préface de cette partie, à propos de la ceinture et du cordon, sous lesquels on met cette partie du vêtement ecclésiastique.

I. Or, le pontife romain, après l’aube et le cordon, prend l’orale, c’est-à-dire un certain drap ou suaire qu’il met sur sa tête en forme de voile, et qu’il replie sur ses épaules et devant sa poitrine, suivant en cela la même conduite que le pontife de l’ancienne loi, qui, après sa robe de lin étroite et sa ceinture, revêtait l’éphod (ephod), c’est-à-dire le surhuméral, dont l’amict tient à présent la place.

II. Il prend aussi une croix suspendue à une chaîne à petits anneaux qu’il met à son cou et se place devant la poitrine. Le pontife de l’ancienne loi aussi portait sur le front une lame d’or, au lieu de laquelle le pontife de la nouvelle loi porte une croix sur sa poitrine ; et ainsi la lame d’or a cédé la place au signe de la croix, car le mystère que contenait en quatre lettres la lame d’or, la forme de la croix l’a expliqué dans ses quatre parties, selon ce que dit l’Apôtre : « Afin que vous compreniez avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, la hauteur et la profondeur de ce mystère. » Donc le mystère que l’un (par la lame) portait sur le front, l’autre maintenant le porte caché dans son cœur (par la croix) ; car, par le cœur on a foi en la justice, et par la bouche a lieu la confession, qui mène au salut. Selon [saint] Jérôme, « le sang de l’Évangile est plus précieux que l'or de la loi [ancienne]. » Il place aussi la croix sur sa poitrine et devant lui, pour montrer ce que dit l’Apôtre : « Glorifiez et portez Dieu sur votre corps. » En se mettant et en s’ôtant la croix, il la baise, pour montrer qu’il croit et qu’il confesse la passion du Christ, qu’elle représente et qu’il se prépare à retracer lui-même en célébrant la messe.