Recueil d'Écrits sur le Formulaire
M.r Nicole.
Examen
d’un Ecrit sur la signature de ceux qui souscrivent aux constitutions en cette maniere
Je ne souscris à ses consititutions qu’en ce qui regarde la foy, ou simplement, Je souscris aux constitutions touchant la foy ; quoad dogmata.
Paroles de l’Ecrit.
Toute la question d’aujourd’hui estant sur ces paroles, Je condamne les cinq propositions au sens de Jansenius, Ou la doctrine de Jansenius sur les cinq propositions ; il est d’une extreme importance de voir en quelle maniere on y souscrit.
Il est bon de remarquer en passant que ces termes ne sont point dans les formulaires selon lequel on souscrit, comme on le dit en deux ou trois endroits de cet Ecrit. On les tires seulement par consequence des Constitutions ou le Pape Alexandre declare que les propositions sont extraites de Jansenius et condamnées dans son sens, d’où l’on conclut qu’en souscrivant aux Constitutions, on souscrit a cette clause : mais cette clause dans les constitutions n’est pas a beaucoup pres si equivoque que si on l'en detachait, et qu’on obligeast de dire simplement, qu’on condamne le doctrine et le sens de Jansenius. La raison en est qu’en disant comme le Pape fait dans la Bulle que les propositions sont extraites de Jansenius, avant que de dire qu’elles sont condamnées en son sens, on porte l’esprit a une chose qui est certainement un fait, sçavoir les propositions sont extraittes de Jansenius. Et on luy donne lieu d’envisager cette autre clause, qu’elles sont condamnees dans son sens comme un autre fait qui resulte et qui suit du premier ; puisque l’Eglise n’extrait point de propositions d’un autheur pour les condamner en un autre sens que celuy de cet autheur. Mais quand on dit simplement qu’on condamne les propositions au sens de Jansenius, on supporte plus facilement que ces paroles marquent un droit et un dogme.
Cette remarque néanmoins n’est pas des decisive car on veut bien supposer qu’il y ait dans le mandement, dans le formulaire, et dans les constitutions, qu’on condamne les cinq propositions au sens de Jansénius.
Il faut premierement sçavoir que dans la verité des choses il n’y a point de difference entre condamner la Doctrine de Jansenius sur les cinq propositions, et condamner le grace efficace, St. Aug, St. Paul.
On ne comprend pas bien quel est le sens de ce principe sur lequel neanmoins on establit ensuite toutes les conclusions qu’on tire dans cet escrit.
Car si l’on a p[r]entendu dire que quiconque dit, Je condamne le sens de Jansenius, condamne la grace efficace dans la verité ; il n y a rien de moins veritable que ce pretendu principe.
Le Pere Amelote dit qu’il condamne le sens de Jansenius ; et il ne condamne pas la grace efficace.
Tous les Dominiquains, Les Peres de l’Oratoire, les Carmes deschausses, les chanoines reguliers disent qu’ils condamnent le sens de Jansenius ; et ne condamnent point en verité la grace efficace puisqu’on la soutient tous les jours dans leurs Echoles.
Tous les Evesques disent qu’ils condamnent le sens de Jansenius et ne condamne pas la grace efficace, que l’on soustient tout les jours avec leur approbation.
Que si on replique qu’il faut bien qu’il la condamnent en
effet puisque le sens de Jansenius n’est rien en effet et dans la
verite des choses que la grace efficace ; on fera un faux resonnement
raisonnement fondé sur un equivoque car encore qu’il soit vray
que le sens de Jansenius n’est rien que la grace efficace dans la verité
des choses, il ne s’ensuit pas que celuy qui dit, Je condamne le sens
de Jansenius, condamne la grace efficace parce qu’il ne s’ensuit
pas qu’il entende Jansenius dans la verité des choses, et qu’il s’en
est pu former une fausse idée a laquelle il donne le nom de
sens de Jansenius comme tous les interpretes de St. Paul donnent
le nom de sens de St. Paul a toutes les interpretations qu’ils luy donnent
qui ne xxxxxxx laissent pas d’estre souvent fausses et éloignées
de la pensée de l’Apostre.
Ainsi ce raisonnement est a peu pres samblable a celuy d’une personne qui prouvait que Jansenius estoit incapable d’erreur parce qu’il faisoit profession de ne rapporter que les sentimens de St. Augustin qui sont exempts d’erreur. Car comme il ne s’ensuit pas qu’un homme qui dit ; Je ne rapporte que les sentimens de St. Augustin n’en rapporte et n’en approuve point d’autres en effet parce qu’il peut entendre mal St. Aug. ; ainsi il ne s’ensuit pas que celuy qui dit, Je condamne le sens de Jansenius condamne en effet son sens veritable qui est la grace efficace ; parce qu’il peut mal entendre Jansenius.
Si ce raisonnement avoit lieu on prouveroit sans peine que tout
les Molinistes sont deffenseurs de la grace. Car il n’y auroit qu’a faire
cet argument il n’y a point de difference dans la verité des choses
entre le sens de Jansenius S. Augustin et la grace efficace. Or tous ces molinistes font profession d'approuver le sens de Saint Augustin. Donc il font profession d’approuver la grace efficace.
Mais pour éclaircir davantage tout cette matiere il est bon d’examiner
quel est le sens de ces paroles dans la bouche du Pape, Je condamne les sens
propositions au sens de Jansenius ; ou, Je condamne le sens de Jansenius
et si l’on peut dire que la grace efficace soit comprise dans la condamnation
que le Pape fait de ce sens de Jansenius.
Et premierement on doit supposer comme constant que le Pape en disant,
Je condamne le sens de Jansenius, a dû concevoir quelque dogme xxxxxxx
distinct et determiné sous ces mots. Autrement cette definition seroit
ridicule et extravagante.
Il n’est donc question que de sçavoir quel est ce dogme qu’il a appelé sens de Jansenius si c’est la grace efficace, ou quelqu’autre Dogme auquel il ait donné ce nom. Or pour reconnoistre le sens des paroles d’une Constitution on se peut servir de deux principes.
Premierement de l’usage et de l’intelligence commune de l’Eglise qui est extremement considerable dans les constitutions des Papes parce que tirant leur principale authorité de l'acceptation de l’Eglise elles n’ont de force qu’estant prises dans le sens auquel l’Eglise les a receües.
Secondement par diverses circonstances qui font voir l’intention que le Pape a eüe dans sa Constitution.
Si l’on examine le sens de ces paroles, Je condamne le sens de Jansenius, par l’usage et l’intelligence de l’Eglise il est visible que le Dogme de la grace efficace n’y est point compris puisqu’au mesme temps que l’on condamne partout le sens de Jansenius, l’on soutient partout la grace efficace : d’où il est clair que l’Eglise recevant la condamnation du sens de Jansenius n’a point pretendu s’obliger a condamner la grace efficace.
Et cette notorieté publique est aussi forte[1] que si l’on faisoit dire a ceux qui signent Je condamne le sens de Jansenius qui n’est pas la grace efficace.
Et partant il est clair que l’Eglise se peut bien tromper en expliquant mal Janesnius ; mais qu’on ne peut pas dire qu’elle condamne la grace efficace sans la vouloir condamner ; puisque le la vouloir pas condamner, c’est ne la condamner pas.
Cette verité est si constante que les Jesuites mesmes en demeurent
d’accord. Ce qui a fait faire cet argument au Pere Annat dans ses Cavilli.
Le sens de Jansenius est condamné : La grace efficace n’est pas condamnée
donc la grace efficace n’est pas condamnée le sens de Jansenius ; ce qu’il
entend de la vraye grace efficace telle qu’elle est soustenüe par les Thomistes.
Cela suffit pour montrer que ceux qui signent les Constitutions des Papes ne condamnent point en effet la grace efficace parce qu’ils ne les signent que dans le sens auquel l’Eglise les a receües, selon lequel elles ne blessent point cette doctrine.
Si l’on examine de mesme ces mesmes paroles des Constitutions par les diverses circonstances qui marquent l’intention du Pape, on n’en concluera pas avec moins de certitude, que le dogme condamné sous le nom de sens de Jansenius n’est point la grace efficace.
Entre ces circonstances les unes sont connües de toute l’Eglise ; et le autres seulement de toute la ville de Rome.
Celles qui sont connues de toute l’Eglise sont 1o Que le Pape a déclaré
par un decret de l’Inquisition, signé de luy, qu’il avoit laissé les disputes
au mesme estat qu’elles estoient sous le pape Clement 8e. et Paul 5e. où
non seulement la grace efficace n’estoit pas condamné, mais où elle
estoit triomphante et victorieuse 2o Que dans un autre Bref adresse a la
faculté de Louvain il appelle les dogmes, de St. Thomas. sanissima
tutissimaque dogmata. 3o Que par toute l’Eglise il soufre que l’on enseigne
cette derniere doctrine sans inquieter personne sur ce sujet.
Celles qui sont connuës de toute la ville de Rome, et mesme de toux ceux qui ont eu soin de s’instruire de ces matieres, sont
Premierement que le Pape ne s’est point engagé dans l’examen des propositions que sur l’assurance qu’on luy donna qu’elles ne regardoient point la grace efficace.
Secondement que tout ceux qui ont accusé les propositions a Rome ne l’ont fait qu’en protestant en tout leurs escrits et memoriaux qu’ils n’attaquoient point la grace efficace.
Troisiemement que la Pape dans toutes les congregations a declaré
qu’il ne voulois point toucher
Troisiemement qu’ils ont protesté au contraire a toute la ville de Rome qu’ils la deffendoient.
Quatriemement que la Pape dans toutes les congregations a declaré qu’il ne voulois point toucher
Cinquiemement qu’il n’a refusé d’escouter les Dominicains qui luy demanderent dix sept fois audiance, que sur l’assurance qu’il leur donna qu’il estoit bien esloigné de vouloir donner atteinte a cette doctrine.
Sixiesmement qu’il a declaré de vive voix apres la Constitution et aux Docteurs Augustiniens, et a Mr. l’Ambassadeur de France qui l’a escrit a la cour.
Septiesmement qu’il fit deffense aux Jesuites de tirer
aucun avantage des Constitutions contre la grace efficace. Et de là il est
aisé de conclure que la grace efficace n’est point de dogme qu’il a voulu
condamner sous le nom de sens de Jansenius
Mais on dira peut estre que ceux qui ignoreront cet usage de l’Eglise et toutes ces circonstances qui ne prendront le sens de Jansenius constitutions que des paroles mesmes des constitutions expliquées selon leur sens naturel, en doivent conclure que la grace efficace y est condamnée, puisque le Pape condamne le sens de Jansenius et que ces mots de sens de Janenius signifient le veritable sens de Jansenius c’est a dire la grace efficace.
Voilà tout ce qu’on peut dire de plus fort. Et cependant il est visible
que ce n’est qu’une pure illusion et pour le developer xxxxxxx il faut sçavoir,
Que le Pape en condamnant le sens de Jansenius a eu necessairement
dans l’esprit un dogme distinct et distinctemet connu ; et qu’il n a condamné
que ce dogme, et non celuy qu’il n’a pas xxxxxxx conceu.
Ainsi on ne peut estre assuré qu’il ait condamné le veritable sens de Jansenius, qu’on ne soit assure qu’il a connu le veritable sens de Jansenius
De mesme quand un homme dit, J’approuve le sentiment de Tertulien.
J’approuve le doctrine de St. Augustin sur la grace.
Je condamne le sens d’Honorius.
On ne peut estre assuré ny que ces approbationis, ou ces condamnations
tombent sur la veritable doctrine de Tertulien, de St. Aug. et d’Honorius ; a
moins qu’on ne soit xxxxxxx assuré que ceux qui parlent de la sorte
entendent bien Tertulien, de St. Aug. et Honorius
Or on a quelque fois cette sseurance ; et quelque fois on ne l’a pas tout le monde a la mesme idée de la doctrine d’un autheur comme tout le monde entend de mesme sorte la doctrine de Calvin sur la transubstantiation.
Et on ne l’a pas quand nous n’avons pas cette certitude et que la chose est de soy obscure et difficile.
C’est pourquoi si l’on veut suivre exactement la raison on ne peut jamais tirer de ces propositions, des conclusions absolueës ; mais seulement des conclusions alternatives.
Si un homme dit, J’approuve la doctrine de St. Augustin, en concevant un certain dogme par cette doctrine ; il n’en faut pas conclure precisement, donc il approuve la grace efficace ; mais alternativement : Donc il approuve Augustin. Et de mesme le Pape disant qu’il condamne le sens de Jansenius ; c’est conclure temerairement que de tirer cette consequance ; Donc la grace efficace est condamnée. L’on ne peut conclure qu’alternativement, ou il a condamné la grace efficace ou il a entendu quelque autre dogme sous le mot de sens de Jansenius.
Ainsi la raison en ne regardant mesme que le sens propre des paroles des Constitutions ne porte point à condamner la grace efficace mais elle forme seulement un doute qui oblige a en chercher l esclaircissement dans l’usage et l’intelligence commune de l’Eglise, par laquelle on apprendra incontinent que ce dogme condamne sous le mot de sens de Jansenius, n’est point la grace efficace.
Et xxxxxxx ce qui engage encore davantage dans cet examen, est que
ce doute paroist tout forme par l’Acte mesme que l’on signe, qui est les
Constitutions où il est marqué qu’il y a des personnes qui disent que ces
propositions ne sont point tirées de Jansenius ny condamnées dans son
sens.
Et par la mesme maniere mesme de la signature dont il est question
qui marque qu’on ne s’engage qu’a ce qui est de foy dans les Constitutions,
et qu’on exclut ainsi nettement tout ce qui n’est pas de foy.
Que s’il plaist a une personne de supposer que le Pape a bien entendu le sens de Jansenius, et qu’il a enfermé sous ce nom la grace efficace, pour en conclure qu’elle est condamnée ; comme il fera des suppositions temeraires, on ne repond pas de la temerité de ses conclusions.
Mais de plus c’est un cas si metaphysique qu’une personne assez habile pour sçavoir que le sens de Jansenius est la grace efficace, ne sçache pas que l’on soustient communement dans l’Eglise que le dogme condamné sous ces mots de sens de Jansenius n’est pas la grace efficace ; qu’il est fort inutile de le prevoir.
Et de tout cela il s’ensuit que soit qu’on examine le sens de
ces paroles, Je condamne le sens de Jansenius, par l’intelligence
commune de l’Eglise, ou par xxxxxxx les circonstances qui font voir
l’intention du Pape, ou par les Paroles mesmes qui conduisent au
xxxxxxx doute obligent a en chercher l’eclaircissement, on doit conclure
que la grace efficace n’est point ce dogme que le Pape a pretendu
condamner sous ces mots ; et qu’ainsi, que celui qui dit, qu’il
condamne le dogme condamné par le Pape, ne condamne pas la
grace efficace.
C’est pour cette seule raison que les ennemis de cette grace s’efforce de faire passer cette clause.
On peut bien dire cela parce qu’il y a quelque verité dans
ce discours en l’entendant des Jesuites ; mais on n’en peut pas faire
un xxxxxxx fondement bien solide ; car outre qu’il y a
un tres grand nombre de personnes qui s’efforcent de faire
passer cette clause, sans estre ennemis de cette grace ; ceux mesme
que l’on regarde comme en estant ennemis desavouënt cette
intention, et protestent qu’ils n’ont point dessin de ruiner
Il faut sçavoir encore que la maniere dont on s'est pris pour se deffendre contre les decisions du Pape et des Evesques qui ont condamné cette doctrine et ce sens de Jensenius, a esté tellement subtile qu'encore qu'elle soit veritable dans le fonds, elle a esté si peu nette et si timide qu'elle ne paroist pas digne de vrais deffensseurs de l'Eglise.
Il est facile d'entrer dans ces pensées quand on ne considere toutes ces choses que par des vuës superficielles et qu'on n'envisage pas toutes les circonstances auxquelles il a fallu proportionner la voie de se deffendre que l'on a choisie, mais l'on croit que lorsqu'on les considerera bien on n'en trouvera queres de plus propres pour sauver tout ensemble la verité et l'unité de l'Eglise et le respect que l'on doit a ses ministres.
On peut voir ce qu'on a dit sur ce sujet a la fin de cet escrit qui fait voir que la conduite qu'on a tenüe n'est timide qu'en apparence et qu'on l'a dû couvrir de cette apparence de timidité qui n'est en effet qu'une generosité humble et respectueuse envers l'Eglise.
Le fondement de cette maniere de se deffendre a esté de dire qu'il y a dans ces expressions un fait et un droit ; et qu'on promet la creance pour l'un, et le respect pour l'autre.
On ne distingue pas assez dans ce discours la maniere dont l'on s'est servi pour deffendre la verité de celle qu'on a prise pour deffendre les personnes.
Pour la vérité qui est celle de la grace efficace on l'a deffendue en publiant hautement que cette doctrine estoit celle de l'Eglise, et en faisant entendre par tout que le Pape ne l'avoit point blessé par sa constitution, et forçant mesme les ennemis de lavouër.
Pour les personnes, on les a deffendües en la maniere qu'on a pû pour eviter tout ensemble le reproche d'heresie, et n'abandonner pas l'innocence de Jansenius.
Il a fallu repondre a cet argument ; Le sens de Jansenius est heretique par le jugement du pape. Vous soustenes le sens de Jansenius donc vous soustenes une heresie. Et il n'estoit pas possible de le faire autrement qu’en faisant voir que le Pape et les Evesques par le sens de Jansenius qu’ils ont condamné n’ont pas entendu son veritable sens, qui est la grace efficace ; mais quelqu’autre sens qu’ils luy ont attribué ; et qu’ainsi c’est une question de fait que de sçavoir si ce dogme condamné est ou n’est pas de Jansenius.
Toute la dispute est de sçavoir s’il y a un fait et un droit separé, ou s’il n’y a qu’un droit ; c’est a dire, si le sens de Jansenius qui y est exprimé ne fait autre chose que marquer le droit.
On ne pouvoit pas representer la question d’une maniere moins juste et moins claire.
On dispute bien si le sens de Jansenius est aussi attributif, ou déterminant ; c’est a dire, si ces mots ne font que marquer que les proportions sont dans Jansenius ; ou s’ils manquent dans la constitution le dogme que le Pape veut qu’on condamne maison dispute de cela comme d’une question peu importante et qu’il ne decide nullement ce different.
Car quand il seroit vray que le Pape et les Evesques se savoient servis de ces mots, sens de Jansenius pour marquer un droit et un dogme : comme il est d’ailleurs certain que ce dogme quel qu’il soit n’est pas la grace efficace ; il nous importe tres peu qu’ils l’ayent pris ou ne l’ayant pas pris de cette sorte.
Et de plus il ne s’ensuivrait pas de la qu’il n’y eust qu’un droit enfermé dans ces motifs ; parce que encore que l’on prenne les mots de sens de Jansenius comme marquant un certain dogme ; c’est toujours une question de fait, si ce certain dogme est dans Jansenius ; et l’on ne sçavoit nier que ce fait ne soit separé du droit.
Ainsi il ne faut point establir d’estat de question ou il ny a point proprement de question. On escrit et l’on parle d’un costé l’on condamne de l’autre sans avoir egard a ces escrits ny a ces paroles en faisant telles suppositions que l’on veut, sans considerer si elles sont veritables ou non.
Les suppositions de ceux qui ont dressé le formulaire sont.
Premierement que le sens de Jansenius qu’ils n’expliquent point et qui est selon eux quelque chose de different de la grace efficace, est un certain dogme clair et connu qu’il suffit de nommer pour le faire entendre.
Secondement que quiconque soutient le sens de Jansenius ou qui refuse de la condamner soustient en effet ce dogme connu différent de la grace efficace d’où ils concluent qu’il les faut traitter comme heretiques
Et quoy qu’on proteste de xxxxxxx ne sçavoir pas quel est ce
certain dogme : quoy qu’on proteste de le condamner quel
xxxxxxx qu’il soit ; ils n’escoutent
aucune de ces remontrances, et ne font pas semblant de les entendre :
mais ils demeurent dans leurs suppositions, que quiconque ne dit pas,
Je condamne le sens de Jansenius n’est en effet ce certain dogme
condamné.
Voila le veritable estat de la constestation presente dans laquelle il ne faut pas chercher des oppositions d’opinions ; parce que ceux qu’on persecute n’ont point veritablement d’opinions, que ceux qui ont dressé le formulaire n’approuvent ; mais supposer qu’il y a des raisons evidentes et non contestées d’un costé, et de l’autres des voyes de fait et des suppositions fausses et arbitraires ;
Ces autheurs du formulaire ne nient pas ce que disent ces personnes ; et ces personnes ne croyent pas ce que les autheurs du formulaire leur attribuent ; mais les autheurs du formulaire ne veulent pas écouter, et ils veulent condamner.
Le Pape et les Evesques sont d’un costé, et prétendent que c’est
un point de droit et de foy de dire que les Cinq propositions sont
heretiques au sens de Jansenius : et Alexandre 7e. a déclaré dans sa
constitution, que pour estre dans la veritable foy, il faut dire que les mots
de sens de Jansenius ne font qu’exprimer le sens heriti heretiques des
propositions ; Et qu’ainsi c’est un fait qui emporte un droit et qui fait
une portion essentielle de la profession de foy comme qui diroit le
sens de Calvin sur l’Eucharistie est heretique ce qui est certainement
est un point de foy.
Et un tres petit nombre de personnes qui font a toute heure des petits escrits volans disent que ce fait est de sa nature separé du droit.
tout cela n’est pas bien represente. Quand les mots de sens de
Jansenius enfermeroient un droit et marqueroient un dogme ; il y
auroit encore un point en cela et un point de fait neanmoins en cela
un point de fait separé du droit, qui est de sçavoir si ce dogme est dans
Janesnius ; ce que les molinistesne nient pas ; comme dans cette proposition
qui manque en droit, le sens de Calvin est heretique, il y a un fait qui
est sepré du droit, qui est, que cette doctrine heretique est de Calvin.
Et ces faiseurs d’escrits volans ne s’amusent pas a prouver que ce sens de Jansenius n’est pas determinant et qu’il ne marque par un droit ce qui leur est fort indifferent : mais ils soustiennent que ce droit et ce dogme quel qu'il soit n'est pas la grace efficace, ce que tout le monde leur accorde ; et que ce dogme déterminant quel qu'il soit n'est pas dans Jansénius, ce qui n'est qu'un fait comme tout le monde l'avoue. Et ainsi ils ne disent rien qui soit contesté. Cependant ils ne laissent pas d'estre condamnés parce que le principe des auteurs du formulaire est que quiconque ne signe pas sans restriction doit être traité d'hérétique quoi qu'il dise et qu'il croye.
Il faut enfin remarquer que ces mots de fait et de droit ne se trouvent ni dans le mandement ni dans les constitutions mais dans le formulaire, mais seulement dans quelques escrits qui n'ont nulle relation nécessaire avec cette signature ; et sur tout cela examiner la signature que peuvent faire en confiance ceux qui croyent estre obligés en conscience a ne point condamner le sens de Jansénius.
Il n'est pas question des mots il est question des choses. Or les choses de droit, et les choses de fait se trouvent dans le mandement, dans les constitutions, et dans le formulaire : et celui qui limite sa signature aux choses de droit et de foy, exclut par la tout ce qui n'est pas de foy : Et par conséquent toutes les choses de fait, lesquelles certainement ne sont pas de foy.
Et en second lieu, les choses mots de fait et de droit ne sont pas seulement dans des escrits ; ils sont dans l'esprit de tout ce qui ont lu ces escrits et qui sont tant soit peu informés de ces questions ; et toutes ces personnes entendent parfaitement bien qu'en disant qu'on ne soutient que la doy, on ne souscrit point aux faits. Or la signature n'a pas véritablement relation a ces escrits dont on parle ; mais elle a relation a ces escrits dont on parle l'intelligence commune que ces escrits ont pu préparer.
Mon sentiment est pour cela que comme le sens de Jansénius a esté exprimé dans le Mandement sans les bulles, et dans le formulaire ; il faut nécessairement l'exclure formellement par sa signature, sans quoy on ne satisfait point à son devoir. Car de prétendre qu'il suffit de dire qu'on ne croit que ce qui est de la foy, pour prétendre avoir assez marqué par la qu'on ne condamne point le sens de Jansénius, par cette seule raison qu'on s'imagine qu'il y a en cela un fait qui est est séparé du droit ; c'est une pure illusion. On en peut donner bien des preuves.
Celle cy suffit, que le fait et le droit estant des choses dont on ne parle en aucune maniere en tout ce qu'on signe, des deux mots, n'ont nullement assez de relation l'on a l'autre pour faire qu'il soit necessaire que l'expression de l'un emporte l'exclusion de l'autre.
Celuy qui signe qu'il ne croit que ce qui est de foy ? certainement tout ce qui n'est pas de foy ; par ce que cette proposition, Je ne croy que la foy signifie qu'on avoit tout ce qu'est de foi ; et qu'on ne croit pas tout ce qui n'est pas de foy.
Il n'est donc pas necessaire que les mots de fait et de droit ou de foy soyent dans le formulaire et les consitutions ; mais il suffit qu'il y ait dans les consitutions et le formulaire des choses qui ne soyent pas de foy pour en conclure que celuy qui tesmoigne ne recevoir dans un acte que ce qui est de foy exclud par cette sorte de signature ce qui dans son opinion et dans celle de tout le monde n'est pas de foy.
Ainsi cette raison prise de ce que les mots de fait et de droit ne sont point exprimés dans les autres que l'on signe, ne conclud rien du tout ; quoique l'exclusion n'est pas fondée sur les mots, mais sur les choses.
S'il n'estoit de dans le Mandement ou dans les constitutions ou dans le formulaire qu'il faut non seulement croire la foy, mais aussy le fait ; ou que le fait et le droit fussent proposés égallement a souscrire ; et qu'enfin ces deux mots de fait et de droit y fussent bien formellement marqués : on pouvoit peut estre dire qu'en mettant simplement que l'on se soûmet au droit, on manque assez qu'on ne se soûmet point a l'autre. Mais comme ces deux mots ne se regardent que dans nos entretiens et dans quelques escrits tout a fait separes des constitutions lesquels peuvent perir et la signature substituer, et qu'ils ne sont relatifs ny opposes l'un a l'autre ny dans la nature de la chose où la foy n'est pas naturellement opposée au fait, mais a l'erreur, ny dans ce qu'on fait signer : il est impossible de pretendre que l'expression de la foy emporte necessairement l'exclusion du fait.
Ce n'est point seulement dans nos entretiens mais dans la nature des choses que foy est opposée a tout ce qui n'est pas de foy par la plus grande, la plus commune, et la plus connüe de toutes les oppositions qui est la contradictoire. Or le membre de non foy comprend certainement tous les faits, selon l'opinion de tout le monde : et par consequent, en disant qu'on ne souscrit qu'a la foy, on exclud aussy formellement tous les faits que si on disait qu'on ne souscrit
point aux faits.Car encore qu'en disant qu'on ne reçoit que la foy, on marque par la qu'il y a quelque autre chose qu'on ne reçoit pas ; il ne s'ensuit pas que cet autre chose qu'on ne recoit pas soit necessairement le sens de Jansenius : et cela se peut entrendre de beaucoup d'autres choses, comme des recits qui sont faits dans l'exposé, et les deffances de lire et d'escrire.
Il s'ensuit tres bien de ce qu'on ne recoit que la foy, qu'on
ne recoit point tout ce qui n'est pas de foy dans ce que l'on signe. DoncDonc on ne recoit point que les cinq propositions soyent extraittes de Jansenius : ce qui est porté par les constitutions et le formulaire, parce que cela
n'est pas de foy. Donc on ne recoit point aussy que les dogmes
condamnes et exprimes ou par les propositions, ou par le sens de
Jansenius soient affectivement de Jansenius, ce qui est encore un fait qui
resulte des constitutions et du formulaire : car il est clair par le sentiment
commun de tous les Theologiens, que cela n'appartient point a la foy.
Que si l'on dit que l'on excepten'excepte pas le sens de Jansenius dans
l'opinion de ceux qui disent qu'il en forme un dogme on repond 1°
qu'on ne l'exclud pas davantage en disant que excepta questione facti,
parce qu'on n'exclud par la que les faits : et ainsi on exn'excluroit pas,
ce qui ne seroit pas un droit fait, mais un droit.
2° Ceux qui disent qu'il y a un dogme enfermé dans ces paroles le sens de Jansenius, ne disent pas qu'il n'y a qu'un dogme, comme on le suppose toujours dans ces escrit ; mais ils disent qu'il y a un dogme et un fait. Or a l'égard du dogme, il n'est nul besoin de l'exclure, parce qu'il est notoire que ce dogme quel qu'il soit entendu sous les mots de sens de Jansenius par le Pape et l'Eglise, n'est pas la grace efficace ; & par consequent on le peut condamner, et souscrire a la condamnation que le Pape en fait, pour ? en qui on ne connoisse par qu'il soit de Jansenius, ce qui n'estant qu'un fait ⁁est exclu par la declaration qu'on fait de recevoir que la foy.
Il y a cela de plus que le mot de foy estant icy extremement
évoque, les uns pretendant que la doctrine de Jansenius
emporte un point de foy, et les autres que c'estce n'est qu'un pur fait ;
il est indubitable qu'en disant qu'on ne recoit point simplement
qu'on ne reçoit point la foy, sans dire qu'on ne reçoit point le
point de la Doctrine de Jansenius ; on ne marque pas par
la qu'on ne le reçoit pas, mais on marque plustost par la
qu'on le reçoit ; puisque l'intention publique du Pape et des
Evesques est de faire recevoir la condamnation du sens de Jans de
Jansenius comme une chose de foy, tout le monde le disant
On n'a pas besoin d'expliquer l'equivoque d'un mot, lorsqu'il nous est indifferent en quel sens on le prend, si on prend le sens de Jansenius comme un pur fait, ce fait est exclud par la clause qui dit qu'on ne reçoit que la foy : et si on le prend pour un Dogme avec le Pape ; parce qu'il est certain que ce n'est point la grace efficace ; et le fait qui nest si ce Dogme est de Jansenius, est enfermé dans l'exclusion generale de tout ce qui n'est pas de foy.
Il est hors de doute que cette profession de foy est au moins equivoque et ambigue et par consequent marchante.
Le sens de Jansenius la grance efficace estant exclud
par le consentement de toute l'Eglilse de l'idée du sens de Jansenius
condamné par le Pape ; il n'y a aucune équivoque a dire qu'on
condamne le Dogme que le Pape a entendu sous ces mots ;
parce que ces mots ne sont point equivoques a l'Egard de la
grace efficace ; parce qu'elle en est excluse dans l'intelligence
commune de l'Eglise.
Mais, de plus je crois qu'on abuse beaucoup de cette maxime qu'une confession de foy ne doit point estre equivoque : car elle est vraye de la signature qui doit marquer clairement qu'elle est la nature du consentement que l'on donne a l'acte que l'on signe, La sincerité demandant qu'on ne trompe par l'Eglise et qu'on ne luy rende pas un respect purement exterieur lors qu'elle croit qu'on luy en rend un interieur et veritable. mais elle ne paroist pas vraye generallement a légard de la chose qu'on signe.
Car il s'ensuivroit de la qu'on ne pouvoit souscrire le
Concile de Trente qui est equivoque en plusieurs definitions,
comme dans celles qui regardent l'attrition et la contrition,
l'intention nécessaire aux sacrements, et sous les articles de la
grace : ce qui n'est pas seulement arrivé par hazard, mais de
dessein ; ces articles ayant esté communiques aux Thelogiens
des differens sentimens pour choisir des expressions equivoques
que chacun expliquoist à son avantage comme il est remarqué
dans l'histoire du Concile. Ainsy les Jésuites pretendent que la
grace efficace est condamnée par le consil de Trente ; et les
Dominicains qu'elle y est establie. Les Jésuites pretendent
que le concile definit que l'attrition sans amour suffit avec
le sacrement ; et d'autres pretendent qu'il deffinit le contraire
et estant les uns et les autres indifferent en des sentiments
differents, ils signent egallement le Concile. On peut dire la mesme chose de tous les autres Conciles,
y en ayant peu qui ne soyent equivoques a l'esgard des articles
qu'ils n'ont pas voulu decider, et sur tout le Concile d'Ephese où les
Anathematismes de St Cirille furent approuvéez, dont les Eugt
Eutichiens ont estrangement abusé.
Cette maxime a donc besoin de distinction, et il semble que c'est
la veritable est qu'il faut distinguer entre ces erreurs compatibles
avec la communion de l'Eglise, et les erreurs incompatibles avec
cette communion. Les erreurs compatibles avec la communion
de l'Eglise sont celles qui sont veritablement erreurs, mais pour
lesquelles l'Eglise ne retranche pas de sa communion comme
l'erreur de l'attrition, l'erreur de la supériorité du Pape sur le
Concile et ainsi des autres.
Les erreurs incompatibles sont de deux sortes ; car les unes sont incompatibles par leur nature mesme et ce sont celles qui regardent les points fondamentaux sont lesquels creus de foy dsitincte on ne peut estre sauvé, comme l'Arianisme qui destruisoit la divinité du Fils de Dieu ou le Manicheisme qui destruisoit l'unité et la nature de Dieu, et plusieurs autres de cette nature.
Mais il y en a d'autres qui ne sont criminelles que parce que l'Eglise a decidé expressement le contraire, et qu'elle a retranché de son corps ceux qui les tiennent ; comme pouvoist estre la question du Baptesme des heretiques.
Dans les uns et dans les autres il ne faut pas souffrir
de definition équivoque, et la raison en est claire, parce que
le propre d'une confession de foy estant d'unir dans la mesme
communion ceux qui la signe ; si elle est equivoque a l'Egard
de ces erreurs incompatibles avec la communion de l'Eglise,
elle uniroit xxxx xxxxxxxxxxx a l'Eglise tout ces membres
retranchés sans leur faire changer de sentiment. C'est pourquoy
on n'a point dû figurer ny le Concile de Rimini, ny l'Enoticon
de Zenon, ny le Tipe de Constant, ny l'Ectese d'Heraclius, parce que c'estoient des professions de foy equivoques a l'esgard de ces erreurs incompatibles avec la communion de l'Eglise, et qui faisaoient regner la verité et des erreurs formellement condamnées generallement dans l'Eglise.
Mais quand l'Eglise ne retranche pas de son corps ceux qui tiennent certaines erreurs, elle n'evite pas aussi que les definitions de foy quelle fait ne soyent équivoques a l'égard de ces erreurs ; pourvu qu'elle ne les favorise pas. Ainsy le Concile de Trente na pas évité les expressions équivoques a l'égard de l'attrition et de la grace soûmise au libre arbitre : et dans ces rencontres ces équivoques ne doivent pas empescher les fidelles de signer la profession de foy qu'on leur propose ; parce qu'ils doivent souffrir dans la communion de l'Eglise ceux qui tiennent l'erreur opposée : et ils leur suffit qu'ils ayent lieu de se deffendre quand on les voudra rendre approbateurs de cette erreur. Ainsi encore qu'on puisse faire cet argument contre ceux qui signent le Concile de Trente.
Celuy qui signe le Concile de Trente, signe la doctrine qu'il contient : or le Concile de Trente enseigne que l'attrition xxxxxxx xxxxxxx suffit sans amour. Donc celuy qui signe le Concile de Trente signe cette doctrine de l'attrition.
On ne doit pas, xxxxxxx dis je, estre empesché de signer la Concile de Trente par xxxxxxx cet argument ; parce qu'on ny peut répondre en niant la mineure, et en soustenant que le Concile de Trente ne contient point cette erreur de l'attrition sans amour.
Il est facile de conclure de la qu'encore que les Constitutions du Pape fussent équivoques a l'égard de la grace efficace, et que l'on peut faire cet argument. Le Pape condamne le sens de Jansenius : le sens de Jansenius est la grace efficace. Donc il condamne la grace efficace.
Ce ne seroit pas une raison de ⁁ne le pas signer, parce qu'on peut repondre tres raisonnablement a la mineure, que le sens de Jansenius n'est pas la grace efficace dans le sens auquel le Pape et l'Eglise entendent ces mots.
D'ou je conclus que ceux qui signent purement le formulaire sans restriction signent la condamnation de Jansenius, de St Augustin, de la grace efficace.
Cette conclusion est notoirement contraire a la vérité puisque des ordres entiers signent la condamnation de ce sens en soustenant la grace efficace. contre la protestation qu'ils en font.
+ Elle est préjudiciable a la grace efficace, puisqu'elle suppose qu'elle est condamnée presque par toute l'Eglise, ce qui seroit une très grande preuve de fausseté.
Elle est scandaleuse à l'esgard des hérétiques, a qui elle donne sujet d'accuser l'Eglise d'erreur en la foy.
Et à l'esgard des catholiques,parce qu'elle les porte à condamner la grace efficace, en leur faisant croire qu'elle est condamnée par ceux qui condamnent simplement le sens de Jansenius, c'est à dire presque par toute l'Eglise.
Ainsi, le mal de la signature simple n'est pas qu'elle condamne la foy, mais qu'elle condamne un innocent ce qui est exclux par la restriction, quand a la foy.
Je conclus en second lieu que qui excepte la doctrine de Jansenius en termes formels, sauve de condamnation et Jansenius et la grace efficace.
Si l’on ne le faut que pour ces termes ordinaires Salva questione facti on a tort de tirer cette conclusion suivant les principes de cet escrit. Car cette exception n’exclut que les faits et il reste encore en question si le sens de Jansenius est un fait etou un droit. Il est donc vrai en mesme temps et que cette sorte de signature est bonne selon les principes veritables, et que l’on n’a pas du la juger bonne suivant ceux de cet escrit.
Je conclus en troisiesme lieu que ceux qui signent en ne parlant que de la foy, n’excluant pas formellement le doctrine de Jansenius prennent une voye moyenne qui est aboli abominable devant Dieu, mesprisable devant les hommes, et entièrement inutile a ceux qu’on veut perdre personnellement.
Cette conclusions est aussi fausse que tous les principes sur lesquels elle est établie.
Quand à ces hommes a l’Egard desquels cette signature est meprisable : peut estre seront-ils en plus petits nombre qu’on ne pense, et qu’il y en aura bien plus ou qui en seront edifiez, ou qui la blasmeront moins que si on avoit voulu expliquer en détail des choses que des Religieuses doivent ignorer.
Mais à ces fausses conclusions on n’ en peut opposer des véritables.
Car on conclut des principes establis en cette response :
Premièrement que cette restriction qui tesmoigne qu’on ne recoit les constituons que quand à la foy est bonne et légitime.
Parce qu’elle exclut reellement tout ce qui n’est pas de foy comme le sont les faits, que ces propositions soyent contenues dans Jansenius ; et que le sens condamné de ces propositions soit dans son xxxxxxx Livre.
Secondement parce qu’elle est très ais aisée à soustenir ne pouvant estre combattue que par cet argument.
Le sens de Jansenius pris pour un dogme déterminant est la grace efficace : or cette signature engage a condamner le sens de Jansenius pris pour un dogme déterminant ; puisque le Pape le condamne ainsi et que l’on condamne pour la signature tous les dogmes condamnés par le Pape. Donc elle engage a condamner la grace efficace : Or en cey argument la majeure est certainement fausse, et la mineure incertaine.
Troisesmement parce qu’elle exprime parfaitement la disposition des Religieuses en ce qu’elles sçavent et doivent sçavoir de cette contestation. Car que sçavent elles autre chosesi-no qu’on demeure d’accord de part et d’autre que le Pape n’a point blessé la foy de l’Eglise par sa constitution, et que l’on dispute s’il n’y a point mesléx des faits qui soyent faux ? Et que peuvent-elles faire de mieux suivant cette connoissance que de declarer en general qu’elles reçoivent la Constitution du Pape touchant la foy, puisque toute l’Eglise en convient ; et qu’elles ne prennent part qu’a la foy pour l’exempter de prendre part dans ces autres disputes qui ne les regardent pas.
Quatriesmement parce que tous les catholiques et principalement les Religieuses devant un grand respect a l’authenticité de l’Eglise, il est de leur devoir d’exprimer cette resistance qu’elles font axxx un ordre qui les engage à prendre part à des choses qui ne les regardent point, dans les termes les plus respectueux qu’il est possible ; ce qu’on ne pouvait gueres mieux faire que par les termes de cette signature.
On conclut en second lieu que cette sorte de signature est meilleure que celle ou l’on diroit Salve questione facti ; parce que cette exception Salve questione facti a tous les mesmes inconveniens que ceux qu’on a proposés contre celle cy et qu’elle n’a pas l’avantage de n’engager pas mesme au silence a l’égard du fait ce qui est assez considérable.
On conclut en troisiesme lieu qu’elle est meilleure que celle ou l’on diroit Salve doctrina Jansenij ; parce que cette sorte d’exception rend suspects ceux qui la font de tenir ce que le Pape entend par la Doctrine de Jansenius : et comme c’est une erreur, elle les rend suspects d’erreur, et donne lieu de les pousser avec plus d’apparence de raison.
On conclut en quatriesme lieu qu’elle est meilleure que si l’on mettoit Salva doctrina gratiæ efficacis ; parce que cette exception en marquant que l’on ne condamne pas la grace efficace, marque en mesme temps indirectement que ceux qui ne l’exceptent pas la condamnent ; et ainsi, en donnant un témoin à cette grace elle leur en oste cent mille.
Que si on objecte qu’on pouvoit dire la mesme chose a l’égard de Jansenius : on repond que non, parce que l’on n’a pas les mesmes raisons de pretendre que la signature que l’on fait n’enferme pas la condamnation de Jansenius qu’on en a de croire qu’elle n’enferme pas la grace efficace : et ainsi l’exception de Jansenius est necessaire, et non libre ; parce qu’il n’est pas permis de tesmoigner par des paroles le contraire de ce qu’on l’on a dans le cœur, quand nous en pourrions esperer de l’avantage.
Secondement toutes les restrictions devant estre apparemment condamnés celles qui engagent la verite davantage sont les plus mauvaises : et celles qui l’engagent moins sont les meilleurs. Quand on verra condamner une signature ou l’on aura excepté la grace efficace, en aura-t-on par quelque sujet d’en conclure que l’on veut donc que l’on condamne cette grace efficace : mais quand on condamnera ceux qui ont mis pour restriction qu’ils recevoient les Constitutions quand a la foy ; on ne pourra conclure raisonnablement autre chose sinon qu’on les a voulu obliger de les recevoir aussy en ce qui n’est pas de foy, ce qui n’engagent point la verité dans leur condamnation.
C’est ce qui donne lieu de remarquer icy la difference extresme
qu’il y a xxxxxxxentre souffrir pour la verifié de la part des ministres
de l’Eglise et souffrir pour la verité de la part des ennemis
declarez de l’Eglise.
Car les souffrances pour la verité qui arrivent de la part
des ennemis de l’Eglise sont toutes glorieuses et utils a l’Eglise,
parce qu’elles rendent la verité pour laquelle on souffre plus
esclattante et en quelque maniere plus certaine ; puisqu’on conclud,
qu’il faut bien que cette verité soit bien constante puisque ces
personnes se sont exposées a la persecution pour la soutenir. Mais
quand on souffre de la part de l’Eglise mesme, le tesmoignage
qu’on rend par la souffrance est souvent plus contraire a la verité
qu’il xxxxxxx ne luy est avantageuse ; par ce qu’au lieu d’en conclure
qu’il faut bien qu’une opinion qu’on a soustenu au peril de tant
de souffrance soit veritable, on en conclud au contraire qu’il
faut bien qu’elle soit fausse puisque l’Eglise a tant fait
souffrir ceux qui la soustiennent soustenoient.
Ainsi ceux qui n’ont pour but ou dans les souffrances ou dans la recherche de leur securité que l’avantage de la verité ne doivent pas garder la mesme conduite en des rencontres si differentes.
Quand il s’agit de deffendre la verité contre les ennemis
de l’Eglise ils ont toute liberté de le faire avec force sans
apprehender les persecutions, parce que ces persecutions ne
sauroient qu’estre utilles a la verité : mais quand il s’agit
de la deffendre contre les ministres de l’Eglise xxxxxxx
l’interest mesme de la verité les oblige de prendre une
conduite plus temperée, de peur que se faisant condamner,
leur condamnation ne retombe sur la verité qu’ils soustiennent
et ils ne doivent pas eviter de couvrir leur generosité d’une apparence
de timidité si cette timidité est en effet utile a la verité, en prenant
pour devise cette parole de saint Paul, cum infirmor tune
potens sum : au lien qu’en suivant impetueusement les mouvement de son esprit on s'engage quelques fois en des maux
infructueux pour ceux qui les souffrent et préjudiciables a la verité
pour laquelle on s'imagine de les souffrir. Mr Arnauld.
Il y a des personnes de fort bon esprit qui se le sont imaginé sur des raisons qu’ils estiment tres solides mais que je crois n’estre pas que de purs sophismes.
Je ne proposeray point ces raisons de peur qu’ils ne se plaignent qu’on ne les represente pas dans toute leur force ; mais je me xxxxxxx contenteray d’establir des maximes qui feront voir, si
je ne me trompe tres violemment que tous les argumens qu’on puis faire pour appuyer cette pretention ne sçauroient estre que sophistiques.
Et comme il ne s’agit icy que de la sincerité d’une signature qui depend de la signification des termes de l’acte que l’on souscrit, il ne faut pas s’estonner, si pour debroüiller cette maniere qui est assez embarrassé j’établis avant toutes choses des regles certaines pour juger de la veritable signification des mots.
Les mots generaux ne signifient proprement et literrallement que les idées generales des choses, et n’en peuvent signifier plus distincte et plus particuleres qu’estant determines ou par d’autres mots, ou par la suite du Discours, ou par d’autres circonstances.
Ainsi le mot d’homme ne signifient proprement et litterallement que l’homme en general et il faut necessairement et ajouster autre chose pour signifier un tel homme en particulier.
Il s’ensuit de cette premiere maxime que les mots de Sens de Jansenius ne signifient proprement et litterallement que la doctrine en general enseignée par Jansenius car un moine signifient literralement que ce qu’il donne a entendre estant pris selon la lettre, et sans y rien ajouster. Or ses mots de sens de Jans. estant seuls ne forment point d’autre idée que l’idée generale de Doctrine de Jansenius, et ne font entendre que cela. Donc ils ne signifient que cela selon leur signification propre et naturelle.
On dira peut estre que le mot de Doctrine estant determiné par le mot de Jansenius, qui est singulier, ne peut signifier une Doctrine en general.
Mais le mot de Jansenius determine bien le mot de Doctrine a estre d’un tel autheur, et non pas d’un autre, mais ne determine en aucune sorte ce que c’est en particulier que cette doctrine et ainsi laisse toujours le mot de doctrine dans son idée générale au regard de toute autre chose condition hors celle d’estre de cet autheur puisqu’il ne marque en aucune sorte qu’elle est cette doctrine en particulier que cet autheur a enseignée.
Lorsqu’un homme fait une proposition dont le sujet est général comme l’homme est raisonnable, s’il juge que cet attribut peut convenir à ce sujet pris générallement, il peut le laisser dans son idée généralle en fermant cette proposition comme dans l’exemple proposé.
Mais s’il voit clairement que l’attribut ne peut convenir au sujet pris générallement il est possible impossible qu’il fasse cette proposition en laissant ce sujet dans son idée généralle, mais il faut nécessairement qu’il termine dans son esprit cette idée généralle à une idée plus distincte et plus particulière qui le rende capable de cet attribut, soit qu’il marque cette nouvelle idée par d’autres mots, soit qu’il ne la marque pas.
Je dis qu’il est impossible qu’il fasse autrement car il n’est pas possible qu’un homme forme en mesme temps deux jugemens contraires l’un par lequel il juge comme on le suppose que cet attribut ne peut convenir à ce sujet pris générallement. L’autre par lequel il lie cet cet[sic] attribut à ce sujet en le laissant dans son idée généralle, qui est la mesme chose que de juger qu’il luy convient.
Mais c’est ce qui se verra mieux par des exemple[sic]. Si je dis que le Fils de Louis XIII est petit fils de Louis Henry le grand je laisse le Fils de Louis XIII dans son idée généralle, en sorte qu’il comprenne tout Fils de Louis XIII, parce qu’il convient générallement à tout fils de Louis XIII d’estre petit fils de Henry le Grand.
Mais ⁁si je dis le Fils de Louis XIII est Roy parce qu’estre Roy ne convient pas a l’idée généralle de fils de Louis XIII, puisqu’autrement Monsieur qui est fils de Louis XIII seroit Roy, il faut nécessairement qu’en faisant cette proposition, je termine au moins dans mon esprit l’idée généralle de fils de Louis XIII par une idée particulière de son fils ayné ou de Louis XIII.
Il s’ensuit de là que si on disoit seulement le sens de Jansenius est la doctrine d’un evesque les mots de sens de Jansenius demeureroient alors dans leur signification propre et naturelle qui est la generalle. Parce qu’il convient au sens de Jansenius pris generallement d’estre la doctrine d’un evesque.
Mais quand on dit le sens de Jansenius est heretique, il est impossible que les mots de sens de Jans. soient pris dans leur signification propre et naturelle ; car ⁁leur signification propre et naturelle n’estq ue l’idée generalle de doctrine enseignée par Jansenius. Or il est visible que l’attribut d’heretique ne peut convenir à cette xxxxxxx doctrine
prise dans cette generalite : puisque d’une part le mot de doctrine se divise en heretique, et non heretique, et ainsy on ne peut affirmer le mot d’heretique de doctrine prise en general, parce que ce seroit affirmer l’espece du genre ce qui est ridicule ; et que de l’autre le mot de Jansenius sans autre explication ne ⁁determine point le mot de doctrine, demeurant dans son idée generalle pour tout autre chose que d’estre d’un tel autheur ; a la qualité d’heretique parce qu’il faudroit pour cela que Jansenius n’eut pû rien enseigner que d’heretique.
La doctrine du Diable mesme n’est pas fausse comme doctrine du diable quoyque la doctrine de Dieu soit vraye comme doctrine de Dieu parce Dieu est essentiellement veritable, et que le Diable n’est pas essentiellement menteur, d’ou vient que quelque fois il dit vray comme lorsqu’il reconnoissoit que Jesus est le fils de Dieu.
Et par consequent dans cette proposition, le sens de Jansenius est heretique ces mots de sens de Jansenius ne peuvent estre pris dans leur signification propre, et littrale qui est la generale, mais doivent necessairement estre determinez à une autre signification particulière et distincte, qu’ils n’ont point proprement et litteralement c’est a dire qu’ils doivent estre liez dans l’esprit de celuy qui parle à une ⁁idée distincte et particulière de quelque dogme contraire à la foy, puisqu’il n’y a que cette connoissance d’un tel dogme contraire à la foy qu’on juge estre enfermé dans le sens d’un autheur qui puisse faire juger que les sens d’un autheur est heretique.
La determination d’une idée generale à une idée plus distincte se peut former en 2 manieres, ou par une connoissance claire de cette idée distincte, ou par une connoissance confuse.
Ainsi pour venir tout d’un coup a nostre exemple tous ceux qui disent le sens de Jansenius est heretique, doivent necessairement donner aux mots de sens de Jansenius une autre signification que la propre et litterale qui est la generale, selon laquelle il ne peut convenir à ce sens d’estre heretique. C’est ce qui vient d’estre prouvé.
Mais ils peuvent formul⁁er ce jugement ou par leur propre lumiere ou en defferant a la lumière des autres.
Si c’est par leur propre lumiere il faut necessairement qu’ils xxxxxxx ayent appliqué l’idée generale de sens de Jansenius à l’idée particulière d’un dogme distinctement connu a laquelle ils ayent jugé que convenoit la qualité d’heretique, et ainsi dans leur bouche cette proposition de sens de Jansenius est heretique, se resout en celle cy.
Un tel dogme qui a esté enseigné par Jansenius est heretique.
Mais si sont des personnes ce sont des personnes qui ne forment ce jugement que par defference aux lumieres des autres ils peuvent alors appliquer l’idée generale de sens de Jansenius a une idée particuliere qu'ils ne connoissoient que faussementconfusément, mais qu'ils supposeront estre distinctement connue par ceux a l'hauthorité desquels ils deferent de sorte que cette mesme proposition dans leur bouche se resoudra en ces termes.
Il y a un dogme particulier que je ne xxxxxxx connois point et que le Pape connoit qui a esté enseigné par Jansenius, et qui est heretique.
Voila la disposition de ceux qui ont qui ne jugent de tout cela que par defference ; mais comme ce n'estpas de ceux la, dont-il s'agit mais de ceux qui ont xxxxxxx xxxxxxxcompilé la bulle, il est certain que dans la bulle du Pape que je ne separe jamais de ceux qui luy ont servi a la dresser les morts du sens de Jansenius ne sont pont point pris dans leur signification generale, ni mesme dans une signification distincte et particuliere qui n'auroit esté connüe que confusement par ceux qui ont dressé la bulle, mais qu'il est absolument necessaire que le Pape, ou ses consulteurs ayent eu une idée distincte d'un certain dogme particulier, auquel ils ont donné le nom de sens de Jansenius, parce qu'ils ont jugé qu'il estoit de cet autheur, et qu'ils ont declaré estre heretique.
Dans toutes les propositions où on attribüe a un terme general ce qu'on sçait bien ne luy convenir pas generalement ce terme general estant alors determiné par une idée distincte, se doit resoudre en deux termes l'un conçu, et non xexprimé qui marque cette idée distincte : l'autre dit qui marque cette idée generale, entant qu'elle comprend, ou quelle est jugée comprendre cette idée distincte. Et de la il s'ensuite que ces propositions sont de celles qu'on peut appeller complexes au moins dans le sens dont le sujet enferme une proposition incidente car la liaison de l'idée generale du sujet avec l'idée distincte de ce mesme sujet est une veritable proposition.
Cela se comprendra mieux par des exemples. Si je dis La Doctrine de Calvin touchant l'heu l'Eucharistie est heretique cela veut dire qu'une certaine doctrine sçavoir celle qui nie la presence reelle, laquelle a esté enseignée par Calvin est heretique. Or il est manifeste que le sujet enferme une proposition, par laquelle on attribue a cette certaine doctrine d'avoir esté enseignée par Calvin.
Et de mesmes quand le Pape dit Le sens de Janseigne Jansenius est heretique, cela veut dire necessairement un certain dogme en particulier, lequel a esté enseigné par Jansenius est heretique. Je dis necessairement car quand le Pape auroit voulu avoir une autre pensée, cela luy auroit esté impossible, n’étant pas possible qu’un homme pût attribuer sérieusement et en pensant à ce qu’il dit, la qualité d’heretique a la Doctrine de Jansenius considerée selon son idée generale, mais seulement a une certaine doctrine en particulier, qu’il a jugée estre de Jansenius et que pour cette raison il a appellée, sens de Jansenius.
Toutes ces propositions. le sens de Jansénius d’un autheur est heretique contiennent necessairement un fait et un droit quoy qu’il n’y ayt pas toujours de question sur le fait.
Car selon ce qui vient d’estre dit toutes ces propositions sont doubles dans les sens, et en contiennent deux. l’une qui est enfermée dans le sujet par laquelle l’idée générale du sujet exprimé par ces mots sens d’un tel autheur est affirmée de l’idée distincte c’est a dire d’un tel dogme en particulier.
L’autre par laquelle le terme d’heretique qui est l’attribut de la proposition totale est affirmé de l’idée distincte du sujet, car nous sçavons déjà par la 2e maxime qu’il ne peut pas estre affirmé du sujet selon son idée generale. Or de ces deux propositions il n’y a que cette dernière qui soit de droit, c’est à dire qui appartienne a la foy, ne pouvant y avoir rien de foy en tout cela, si non qu’une certaine doctrine est heretique.
Et pour l’autre qui est enfermée dans le sujet, qui est que cette certaine doctrine soit d’un tel autheur, il est visible que ce n’est qu’un fait, qui n’appartient point a la foy, puisqu’il n’y a rien de cela n’y[sic] dans l’écriture ny dans la Tradition.
Exemple. Cette proposition la doctrine d’Arius est heretique veut dire tousdans les sens. La doctrine qui nie la consubstantialité du verbe laquelle Arius a enseignée, est heretique, ce qui enferme visiblement deux propositions. L’une que la doctrine qui nie la consubstantialité du verbe est heretique, qui est la proposition principale. L’autre que cette doctrine a été enseignée par Arius, qui est la proposition incidente enfermée virtuellement dans le sujet dont de la proposition totale. la doctrine d’Arius est heretique.
Or de ces deux propositions il est clair qu’il n’y a que la premiere qui puisse estre dogmatique et appartenir a la foy, sçavoir que la doctrine qui nie la consubstantialité du verbe, est heretique car il n’y a que cela de fondé sur la revelation.
Et il est clair que la dernière qui est que cette doctrine soit d’Arius n’est point fondée sur la revelation divine, et par consequent n’est qu’un pur fait non rebelé qui ne xxxxxxx peut appartenir a la foy. Mais ce qui fait que souvent on ne comprend que toutes ces propositions enfermexnt un fait et un droit, c'est qu'on prend pour la mesme chose enfermer un fait, et un droit enfermer une question de fait. Or il est vray qu'elles n'enferment pas toujours une questions de fait parce que le fait qu'elles enferment, est souvent si notoire, que personne ne le met en question, mais cela n'empesche pas qu'elles n'enferment necessairement un fait, un fait ne laissant pas d'estre un fait et distingué de la foy, quoy qu'il soit certain, et evident d'une evidence mesme. humaine.
Ce qui trompe aussy est qu'on juge des idées par les mots, et qu'ainsi on s'imagine qu'on ne comprend dans l'esprit que ce qui est marqué distinctement par les paroles ; de sorte qu'a cause que les paroles ne semblent marquer qu'une proposition, on se persuade qu'on en fait aussy qu'une dans l'esprit, d'ou est venue l'erreur de ceux qui croyent que ces propositions n'en ferment un fait que quand on le dit, et qu'elles sont touttes[sic] de droit quand on n'y distingue point expressement le fait et le droit : ce qui n'est pas vray, car elles n'en ferment pas un fait, parce qu'on le dit, mais on le peut toujours dire, parce qu'elles en enferment toujours un.
Quiconque dit qu'il ne recoit ces sortes de propositions. Le sens d'un tel autheur est heretique que quand au dogme ou quand a la foy tesmoigne assez par la qu'il ne s'engage point a croire le fait qui y est enfermé.
C'est une suite necessaire de tout ce qui a esté estably par deux precedentes maximes, car si un tout contient deux parties, celuy qui tesmoigne ne recevoir ce tout, que selon une de ses parties, tesmoigne par la ne recevoir l'autre. Or il a esté montré que ces sortes de propositions en enferment necessairement deux l'une de droit et l'autre de fait ; l'une dogmatique, et l'autre qui ne [l'est] pas. Donc quiconque dit je xxxxxxx reçois que le dogme dit veritablement, je recois le dogme et je ne reçois point le fait.
Lors qu'un mot general est pris pour une idée distincte, et particulière, la signification de ce mot pour pris pour cette signification idée particulière, ne depend des chosespoint de la verité des choses comme verité, mais de l'opinion des hommes, ou particulière, quand c'est un seul homme qui ⁁determine cette idée generalle, ou publique, si plusieurs autres se sont accordez à la ⁁determiner de la mesme sorte. Ainsi le mot general de philosophe, ou de prince des philosophes, a esté ⁁determiné à signifier aristote. Cela dépend⁁-il de la vérité ⁁de cette proposition qu’Aristote soit le prince des philosophes, c’est à dire le plus excellent des philosophes. Nullement, et un homme seroit ridicule qui accuseroit cette proposition de fausseté. Le prince des philosophes a crû que les cieux estoient solides par cette seule raison qu’il ne croit point qu’Aristote soit le plus excellent des philosophes mais qu’il croit que cette qualité convient mieux à Mr. des Cartes, et qu’[ainsi} c’est une fausseté de dire que le prince des philosophes ay crû les cieux solides, puisque Mr. des Cartes ne les croit point solides.
Quelque fois donc cette détermination se fait sur une opinion publique fondée sur la notoriété d’un fait ou sur l’erreur populaire.
Ainsi les mots generaux de doctrine d’Arius, quand on dit que la doctrine d’Arius est heretique sont determinés à l’idée distincte de doctrine contraire a la consubstantialité du verbe par la notoriété, que c’est ce qu’Arius a enseigné, et pourquoy il a esté condamné, et il ne faut pas confondre cette nottorieté[sic] avec la verité, quoy qu’elles soit soient d’ordinaires inseparables ; car cette determination ne vient point de la verité comme verité, mais de la verité comme estant communement reconnüe des hommes : de sorte que quand tous les hommes se seroient trompez et qu’ils auroient crû par erreur qu’Arius eust nié la consubstantialité du verbe laquelle il n’auroit pas nié en effet, néanmoins si cette erreur auroit déterminé dans l’esprit des hommes ces mots de doctrine d’Arius a l’idée distincte d’une doctrine contraire a la consubstantialité, cette proposition : La doctrine d’Arius est hérétique — seroit veritable quand au dogme, parce qu’il seroit vray que le dogme particulier que les hommes que les hommes concevoient sous ces mots generaux est heretique et ne seroit fausse que dans le fait, parce qu’il ne seroit pas vray que cette idée generale enfermée dans les mots de doctrine d’Arius convînt a la vérité, a ce dogme particulier, auquel les hommes l’auroient appliquée.
Mais quand c’est la première fois qu’un mot general ne peut a esté determiné a une idée distincte ce qui le determine xxxxxxx alors ne peut estre autre chose que l’opinion de luycelui qui le determine et non la vérité de ce que cette idée generale comprend, ou ne comprend pas.
Ainsi le Pape ayant dit le premier que le sens de Jansenius est heretique, et estant certain, comme il a esté prouvé, que les mots de sens de Jansenius ont esté necessairement pris par le pape pour signifier l’idée distincte d’un certain dogme que luy ou ceux qui ont dressé la bulle ont eu dans l’esprit, il est visible que ce qui a déterminé les mots de sens de Jansenius dans cette bulle du Pape, à signifier ce dogme particulier, n'a pû estre que l'opinion du pape, soit que cette opinion soit conforme a la vérité, soit qu'elle n'y fut pas conforme. Car les mots de sens de Jansenius pris generalement ne signifiant aucun dogme particulier, le Pape ne les a pû prendre pour un dogme particulier, que parce qu'il a cru que ce dogme estoit dans Jansenius, estant bien certain qu'il n'a pas entendu par ces mots un dogme qu'il ⁁n'auroit pas crû estre de Jansenius, quand il seroit veritablement ; et qu'il a au contraire entendu un dogme qu'il a crû estre de Jansenius quand il n'en seroit pas. Et par conséquent ce n'est point la vérité en elles mesme, mais la seule opinion du pape qui a déterminé le sens de Jansenius dans sa bulle a un certain dogme particulier que le Pape a appellé le sens de Jansenius; quand il a dit que le sens de Jansenius est heretique.
Et de la il s'ensuit que pour sçavoir si le sens de Jansenius dans la bulle du Pape signifie efficace, il ne faut pas regarder si le sens de Jansenius est effectivement la grace efficace mais si le Pape a crû que ce fut la grace efficace ; car s'il la crû il est indubitable que c'est ce qu'il a appellé le sens de Janseniys, quand mesme ce ne seroit pas en effet la doctrine de Jansenius, et s'il ne las[sic] pas crû il n'est pas moins indubitable que ce n'est point la grace efficace qu'il a entendu par ces mots.
De sorte que ce n'est point la verité de la chose, et par ce que le sens de Jansenius est en effet xxxxxxx qu'il faut connoistre ce dogme particulier designé par des termes generaux, mais par l'opinion qu'en a eu le pape : comme ce n'est point par l'examen de celuy qui est dans la verité le prince des philosophes qu'il faut reconnoistre qui est celuy qu'on entend, quand on dit que le prince des philosophes a dit t'elle[sic] chose, mais par l'opinion du monde qui a crû qu'Aristote méritoit ce titre. Que si je ne sçavois pas qu'on eust donné ce titre a Aristote, mais que je sçusse seulement que celuy qui me parle ou n'a jamais oüy parler de M.r de Cartes, ou a un extresme mépris de sa philosophie, quelque persuadez que je dusse que M.r des Cartes est le plus excellent des philosophes, je serois assuré que ce ne seroit pas M.r des Cartes a qui il auroit attribué d'avoir dit telle chose quoy que je ne sçusse pas encore en particulier qui il auroit voulu entendre. Il en est de mesme en cette rencontre, il peut y avoir quelque obscurité a sçavoir ce que le Pape a entendu par ces mots de sens de Jansenius : mais comme on a des preuves tres fortes et tres convaincantes, qu’il n’a point entendu la grace efficace puis qu’il souffre tous les jours qu’on la defende en sa presence comme une doctrine tres orthodoxe : on est assuré que ce n’est point la grace efficace qu’on doit entendre dans sa bulle par les mots le sens de Jansenius encore qu’on ne sçeut pas ce que c’est precisement.
C’est un usage fort ordinaire des mots de terminé determiner la signification des autres, qui sont ou equivoques ou trop xxxxxxx generaux. voicy quelques regles de cet usage.
Un mot general demeurant dans son idée generale ne peut pas determiner la signification d’un autre mot general, et qui luy est interieur.
Ainsi si je demande qu’elle est la beste que je vois ce ne sera ⁁pas me determiner cette beste exacte idée confuse que de me dire que c’est un animal.
Neantmoins il arrive quelque fois de se servir de mots generaux pour en determiner d’autres qui leur sont inferieurs ; mais c’est qu’alors ces mots generaux ne demeureront pas dans leur idee generale, mais sont determinés a une idée distincte dans la pensée de celuy qui parle, estant impossible que sans cela il prétendit determiner un mot confus par un qu’il le seroit encore d’avantge d’avantage en le laissant dans sa confusion et dans sa generalité.
Exemple. Si on me demande qui est le philos Physicien qui a crû que l’origine des nerfs estoit dans le cœur. Si je repond c’est le Philosophe, ou plustot en latin philosophus il est impossible que je fasse serieusement cettereponse, en laissant le mot de Philosophus dans son idée generale, qui l’estant plus que celle de Physicien, ne garde de determiner celle de physicien : mais si je determine dans mon esprit le mot de philosophus a l’idée distincte d’Aristote il est bien certain qu’alors ce mot de philosophus determinera celuy de phisicien.
Mais voicy un exemple qui approche plus de nostre sujet. Si je dis, cette proposition, l’Echaristie l’Eucharistie est la figure du corps de Jesus Christ est heretique dans le sens de Calvin si je laissois les mots de sens de Calvin sans les determiner a aucune idée distincte je parlerois ridiculement, et ⁁je ne pourrois pas mesme former jamais cette pensée. Car s'il y a un sens heretique dans cette proposition, il est impossible que le connoisse jamais par ces mots de sens de Calvin en les laissant dans leur generalité, puisque la Doctrine de Calvin en general ne determine aucun sens en particulier dans cette proposition.
Mais ce qui fait que je puis parler ainsi tres xxxxxxx raisonnablement, est que je determine dans mon esprit ces mots generaux de sens de Calvin, a une idee distincte et particulière de dogme que je sçay ou que je croy (car l'un ou l'autre suffit) avoir esté enseigné par Calvin, qui est que l'Eucahristie soit la figure du corps de Jesus Christ absent, qui est le sens dans lequel j'affirme que cette proposition est heretique.
Et il faut remarquer que tout ce que nous avons dit dans les maximes precedentes se recontrent[sic] icy.
1. Que ces propositions enferment necessairement un fait et un droit. Un droit, qui est que l'idée distincte que je conçois par le mot general de sens de Calvin, rende cette proposition heretique. Un fait qui est que cette idée distincte ait esté avec avec raison, et selon la verité appellée le sens de Calvin.
2. xxxxxxx Qu'ainsi celuy qui ne recevoit cette proposition que quand au dogme, témoigneroit par la qu'il ne s'engage pas a croire ce fait.
3. Que cette determination du mot general de sens de xxxxxxx Calvin à cette idée distincte ne dépend point de la vérité que cela soit effectivement xxxxxxx dans Calvin, mais de l'opinion publique ou particulière qu'on a eüe.
Tout cela est clair par ce qui a esté dit auparavant.
Et de la il faut conclure que c'est une illusion de s'imaginer que si l'intention du Pape auvoit esté de determiner le sens heretique des propositions par ces mots, le sens de Jansenius, il s'ensuivroit selon le Pape que les xxxxxxx propositions seroient heretiques dans le sens de la grace efficace, parce que c'est le sens de Jansenius.
Et parce que quelques personnes jugent qu'en effet il semble que le Pape les ayt prises pour une clause determinante c'est principalement ce qui les fait conclure qu'il ne suffit pas en souscrivant la bulle de dire qu'on ne reçoit que ce qui regarde la foy, si on ne dit aussi qu'on ne condamne point les propositions dans le sens de la grace efficace.
Mais dans la verité cette question si les mots de sens de Jansenius sont une clause determinante, ou ne sont qu’une clause distributive, change bien quelque chose dans la conduite du Pape, mais ne change rien du tout pour ce qui est de sçavoir si le pape a condamné la grace efficace, ou pour empescher qu’on ne puisse toujours distinguer le fait d’avec le droit n’y ayant rien de plus faux que de s’imaginer que si cette clause est determinante tout est de droit, et rien de fait a moins qu’on ne le marque : car soit qu’on le marque, ou qu’on ne le marque pas, il y a toujours un fait dans cette proposition : Les cinq propositions sont heretiques dans le sens de Jansenius, lors mesmes que cette clause est determinante, aussi bien que quand on dit le sens de Jansenius est heretique.
La raison est que la clause de sens de Jansenius ne peut estre determinante en demeurant dans son idée generale, comme il a esté prouvé, mais il faut necessairement qu’elle soit elle mesme determinée a un dogme particulier, qu’on croit estre de Jansenius et selon lequel on juge que ces propositions sont heretiques dans le sens de ce dogme particulier. C’est un droit et un dogme, mais que ce dogme particulier soit effectivement le sens de Jansenius, c’est necessairement un fait qui peut estre [nottoirement[sic]] vray, qui le peut estre probablement, et ne peut aussi estre faux, mais qui ne laisseroit pas d’estre un fait, quand il seroit [nottoirement[sic]] vray.
Et parce que la determination de ces mots de sens de Jansenius dans cette clause determibante a l’idée distincte d’un dogme particulier a un rapport necessaire non a la verité des choses mais a l’opinion de celuy qui le determine, comme il a esté montré, il s’ensuit que c’est un sophisme ridicule d’argumenter de la verité des choses a la signification des choses propre et naturelle de cette clause, mais s’il falloit que cette clause s’entendit de la grace efficace, parce que la verité des choses xxxxxxx le sens de Jansenius est la grace efficace ; car cette clause selon les termes ne siginifiant rien de distinct, elle ne siginifie un dogme distinct et particulier que par la determination de celuy qui s’en sert, et ainsi cette determination ne despend point de ce que le sens de Jansenius est dans la verité, mais de ce qu’il est dans la pensée de cet homme, puisque s’il a mal entendu Jansenius, il est certain qu’il aura determiné cette idée generale a l’idée d’un dogme distinct qui ne sera point en effet celuy de Jansenius ; et cependant que ce sera ce dogme, et non la grace efficace qui est le vray sens de Jansenius sur signifiera dans sa bouche cette clause determinante de sens de Jansenius. Il est vray neantmoins, comme j'ai dit, que la question de sçavoir si cette clause est determinante change quelque chose dans la conduite du Pape.
Car si elle est determinante et qu'elle marque autre chose que le sens propre et litteral des propositions, comme il est certain que le pape n'a pû les prendre de cette sorte, sans la determiner a l'idée distincte d'un dogme particulier, il est bien estrange qu'il xxxxxxx n'ait pas luy mesme xxxxxxx exprimé par d'autres termes plus clairs quel estoit ce dogme particulier qui determinoit entre plusieurs sens des propositions, quel estoit l'heretique, et le condamné, et on ne peut pas croire qu'il eyt vouly qu'on l'apprist par la lecture de Jansenius, puisqu'il defendoit en mesme temps de lire ce livre et ainsi tout ce que l'on peut dire, est qu'il a supposé par une xxxxxxx erreur de fait que ce dogme particulier qu'il avoit dans l'esprit, et qu'il xxxxxxx appeloit sens de Jansenius estoit si connu de tout le monde, qu'il n'estoit pas besoin de le designer plus clairement que par les mots generaux de sens de Jansenius, comme on croit avoir suffisamment exprimé le dogme de deux personnes en Jesus Christ en l'apellant la doctrine de Nestorius, et celuy d'une seule nature, en l'appellant la doctrine d'Eutyches, et celuy de la xxxxxxxabsence reelle en l'appellant la doctrine de Calvin parce qu'il n'y a point de different touchant l'intelligence de la doctrine de ces heretiques, de sorte que les mots generaux suffisent pour faire concevoir à tous la mesme idée du mesme dogme en particulier.
Il est visible qu'il faudroit necessairement que le Pape eût eû cette pensée, s'il avoit voulu que dans sa bulle les mots de sens de Jansenius fussent une clause, qui determinast le sens heretique des propositions. Mais comme il est certain qu'il se seroit trompé dans cette pensée, puis qu'il faut necessairement avoüer, qu'il n'y a rien de plus diversement entendu par les molinistes mesmes que les mots xxxxxxx de Jansenius, il est certain aussi que cela n'empescheroit pas qu'il n'y eût toujours en cela un fait, et un droit, puisque ce seroit toujours un droit, si ce dogme particulier que le pape se seroit imaginé estre entendu par tout le monde sous le nom de sens de Jansenius, est le sens dans lequel les propositions sont heretiques, et que ce seroit un fait de sçavoir, s'il est vray que ce dogme particulier, que la Pape a appellé le sens de Jansenius, est effectivement de Jansenius.
Les contradictions de ces sortes de propositions. Le sens de Jansenius est heretique. Les cinq propositions sont heretiques dans le sens de Jansenius sont equivoques de leur nature, parce que les affirmations contenant dans le sens de Jansenius deux propositions l’une de fait, et l’autre de droit lorsqu’on les nie, la negation peut tomber sur l’une ou sur l’autre.
Exemple. Le 6e Concile dit La doctirne d’Honorius est heretique. Les Monothelites disoient au contraire. La doctrine d’Honorius n’est point heretique. Et Bararonius dit aussy, la Doctrine d’Honorius n’est point heretique. Ces deux dernieres propositions contredisent celle du Concile, et neantmoins sont bien differentes : car celle des Monothelites veut dire. Honorius a enseigné une seule volonté en J. C. mais cette doctrine n’est point heretique : et celle de Baronius au contraire veut dire, la Doctrine d’une seule volonté est heretique, mais ce n’est point celle d’Honorius.
Ainsi le Concile et Baronius sont d’accord sur le fait dans le droit, et ne se disputent que sur le fait.
Le Concile et les Monothelites sont d’accord sur le fait, et disputent sur le droit.
Les Monothelites, et Baronius qui semblent d’accord a ne considerer que les termes sont les plus opposez. Car ils ne sonty d’accord ny sur le fait, ny sur le droit, mais sont de different sentiment sur l’un et sur l’autre.
Cette maxime est tres importante pour ne pas confondre dans les disputes entre les Theologiens celles qui regardent le droit, et celles qui ne regardent que le fait.
Toutes les maximes precedentes en ont deux plus generales pour fondement, dont j’ay voulu reserver l’explication a la fin.
La premiere est que la signification des mots ne depend point de la verité des choses, mais de l’opinion des hommes : de sorte qu’on est en danger de faire beaucoup de sophisme, lorsdqu’on argumente de la verité des choses a la signification des mots, en pretendant que la derniere doit estre conforme a la premiere.
On ne peut douter de cette verité, si on considere que les mots ne signifient pas naturellement, et comme sons, mais que toute leur signification dépend de ce que les hommes voulant faire connoistre leurs pensées, ont lié de certains sens avec de xxxxxxx certaines idées en sorte que prononçant ces sons ils xxxxxxx excitent en eux ces idées, et les excitent aussi dans ceux qui les écouent, pourvu qu’il[sic] ayent aussy lié ces mesmes sons avec les mesmes idées : de sorte que lorsqu’on dit qu’un mot signifie telle chose en une telle langue, cela ne veut dire autre chose si non que les peuples d’un tel paÿs ont accoutumé de lier une telle idée avec un tel son. Or de la il s’ensuit que les mots ne siginifient pas les choses comme elles sont en elles mesmes, mais comme elles ont esté conceües par ceux qui ont imposé les noms soit la premiere fois soit dans la suite du temps. Car la siginification d’un mot n’est pas tellement fixe que souvent elle ne varie, parce qu’on peut joindre a ce mot une idée plus parfaite que celle qu’on y avoit jointe d’abord. Mais il est toujours vray que la signification d’un mot ou premiere ou seconde vient toujours de la premiere ou de la seconde institution, et cette institution a toujours rapport non aux choses en elles mesmes, mais aux choses telles qu’elles ont esté conçeües par ceux qui ont donné la signification aux mots en les liant avec leurs idées.
Il est donc clair que la signification des mots ne se doit pas regler sur la verité des choses ; car les choses sont ce qu’elles sont dans la vérité par leur nature et la volonté des hommes n’y ⁁a aucune part, mais la volonté les mots ne signifient que les ce que les hommes ont voulu qu’ils signifiassent : de sorte que quand il plaist aux hommes d’envisager une mesme chose par diverses fasses faces et luy imposent differents noms selon ces diverses veües, le nom qui la signifie par considerée selon l’un de ces faces ne la signifie pas considerée selon l’autre, ainsi quoy que dans la nature tout ce qui est étendu, le soit nécessairement en 3. manières, qu’on appelle trois dimensions, neantmoins on a jugé a propos de considerer les corps selon une seule, et de leur donner alors le nom de longs, ou de lignes, ou selon deux, ou de et alors de les appeller larges, ou surfaces ; ou selon toutes les trois ensemble, et de les appeller alors profonds ou solides. Et cela suffit pour dire que le mot de long ne signifie pas large, et profond, quoy que tout ce qui est long, soit aussi large et profond.
Mais il faut remarquer que dans cet exemple c’est avec dessein que le mot de long ne siginifie qu’une dimension du corps : au lieu qu’il arrive souvent que c’est sans dessein que les mots ne se trouvent pas tout a fait conformes a la verité des choses, parce que les hommes les ont conceües imparfaitement, ou mesme parce qu’il s’est meslé quelque erreur dans leur jugement. Alors quoy que ce soit sans dessein qu’on a joint aux mots qu’une idée imparfaite, ou meslée de faussetée, il est vray neanmoins que les mots ne signifient les choses qu’en cette maniere, et que ce seroit un pur sophisme de conclure qu’un mot signifie tout ce qu’est dans la verité la chose qu’il signifie, ou qu’il ne signifient pas, ce que la chose n’est pas en effet.
Exemple. Ce qui est en nous le principe de la pensée est spirituel, et immortel : mais les hommes l'ont bien plustot consideré comme principe de la pensée, que comme spirituel, et immortel : parce que l'un estoit bien plus facile a reconnoistre que les deux autres. Ainsi ils ont joints un son comme peut estre celuy de mens, ou de mens humana, ou d'esprit humain avec l'idée de principe de la pensée sans faire aucune attention aux conditions de spirituel, et d'immortel. D'où il s'ensuit que le mot de mens ne signifie proprement que ce qui est e nous le principe de la pensée, et non une substance spirituelle, et immortelle.
Car ce seroit un sophisme de raisonner de cette sorte.
Ce qui est en nous le principe de la pensée, est une substance spirituelle, et immortelle.
Or les mots de mens humana signifient toujours ce qui est en nous le principe de la pensée.
Donc ils signifient toujours une substance spirituelle et immortelle.
Donc quand ils reconnoissent qu'il y a dans les hommes ce qu'on appelle mens, ils reconnoissent qu'il y a dans les hommes une substance spirituelle et immortelle.
Tout cela est mal raisonné parce que le mot de mens n'ayant esté joint par{{rature|xx} ceux qui l'ont importé qu'avec l'idée de principe de la pensée ne signifie que cela ; et quand il nous donne sujet de concevoir une substance spirituelle, et immortelle, ou parce que la suite du discours fait voir que l'on donne plus d'étendüe a ce mot qu'il n'en a selon la signification litterale.
Autre exemple. Les hommes ayant vû tomber plusieurs corps en bas sans rien voir qui les poussait en bas, se sont imaginés que rien en effet ne les poussoit, et sur cette fausse imagination ils leur ont donné le mot de pensant, auquel ils ont joint l'idée non seulement d'une chose qui tombe en bas, ce qui est vray, mais qui y tombe dans y estre poussée ce qui est faux.
Ce seroit donc encore mal raisonner que de dire
Rien ne tombe en bas qui n'y soit poussé selon la verité des choses.
Or le mot de pesant signifie ce qui tombe en bas.
Donc il signifie ce qui tombe en bas y estant poussé.
Cela est faux. Car il signifie au contraire litteralement ce qui tombe en bas sans y estre poussé, a moins qu'on l'ait dépoüillé de cette fausse idée en avertissant qu'on ne le prend que pour ce qui tombe en bas, quoy qu'il n'y tombe pas sans y estre poussé.L'imposition des noms est publique ou particulière comme la signification des mots dépend de l'opinion publique, quand l'imposition en a esté publique, ainsi elle dépend de l'opinion particulière, quand l'imposition en a esté particulière.
C'est une suitte nécessaire du discours precedent ; mais ce qu'il y a de plus a remarquer, est que cette imposition particuliere est plus commune qu'on ne pense. Car il n'est pas necessaire pour cela d'inventer de nouveaux sons, ny mesme de changer entierement de signification a ceux qui sont deja en usage, mais il suffit de leur oster une partie de ce qu'ils signifioient comme a fait M.r de Cartes au mot de pesant, ou de leur ajouter ce qui ne comprenoient pas dans leur signification, comme si je disois que je prends le mot d'ame pour un principe de la pensée spirituel, et immortel, ou déterminer un mot general a une idée distincte qu'on a dans la pensée sans l'exprimer si non par les circonstances du discours, comme on a pû voir dans les maximes 2. 3. 4. &tc.
Cette imposition particuliere des noms est fort commune aux geometres, et ils la font en defend définissant les mots dont ils ont dessein de se servir, a fin qu'on ne les prenne plus dans une autre signification que dans celle qu'ils ont marquée par leurs definitions.
Mais il ne faut pas s'imager qu'il n'y ait que cette maniere de donner une signification particuliere a un mot : car les definitions des geometres ne sont proprement que des avertissements qu'ils donnent de l'idée qu'ils joignent aux mots : or il y a bien d'autres manireres d'en avertir, et xxxxxxx alors cela doit faire le mesme effet que ces significations.
On en est en effet souvent averty par la suite du discours ou par les circonstances qui l'accompagnent. Ainsi lorsqu'une personne de grande condition disoit dans le Parlement. xxxxxxx xxxxxxx Le mazarin a icy ses hemispheres. Le mot de Mazarin joint a xxxxxxx hemispheres faisoit assez voir qu'il estoit impossible qu'il prit le mot d'hemisphere dans la signification ordinaire d'une moitié de sphere, mais qu'il faloit falloit necessairement qu'il le prist dans une signification particulière ; de sorte qu'il n'estoit pas difficile de deviner qu'il avoit joint a ce mot l'idée que les autres joignent à celui d'Emissaires. Si j'entend dire a un Laquais M.r ma commandé telle chose, la circonstance de cette personne m'avertira assez qu'il n'entend pas par le mot de M.r ny ce que signifie le mot de Mons.r dans son idée generale, ny Monsieur Fere du Roy, mais qu'il entend son maistre. Si un Ambassadeur que je ne connoistroit point, harrangoit le le Pape en latin, et que l'un d'eux dit, Rex mihi mandavit, je serois suffisamment averty par ses discours qu'il xxxxxxx prendroit le mot de Rex non pour Roy en general ; mais pour quelque Roy en particulier. Que si de plus j'apprenois que celuy qui parleroit ainsi ne seroit pas l'Ambassadeur d'Espagne, je serois encore suffisamment averty que ce ne seroit pas le Roy d'Espagne ; mais si enfin j'apprenois que c'estoit l'Ambassadeur de Portugal, je ne serois pas bien moins bien averty que le mot de Rex auroit signifié dans sa bouche le Roy de Portugal, que s'il avoit definy ce mot avant que de haranguer.
C'est pourquoy il me semble qu'on peut faire ces 3. ou 4. regles.
1. Quand on est suffisamment averty que celuy qui parle, ne donne pas a un mot sa signification ordinaire, mais une particuliere, on doit juger de la verité ; et de la fausseté de son discours, non par la signification ordinaire de ce mot, mais par sa signification particulière.
Ainsi on ne doit pas accuser de fausseté celuy qui disoit que le Mazarin auroit ses hemispheres dans le Parlement, parce qu'il estoit faux qu'il eût dans le Parlement des moitiés de spheres, mais il falloit reconnoistre qu'il disoit vray (quoique d'une maniere impertinente) s'il estoit vray que le Mazarin y eût ses emissaires.
Autrement quoy que les geometres eussent averty de l'usage auquel ils veulent prendre les mots, on les pourroit toujours chicanner, si on les vouloit prendre dans la signification ordinaire : il est vray qu'il y a quelque chose d'impertinent dans les discours de ceux qui prennent les mots par beuvüe les uns pour les autres, parce qu'on voit bien qu'ils ne le font pas a dessein comme les geometres, mais par une pure ignorance du langage commun des hommes, ce qui donne sujet de rire a cause de la surprise. Mais il faut toujours avouer que ces paroles dans leur bouche signifient ce qu'ils ont voulu qu'il signifiassent.
2e Regle. Si on est suffisamment averty que celuy qui parle ne prend pas les mots dans leur signification ordinaire, et que neanmoins on ne sçache pas qu'elle est la signification particulière qu'il leur donne il ne faut pas pour cela les vouloir entendre dans la signification ordinaire, mais avoüer qu'on ne sçait pas ce qu'il a voulu dire.
3e Regle. Que s'il nous est important de sçavoir le sens des mots de cet homme, nous ne le pouvons rechercher, qu'en devinant sa pensée, et ainsi toutes les recherches que nous ferons ne doivent point se terminer a la verité des choses, d'où la signification particuliere qu'a eu cet homme, ne dépend point, mais a l'opinion, et a la pensée, de celuy qui a parlé, d'où elle dépend uniquement.
Sa pensée peut bien dépendre de la verité des choses, comme si j'estois asseuré d'ailleurs qu'un homme ne seroit point trompé, en ce qu’il m'a dit d'une maniere que je n'aurois pas bien comprise , et alors la verité me serviroit a découvrir sa pensée ; mais ce seroit toujours par sa pensée que je devrois juger de la signification de ses xxxxxxx discours.
4e Regle. Si dans cette recherche il se trouve une chose que celuy qui parle n'a point eu certainement dans l'esprit, nous devons estre certains que ce n'est point ce que ces termes signifient, quoyque nous ne sçussions pas encore ce qu'ils signifient en particulier.
L'application de ces Regles au sujet present se fera mieux en repondant a quelques difficultez que feront ceux pour qui tel escrit a esté fait.
1. On dira peut estre. Mais si c'est de l'opinion du Pape, et non de ce que Jansenius a enseigné en effet, que dépend la signification des mots sens de Jansenius dans la Bulle du Pape, d'où pourray je connoistre ce que le Pape en a crû puisqu'il ne me le tesmoigne pas, et qu'il me dit seulement que le sens de Jansenius est heretique sans s'expliquer davantage.
Je réponds que cela vous donne plus de droit de vous plaindre du Pape, de ce qu'il a parlé trop obscuremment dans la Bulle, et non pas de remettre en doute des choses aussi constantes que sont celles qui sont establies par ces maximes, et qui comprennent tous les fondemens de la parole.
Car quelqu'xxxxxxxobscure que puisse estre cette Bulle, et quelque cachée que soit l'intention du Pape.
Il est certain 1. qu'il n'a point voulu dire que le sens de Jansenius dans son idee generalle soit heretique, car c'est ce qui ne peut tomber dans la pensée d'aucun homme raisonnable comme on l'a fait voir par la 1.re et 2.e maxime.
Il est certain 2.° que luy ou ceux qui ont dressé la Bulle, que je ne separe point, lorsqu'ils ont dit que le sens de Jansenius estoit heretique, ont eu dans l'esprit un dogme particulier et distinctement connû qu'ils ont appellé le sens de Jansenius. C'est encore ce qu'on prouve par la 3.e maxime.
Il est certain 3.° Que c'est l'idée distincte de ce dogme particulier, qui fait dans la Bulle la signification des mots de sens de Jansenius, comme il a esté montré par la 3.e maxime.
Il est certain 4.° Que comme cette idée a dépendu de la connoissance, ou de l'opinion des autheurs de la Bulle c'est aussi de cette opinion, et non de la verité des choses que dépend necessairement la signification de ces mots de sens de Jansenius dans la Bulle du Pape, comme il a esté montré par les maximes 8. 9. et 11.
Et de tout cela il s'ensuit que c'est seulement par la recherche de l'intention du Pape, et non par la seule recherche du vray sens de Jansenius, qu'on peut s'asseurer du vray sens de la Bulle.
Ou quoy que cette intention soit assez cachée, on la peut neantmoins découvrir en deux manieres, dont on peut appeler la premiere positive, et la seconde negative, parce qu'on juge par la premiere de ce qu'il a voulu condamner, et par la seconde, de ce qu'il n'a pas voulu condamner.
La premiere est de bien entendre les 5. propositions; car cette condamnation estant le fondement des deux bulles on ne peut douter que les Papes ne les ayent voulu condamner, et ainsi c'est par là qu'on xxxxxxx peut deviner la pensée du Pape au regard du dogme particulier qu'il a appellé le sens de Jansenius; car il faut sans doute que ce Dogme particulier, soit le dogme mesme enfermé dans les propositions, puisqu'il paroist par les deux Bulles que les Papes ne prennent la doctrine des cinq propositions, et celle qu'ils ont condamné dans Jansenius, que pour une seule, et mesme doctrine. Cette voye est tres bonne et tres raisonnable, mais a cause de l'ambiguité des propositions, elle n'est pas si seure que la negative, quoy qu'elle suffise au moins a l'egard de beaucoup de propositions pour montrer que ce que le Pape a entendu sous le mot de sens de Jansenius, n'est pas le vray sens de Jansenius parce que le vray sens de Jansenius n'est point conforme a celuy des propositions, puisque Jansenius enseigne formellement le contraire, surtout de la 2.e de la 3.e et de la 4.e.
La 2.de voye que j'ai appellée negative est de considerer s'il y a aucune apparence que le Pape ait voulu condamner la grace efficace. J'ay dit voulu, car s'il ne la voulu pas voulu, ce n'est pas le dogme particulier qu'il a eü dans la pensée, et par lequel il a terminé l'idée generalle de sens de Jansenius, lors qu'il a dit que le sens de Jansenius estoit heretique, et par consequent ce n'est point la grace efficace qu'on doit entendre par ces mots de sens de Jansenius, encore que ce puisse estre ce que M.r d'Ypres a effectivement et uniquement enseigné, puisque comme il a esté dit plusieurs fois, ce n'est point la verité mais l'opinion du Pape qui determine cette signification.
Or il y a tant de preuves et si convainquantes que le Pape n'a jamais eu, et n'a point encore aucune intention de condamner la grace efficace, & que l'Eglise acceptant sa Bulle la toujours considerée comme ne donnant aucune atteinte a la grace efficace, qu'il n'y a rien de certain dans les choses humaines, si on peut remettre celle la en doute. Je ne marque point icy ces preuves parce qu’on la fait dans un autre escrit, mais il est necessaire de satisfaire à une difficulté qu’on fait la dessus.
On demeure d’accord qu’il y a des preuves suffisantes pour faire voir que le Pape n’a pas voulu condamner la grace efficace, mais on dit qu’il ne s’ensuit pas qui ne l’ait pas condamnée. Car il se peut faire qu’un homme n’ayt aucune intention de condamner la doctrine de S.t Augustin, et qu’il ait mesme intention de la suivre et que neantmoins par ignorance il la condamne en effet en condamnant une doctrine qui est en effet de S.t Augustin, quoy qu’il ne le sçache pas. Pourquoy, dit-on, ne se pourrait-il pas faire de mesme, que le Pape n’ait pas en effet voulu condamner la grace efficace, et que neantmoins il l’ait condamnée par ignorance en condamnant la Doctrine de M.r d’Ypres qui n’est en effet que la grace efficace.
En verité, je ne puis comprendre que des personnes d’esprit eût esté ayant esté touchés de cette raison, qui non seulement ne prouve pas ce qu’ils pretendent, mais qui le detruit entièrement ; car il est impossible que le mesme homme en mesme temps veuille approuver la doctrine de S.t Augustin, et neantmoins la condamne en effet, si on prend toujours dans le mesme sens au regard de l’approbation et de la condamnation ces mots de doctrine de S.t Augustin. Car si on les laisse dans leur idée generalle, comme quand on ne la considere pas en elle mesme ; mais seulement par rapport aux approbations que l’Eglise y a données, il est impossible que [le] mesme veüille approuver cette doctrine en general, & que neantmoins il la condamne en particulier.
Que si l’on prend en l’un et l’autre membre la doctrine de S.t Augustin par un certain dogme connu en particulier, et distinctement, comme pour la predestination gratuite, il est impossible que ce mesme homme veüille approuver ce dogme particulier qu’il l’apelle doctrine de S.t Augustin, et qu’il condamne en mesme temps ce mesme dogme particulier : car nostre esprit ne peut pas former deux jugements contraires en mesme temps sur la mesme chose. Ainsi cette contrainte de jugement ne peut n’arrive jamais que quand on varie les idées de doctrine de S.t Augustin dans l’approbation, et dans la condamnation : Car quand on dit qu’un homme peut vouloir approuver la doctrine de S.t Augustin, cela ne veut dire autre chose, sinon qu’un homme peut avoir du respect pour la doctrine de S.t Augustin en, ou mesme pour un certain dogme en particulier, qu’il croit estre de S.t Aug.
et neantmoins en mesme temps condamner le en effet la doctrine de S.t Augustin parce qu’il condamne un dogme particulier qui est vrayment de S.t Augustin quoy qu’il ne le croye pas. Comme M.r le Moine approuvoit la doctrine de S.t Aug. en general, parce qu’il temoignoit l’estimer, et en particulier a ce qu’il croyoit, parce qu’il approuvoit des sentimens, qu’il s’imaginoit estre de S.t Augustin, comme sa grace suffisante de priere, et neantmoins il la condamnoit en mesme temps, parce qu’il condamnoit par ignorance les veritables sentimens de S.t Augustin : et ainsi il est clair que ce n’est jamais la mesme doctrine de S.t Augustin selon la mesme idée que l’on veut approuver, et que l’on condamne.
Or il s’agit de l’approbation et de la condamnation d’un mesme dogme en particulier, sçavoir de la mesme grace efficace t’elle qu’elle est enseignée dans les écoles catholiques et à Rome, et ailleurs par tout les disciples de S.t Thomas. C’est ce dogme en particulie que l’on montre par un grand nombre de preuves tres claires, que le Pape n’a point voulu le condamner, et que l’Église ne le regarde point aussy comme comdamné. Or il est impossible que ne voulant point condamner ce dogme en particulier, il le condamne en effet ; car au regard du Pape condamner un dogme c’est vouloir qu’il soit tenu pour heretique dans l’Église. Or il est impossible qu’il veüille qu’on tienne dans l’Église la doctrine de la grace efficace pour heretique, et qu’en mesme temps il veüille qu’on ne la tienne pas pour heretique : et par consequent c’est une pure illusion de dire qu’il se peut faire que le Pape ne veüille pas condamner la grace efficace, et que neantmoins il la condamne en effet.
Et il ne sert de rien de dire qu’il a condamné en effet la grace efficace en condamnant le sens de Jansenius qui n’est xxxxxxx autre chose que la grace efficace : car comme on a souvent montré, quand le Pape dit qu’il condamne une doctrine qu’il croit estre de Jansenius, en quoy s’estant pu tromper, il ne s’ensuit pas de la qu’il ait condamné la veritable doctrine de Jansenius.
C’est pourquoy celuy qui est persuadé que la doctrine de Jansenius n’est autre chose que la grace efficace et que le Pape n’a pas voulu condamner la grace efficace, ne doit pas conclure qu’il a condamné en effet la grace efficace, quoy qu’il ne la voulu pas condamner ce qui est absolument impossible. Mais il doit conclure que quoy qu’il ait voulu condamner Jansenius, il ne la pas en effet condamne, ce qui est tres possible, estant tres possible qu’il ait mal entendu le livre de Jansenius, et qu'ainsi il ait condamné la doctrine qu'il a crû estre de Jansenius, sans condamner la doctrine qui est veritablement de Jansenius, parce qu'en ce cas ce sont deux doctrines toutes differentes, qui n'ont que le nom de commun, et par consequent il seroit bien facile qu'il condamnast l'une, et qu'il ne condamnast pas l'autre. Au lieu que ce qu'on appelle la doctrine de la grace efficace estant un dogme particulier, et distinctement connu sur tout quand on le determine par la notorieté publique de ce qui s'enseigne dans les écoles catholiques par les disciples de S.t Thomas, on ne peut dire sans une contradiction manifeste, que le Pape na pas voulu condamner ce dogme particulier, et qu'il la condamné en effet, parce que c'est dire qu'il n'a pas voulu qu'on tinst ce dogme particulier pour heretique dans l'Eglise, et qu'il a voulu en mesme temps qu'on tinst ce dogme pour heretique.
Si cela est, dira t'on, pourquoy donc a t'on tant crié et dit tant de fois que les jesuites abuseroient de cette bulle pour faire condamner la grace efficace en disant que c'est tout ce que Jansenius a enseigné et que ce que Jansenius a enseigné a esté condamné par toute l'Eglise.
Je reponds qu'on a eu raison, et qu'on l'a encore d'apprehender ce mauvais effet. Car encore que le raisonnement dont les jesuites se serviront pour establir cette pretention soit tres faux, comme on la montré neantmoins tout faux qu'il est, il a encore une apparence trompeuse de verité, qui peut bien surprendre des esprits communs, puisqu'il en a surpris d'aussy grands que ceux qui font ces difficultés.
A quoy on peut ajouster deux choses : l'une que ceux qui feront ce raisonnement, l'appuyant de tout leur credit, et des menaces de la persecution, lui donneront un grand poids pour la faire recevoir, un esprit troublé de crainte se laissant aisement persuader par une mauvaise raison.
L'autre, que ce sophisme ne se peut detruire solidement qu'en supposant que le Pape s'est trompé, et qu'il a mal entendu Jansenius, qui est une response, qui quoyqye tres vraye, est tres odieuse, et trouve beaucoup d'opposition dans l'esprit de la plupart des gens du monde, et sur tout des personnes devotes qui sont accoustumées a regarder generallement comme des oracles tout ce que le Pape dit.
Voila ce qui a fait craindre avec sujet que les jesuites ne se serviroient de ce sophisme pour faire condamner la grace efficace ; mais il n’en est pas moins sophisme pour cela comme on espere que ceux qui l’ont jugé solide, le reconnoistront par cet escrit : de sorte que c’est icy l’un des exemples du monde le plus propre a leur faire voir que la vraye logique n’est pas si inutile qu’ils se l’imaginent, puisqu’elle les auroit xxxxxxx empeschez d’estre ebloüis par des raisons sophistiques qui les ont portez ensuite a deux maux considerables ; L’un de condamner trop facilement de xxxxxxx laschetés ; et de prévarication ceux qu’ils devoient croire n’avoir pas moins de zele xxxxxxx qu’eux pour la verité, mais qui pretendent avoir eu plus de lumieres en cette rencontre pour discerner ce qui la blesse, de xxxxxxx ce qui ne la blesse pas. L’autre de faire cette injure à toute l’Eglise, que de vouloir que hors 4. ou 5. personnes elle soit toute engagée si non dans la creance, au moins dans la profession exterieure, et publique de la condamnation de la grace efficace, c’est a dire de l’erreur, et de l’heresie, ce qui est seulement horrible à penser, et qui engageroit plus que toutes choses les fidelles a croire que cette grace est vrayment heretique.
Je sçay bien qu’on pourra répondre que c’est au contraire icy une occasion à faire voir que la logique gaste le jugement mais il y aura cette difference entre cette réponse, et ce qu’on a dit, que l’on n’a avancé que la logique estoit utile, qu’après l’avoir fait voir, partout cet escrit, au lieu que l’on ne dire jamais qu’en l’air, qu’elle est prejdiciable en cette occasion, a moins qu’on ne prenne la peine de marquer en particulier sur chaque raison de cet escrit, en quoy on pretend que l’on s’est trompé. On avoüe que l’on ne le voit pas, et il est certain au moins que jamais on ne se trompa de meilleure foy, puisqu’on n’a pas le moindre doute que tout ce que l’on a dit icy, ne soit tres certain, et tres veritable.
M.r Domat.
Je demeure d'accord que ces mots seuls. Le sens de Jansenius sans autre addition expresse, ou sous entendue ne signifient, et ne marquent aucune doctrine en particulier ; mais je pretends de faire voir par la suite, que pour determiner cette proposition, il n'est pas necessaire de specifier aucune doctrine en particulier, et qu'il suffit de marquer un droit endroit de Jansenius, ou une matiere qu'il ait traitée.
Je fais la mesme remarque sur cette 2.e partie maxime que sur la seconde premeire, et quoy que l'une ny l'autre ne soit pas decisive du different, je crois qu'il est necessaire d'observer sur celle cy, qu'il est vray que le sens d'aucun autheur n'est essentiellement heretique, ny mesme catholique hors des autheurs canoniques, mais que cela n'empesche pas qu'on ne puisse faire hypothese d'un autheur mort qi n'auroit enseigné que quelques propositions, qui toutes seroient heretiques, et que dans cette hypothese on ne puisse dire avec verité, Le sens, et mesme tout sens d'un tel autheur est heretique, comme on peut aussi dire avec verité, et dans une hypothese reelle, Tout sens de S.t Thomas Tout sens de S.t Bernard est catholique, quoyqye l'un ny l'autre ne le soient essentiellement, mais parce qu'ils le sont l'un et l'autre dans la verité.
Cette maxime n'est qu'une division de la maniere de determiner une idée generale a une idée plus distincte et cette division, xxxxxxx ne me semble pas entire, ainsi je ne la juge pas vraye : car il y a une maniere de determiner tres determinante, qui n'enveloppe aucune connoissance, et non pas mesme aucune veue de l'idée distincte, en prenant ces mots d'Idée distincte, et de connoissance au sens de l'autheur de l'Ecrit, c'est a dire en prenant l'idée distincte pour l'objet particulier ou particularité pour ainsi dire dans son individu regardé clairement, ou confusément. C'est ainsi que l'autheur entend ces termes. Il s'en explique dans l'hypothèse dont il se sert, car il veut que pour determiner cette idée generale. Le sens de Jansenius est heretique, à une idée plus distincte, on applique cette idée generale a l'idée particulière d'un tel dogme dans l'individu connu clairement, ou confusement. En prenant donc ces deux mots d’Idée distincte, et de connoissance claire ou confuse au sens de l’autheur, je dis que sa division est imparfaite car il y a une autre manière de determiner qui n’a aucune veüe de l’individu de l’objet particulier determiné, qui est ce que l’autheur appelle l’idée distincte mais qui regarde un autre objet, qui est le determinant, & qui le regarde comme tel, et cet autre objet peut estre appellé L’Idée generalle. xxxxxxx distinguante pour user de ce terme. En voicy un Exemple. cette proposition cy. La Gazette de Marseille xxxxxxx est fausse est une idée generale. La voicy determinée. La Gazette de Marseille d’un tel jour est fausse. Par cette derniere proposition la premiere est determinée à une idée plus distincte, puisque cette derniere arrete l’esprit, et le restreint de toute l’estendüe du temps, et des lieux de la gazette a l’endroit de Marseille, et a un tel jour ; et cela sans doute c’est determiner. Cependant cette proposition determinante ne donne aucune veue de la fausseté individuelle, qui est dans cette gazette, non pas mesme de la chose dont il est parlé.
On pourroit encore donner beaucoup d’autres exemples semblables, celuy la suffit avec l’application qui en est faite à nostre hypothese. Cette proposition. Le sens de Jansenius est heretique, et une proposition generale et indeterminée, nous en sommes d’accord. Si rien ⁁de plus n’est joint à cette expression ; mais l’autheur pretend que cette proposition generale ne peut estre determinée que par l’une ou l’autre xxxxxxx des deux propositions qui suivent ou leurs equivalentes. La premiere qui est propre a celuy qui connoist le Dogme de Jansenius & qui dit ainsi un tel Dogme de Jansenius est heretique. La seconde qui est propre a celuy qui ne connoist point le Dogme de Jansenius et qui dit ainsi. Il y a un dogme de Jansenius que je ne connoist point et que le Pape connoist qui a esté enseigné par Jansenius, et qui est heretique. Or je dis que cette mesme propositions. Le sens de Jansenius est heretique peut estre determinée par un autre tout differente des deux de l’autheur : Et ce qui est remarquable c’est que cette xxxxxxx autre proposition determinante sera commune et a celuy quy ne connoist, et a celuy qui connoist la doctrine de Jansenius, ce qui decrouvre en partie la veue que je crois estre dans la division de l’autheur. voicy cette proposition determinante, et commune a celuy qui scait, et a celuy qui ignore, La doctrine de Jansenius, et mesme la doctrine qu’on ⁁prend pour celle de Jans. sur une telle matiere, ou en un tel endroit est heretique.
Cette proposition est determinante de l’autre, puisqu’il forme une idée plus distincte et borne indubitablement l’esprit a quelque chose de moins estendu, cependant elle ne parle nullement du dogme particulier de Jansenius ny d’aucun autre.
Non seulement cette proposition est determinante, mais elle est determinante dans l’esprit de qui que ce soit qui l’entende, sans qu’il sçache, ou ne sçache pas la doctrine de Jansenius, et soit aussy qu’il ayt ou n’ayt pas aucune dogme en veüe : ce qui suffit pour faire voir que la division de l’autheur n’est pas juste.
Non seulement cette proposition est determinante de cette autre. Le sens de Jansenius est heretique dans l’esprit de qui que ce soit, mais je crois xxxxxxx pouvoir encore montrer quelle seule ou autres equivalentes en sont determinantes dans l’esprit encore de qui que ce soit, ou de ceux qui ne connoissent pas clairement et avec certitude quel est en particulier le sens de Jans. en soy mesme et dans la verité, ou de ceux mesmes qui le sçavent ; car dans l’esprit mesme de ceux qui le sçavent, cette proposition un tel dogme de Jans. est heretique, ne termine celle cy Le sens de Jans. est heretique. que par la liaison necessaire qu’ils font de ces deux propositions xxxxxxx ce dogme est heretique, et ce dogme est dans la verité de Jansenius, et il se trouve dans son livre.
Tout cela se verra plus clairement par ces preuves, mais auparavant je repete encore ma these. Je pretends prouver que cette proposition Le sens de Jansenius est heretique. ne peut jamais estre determinée par aucune autre proposition, que par celle cy, ou autres semblables et equivalentes. Ce que dit Jansenius en un tel endroit ou sur un tel sujet, est heretique, et je dis qu’elle n’est nullement heretique determinée par l’indication de quelque dogme particulier que ce puisse estre, fut il celuy de Jans. si l’indication n’est accompagnée de la verité en soy mesme, et de la connoissance qui en soit donnée à celuy que l’on pretend determiner, en sorte qu’on luy fasse voir que le sens indiqué soit celuy de Jansenius, ou qu’on le mette en estat de le voir luy mesme. Je pretends qu’a moins de cela nostre proposition generale demeure indeterminée, mais qu’elle sera determinée par l’indication du livre de Jansenius ou de la matiere qu’il a traitée ? Il est vray que je ne nie pas que cette proposition un tel dogme est heretique, ne determine à un dogme, mais elle ne determine pas cette proposition. Le sens de Jansenius est heretique. C’est ce que je prouve vray.
Il s’ensuivra de ma preuve que cette proposition du Pape et des Evesques. Le sens de Jansenius est heretique sur la matiere des cinq propositions, est une proposition tres determinée ; et en 2.e lieu qu’elle est uniquement determinée par le sens, et au sens veritable de Jansenius. voicy mes preuves.
Une proposition peut ne peut estre bien determinée que lors qu’on la determine dans le point, ou dans le terme precis dans lequel elle estoit indeterminée. Car si on ne determine pas précisement ce qui estoit xxxxxxx indeterminé, il est evident qu’on le laisse indeterminée. voyons en quoy est indeterminée cette proposition. Le sens de Jansenius est heretique.
Une proposition peut estre indeterminée ou dans le sujet ou dans l’attribut, ou dans l’un et l’autre. par exemple nostre proposition. Le sens de Jansenius est heretique respondüe a celuy a celuy qui demanderoit xxxxxxx de qu’elle heresie ou de Calvin ou de Pelage est accusé le sens de Jansenius, seroit une proposition determinée dans le sujet, et indeterminée dans l’attribut. La mesme proposition respondue a celuy qui demanderoit ce qu’il y a d’heretique dans Jans. seroit une proposition determinée dans l’attribut, et indeterminée dans le sujet : et la mesme dans le sujet proposition enfin répondue a celuy qui demanderoit la⁁dequelle sorte d’heresie est accusé Jansenius, et enquoy, seroit une proposition indeterminée et dans le sujet et dans l’attribut.
Dans nostre hypothèse cette mesme proposition qui est celle dont il s’agit, est assez determinée quand à l’attribut ; car nous ne sommes pas en peine de sçavoir de quelle sorte d’heresie Jansenius est accusé de Pelagianisme, ou de Calvinisme, ou autre : elle est donc seulement indeterminée dans le sujet, et entre nous, et mesme dans toute l’Eglise. Donc pour la determiner, il en faut determiner le sujet : ce qui est indeterminé dans le sujet de cette proposition, n’est pas le mot de Jansenius qui en fait partie, ce mot est dans l’individu et ne sçauroit estre plus determiné, il ne reste donc que le mot de sens qui se trouve indeterminé. il faut voir comment et en quoy il est certain qu’il n’est pas indeterminé quand a son xautheur car la proposition ⁁qui le determine est en si propres termes quelle ne sçauroit estre plus expresse qu’en ces deux mots, sens de Jansenius qui signifient en bonne grammaire, et bonne logique, et selon la notion connue. le sens qui est de Jansenius. Tout ce qui se pourra dire de ce qui signifie le mot de sens dans cette proposition se pourra dire de ce qui est le sens de Jansenius.
Il ne peut donc rester dans cette proposition aucune autre chose indeterminée que ces deux mots ensemble. Le sens de Jansenius qui ne peuvent plus estre separez l’un de l’autre, et ces deux mots, ou ce mot de sens de Jans. en quoy est-il indeterminé ? Et ce comme pretend l’autheur de l’Escrit En ce qu’on ne marque pas un sens, ou une doctrine particulière, un tel dogme ? non seulement ce n’est pas cela, mais ce xxxxxxx ne le peut estre, car quand on aura marqué un certain dogme
et qu’on aura dit. un tel dogme est heretique, aura t’on determiné par la ces mots icy. Le sens de Jansenius est heretique. on aura bien determiné le mot du dogme en general a un dogme particulier mais on xxxxxxx n’aura pas determiné le sens de Jansenius en particulier à moins qu’on adjoute a cette proposition icy qui est celle qui semble la plus determinante. un tel dogme de Jansenius est heretique que l’on suppose que cet ce tel Dogme, que l’on exprime soit constamment et dans l’esprit de celuy qui entend la proposition, et encore dans la verité un dogme enseigné par Jansenius ; car puisque la proposition generale est desja determinée au sens d’un tel autheur, qui est Jansenius et qu’il faut de necessité que la proposition determinante soit comprise dans la determinée, comme l’espece dans le genre, ou l’individu dans les pretendu determinant, du sens ou du dogme de Jansenius, soit l’un des sens ou des dogmes de Jans(Il semble manquer plusieurs mots au manuscrit. Jean Mesnard, dans le troisième volume des Œuvres complètes de Blaise Pascal (Desclée de Brouwer, 1992, p. 1258), donne cette phrase : « […]et qu’il faut de necessité que la proposition déterminante soit comprise dans la déterminée, comme l’espèce dans le genre, ou l’individu dans l’espèce, il faut que le prétendu déterminant du sens ou du dogme de Jansénius soit l’un des sens ou des dogmes de Jansénius » --commentaire de JmBooks (d) 29 septembre 2023 à 15:10 (UTC)) : Et cela est d’autant plus certain en cette rencontre, que le mot de sens est un mot dont le rapport xxxxxxx est bien plus précis à estre d’un tel autheur, que ce n’est pas le mot de dogme, doctrine, ny autre, parce ce que ce mot de sens enferme dans sa notion la pensée d’un tel sur un tel sujet. Quoy qu’il en soit il n’y a rien qu’un véritable sens, ou une veritable doctrine, de Jansenius dont on puisse ( « dire » manque--commentaire de JmBooks (d) 29 septembre 2023 à 15:10 (UTC)) que l’esprit s’y puisse et arrester et determiner, le connoissant tel lorsqu’il cherche non quelque sens, et quelque doctrine, mais un sens et une doctrine de Jansenius.
Je veux bien demeurer d’accord qu’a la verité cette proposition. un tel dogme de Jansenius est heretique, determine l’esprit a quelque chose mas je soutiens qu’elle ne le termine pas determine pas en ce qu’il y a precisement d’in⁁determiné dans notre proposition generale. Le sens de Jansenius est heretique : car apres ce que je viens d’observer l’indetermination, pour ainsi dire, qui reste dans cette proposition generale ne consiste plus qu’en ce que Jansenius a plusieurs sens, c’est a dire sa pensée sur un tel sujet, sur une telle proposition que l’on indique dans la multitude de celles qui sont dans son livre, et c’est ce qu’a fait ma proposition determinante, car je suis dans une certitude infaillible, qu’elle me restreint a un veritable dogme, et a un veritable sens de Jansenius, puisqu’elle m’indique non un tel sens qu’elle me propose
qui pourroit n’estre pas de Jansenius, mais le sens propre de Jansenius qui ne peut pas n’estre pas de luy.
Mais pour mieux entendre cecy, il faut remarqyuer la difference de ces deux mots de sens, et de dogme, et que quand on dit qu’il y a plusieurs sens dans Jans. ce n’est pas de mesme que quand on dit il y a plusieurs dogmes ; car Jans. peut bien avoir plusieurs dogmes sur une mesme proposition, mais il n’y peut avoir plusieurs sens. par l’exemple sur cette proposition. Dans de la nature de l’estat de la nature corrompue on ne resiste jamais a la grace. Jansenius n’a qu’un seul sens, qui est que toutes les grace interieures qui sont données a l’homme apres le peché d’Adam produisent infailliblement l’effet, pour lequel Dieu les donne, quoy que toutes ne surmontent pas toute la resistance de la volonté, Dieu ne les donnant pas pour cela : et sur cette mesme proposition Jansenius a plusieurs dogmes. un dogme de la toute puissance de Dieu sur la volonté. un dogme de la necessité de cette grace a cause de la foiblesse de la volonté. un dogme de la nature de la grace interieure, et medecinale. un dogme de la difference de cette grace d’avec l’exterieure, un dogme de la concupiscence.
Cette remarque en passant confirme ce que en passant ce que j’ay dit de la difference de ces deux mots de sens et de dogme, mais elle sert aussi pour faire voir que quand on dit. Le sens de Jansenius est heretique cela ne s’entend pas de l’un de plusieurs sens que Jansenius pourroit avoir sur une mesme proposition, comme quand on dit. Le dogme de Jansenius est heretique, cela ⁁se peut entendre de l’un de plusieurs dogmes que Jansenius peut avoir sur une mesme proposition, mais que cela s’entend par necessité d’un sens unique sur une certaine proposition, ou une certaine matière qui peut bien estre meslée dans le grand nombre de plusieurs propositions ou ce plusieurs matieres de Jansenius, mais qui n’est qu’une. D’où il s’ensuit que si le Pape dit le Dogme de Jansenius est heretique sur la 3.e proposition est heretique. on pourroit pretendre que cela ne seroit pas assez determiné parce qu’il y a comme j’ay fait voir, plusieurs dogmes de Jansenius sur cette 3.e proposition. mais quand il a dit que le sens de Jansenius sur la 3.e proposition est heretique il a determiné ce qu’il condamnoit jusqu’au dernier point dans l’individu puisque Jansenius n’a et ne peut avoir qu’un sens unique sur cette 3.e proposition. Et pour confirmer encore ce raisonnement il faut considerer que l’esprit cherche naturellement à se que determiner sur ce qui luy paroist indeterminé, il en cherche d’abord le point luy mesme d’abord le point determinant. Ainsi pour sçavoir ce qu’il y a d’interminé dans ces paroles seules et destachées de toute autre proposition, et de tout discours, Le sens de Jansenius est heretique il ne faut que voir ce que l’esprit demande naturellement, et qu’elle question il formera d’abord sur cette proposition : or il est sans doute que si l’on dit simplement a quelqu’un le sens de Jansenius est heretique. il ne demandera point quel dogme de Jansenius est heretique et on ne le satisferoit nullement en luy alignant un certain dogme particulier, mais il demandera sur qyoy le sens de jansenius est heretique ; sur qu’elle matiere, sur quel sujet, sur qu’elle proposition et la seule maniere de luy satisfaire est de luy repondre sur une telle proposition en un tel endroit : car alors il ne demandera plus en quoy le sens de Jansenius est heretique, pour veu qu’il ait la liberté de voir le livre : car sçachant que le sens de Jansenius est heretique dans ce livre, il lui suffit de sçavoir sur qu’elle matiere il est heretique, ou en quel endroit, puisqu’a lors il verra par luy mesme, et trouvera par sa lecture cet unique sens qui est heretique, et determiné, et il se rendra luy mesme le juge avec une determination bien plus grande, que si pour determiner ce sens de Jansenius on luy avoit assigné un certain dogme qu’on attribuast a Jansenius sans lui donner ce livre de Jansenius. Car alors il ne pourroit juger de ce dogme si ce seroit un sens de Jansenius qu’en le rapportant aux paroles et aux propres termes de Jansenius puisque le mot de sens enferme dans la notion non seulement telle pensée d’un tel autheur en general, mais sa pensée, sur un tel sujet, sur une telle proposition dont il a parlé.
Il s’ensuit donc de la différence de ces deux mots, de sens et de dogme, que cette proposition. Un tel dogme de Jansenius est heretique, laquelle l’autheur pretend estre determinante de nostre proposition generale, ne l’est point du tout dans ka verité ; car le mot de dogme est un mot qui n’est pas univoque de celuy de sens, ny tous sens n’est pas dogme, ny tout dogme n’est pas sens. Ainsi il est certain que quand on assigne un dogme de Jansenius on n’indique pas pour cela un dogme : xxxxxxx un sens de Jansenius, et de mesme quand on indique un sens de Jans. on indique pas pour cela un sens de Jansenius dogme ; car on pourra par exemple indiquer le sens de Jansenius sur une definition, ou sur une hypothese qu’il prendroit, ce qui ne seroit pas un dogme, et par conséquent, xxxxxxx cette proposition. Un tel dogme de Jansenius est heretique ne determine point du tout nostre proposition generale, et ne la determmine, non plus que cette proposition icy. Une telle hypothese, que fait Jansenius est fausse, ou celle-cy. Le sens de Jansenius sur un telle hypothese est fausse, determine cet autre. Les dogmes ou les maximes de Jansenius sont fausses ou mesme et celle-cy. Le dogme de Jansenius est faux.
Ce n’est pas sans raison que je me suis un peu étendu sur la difference de ces deux mots le sens et le dogme, d’où je pourrois bien encore tirer d’autres conséquences sur nostre sujet : car encore qu’on dira peut-estre que c’est subtiliser sur les mots, il est certain qu’il est d’une extresme importance en cette rencontre de bien xxxxxxx la signification propre des mots des mots des bulles et des formulaires. Ce sont des definitions de foy, des condmanations de doctrine : il faut donc bien voir, et bien examiner et leurs bornes et leur étendüe : ainsi il est de la derniere importance d’y prendre chaque mot en particulier dans son sens propre, naturel, et litteral, cecy pourroit s’étendre et s’appliquer, mais les personnes a qui je parle verront bien jusques où cela va ; et que quand le Pape a dit qu’il condamnoit le sens de Jansenius, il faut de necessité qu’il ait condamné son vray sens ou qu’il n’ait rien fait, si ce mot de sens est pris comme il faut le prendre selon ce que j’en ais marqué c’est-a-dire selon la notion universelle de tout le monde.
Je voudrois bien icy demader a ces Messieurs en quoy consiste la force de leur ardument, qui esttoit a la verité trs touchant quand il disoient dans tous leurs escrits. Les Papes et les Conciles on déclaré que la doctrine de S.t Augustin sur la grace, et sur la Presdestination estoit catholique : donc cette doctrine de Saint Augustin telle qu’elle est en elle mesme, et dans ses livres, est catholique, quoy qu’en ce temps elle fut aussi diversement, et bien plus odieusement expliquée, et par plus de personnes que n’estoit le sens de Jansenius lorsque les Papes l’ont condamné, n’estoit-ce pas en ce que le mot de doctrine de S.t Augustin dans la bouche de ces Papes et de ces Conciles non seulement ne signifioit, mais ne pouvoit signifier autre chose que la veille, et veritable doctrine de S.t Augustin : car si ce mot eû pû signifier quelque quelque autre chose, leur argument estoit vitieux. Qu’est-il donc arrivé depuis a cet argument, qu’il ne vaille plus rien aujourdhuy. Car je m’en vais le faire voir tres vitieux. Selon les principes mesmes de ces M.rs qui les faisoient, qui sont les mesmes a qui je parle. Je n’ay qu’a leur dire qu’il est tres certain, et demontré par eux dans l’Ecrit que ces Papes, et ces Conciles, lorsqu’ils approuvoient la doctrine la de S.t Augustin, avoient certains dogmens en veües lesquels ils jugeoient catholiques, et attribuoient a S.t Augustin. Sçavoir par exemple. La grace de priere de M.r le Moine, ou quelque autre dogme, mais non aucun de ceux que ces Messieurs attribüent aujourdhuy a S.t Aug. c’est a dire de ceux qui sont veritablement de luy. Par cette voye je renverseray avec seureté toutes les derisions de la foy quelles quelles soient, hors celles qu’on me fera voir en propres termes dans les autheurs canoniques : car pour les Papes et les Conciles je n’ay qu’a leur mettre un dogme en veue tel qu’il me plaira par tout ou ils n’exprimeront point autrement la doctrine qu’ils approuvent, ou qu’ils condamnent, que par ses autheurs. Je ne m’etendray pas davantage sur cette raison, je serois trop long, je n’en ay pas le temps, et je m’assure qu’on en fera de bonne foy toutte l’application entiere a nostre esprit sujet.
Mais auparavant qu’on la fasse je supplie ces Messieurs de prendre la peine de lire et d’examiner ces termes des Bulles, et du Formulaire en ce qui regarde Jansenius et particulierement la Bulle d’Alexandre 7. La question sur laquelle cette Bulle est intervenüe, estoit de sçavoir premierement. Si les cinq propositions estoient de Jansenius, et en second lieu si elles estoient condamnées au sens auquel cet autheur les soutient, il meriteroit une reflection particuliere que je n’ay pas le temps de faire. Cet estat de la question est establi en propres termes dans la Bulle d’Alexandre 7. Que fait le Pape sur ces deux questions. Sur la premiere il decide, declare, definit que ces 5. propositions ont esté tirées du Livre de Jansenius. voila une definition et une declaration. Sur la 2.e il declare aussy et definit qu’elles ont esté condamnées dans le sens auquel elles ont cet autheur les a expliquées. Voila une autre declaration, et definition cela, me semble, pouvoit suffire pour faire entendre l’intention, et la pensée du Pape aussi bien, et beaucoup plus encore que les approbations d’Innocent, de Boniface, d’Hormisdas suffisoient pour faire entendre ce qu’ils vouloient dire de la Doctrine de S.t Augustin sur la grace et sur la Pxredestination. On prendra la peine d’en faire la parallele, et on trouvera que ce Pape c’est bien plus nettement, plus particulierement, et plus determinément expliqué sur la condamnation de Jansenius que n’ont fait les autres sur l’approbation de S.t Aug. Cependant on ne se contente pas de cette explication du Pape ; on fait naistre encore une nouvelle question, et l’on a demandé si le Pape ne faisoit qu’attribuer a Jansenius un sens heretique, ou s’il déterminoit un sens equivoque des 5. propositions au sens unique de Jansenius.
Il me semble encore une fois que le Pape s’estoit assez expliqué sur cela mesme ; mais je trouve encore non seulement dans le formulaire mais aussi dans la Bulle d’Alexandre la determination en bien en bien propres termes. est il question de sçavoir quel est le sens heretique des propositions ? Le Pape a dit une fois dans sa Bulle, que c’est celuy que leur donna Jansenius. que faut-il de plus précis et de plus expres, et selon mes preuves de plus determinant, qu’on lise ce qu’a dit Jans. sur la premiere proposition au 13.e chap. d’un tel livre, on trouvera a point nommé ce que le Pape a condamné dans cette proposition. N’est ce pas assez ? Voicy le mot de determination que l’on demande : qu’on prenne la peine de lire le dernier article de la Bulle commençant par ces mots. C’est pourquoy on y verra que le Pape ordonne qu’on fasse observer la Bulle d’Innocent selon la presente determination de luy Alexandre 7. et qu’on le chastie & qu’on chastie &tc les desobeissans, et les rebelles, à quoy rebelles? a la definition d’Innocent. Selon quoy ? Selon la determination d’Alexandre ; et c’est cette determination d’Alexandre qu’il a faite et qu’il a dit qu’il faisoit, lors qu’il a non seulement determiné, mais qu’il a dit qu’il determinoit. C’est cela dis je qui a fait que l’Assemblée du Clergé et dans ces actes, et encore dans le formulaire a declaré que le sens d’Innocent X. estoit determiné par celle d’Alexandre 7.
Je ne crois pas apres tout cela qu’il en faille davantage pour dire que la condamnation est determinée au sens de Jansenius. et qu’il n’y a plus rien au monde ou il faille chercher l’heresie condamnée que la ; et je crois aussy qu’il n’en faut pas davantage pour repondre a toutes les maximes de l’escrit. J’ajousteray neantmoins mais succinctement, et en passant quelques petites reflections sur le reste de cette 3.e Maxime de l’autheur, et sur les autres : mais auparavant il faut que je die un mot d’une objection qu’on a deja faite et que l’on pourroit faire encore, quoy quelle soit toutafait detruite, parce que j’ay dit. Le Pape, dit-on, ayant un certain dogme en veue qui n’estoit pas celuy de Jansenius, n’a pas a la verité determiné le sens de Jansenius, veritablement, mais il la determiné faussement. Cela encore fois ne meritoit pas de reponse apres ce que j’ay dit : mais il n’y a qu’a remarquer qu’une fausse determination n’est pas une determination, et ne determine pas, et que d’ailleurs il n’y a icy aucune fausse determination au sens mesme que l’on l’entend ; car le Pape n’a indiqué aucun dogme, qu’il ait pris mesme faussement pour celuy de Jansenius. Ainsi il n’a rien determiné mesme faussement, mais il a determiné veritablement la condamnation au veritable sens de Jansenius.
L’Autheur met en parenthese sur la fin de cette troisiesme maxime, qu’il ne separe jamais la bulle du Pape de l’avis de ceux qui luy ont servi a la dresser. Ce Terme, qu’on prend en passant ne peut estre accordé. La Bulle est publique, authentique, et ne peut estre desavoüée, et l’avis de ceux qui l’ont dressée, est inconnû, sujet à desavoué, sans authorité, et declaré apocryphe, et condamné par le Pape ; et il faut encore remarquer sur ces avis qu’ils sont tous différens entr’eux, de sorte qu’il faut bien les separer de la Bulle par necessité. Que s’il y avoit quelque maniere d’expliquer la bulle il est certain que ce ne pourroit estre que celuy qui la faite, qui l’expliquast : or il n’en fait rien, encore qu’il sçache fort bien les difficultez n’y qu’on y fait puisqu’il en est averty par les Evesques, et les G. V. aussi il veut que tout le monde demeure d’accord persuadé de la veritable signification des termes, dont il s’est servy selon la notion commune.
Il se pourroit faire que le Pape eut mal entendu Jansenius mais cela n’importe que ne disoit il ce qu’il entendoit, toujours est il bien certain qu’il a voulu que l’ont crut qu’il avoit condamné Jans. Et le vray sens de cet autheur bien pris, bien entendu, bien examiné ; car il ne pretend pas qu’on juge de luy, qu’il a voulu condamner le sens de Jans. bien ou mal examiné. il a parlé un langage que tout le monde entend fort bien, et les Jesüites à mon sens mieux que personne. Mais il se pourroit faire aussy que le Pape ayt voulu condamner Jansenius quelque sens qu’il eu, et qu’il n’en voulut qu'a sa personne. J'avoüe que cette hypothese est fort dure, et mesme je croy bien que cela n'est pas mais cela pourroit estre, supposant comme nous en sommes d'accord; que le Pape n'est pas infaillible qu'il n'ayme gueres Jansenius, qu'il ayme les Jesuites, et que leurs maximes de morale ne luy deplaisent pas beaucoup : au moins est il bien certain que le Pape n'a rien condamné, et n'oblige personne a rien condamner. S'il n'a pas condamné, et n'oblige pas a condamner le veritable sens de Jansenius tel qu'il est dans son livre, et qu'il y subsistera eternellement, puisque non seulement il n'explique, mais n'indique pas mesme aucune autre chose a quoy il xxxxxxx soit possible d'appliquer la condamnation : car encore que l'on puisse demeurer d'accord de ce que l'autheur conclud dans cette quatriesme Maxime, que le Pape a attribué la qualité d'heretique a une certaine doctrine en particulier, qu'il a jugée estre de Jansenius il ne s'ensuit nullement qu'il ait pensé, ny qu'on ait xxxxxxx aucune liberté de croire qu'il ait pensé autre doctrine que la veritable de Jansenius et son vray sens ; car comme il est vray qu'on feroit un grand tord au deux Papes de pretendre qu'ils n'eussent eu aucun dogme en veüe on leur en fera aussy un tres grand de prendre libert la liberté de s'imaginer qu'il n'auroient pas entendu, ny sçeu prendre le vray sens de Jansenius. Apres qu'Alexandre declare contre cette pretention en termes expres, que cette mesme cause a esté en verité examninée avec la plus grande xxxxxxx⁁diligence qu'on pû souhaitter.
Que si l'autheur fait cette hypothese comme il faut qu'il la fasse de necessité, qu'avec toute cette diligence, et toute cette exactitude avec laquelle le Pape declare qu'il a estudié, recherché et exaliné le vray sens de Jansenius, il n'a sçeu prendre que tout le contraire de son vray sens, non seulement sur une matiere, et sur une proposition, mais sur plusieurs, et en plusieurs endroits de son livre, sans qu'en aucun d'eux il ait pu l'entendre, ny rencontrer son sens veritable. Cette hypothese est d'une part fort injurieuse au Pape, mais de l'autre est l'est encore plus a Jansenius. Car on ne peut supposer qu'une personne que tout le monde croit aussy raisonnable, qu'on croit le Pape, n'ayt pû comprendre le vray sens d'un autheur en une matiere de Theologie, apres l'avoir examniné avec toute la diligence, et toute l’exactitude possible, que l’on ne conclue en mesme temps que cet autheur n’a sçeu lui mesme ce qu’il vouloit dire et que la seule obscurité qui donne lieu à si mal prendre sa doctrine dans l’esprit des juges les ⁁plus équitables, suffit pour en fonder la condamnation ; et il y aura sans comparaison bien plus de sujet d’accuser ceux qui soutiennent cet autheur comme catholique, de l’entendre mal lorsqu’il luy donnent ⁁un autre sens eux qui sont partyes, et sans aucune authorité dans l’esprit universellement de tous les fideles, que de prétendre qu’un juge et un juge tel que le Pape l’ay mal entendu apres un si grand soin pour l’examiner.
Et encore que dans la verité les choses puissent estre xxxxxxx ainsy : que le Pape eût mal entendu Jans. Comme il n’y a qu’un tres petit nombre de personnes qui puissent le croire, et que tout le reste se rendroit comme on se rend effectivement, et avec raison au party du Pape, en soutenant qu’il ⁁a fort bien entendu le vray sens de Jansenius ne s’ensuit il pas que ceux qui pretendent que le veritable sens de Jansenius n’a point esté l’objet du Pape ne peuvent le sauver de condamnation dans le public, qu’en declarant que le Pape la mal entendu.
Mais il est important de remarquer en ce lieu l’exces terrible des consequences pernicieuses qui s’ensuivroient de cette hypothese jamais on ne pourra s’asseurer avec verite d’aucun autheur hors les canoniques qu’il fut catholique, n’y d’aucun autre, qu’il fut heretique quelques approbations, & quelques condamnations de Papes et Conciles qu’il y en eût.
Je dis bien plus. On ne sçauroit dire d’aucune doctrine qu’elle fut ny catholique, ny heretique, il n’y auroit qu’a dire que par les termes dont on se serviroit pour enoncer cette doctrine, les Papes ou les Conciles qui l’auroient ou approuvée ou condamnée, auroient entendu un certain sens qui ne seroit pas le veritable, comme on dit que le Pape Alexandre n’a point entendu en veritable sens de Jans. sur la premiere proposition quoyqu’expliqué tres au long dans le lieu de son livre ou il en parle.
On mettra par tout des faits, par tout des chicannes, par tout de l’obscurité, et ⁁du mal entendu.
On mettra les Papes, et les Conciles dans l’impossibilité absolüe et metaphysique de condamner jamais la doctrine d’aucun autheur s’ils disent qu’ils condamnent une telle doctrine qui est de luy, en la rapportant on dira et avec fondement que ce n’est qu’une attribution, et qu’ils ont mis un fait dans leur decision, mais si sans la marquer ils disent qu’ils ont bien examiné la doctrine de cet autheur avec toute sorte de diligence, et qu’ils condamnent son sens tel qu’il la expliqué et soutenu (ce sont les paroles de la Bulle) alors on dira qu’ils n’ont pas laissé de le mal entendre, qu’ils ont condamné quelqu’autre chose quelle quelle soit, mais nullement le sens veritable de cet autheur.
Qu’on s’imagine donc si l’on peut, quelqu’autre voye par laquelle les Papes, et les Conciles puissent mettre en repos l’esprit des fideles sur la doctrine de châque autheur c’est ce que je soutiens impossible, et si ce qu’a fait Alexandre ne suffit pas pour condamner Jansenius, et le faire passer dans toute l’Eglise pour condamné. Je soûtiens encore une fois qu’il est impossible de toute impossibilité a toutes les puissances, et a toute l’authorité de l’Eglise de faire jamais passer aucun autheur pour condamné veritablement ; car on ne sçauroit faire & j’oserois dire que jamais il ne s’est fait aucune sentence, et une condamnation plus claire, plus nette, plus precise, plus expresse, plus decisive, plus contradictoire, plus arrestée, plus exprimée & plus entendüe que la condamnation de Jans. et de sa doctrine dans les Bulles et le formulaire et j’ose dire qu’on ne sçauroit trouver aucun moyen de condamner un autheur, et sa doctrine, auquel on ne reponde aussy raisonnablement, qu’on fait dans l’Ecrit pour Jans. aux bulles et xxxxxxx au formulaire.
L’exemple de la doctrine d’Arius ne se peut rapporter a nostre sujet ; quand il a esté condamné il la esté pour une telle doctrine expliquée, et qu’il avouöit sienne ainsy il n’a qu’a dire cette doctrine pour marquer & ce qui est d’Arius, et ce qui est condamné mais pour dire ce qui a esté condamné par Alexandre, il n’y a point d’autre clef que le sens de Jansenius, et ce mot de sens de Jansenius ne peut indiquer que sa veritable doctrine, qui est celle de la grace efficace.
On peut demeurer d’accord que cette proposition du pape, Le sens de Jansenius sur ces cinq propositions est heretique ou celle cy qui est la mesme. Les propositions sont heretique au sens auquel Jansenius les soütient. ou si l’on veut encore celle cy. Le sens de Jansenius est heretique. sont des propositions qui enfermentun fait. Mais quel est ce fait est ce que Jans. enseigne une telle doctrine qu’on voudra luy attribuer nullement ces propositions ne luy attribuant quoy que ce soit que deux choses. ⁁l’une qu’il a un sens, et qu’il a un sens sur un tel sujet, c’est a dire qu’il en a parlé. Voila tout le fait qu’on peut trouver dans ces propositions. l’autre chose qu’elles attribuent a Jansenius, c’est l’heresie, attribuée non a un certain sens qui ne seroit pas celuy de Jansenius, (cella changeroit les propositions) mais, au sens véritable de Jansenius. Je dis que pour mettre dans ces propositions ce fait icy. Jansenius enseigne un tel dogme, qui seroit autre que le sien il faudra les changer de necessité, et dire ces paroles, non, le sens de Jansenius, car son sens est celuy qui est de luy, et qu’il a enseigné dans la verité, et il ne peut estre autre, mais il faudroit dire ainsy nettement et expressivement. Jansenius enseigne un tel dogme, et ce tel dogme est heretique on prendra la peine de me marquer icy l’exemple que j’ay rapporté de la proposition des Papes, et des Conciles, qui ont approuvé la doctrine de S.t Augustin, l’on verra qu’il faudra aussy mettre un fait dans cette proposition de ces Papes. La doctrine de S.t Aug. est catholique ; ce qui sera abbandonnez à l’heresie la veritable doctrine de S.t Aug. on entendra assez mon explication.
Celuy qui dit qu’il ne croit que le Dogme des Bulles, il en reçoit tout, si ce n’est, suivant ce que je viens de dire, qu’il ne voulut pas demeurer d’accord que Jansenius eust un sens, mais comme personne en cela ne pourroit l’entendre, il faudroit qu’il s’en expliquast.
Il faud remarquer icy que dans la maxime precedente que l’on lie avec celle cy on a donné pour faire un exemple du fait, et du droit qui se trouve dans ces sortes de proposition, cette propposition cy. La doctrine d’Arius qui est celle qui nie la consubstantialité, est heretique, et dans cette sixiesme maxime on met seulement cette proposition icy. Le sens d’un tel autheur est heretique. la difference est essentielle. La premiere proposition qui parle d’Arius ; luy attribue une doctrine exprimée, dont tout le monde est informé, et dont on convient. Dans la deuxiesme on n’attribüe quoy que ce soit à l’autheur que son propre sens avec l’heresie.
Quand on a voulu dire qu’il y avoit un fait dans la condamnation d’Honorius. Honorius estoit on dans cette hypothese. Le Concile a condamné le sens d’Honorius ? point du tout : mais voicy l’hypothese d’Honorius. Honorius a enseigné l’heresie des Monothelites &c. On entend bien ce que je veux dire.
Je feray voir sur la dixiesme, et unziesme maxime que celuy qui signe le dogme de la proposition de la question signe la condamnation particuliere de Jans. et que sa signature ne peut estre prise en un autre sens que par luy seul, et des amiys preocupez.
L’autheur suppose toujours que le Pape à eu en pensée un autre sens que celuy de Jansenius il a esté suffisament repondu pour faire voir que cette hypothese n’est point vraye. On n’a aucune raison de pretendre que le Pape n’ayt pas voulu condamner la veritable grace efficace : il n’y a qu’a dire pour le prouver contre la preuve qui resulte de la condamnation de Jansenius que le Pape peut avoir entendu par la grace efficace, celle de M.r Lemoine precedée de la grace suffisante de priere ou quelqu’autre grace efficace que ce soit hors la veritable : car ce mot de grace efficace est commun a tous les partys jusques aux Molinistes.
Je puis encore ajouster que si ce que dit l’autheur dans cette maxime est veritable, ce ne sera pas par la verité de la doctrine de S.t Augustin en elle mesme qu’il faudra juger de ce que les Papes on approuvé, mais il faudra chercher comme l’on pourra quel estoit le Dogme, ou quels estoient les Dogmes qu’ils avoient en veüe.
Il n’y a rien dans cette Maxime à quoy ce que j’ai dit ne reponde suffisament.
Il est bon quoy que peu necessaire de remarquer en passant que cet argument de l’Ecrit. Le Pape a deffendu la lecture de Jansenius. Donc il n’a pas determiné sa condamnation au sens de Jansenius qu’il ne veut pas que l’on voye, est un argument qui ne conclut pas ; car le Pape permet a certaines personnes de lire les livres deffendus. ce livre a esté assez lû avant les bulles, on ne laisse pas de le lire apres, et il en est de mesme de tous les autheurs condamnez.
Il n’y a rien dans cette maxime non plus, qui merite de nouvelle reponse.
Si le Pape voulant dire le sens de Jansenius, avoit dit par exemple le sang de Jans. sur les propositions est heretique, ce qui se rapporte tout a fait aux exemples qu’on allegue dans cet escrit, alors la suite expliqueroit la suite fort bien ce que le Pape auroit auroit[sic] voulu dire et ce xxxxxxx ⁁ne seroit pas estre sincere de pretendre qu’il auroit voulu dire le sang, et non pas le sens, tout le monde entendroit aussi bien le mot de sens que celuy de sang, que l’on faisoit Emissaire par hemisphere. Car de la mesme sorte que si on eût dû si bien entrendre emissaire qu’on devoit mesme l’entendre par hemisphere : de mesme quand le Pape a dit le sens de Jansenius, on doit tellement entendre le sens, qu’on devoit mesme l’entendre quand il auroit dit Le sans. de Jansenius puisqu’il a usé d’un mot universellement connu et entendu de tout le monde : de la mesme sorte il a indubitablement entendu le mot de sens comme tout le monde, et nous l’entendons. que si l’on pretend qu’il a mal entendu ce sens de Jans. que s’en xxxxxxx ensuit-il ? que son expression estant contraire a son sentiment, il ne faut ny approuver ny souscrire son expression estant contraire a son sentiment qu’en luy donnant l’interpretation du sens que l’on croit que le Pape à eu.
Mais je dis qu’il n’y a nullement a douter de l’intention du Pape et je soutiens que son intention formelle (il m’est permis d’user de ce terme) à esté de condamner le vray sens de Jans. jusques la qu’il en a fait un dogme expres. de sorte que puisqu’on demeure d’accord qu’il n’est permeis de signer quand au dogme, que parce qu’on pretend que cette maniere excepte Jansenius. Je dis qu’on ne peut signer mesme quand au dogme, puisque la condamnation de Jans. et un vray Dogme dans la bulle. Et voicy comment le Pape Alexandre ordonne xxxxxxx pour reünir tous xxxxxxx les fideles dans une mesme foy que l’on observe la condamnation d’Innocent.X. Selon la determination de luy Alexandre ; et qu’on chastie les desobeissans comme heretiques. Donc il fait des heretiques de ceux qui contreviennent à sa determination donc il fait des heretiques de ceux qui veulent sauver le sens de Jansenius. il seroit facile d’en faire des arguments en formes.
Et il n’importe pas que dans la verité de la chose ce ne soit pas un dogme que Jans. est heretique, comme l’autheur de l’Ecrit a fort bien dit qu’il ne faut pas regarder la verité des choses, mais la signification des mots de ceux qui nous parlent, telle qu’elle est dans leur bouche, et dans leur esprit pour entendre ce qu’ils veulent dire. mais il suffit dans nostre sujet de sçavoir que le Pape a appellé dogme dans son langage que tout le monde void et entend la condamnation du veritable sens de Jansenius ; car puisque qu’il faut repondre naivement, et sans equivoque selon l’intention de ceux qui nous parlement, il faut dire au pape que signant son dogme on n’entend pas comme luy que c’en soit que la doctrine de Jansenius soit condamnée : Et l’on y est d’autant plus obligé en cette rencontre qu’avec la verité de la chose que je viens de monstrer on sçait fort bien qu’elle est la prétention publique et nottoire de ceux qui exigent la signature, qu est de la faire tomber sur Jansenius, et non seulement sur Jansenius, mais sur la doctrine qu’ils entendent fort bien en elle mesme telle qu’elle est au moins on le peut dire ainsy de ce dernier fait, de beaucoup des leurs.
Quand on supposeroit que ce que je viens de prouver n’estre pas vray que le Pape a parlé obscurement il ne faudroit pas parler du tout du moins s’ens s’expliquer de la chose qu’on entend condamner, autrement on se mettoit en perir de condamner la verité ; car il se pourroit faire que le Pape, qu’on suppose n’estre pas infaillible auroit voulu condamner une verité de foy.
Et quand on demeureroit aussi d’accord, ce qui n’est pas vray aussy non plus que le Pape n’auroit point voulu condamner la grace efficace, je dis mesme la veritable grace efficace, il ne s’ensuivroit pas qu’il n’eust point condamné le sens de Jansenius sur la derniere proposition ; car encore que le veritable sens de Jansenius sur cette proposition ait une liaison necessaire avec la doctrine de la grace efficace ; neantmoins cette derniere proposition n’enferme pas précisement la notion de grace efficace.
Et dans la mesme hypothese que le Pape n’ayt pas voulu condamner la veritable grace, il ne s’ensuit pas qu’il ne l’ayt pas condammée effectivement. voicy un exemple qui feroit voir ce que je dis. Tous les Juges ont esté d’avis de condamner le deffendeur, et pas mégarde ils ont signé la sentence, ou l’Arrest qui prononce hors de cour, sur la demande. voila le demandeur condamné quoyque contre leur intention et il faut de necessite retracter la condamnation, ou l’interpreter. on void ou va l’application de cet exemple.
Au reste il n’y a rien qui me semble si foible que toutes les preuves qu’on pretend de l’intention du Pape, pour dire qu’il n’a point voulu condamner la grace efficace, surtout si on les met en parallelle des Bulles et de tout ce que nous voyons qui se passe dans l’Eglise sur ce sujet, et si l’on xxxxxxx considere xxxxxxx ce qu’il me semble que l’on ne considere pas, que ce mot de grace efficace, est un commun a tous les partys ; car il n’y pas jusques aux Molinistes les plus eloignez de la verité qui n’admettent la grace efficace, l’on verra bien evidemment que l’on peut supposer, et supposer raisonnablement que le Pape ayt voulu sauver la grace effiace opposée à toute autre, a laquelle on donne faussement ce nom.
L’exemple que j’ay rapporté dans l’article precedent de l’Arrest qui condamne celuy qui vouloit absoudre sert de replique a cette reponse et fait voir qu’une personne, ou un dogme ne laisse pas d’estre condamné dans le public, et mesme dans la verité, encore que ce soit contre l’intention de celuy qui la condamné par megarde, ou par ignorance, sur tout quand on ne découvre pas cette mégarde, et qu’on n’a aucunes preuve pour la decouvrir, comme il l’ arrive dans nostre hypothese et que d’ailleurs le juge mesme ne s’explique pas, quoy qu’on se soit adressé aluy.
L’argument des Jesuites qui conclud la condamnation de la grace efficace par la condamnation de Jansenius est assurement un bon argument, et quand o souscrira quand au dogme, on leur dira dans leur langage qu’on condamne la grace efficace suivant ce que j’ay desja prouvé, et si un pretend qu’il y ait un fait dans le formulaire et dans les bulles, les Jesuites ne seront nullement en peine de faire voir d’une part, que c’est un dogme dans l’esprit du Pape, que le veritable sens de Jansenius est condamné, et de l’autre, et de lautre[sic], qu’il y a plusieurs autres faits et dans les bulles, et dans le formulaire auxquels on pourra appliquer l’exception de fait, quand mesme il seroit vray que ce seroit excepter le fait que de dire que l’on signe quand au dogme.
Et quand ce raisonnement des Jesuites seroit douteux, au lieu qu’il ne l’est nullement, est ce dans les occasions de cette importance qu’il faut dissimuler ses sentimens, et ne faut il pas au contraire parler hardiment et faire sa confession. que ne dit on sincerement et comme on le pense. Je crains que cette condamnation qu’on me fait signer ne tombe sur la grace de J. C. de laquelle je trouve le sens et dans les propositions condamnées et dans la doctrine de Jansenius. Qu’on m’explique le dogme qu’on a condamné ; car dans le doute ou je sais que le temoignage xxxxxxx qu’on me demande ne se tourne contre la grace de J. C. par ses adversaires, et ses ennemis, j’aime mieux mourir que de rien signer qui fasse juger ou mesme douter que j’aye condamné la grace efficace. Je la crois dans le cœur pour ma justification, je veux la confesser devant tout le monde pour mon salut, et non pas me contenter de la justifier dans le secret en la croyant dans mon cœur ou dans mon esprit, et me sauver devant les hommes en confessant ce qu’ils me demandent ou quelque chose qui les satisfasse, et qui deguise, et qui reserve la moindre partie de mes sentiments.
Pour moy puisqu’on me donne la liberté de proposer mes sentimens en cette rencontre je déclare que je ne suis nullement persuadé de l’escrit, quoyque je l’aye entendu comme je pense, et que l’aye lû, et relû avec toute l’attention qui ma esté possible, et que je devois à l’autheur par le tres profond respect que j’ay pour luy, et par la tres grande estime que je fais de son jugement, et de sa doctrine, et je le supplie de consideré que quand il croiroit que son escrit auroit prouvé que signant le dogme des constitutions on ne signe pas pour cela la condamnation de Jansenius ny de sa doctrine, la voye dont il s’est servy en persuader des personnes qu’il juge luy mesme tres raisonnables est une voye si recherchée, si absurde, si metaphysique, si pleine de subtilitez, et si difficile à entendre, que si l’on ne peut sauver Jansenius et sa doctrine qu’en cette maniere, il doit estre persuadé que cet autheur et cette doctrine demeureroient toujours condamnez, et dans l’esprit de tous ceux qui ne voyent pas pas ces raisons ou qui ne pourroient les entendre, qui font la plus grande partie du monde, et encore dans l’esprit de ceux qui les entendent, et n’en sont pas persuadez, et qu’ainsi toutes les raisons de l’Ecrit vont a exposer et a exposer la reputation de Jansenius, et la verité, du moins selon le jugement de la plus grande partie du monde, qui n’entend point autre chose par les bulles, et le formulaire que la condamnation de Jansenius, et de sa doctrine, d’où l’on doit craindre qu’il n’arrive beaucoup de scandale et quand il n’y en auroit point d’autre que celuy que je declare que je sentirois, et d’autres aussy, il me semble que cette consideration doit retenir ceux qui sont avertis du scandale qu’ils peuvent causer, sur tout puisqu’ils reconnoissent, comme on en est demeuré d’accord qu’il y a une autre voye meilleure pour deffendre la verité, ou en refusant la signature, ou en la faisant telle quelle sauve expressement, et sans que personne en puisse douter, et la doctrine ; et la personne de Jansenius. M.r Arnauld.
ou Refutation de la Reponse a un Escrit touchant la veritable Intelligence des mots du sens de Jansenius dans la Constitution du Pape.
I.er Partie.
Je ne puis dissimuler qu’avant que d’avoir vu cette reponse ayant oüi dire que des personnes dont j’estime beaucoup l’esprit, en faisoient un jugement fort avantageux, et qu’ils pretendoient qu’elle ruinoit l’Ecrit sans resource et quelle en faisoit voir la fausseté par des preuves convainquantes, et demontratives je me suis trouvé dans une disposition d’esprit assez extraordinaire ; car ne pouvant d’une part m’imaginer que je me fusse trompé en des choses qui me paroissoient tres claires, et qui avoit paru telles a des personnes intelligentes : je ne pouvois de l’autre comprendre comment il se pouvoit faire que d’autres personnes tres habiles, et qui sçavent fort bien ce que c’est qu’une veritable demonstration eussent pû donner ce nom a des raisons fausses ou peu solides. Tout ce que je fis donc dans ce double étonnement, fut de me disposer a ceder a la verité si on me la decouvroit contre mon attente, et de sçavoir gré a ceux qui m’auroient servy a me retirer de l’erreur s’il se trouvoit que j’y fusse sans y penser.
Je n’eus pas peine a me mettre dans cette disposition pouvant dire avec verité que je me suis toujours senty tres porté a changer de sentiment pour en embrasser un meilleur ; mais la lecture de cette reponse ne m’a pas donné lieu de pratiquer une resolution dont il me semble que Dieu m’avoit donné un mouvement tres sincere.
Je l'ai leuë une fois, deux fois, trois fois, et comme je croirois faire tort a ceux qui l'ont faite, ou approuvée, de m'imaginer qu'ils pussent trouver mauvais que je leur en dise ma pensee avec toute sorte de liberté je ne craindray point de les offenser en leur disant franchement que plus je l’ay leüe, moins je l’ay trouvée solide et plus je me suis persuadé que l’escrit qu’on y a voulu refuter, ne contient que des veritez certaines, et manifestes.
Ainsy des deux étonnements ou jestois avant cette lecture, l’un à entièrement cessé, n’ayant plus a rechercher comment il se seroit pu faire que j’eusse pris pour des veritez claires, des faussetez évidentes. xxxxxxx mais l’autre a redoublé, me trouvant plus que jamais dans la difficulté de concevoir ce qui pouvoit estre cause que des personnes d’ailleurs esclairées prissent pour vray ce qui estoit evidemment faux, et pour faux, ce qui estoit evidemment vray : c’est ce que j’ay tasché de découvrir en remarquant les principaux défauts qui regnent dans cette reponse, et qu’on peut dire selon la parole de l’Evangile avoir esté comme un œil tenebreux qui a repandu des tenebres sur tout le corps de cet ouvrage.
Réponse.
d’une Idée generale à une idée plus distincte,
donc il est parle dans la seconde Maxime de
L’Ecrit.
Ce n'avoit pas esté sans raison qu'on a mis cet avertissement la teste de l'Ecrit ; on pretend qu'il n'y a que le deffaut d'attention, qui puisse empescher un esprit raisonnable de ne pas se rendre a ces raisons : car ce n'a esté sans doute que ce deffaut d'attention qui a empesché l'autheur de la reponse de reconnoistre la verité des maximes qui y sont proposées.
Rien ne le fait mieux voir que le grand discours sur la 3.e Maxime qui contient plus de la moitié de la reponse, et qu'on peut dire mesme la contenir toute, puisque tout le reste n'est presque que les renvoyes à ce qui a esté dit, comme cet autheur le tesmoigne luy mesme en disant ala fin de ce discours qu'il n'en faut pas davantage pour repondre a toutes les maximes ; il paroist qu'il n'a pas compris ce qu'il vouloit combatre, et qu'il ne l'auroit point combatu, s'il avoit compris, parce qu'il n'y a rien au monde de plus clair, et de plus indubitable.
La 2.e maxime est telle. Lors qu'un homme fait une une[sic] proposition, dont le sujet est general ; comme l'homme est raisonnable. S'il juge que cet attribut peut convenir a ce sujet pris generalement, il est impossible peut le laisser dans son idée generale en formant cette proposition, comme dans l’exemple proposé.
Mais s’il voit clairement que l’attribut ne peut convenir au sujet pris generalement, il est impossible qu’il fasse cette proposition en laissant ce sujet dans son idée generale, mais il faut necessairement qu’il termine dans son esprit cette idée generale a une idée plus distincte, et plus particuliere qui le rende capable de cet attribut, soit qu’il marque une nouvelle idée par d’autres mots, soit qui ne la marque pas.
Je dis qu’il est impossible qu’il fasse autrement : car il n’est pas possible qu’un homme forme en mesme temps deux jugemens contraires. L’un par lequel il juge, comme on le suppose que cet attribut ne peut convenir a ce sujet pris generalement : L’autre par lequel il lie cet attribut à ce sujet en le laissant dans son idée generale qui est la mesme chose que de juger qu’il luy convient.
Voila la substance de la 2.de maxime qui ne me paroist pas moins certaine que cet axiome. Deux choses egales a une 3.e troisiesme sont egales entr’elles quoy qu’il faille un peu plus d’attention pour la bien concevoir. Aussy comme nous le ferons voir ; c’est le fondement unique de tous les raisonnemens des hommes. On avoit ensuite applique cette maxime au sujet, dont il s’agit en faisant voir que si on disoit seulement. Ce sens de Jansenius est la doctrine d’un Evesque, ces mots de sens de Jansenius demeureroient alors dans leur signification propre et naturelle, qui est la generale ou la confuse, comme il avoit esté montré par la premiere maxime, parce qu’il convient au sens de Jansenius pris generalement d’estre la doctrine d’un Evesque.
Mais quand on dit le sens de Jansenius est heretique, il est impossible que ces mots de sens de Jans. demeurent dans leurs signification generale, parce qu’il ne peut convenir au sens ou a la doctrine de Jansenius d’estre heretique puisqu’il ne convient pas mesme a la doctrine du Diable d’estre fausse, comme doctrine du Diable, le Diable ayant quelque fois dit vray, mais il faut necessairement qu’ils soient determinés par l’idée particuliere de quelque dogme contraire ala foy qui se trouve veritablement ou que l’on croit qu’il se trouve dans Jansenius, puisqu’il n’y a qu’un dogme contraire ala foy enfermé dans le sens d’un autheur qui puisse faire que le sens d’un autheur soit heretique.
On avoit fait voir ensuite dans la 3.e maxime, que cette determination d’une idée generale a une idee plus distincte se peut former en deux manieres ou par une connoissance claire de cette idée distincte, ou par une connoissance confuse.
Qu’ainsi tout ceux qui disent le sens de Jansenius est heretique doivent necessairement donner aux mots de Jansenius une autre signification que la generalle selon laquelle il ne peut convenir a ce sens d’estre heretique, mais que pouvant former ce jugement ou par leur propre lumiere ou en defferant a celle des autres. Si c’est par leur propre lumiere, il faut necessairement qu’ils ayent appliqué a l’idée generale de sens de Jansenius : l’idée particuliere d’un dogme distinct connu, à laquelle ils ayent jugé que convenoit la qualité d’heretique, et ainsi dans leur bouche cette proposition. Le sens de Jansenius est heretique. se resoult en celle-cy.
Un tel dogme qui a esté enseigné par Jansenius est heretique.
Mais si ce sont des personnes qui ne forment ce jugement, que par deference aux lumieres des autres, il peuvent alors appliquer l’idée generale de sens de Jansenius a une idée particuliere qu’ils peuvent ne connoistre que confusement, mais qu’ils supposeront estre distinctement connüe par ceux a l’authorité desquels ils deferent : de sorte que cette mesme proposition dans leur bouche se resoudra xxxxxxx en ces termes.
Il y a un dogme particulier que je ne connois point et que le Pape connoist, qui a esté enseigné par Jansenius, et qui est heretique.
Il y a un d Voila ce que l’autheur de la response entreprend de combatre, et c’est par ou il commence la refutation de l’Ecrit, mais comme il n’y a rien de plus evident il paroist que ce n’est que faute d’avoir bien une verité si claire, qu’il s’est engagé ala contester.
Il dit donc de cette division de la 3.e xxxxxxx maxime ⁁qu’elle n’est pas vraye, parce qu’elle n’est pas entiere. voicy comme il prouve qu’elle n’est pas entiere : Car il y a dit il une autre maniere de determiner qui n’a aucune veüe de l’individu de l’objet particulier determiné qui est ce que l’autheur appelle idée distincte, mais qui regarde un autre objet, qui est le determinant, et qui le regarde comme tel, et cet autre objet peut estre appellé L’idée distingante pour user de ce terme. En voicy un exemple. Cette proposition icy. La gazette est fausse. est une idée generake. La voicy determinée a une idée plus distincte. La gazette de Bruxelles d’un tel jour, est dans l’article de ce qui se passe a Paris est fausse : par cette derniere proposition la premiere est determinée à une idée plus distincte puisque cette derniere arreste l’esprit, le restreint de toutes les gazettes à celles de Bruxelles, et de toute l’estendue des temps et des lieux, dont il est parlé dans cette gazette à un tel jour et à ce qui se passe a Partis, et cela sans doute est determiner. Cependant cette proposition determinante ne donne aucune veüe de la fausseté individuelle, qui est dans cette gazette non pas mesme de la chose dont il est parlé.
Conformement a ce[sic] exemple il soutient que ce ne sont point ces deux propositions de la 3.e maxime de l’Ecrit que je viens de rapporter qui determine l’idée generalle des mots de sens de Jansenius est dans cette proposition. le sens de Jansenius est heretique, mais que ce ne peut estre que celle-cy, ou ses equivalentes. Le sens de Jansenius sur telle matiere ou sur un tel endroit est heretique.
Mais en verité ce n’est pas entendre ce qu’on entreprend de refuter et je ne veux que l’exemple mesme de la gazette pou renverser toute cette pretention ; car il est vray que ce qu’il propose pour exemple d’une determination tout a fait inutile à l’effet dont il s’agit puisqu’elle laisse le sujet de la proposition dans la mesme incapacité d’estre joint à l’attribut qu’il estoit auparavant : Or la determination de l’idée generale du sens de Jansenius, ou du mot de gazette pour pouvoir faire cette proposition. Le sens de Jansenius est heretique, ou la gazette est fausse, n’est pas toute sorte de determinationa une idée plus particuliere, mais celle la seulement qui rend les mots de sens de Jansenius ou de gazette capables de l’attribut d’heretique, ou de faisse, et toutes les autres qui ne sont point capables de cela, telles que sont celles que rapporte cet autheur, ne servent du tout rien au sujet dont il est question.
Je m’explique par son propre exemple, pourquoy dans cette proposition. La gazette est fausse. est il impossible de laisser xxxxxxx le mot de gazette dans son idée generale, parce que la gazette n’est pas fausse dans son idée comme gazette, y en ayant de vrayes, et de fausses, et ainsi tout homme qui ne se forme point d’autre idée de la gazette que la generale de gazette, n’a point dequoy former ce jugement, qu’elle est fausse, et par conséquent ne peut dire sans une autre idée plus distincte qu’elle soit fausse ; mais pour cela mesme n’est il pas visible que quelques determination qu’on apporte de la ville du jour de l’imprimeur de l’endroit particulier de cette gazette, comme de la page et de la matiere en general, comme de ce qui se passe à Paris : Tout cela ne me servira de rien pour former ce jugement, que cette gazette ainsi determinée et particularisée soit fausse, tant que ces determinations, et ces particularitez sont comme elles sont en effet indifferentes ala verité, et a la fausseté c’est a dire tant qu’on ne connoistra point en particulier la nouvelle indivicuelle qui y est rapportée, ou qu’on croire estre rapportée dans cette gazette ; car l’un ou l’autre suffit.
Et en effet demandez a un homme. La gazette est elle fausse ? il vous répondra je ne puis que vous en dire ne sçachant de quoy, ny de quelle gazette vous voulez parler et ces personnes avoüent qu’il aura raison de répondre ainsi. mais si vous ajoustez. Je vous parle de la gazette de Bruxelles du 7.e Janvier 1662 en la 4.e page ou il est parlé de ce qui se passe à Paris, dites moy si elle est fausse, puisque vous ne pouvez pas maintenant vous plaindre que cela ne soit pas assez particularisé, cet homme sera t’il fort satisfait de cette determination, et sera t’il plus en estat de juger que cette gazette est fausse qu’il n’estoit auparavant ? il est bien certain que non, puisque tout cela est indifferent a la verité, et a la fausseté, mais il vous demandera ce que contient cette gazette, et alors si vous luy disiez quelle contient que M.r de Guise a esté fait chevalier de l’ordre du S.t Esprit, il vous repondroit avec asseurance qu’elle est fausse supposant qu’elle contient cette nouvelle.
Cela est si clair qu’il faut qu’on n’ayt pas assez condiderxxx⁁é ce qu’on disoit, lors qu’avoüant qu’on ne pouvoit pas faire cette proposition. La gazette est fausse, en laissant le mot de gazette dans son idée generale, on a pretendu qu’on le pouvoit faire en la determiant par ces termes. La gazette de Bruxelles d’un tel jour sur ce qui se passe a Paris est fausse, et cependant, dit on, cette proposition determinante ne donne aucune veüe de fausseté individuelle, qui est dans cette gazette, non pas mesme de la chose dont il y est parlé. Cela est tres vray, et c’est pourquoy aussi c’est une équivoque visible de dire que cette proposition soit determinante, car elle est determinante au regard de plusieurs circonstances, qui ne regardent en aucune sorte la verité, ou la fausseté, mais elle ne determine en aucune sorte maniere la proposition generale. La gazette est fausse au regard de la fausseté, mais elle ne determine en aucune maniere, qui est ce dont il s’agit uniquement, et l’esprit est aussy peu capable d’attribuer la fausseté a la gazette apres toutes apres toutes[sic] ces determinations et cent autres de cette nature, qu’avant ces determinations, et il n’en sera jamais capable, s’il ne sçait en particulier ce qui est porté par cette gazette ou qu’il ne s’en rapportast a un autre qui le sçauroit.
Ainsi rien ne fait mieux voir que cet exemple qu’il n’y a rien de de[sic] moins soutenable que cette pretention, que la proposition qui termine cette proposition generale. Le sens de Jansenius est heretique n’est pas, un tel dogme enseigné par Jansenius est heretique ; mais que c’est seulement. Ce que dit Jansenius en un tel endroit, ou sur une telle matiere est heretique. Car comme la determination, est dont il s’agit est celle qui rend le sujet exprimé par le mot general de sens de Jans. capable de recevoir l’attribut d’heretique. il est manifeste que cette derniere proposition ne contient cette determination en aucune sorte puisque les idées particulières d’estre en un tel endroit du livre de Jansenius, ou sur une telle matiere ajoustée a l’idée generale de sens de Jansenius ne rendent point le sujet plus capable de recevoir l’attribut d’heretique, qu’il n’estoit auparavant, estant bien clair que la doctrine de Jansenius ne peut pas estre heretique pour estre en un tel endroit, ou sur une telle matiere mais pour enfermer quelque dogme particulier contraire ala foy. comme la gazette ne peut estre jugée fausse pour estre d’un tel jour dans telle ville, et sur une telle matiere, mais seulement par la connoissance qu’on a qu’elle qu contient une nouvelle particulière contraire ala verité.
Et par conséquent il est indubitable que c’est l’idée de ce dogme particulier exprimée ou sous entendüe, qui doit necessairement determiner dans nostre esprit l’idée generale des mots de sens de Jansenius pour nous donner lieu de former cette proposition. Le sens de Jansenius est heretique, et qu’il est impossible que nous la puissions former, si nous ne sçavions autre chose de ce sens, sinon qu’il est d’une telle page, ou sur une telle matiere.
Et c’est pourquoy aussi quand j’ay cherché l’idée determinante de cette idée generale. Le sens de Jansenius est heretique, je ne l’ay point supposé indeterminé touchant la matiere ; car tout le monde sçait assez qu’il ne s’agit pas icy de sens de Jansenius sur toutex sorte de matiere, mais seulement sur la matiere des cinq proposition, et c’est du sujet de cette proposition déja determinée en cette matiere, que j’ay soutenu qu’il demeuroit toujours indeterminé au regard de l’attribut d’heretique, et qu’il ne seroit jamais determiné suffisamment pour cela, que par l’idée d’un dogme particulier qu’on y auroit appliqué lequel on auroit jugé enfermer quelque chose de contraire ala foy.
On dire peut estre que ces determinations suffisent pour me renvoyer a l’endroit de cette gazette ou de ce libre, et que c’est a moy de juger en les lisant si l’une est fausse, ou si le sens de l’autre est heretique.
Mais c’est ce qui fait voir encore davantage la fausseté de cette pretention, car pourquoy apres toutes ces determinations suis je obligé de lire cette gazette, ou ce livre pour juger si cette gazette est fausse, ou si le sens de cet autheur est heretique, si non a fin de pouvoir former moy mesme par cette lecteure l’idée distincte d’une nouvelle particuliere, ou d’un dogme particulier qui me donne moyen d’y appliquer l’attribut de fausse, ou d’heretique. Et comme avant cela il estoit impossible que je pusse juger si cette gazette estoit fausse, ou si le sens de cet autheur estoit heretique, cela fait voir de nouveau qu’il n’y a que l’idée distincte d’un dogme particulier qui puisse determiner suffisament generale de sens d’un autheur pour pouvoir estre jointe a l’attribut d’heretique, et que toutes les autres determinations sans celle la ny servent de rien du tout.
D’ou il s’ensuit que quiconque jugeant par luy mesme du sens d’un autheur, dit qu’il est heretique, doit necessairement avoir dans l’esprit l’idée distincte d’un dogme particulier qu’il croye avoir esté enseigné par cet autheur. 2. que ce n’est proprement qu’a ce dogme particulier qui lie l’attribut d’heretique, puisque ce n’est qu’a cause de ce dogme qu’il peut juger que ce sens est heretique, et non a cause que ce soit le sens d’un tel autheur, d’un tel endroit et sur une telle matiere.
Ainsy ce dogme particulier exprimé, ou sous entendu est le premier et naturel sujet de l’attribut heretique, et ce mot general de sens d’un tel autheur ne peut participer a cet attribut, qu’entant qu’il est joint par l’esprit a ce premier, et naturel sujet de l’heresie, et qu’il est pris de pour luy dans la proposition.
Et de cela il arrive qu’en montrant qu’il n’est pas veritablement joint à ce premier et immediat sujet de L’heresie, on montre qu’il n’est pas heretique au lieu que ce dogme particulier ne laisse pas d’estre heretique, encore qu’il soit mal joint, et par un faux jugement avec l’idée de sens d’un tel autheur.
C’est pourquoy si un homme disoit la. La grace necessitante qui est le sens de Jansenius est heretique, on ne pourroir point prouver que la grace necessitante n’est pas heretique en montrant qu’elle n’est pas le sens de Jansenius, xxxxxxx parce qu’elle n’est point heretique comme sens de Jansenius, mais comme grace necessitante.
Mais aucontraire si l’on dit, le sens de Jansenius qui est la grace necessitante, est heretique il suffit pour montrer que le sens de Jansenius n’est pas heretique, de montrer que ce sens n’est pas de la verité dans la verité la grace necessitante, et si on peut faire voir que nul sens de Jansenius n’est la grace necessitante, on aura fait voir que nul sens de Jansenius n’est heretique, au moins de cette heresie qui luy est attribuée dans cette proposition.
Et c’est par la mesme raison que dans cette proposition. Le sens de Jansenius qui est la grace necessitante est heretique. Il ne peut y avoir qu’une erreur de fait, parce qu’encore qu’il semble que l’on attribue l’heresie au sens de Jansenius, on ne l’attribue neantmoins effectivement qu’a la grace necessitante, qui ⁁est son veritable et immediat sujet dans cette proposition, et toute la fausseté qu’elle enferme consistent en ce que l’on dit que ce sens de Jansenius est la grace necessitante, ce qui est une erreur, mais une erreur de fait.
Je reserve à un autre endroit de répondre a la raison qu’on apporte pour montrer que ce n’est pas l’idée d’un tel dogme en particulier qui determine le sujet de cette proposition. Le sens de Jansenius est heretique parce qu’elle suppose qu’il n’y a que la verité qui la puisse determiner, de quoy j’auray a parler en un autre lieu.
J’avoue seulement icy que la cause de l’erreur de ces Messieurs est sans doute que faute d’attention ils n’ont pas pris garde que la determination que l’on cherche n’est pas la determination du sens de Jansenius, auquel cas les determinations qu’ils apportent ne seroient pas mauvaises, mais la determination du sens de Jansenius comme heretique ; c’est à dire qu’on cherche une idée à laquelle ⁁le mot de sens soit lié, et qui donne moyen de juger qu’il est heretique, surquoy l’on pense avoir monstré invinciblement que tout ce qu’ils alleguent n’est point une veritable et suffisante determination à cet egard, et qu’il est impossible de s’en imaginer d’autre que l’idée d’un tel dogme en particulier que l’on croit avoir esté enseigné par Jansenius. Cette seule observation auroit pu suffire pour faire reconnoistre que tout ce discours, qui est le fondement de toute la reponse, n’est qu’un perpetuel egarement, car il n’est pas estranger que plus on marche, plus on s’egare, lors qu’on ne sçait ou l’on doit aller. De sorte que le premier deffaut se peut rapporter a cette espece de sophisme, qui est appellé par Aristote Ignoratio Elenchi. L’ignorance de ce qu’on a à montrer.
qu’on a voulu établir entre les mots
de Sens & de Dogme.
J’appelle ce deffaut general, parce qu’on s’est fort étendu à établi cette pretendue difference, comme estant un des principaux argumens par lequel on a voulu montrer qu’il n’estoit point necessaire d’avoir dans son esprit l’idée d’aucun dogme particulier pour juger que le sens de Jansenius est heretique, qui est l’erreur la plus generalement répandue dans cette réponse.
Mais il est bien aisé de vuider ce different ; car quand l’autheur veut que nous marquions la difference qu’il y a entre les mots de sens et de dogme, on n’a qu’a luy demander s’il entend que ces mots soient differens dans son dictionnaire particulier, ou dans le di⁁ctionnaire commun des autres hommes : s’il ne l’entend que du sens, on ne luy fera point de procès la dessus, car cela depend de sa volonté, il ne dispose que de ce qui luy appartient et pour veu qu’il ait bien marqué la difference qu’il luy plaist de mettre en ces mots il aura sujet de se plaindre de ceux qui les prendroient dans son discours d’une autre maniere, et en cela mesme il confirmera la maxime dont il semble qu’il x ait peine à convenir, que la signification des mots depend de l’intention, et de la pensée de celuy qui les employe lors que le monde en est averty, mais s’il entend parler du di⁁ctionnaire commun des autres, comme il n’a pas droit d’en disposer de la mesme sorte, il nous permettra de soutenir le contraire et de pretendre que l’ors qu’il s’agit d’une matiere theologique, les mots de sens de doctrine d’opinion, et de dogme d’un autheur se prennent indifferemment l’un pour l’autre, et qu’ainsi l’autheur de l’Ecrit n’a point eu tort de ne mettre point de difference entre le sens de Jans. la doctrine de Jans. et le dogme de Jans.
Car quoy qu’il soit vray qu’il y ait quelque difference entre sens et dogme, en ce que le sens d’un autheur comprend generalement la pensée qu’il a eüe sur quoyque ce soit, mesme en racontant une histoire, ou une fable, au lieu que le mot de dogme selon l’usage des Theologiens est determiné à signifier la pensée ou l’opinion d’un autheur sur une matiere de Theologie : neantmoins cette difference à[sic] dû estre negligée parce qu’on ne pouvoit pas ignorer que le sens de Jansenius sur lequel on dispute, ne regardast une matiere Theologique, et qu’ainsi il ne fut tout ensemble le sens et le dogme de Jansenius : Or ce seroit une faute de jugement d’expliquer la difference que pourroient avoir deux mots, hors le xxxxxxx sujet que l’on traite, lorsqu’il est notoire a tout le monde qu’ils n’en ont aucune dans le sujet que l’on traite.
Si l’autheur de la reponse pretend que je me trompe en cela c’est aluy a me le faire voir, mais s’il n’a point d’autres raisons a alleguer sur ce sujet, que celle que je trouve dans son escrit, j’aurois de la peine à en estre persuadé, je n’y en remarque que deux ; voicy la P.re
Le mot de sens, dit il est un mot dont le rapport est bien plus precis a estre d’un tel autheur, que c’est n’est pas le mot de dogme, de doctrine, ny d’aucun autre, parce que xxxxxxx le sens emporte dans sa notion la pensée d’un tel sur un tel sujet. Je ne puis concevoir la force de cette raison ; car le mot de sens tout seul peut ne signifier la pensée d’aucune personne en particulier, comme lorsqu’on dit le sens d’un mot le sens d’une proposition ; mais lors qu’on l’attribüe a un tel autheur comme quand on dit Le sens d’un tel autheur, il est vray qu’alors il a un rapport précis ala pensé d’un tel autheur, et il en est de mesme du mot de dogme. Car xxxxxxx n’ajoustant point de qui est un dogme, il n’a point rapport ala pensée d’aucun homme en particulier ; mais lorsqu’on dit le dogme d’un tel autheur, il a alors un rapport tres precis ala pensée d’un tel autheur, puisqu’un dogme ne peut estre d’un tel autheur, que ce ne soit son opinion : Que si l’on a recours a l’ethymologie en disant que le sens d’un autheur : est id quod sentit. on pourra dire avec autant de sujet que la doctrine d’un autheur est. id quod docuit. et que le dogme d’un autheur est. id quod visum est. Car c’est une des significations du verbe δoχεω d’où vient le mot de dogme.
L’autre raison est celle-ci : quand on dit qu’il y a plusieurs sens de Jansenius, ce n’est pas de mesme que quand on dit il y a plusieurs dogmes ; car Jansenius peut avoir plusieurs dogmes sur une mesme proposition mais il n’y peut pas avoir plusieurs sens. par exemple sur cette proposition. Dans l’Estat de nature corrompu on ne resiste jamais ala grace interieure. Jansenius n’a qu’un seul sens, qui est que toutes les graces interieures qui sont données a l’homme apres le peché d’Adamn produisent infailliblement l’effet pour lequel Dieu les donne, quoy que toutes ne surmontent pas toute la resistance de la volonté, Dieu ne les donnant pas pour cela. et sur cette mesme proposition Jansenius a plusieurs dogmes. un dogme de la toute puissance de Dieu sur la volonté. un dogme de la necessité de cette grace a cause de la foiblesse de la volonté. un dogme de la nature de la grace interieure, et medecinale. un dogme de la difference de cette grace d’avec l’exterieure. un dogme de la concupiscence. &c.
Tout cela est sans fondement. Jansenius sur cette 2.e proposition a autant de sens que de dogmes, et autant de dogmes que de sens. mais comme on peut distinguer un sens total qui comprend toute la pensée sur cette 2.e proposition, et divers autres sens qui n’en comptent qu’une partie, ou qui comprennent les pensées maximes sur lesquelles est appuyée cette pensée totale pour parler ainsi, on peut, et on doit, faire la mesme difference entre les dogmes qui ne sont que la mesme chose ; car le sens total sera le dogme total &c.
J’avoüe neantmoins, comme j’ay fait des le commencement qu’il est permis a cet autheur d’affecter le mot de sens au sens total, et unique de la proposition et d’appliquer le mot de dogme aux autres sens part iceux pourveu que ce soit aux trois précautions. La premiere de se souvenir que chacun peut donner si bon luy semble cette signification à ces mots pour son usage particulier, qu’il n’a aucun droit d’obliger les autres de les prendre de cette sorte, et encore moins de se plaindre de ceux qui les auroient pris d’une autre maniere avant mesme qu’on les en eust avertys.
La seconde que ce seroit un pur sophisme de combattre les autres par cette signification particuliere qui luy est propre, et qu’ils ne connoissent point ; car ce seroit a peu pres la mesme chose que si un geomestre grec entendoit dire a un prestre grec, que la Table d’or, ou on mettoit les pains de proposition qu’il appelleroit Trapeze, estoit quarrée, le traitoit de ridicule pour ne sçavoir pas qu’un Trapeze ne sçauroit estre quarré.
La 3.e Que toutes les differences arbitraires qu’il luy plaira mestre entre les mots de sens et de dogme, ne sçauroient empescher qu’il ne soit plus clair que le jour, que nul homme raisonnable ne sçauroit juger par luy mesme que le sens de Jansenius est heretique, qu’il ne conçoive quelque chose en particulier de quelque nom qu’on l’appelle. Dogme, doctrine, opinion, sentiment, qu’il croye estre le sens de Jansenius, et qui luy paroisse heretique : Et cela estant je soutiens comme il a esté dit plusieurs fois, et comme on ne le sçauroit trop repeter que ces[sic] precisement a cause de cette opinion conceüe en particulier, qu’on juge que le sentiment de Jansenius est heretique, et non a cause qu’il est sens de Jansenius, et sur une telle matiere, & dans une telle page, puisque l’esprit ne trouve rien dans les idées de sens de Jansenius sur une telle matiere et dans une telle page, lorsqu’il ne conçoit que cela, de quoy asservir un jugement qui le luy fasse regarder comme heretique, mais qu’il le trouve seulement dans la chose en particulier, qui a esté enseignée par Jansenius, qui est ce que j’ay toujours appellé un tel dogme en particulier ; et ainsy ce que j’ay entendu par ce mot de dogme est si claire qu’il n’y a pour rien au monde de plus inutile que la remarque de l’hautheur de la response touchant sa difference pretendue entre les mots de sens ; et de dogme, qu’il s’est imaginé estre d’une extresme importance, puisque laissant la ce mot de dogme, et y substituant celuy de sentiment, ou d’opinion a tout autre que l’on voudra qui signifie ce que j’ay voulu établir par les trois premieres maximes.
Petition de principe, en ce qu’on suppose partout sans le prouver nulle part, au moins a dessein, ce qui fait
tout le xxxxxxx sujet de la dispute, qui est que la signification des mots de sens de Jansenius dans la bulle du Pape depend uniquement de la verité des choses et non de la pensée et de l’intention du Pape.
Tous les Philosophes remarquent qu’il n’y a point de plus grave vice dans les discours de raisonnement et de contestation que celuy qu’ils appellent. Petition de principe, qui est lors qu’au lieu de prouver ce qui est en dispute, et qui est ce que l’adversaire pretend avoir détruit, on le suppose comme vray, sans se mettre en peine de l’establir.
C’est le vice qui regne par tout cet escrit ; car il est visible que le plus grand sujet de la contestation p.nte est de sçavoir si la signification des mots de sens de Jansenius dans la Bulle du pape dépend de la vérité des choses ou de ce que le Pape a conceu qu’il a crü estre le sens de Jansenius, quand il ne seroit pas en effet, et n’y a rien aussy qu’on ait fait dans l’Escrit avec plus de soins que de montrer que cette signification dépend de ce que le Pape a connu, et non de la verité des choses, & comme ceux qui n’ont pas approuvé cet escrit pretendent le contraire, le sens commun fait voir qu’ils estoient obligez sur toutes ⁁choses d’apporter de bonnes preuves pour appuyer leur pretention, et que le fort de leur reponse doit estre dans la refutation des articles de l’Ecrit ou l’on se persuadoit avoir demontré le contraire de leur sentiment telles que sont les maximes 7. 8. 10. 11.
Cependant bien loin de cela ils ne se mettent nulle part en peine de prouver ce qui est tout le sujet de cette contestation, mais ils le supposent par tout, comme s’il estoit si evident qu’il n’en eust pas besoin, et a peine daignent ils repondre au net a toutes les maximes ou l’on a soutenu qu’il n’y a rien de plus faux que ce qu’ils croyent si vray.
Cela se void principalement par les responses qu’ils font a ⁁la 7.e maxime, a la 8.e, a la 10.e a la 11.e
La 7.e Maxime ⁁est ainsy. Lorsqu’un mot general est pris xxxxxxx⁁pour une idée distincte, et particuliere la signification de ce mot, pris pour cette idée particulière, ne dépend point de la verité des choses, comme verité, mais de l’opinion des hommes, ou particuliere quand c’est un seul homme qui determine cette idée generalle, ou publique, si plusieurs autres se sont accordez a la determiner de la mesme sorte qu’on lise toute cette maxime, et je pensé &c.
Je pense qu’on avoüera que s’il y avoit un seul endroit de l’Ecrit a quoy l’autheur de la reponse fut obligé de satisfaire avec soins à c’estoit celuy la, puisqu’il contenoit le point capital, et le fondement de toute la contestation, et ainsi qui n’admirera qu’il le fasse en ces termes.
L’autheur suppose toujours que le Pape a eu en pensée un autre sens que celuy de Jansenius, il a esté suffisament repondu pour faire voir que cette hypothese n’est pas vraye.
Et ce la repondu à ce qu’il y a de plus important et de plus décisif dans tout l’Ecrit, et n’est il pas etrange que le fondement de cette reponse si abreg abbregée soit une supposition manifestement fausse qui est qu’on ait supposé dans cette maxime que le Pape a eu en pensée un autre sens que celuy de Jansenius, au lieu que sans determiner si le Pape a bien ou mal entendu Jans. on soutient seulement (ce sont les propres termes de l’Ecrit) qu’estant certain que ces mots de sens de Jans. ont esté necessairement pris par le Pape pour signifier l’idée distincte, d’un certain dogme ; que luy ou ceux qui ont dressé la bulle ont eu dans l’esprit, ⁁ce qui a determiné ces mots de sens de Jansenius dans cette bulle du Pape, a signifier ce dogme particulier, n’a pû estre que l’opinion du Pape soit que cette opinion fut conforme ala verité, soit qu’elle ny fut pas conforme, ce qu’on prouve ensuite.
Peut-on dire apres la lecture de ces paroles qu’on suppose dans cette maxime que le Pape a mal entendu Jans. et n’est il pas clair que l’on suppose seulement qu’il se peut faire qu’il l’aist mal entendu, qui est une supposition que l’autheur de la reponse ne peut pas dire estre fausse puisque luy mesme en demeure d’accord sur la 4.e max. page 12. il se peut faire dit il, que le Pape ait mal entendu Jansenius.
N’est il donc pas visible que cest faute d’attention que ces Mess.rs ont mal pris le point du differend s’amusant a prouver beaucoup de choses fort inutiles, et ne prouvant point ce qu’ils avoient uniquement à établir
Les réponses aux maximes 8. 9. 10. 11. ne sont pas plus precises, et on ne les sçauroit comparer avec ces maximes, qu’on ne reconnoisse que ce ne soit sont que des reponses en l’air, qu’il est impossible d’appliquer aux maximes que l’on à prétendre destruire.
Je ne nie pas neantmoins qu’il n’y ait⁁qu’on n’y ait pas rencontré quelques mots en quelques endroits, qu’on pourroit prendre pour quelque sorte de preuve de ce que l’hauteur de la reponse avoit sur toutes choses à establir, qui est ⁁que la signification des mots de sens de Jans. dans la Bulle du Pape ne dépend point de ce que le Pape en à crû, mais de ce que le sens de Jansenius est dans la verité.
Et c’est pourquoy ayant resolu de ne rien dissimuler icy, j’ay recherché avec grand soin quelles pourroient estre ces preuves, et voicy tout ce que j’en ayt trouvé.
Il y a un discours plein de beaucoup d’exaggeration pour montrer que si ce n’est la verité des choses, qui règle le sens des approbations, et des condamnations de l’Eglise, on n’aura pas droit de tirer aucun avantage pour la veritable doctrine de S.t Aug. des approbations des Papes.
Cette raison n’est au plus qu’un inconvenient, et non une veritable raison prise du fonds des choses ; neantmoins comme le sujet est important en est important, et que l’autheur de la reponse s’est imaginé que cet argument estoit decisif, on y a voulu satisfaire a part dans la 2.e partie de cette replique, ce qui n’empeschera pas que je n’en parle dans un autre article dans cette replique mesme.
Il y a encore quelques autres petites raisons, mais parce qu’elles se peuvent toutes rapporter a un mesme principe, je les traiteray ensemble dans un article a part, qui contiendra le 4.e defaut general de cette reponse.
De s’estre imaginé qu’une fausse determination n’est pas une determination qui est la mesme chose que si on disoit qu’une fausse proposition n’est pas une proposition, d’ou il s’ensuivroit que les hommes ne se tromperoient jamais.
Ayant ramassé avec soin les divers endroits ou cet autheur dit que ces mots de sens de Jansenius dans la Bulle du Pape ne se peuvent entendre d’aucun autre sens que du veritable sens de Jansenius, et non autre qu’on ait crû tel par erreur qui doive passer pour condamné d’heresie, j’ay trouvé qu’il ne s’estoit confirmé dans ce sentiment que par cette suite de pensée.
Que ces mots de sens de Jansenius sur une telle proposition signifient celuy qu’a eu veritablement Jansenius. p. 4. 13.
Que Jansenius na eu qu’un sens sur une proposition, et qu’ainsi il ne peuvent signifier que ce sens unique qui est le veritable. p. 7.
Que cette proposition. Le sens de Jansenius sur un tel sujet qui pourroit en un tel endroit indique non un tel sens qui pourroit n’estre pas de Jansenius, mais le sens propre de Jansenius qui ne peut n’estre pas de luy. p. 6.
Qu’ainsi le Pape en disant que le sens de Jansenius sur la 3.e proposition est heretique, a determiné ce qu’il condamnoit jusques au dernier point dans l’individu, puisque Jansenius n’a, et ne peut avoir qu’un sens unique sur cette 3.e proposition. p. 7.
Mais il y a un endroit, ou il me semble marquer plus precisement quel est le veritable fondement de son opinion sur ce sujet. C’est ala fin de la page 5 ou il parle ainsi. Cette proposition, un tel dogme de Jansenius est heretique, ne peut determiner l’idée generale. Le sens de Jansenius est heretique, si on ne suppose que ce tel dogme que l’on exprime soit non seulement dans l’esprit de celuy qui entend la proposition mais encore dans la verité un dogme enseigné par Jansenius, car puisque la proposition generale est deja determinée au sens d’un tel autheur, qui est Jansenius, et qu’il faut de necessité que la proposition determinante soit comprise dans la determinée comme l’espece dans le genre, ou l’individu dans l’espece ; il faut aussy par necessité que le sens ou le dogme pretendu determinant des sens ou des dogmes de Jansenius soit l’un des sens ou des dogmes de Jansenius. Quoy qu’il en soit il n’y a qu’un veritable sens ou une veritable doctrine de Jansenius, dont on puisse dire que l’esprit s’y puisse [arrester], et determiner le connoissant tel, lorsqu’il cherche non quelque sens, ou quelque doctrine mais un sens, ou une doctrine de Jansenius.
Voila le seul endroit ou il y ait quelque espece de raisonnement sur ce sujet, mais parce qu’il est facile de voir que tout cela est vray supposé que l’on ne se trompe point, mais que cela n’est pas vray, quand on se trompe, parce qu’alors l’esprit croit par erreur que l’idée d’un tel dogme ou d’un tel sens est comprise dans l’idee generale de sens de Jansenius ce qui fait que l’esprit s’en sert pour determiner cette idée generale et que s’il arreste la prenant pour un sens, et pour une doctrine de Jansenius, quoyque dans la verité cela ne soit pas, il na pas voulu dissimuler cette objection, qu’il avoüe qu’on luy a faite, et il la propose en ces termes. p. 11.
Le Pape dit on, ayant un certain dogme en veue qui n’est pas celuy de Jansenius, n’a pas ala verité determiné le sens de Jansenius veritablement, mais il l’a determiné faussement.
A quoy il repond en ces termes. Cela ne meriteroit pas de repondre apres ce que j’ay dit, mais il n’y a qu’a remarquer qu’une fausse determination n’est pas une determinantion, et ne determine pas.
C’est par la que je crois devoir commencer l’examen de toutes ces pensées : car il faut avoüer de bonne foy que s’il estoit vray qu’une fausse determination ne fut pas une determination, tout ce que dit cet autheur auroit beaucoup d’apparence.
Mais comment à t’il crû qu’on luy accorderoit une chose aussy étrange que cella la sans en apporter aucune preuve, ou plustost qu’elle preuve pourroit on apporter pour confirmer un aussy grand paradoxe, puisque c’est dire en d’autres termes qu’une fausse proposition n’est pas une proposition.
Car la determination dont il s’agit est une veritable proposition, puisque ce n’est autre chose que la liaison d’une idée generale a une plus particuliere comme dans toute proposition affirmative l’attribut est determiné par le sujet.
Ainsi pour determiner le sens de Jansenius sur une telle proposition il faut necessairement que je trouve par la lecture de Jansenius, la doctrine particuliere qui me paroist avoir esté enseignée par Jansenius, et alaquelle, j’attribüe avoir esté enseignée par Jansenius d’estre le sens de Jansenius, comme si je disois. La doctrine de la grace nessaire qui est le sens de Jans. est heretique.
Qu’on resve tant qu’on voudra, il est impossible que la determinaon dont nous parlons, se fasse d’une autre sorte, et cet autheur en convient lorsqu’il dit qu’il faut que la proposition determinante soit comprise dans la determinée comme l’espece dans le genre, ou l’individu dans l’espece ; il devoit ajouster, ou comme l’individu determiné dans l’individu vague : Or qu’elle est l’action de nostre esprit par laquelle il considere une idée particuliere comme comprise dans une plus generale, si non un jugement, ou une proposition, et par consequent demeurer d’accord, comme on ne peut pas le nier, que le Pape à pû avoir un certain dogme en veue qui n’estoit point celuy de Jansenius : mais soutenir en mesme temps qu’il n’a pas pû determiner par l’idée de ce dogme l’idée generale. Le sens de Jansenius, parce qu’une fausse determination n’est pas une determination : c’est pretendre que personne ne peut former cette proposition. La grace necessitante est le sens de Jansenius, parce que ce seroit une fausse proposition : Or une fausse proposition n’est pas une proposition, d’ou il s’ensuivroit une assez plaisante chose, qui est qu’il n’y auroit jamais de fausseté dans les discours des gommes ; car il ne peut y avoir de fausseté que dans les propositions : or il n’y en a point dans les veritables, et les fausses ne sont point des propositions : Donc il ne peut jamais y avoir de fausseté en tout ce que nous disons.
Ce qui ⁁a trompé l’autheur est qu’il s’est souvenu de ce qu’on dit ordinairement dans l’Ecole, que. falsum aurum, non est aurum, d’où il a pris sujet de croire qu’on pouvoit dire de mesme, qu’une fausse determination n’est pas une determination, mais il devoit prendre garde qu’il y avoit de deux sortes de verité, et de fausseté bien différentes, l’une naturelle, et absolue : l’autre qui n’est que dans nostre esprit et qui est relative. La verité naturelle, et absolüe est une des trois proprietez de l’Estre, et consiste en ce qu’une chose est ce quelle est, et ainsy la fausseté opposée a cette verité detruit la chose parce que la chose n’est plus, si elle n’est plus ce qu’elle est.
Mais la verité qui est dans nostre esprit et qu’on peut appeller relative, est celle qui consiste dans la conformité de nos pensées avec les choses ; Et ainsy la fausseté opposée a cette verité ne destruisant pas ce que nostre pensée est par soy mesme mais seulement la conformité qu’elle devroit ⁁avoir avec les choses on ne peut pas dire que ce qui est faux n’est faux que de cette sorte ne soit pas, car nous ne laissons pas de penser, et de juger, quoy que nostre pensée et nostre jugement soit faux.
Que si on considère nos pensées, et nos jugements selon ce qu’ils sont en eux mesmes, et selon la verité naturelle, et absolüe il est vray en ce sens qu’un faux jugement, c’est a dire que ce qui ne seroit pas veritablement un jugement, ne seroit pas un jugement mais cela n’empesche pas qu’un jugement, par lequel nous jugeons faussement ne soit veritablement un jugement. Cela se peut expliquer veritablement par exemple d’un serment ou d’une promesse. Ce qui ne seroit pas veritablement un serment, ou une promesse, comme un serment qu’on auroit simplement recité, ou une promesse faite en riant, telle qu’on en fait aux enfans, ne seroit ny un serment ny une promesse. Mais un faux serment, tel quel est celuy par lequel on jure faux, et une fausse promesse telle qu’est celle par laquelle on promet ce qu’on n’a pas dessein de tenir ne laisse pas d’estre un veritable serment, et une veritable promesse. Ainsi lorsqu’on determine le sens de Jansenius sur un tel sujet, et un dogme particulier qu’on croit par erreur estre de Jansenius, on le determine faussement, mais, il est vray neantmoins qu’on le determine, c’est a dire qu’on le lie avec l’idée de ce dogme, et qu’on le prend dans la suite pour ce dogme quand on dit qu’il est heretique, comme on le determine quand on determine l’idée confuse de prince des Philosophes a Aristote, on le determine faussement, mais il est vray neantmoins qu’on l’y determine, et que lorsqu’on dit dans la suite que le prince des Philosophe a dit telle chose on entend que c’est Aristote qui l’a dit.
Il n’y a donc point de difficulté qu’une fausse determination ne soit aussy bien une determination, qu’une fausse proposition est une proposition, et pour cela seul il est facile de resoudre tous les paralogismes de la reponse.
Jansenius n’a qu’un seul sens. Cela est vray selon la verité, mais par erreur il en peut avoir plusieurs tres differents dans l’esprit de ceux qui l’expliquent, comme on ne peut pas nier que diverses personnes n’entendent des choses tres differentes sous ces mesmes mots de sens de Jansenius. L'esprit n'est point content, et ne s'arreste point qu'apres avoir trouvé le vray sens de Jansenius, ajoustez ou celuy qu'il a crû estre le vray ; car il peut alors estre content aussy content que s'il avoit trouvé le veritable, ceux qui se trompent estant souvent autant et plus satisfais et aussy persuadez d'avoir trouvé la verité que ceux qui l'ont trouvée effectivement.
Cette proposition generale. Le sens de Jansenius est heretique ne peut estre determinée que par un[sic] autre qui la restreigne au veritable sens de Jansenius. Je distingue. elle ne le peut estre veritablement, c'est a dire par une proposition veritable, je l'accorde. Elle ne le peut estre faussement, c'est a dire par une proposition fausse. je le nie.
Il faut que l'idée qui determine soit comprise dans la generale qui est determinée. je distingue encore ou selon la vérité, ou selon l'opinion de celuy qui determune, il faut que ce soit selon la verité, a fin que la determination soit veritable ; et elle fausse quand ce n'est que selon l'opinion, mais vraye ou fausse, Elle est toujours determination, et c'est toujours à cette idée determinante soit qu'elle le fasse veritablement ou faussement, que convient proprement et immediatement l'attribut d'heretique, tout homme qui dit que le sens de Jansenius est heretique, ne le pouvant faire, s'il en juge par luy mesme, qu'apres avoir jugé qu'un tel dogme en particulier est le sens de Jansenius et que ce tel dogme est heretique c'est ce qui se verra mieux par l’article suivant.
doit juger que le sens d'un autheur est
heretique
A considerer avec soin la maniere dont raisonne l'autheur de cet escrit, il est aisé de voir, qu'il conçoit toujours les choses, comme s'il estoit certain que le sens de Jansenius est heretique, est c'est de la qu'il s'imagine toujours que ce n'est point par un dogme particulier qu'on doit determiner cette proposition ; mais seulement par l'endroit de Jansenius ou par la matiere qu'il traitte.
Mais c'est un renversement d'un veritable ordre que cette maniere de concevoir les choses, estant impossible qu'elles ne se soient passée[sic] d'une maniere toute differente, et dans un ordre tout contraire. Mais c’est un renversement d’un veritable ordre que cette maniere de concevoir
Car on présente au Pape des Propositions comme estant de Jansenius, et on xx ⁁le supplie de juger si elles estoient heretiques, et si l’on veut mesme on peut supposer qu’on luy a demandé d’abord qu’il jugeast si elles estoient heretiques dans le sens de Jansenius, ou ce qui est la mesme chose, si le sens de Jansenius sur le sujet des 5. propositions estoit heretique.
Or il est impossible comme on la déja montré plusieurs fois, que dans la seule idée de sens de Jansenius sur ces 5. propositions, il ait trouvé dequoy y appliquer raisonnablement l’attribut d’heretique. il a donc eu besoin d’une nouvelle idée laquelle estant jointe d’une part au sujet de la proposition, et de l’autre à l’attribut, fit voir que ce sujet pouvoit estre joint a cet attribut.
C’est a dire qu’il a eu besoin de deux jugemens et de deux propositions, desquelles il put conclure. Donc que le sens de Jansenius sur ces 5. propositions est heretique. qui est ce qu’on appelle raisonner. car la necessité du raisonnement vient de ce que considerant deux idées, nous ne voyons pas assez si l’une est enfermée dans l’autre, ce qui nous fait avoir recours à une troisiesme qui estant jointe tantost a l’une tantost a l’autre fait ces deux proposition[sic] d’ou dépend la conclusion.
Or quels ont esté ces deux jugemens ? L’un a esté de determiner le veritable sens de Jansenius sur ces propositions en disant par exemple sur la 3.e. Le sens de Jansenius sur cette proposition est que la grace necessite la volonté en luy ostant toute indifference et tout pouvoir d’y resister.
Et l’autre jugement a esté que cette doctrine de la grace qui necessite la volonté est heretique d’ou il aura conclu que le sens de Jansenius est heretique.
Je dis qu’il est impossible que les choses ne se soient passées de la sorte pour ce qui est de cet ordre, à moins qu’on attribuast au Pape une intention diabolique de condamner le sens de Jansenius quel qu’il fut, ce qui est hors de toute apparence, et qui par conséquent ne se doit pas croire par un homme raisonnable.
Or sur cela il faut remarquer que de ces deux jugements l’un est parfait unparfait, sçavoir celuy par lequel on juge qu’un tel dogme a esté enseigné par Jansenius, mais que l’autre est un droit et regarde la foy sçavoir celuy par lequel on juge que ce dogme est heretique. 2. Que si le Pape n’est pas infaillible sur le droit, il est bien certain qu’il l’est encore moins sur le fait, et qu’ainsy il est encore plus facile qu’il se trompe en disant qu’un tel dogme est de Jansenius qu’en disant qu’un tel dogme est heretique.
3. Que dans la conclusion les mots de sens de Jansenius se doivent prendre comme estant determinez par l’idée de dogme particulier qu’on a arresté par un de ces jugemens avoir esté enseigné par Jans. car ce n’est que l’union particulière qui peut rendre cette idée generale du sens de Jansenius capable de l’attribut d’heretique.
4. Que cette conclusion ne peut estre vraye que l’un et l’autre des deux jugements, dont elle dépend ne soient vrays, mais qu’elle peut estre fausse, non seulement si tous les deux le sont, mais si l’un ou l’autre l’est.
5. Mais que cette conclusions peut estre fausse de deux sortes de fausseté selon que c’est l’un ou l’autre de ces deux jugements qui est faux ; car elle est fausse dans le droit, si le jugement qui regarde le droit, est faux ; comme si on avoit dit, La grace efficace est heretique.
Or le sens de Jansenius est la grace efficace.
Donc le sens de Jansenius est heretique.
Ce qui se resoud en cette proposition. Donc la grace efficace qui est le sens de Jansenius, est heretique. Ce qui seroit une heresie.
Et elle est fausse seulement dans le fait, s’il n’y a de deux jugements que celuy qui regarde le fait, qui soit faux, comme si on avoit dit
La grace nessitante est heretique.
Or le sens de Jans. est la grace necessitante.
Donc le sens de Jansenius est heretique.
Cela estant si le Pape n’avoit fait autre chose dans la Bulle que de dire que le sens de Jansenius sur la resistance de la grace, est heretique. celuy qyu ayant lû Jans. auroit trouvé qu’il n’enseigne rien sur ce sujet, que la grace efficace, laquelle il estime avec raison estre une doctrine tres catholique, en devroit il conclure que le Pape à déclaré que la doctrine de la grace efficace est heretique ? Je soutiens qu’il ne le pourroit faire sans une horrible témerité, car il ne pourroit raisonnablement conclure de la condamnation du sens de Jans. que de trois choses l’une.
1. Ou le Pape a mal entendu Jansenius, et il a crû qu’il a enseigné autre chose que ce qu’il me semble qu’il enseigne, qui est la grace efficace.
2. Ou je me trompe moy mesme en croyant que Jansenius n’a enseigné que la grace efficace.
3. Ou si je ne me trompe point, et que le Pape ne se soit point aussy trompé, il a condamné la grace efficace, et a voulu qu’on tinst pour heretique une doctrine si sainte.
Tout homme raisonnable ne peut conclure d’abord que l’une ou l’autre de ces trois choses, et s’il use bien de sa raison, il jugera que celle qu’il doit le moins croire est celle qui est la moins croyable et qu’il y a moins de lieu de croire.
Or il est beaucoup moins croyable que le Pape se trompe en prenant une verité catholique pour une heresie, et que toute l’Eglise se trompe en acceptant une bulle, ou la verité catholique seroit condamnée d’heresies que non pas que le Pape se trompe dans un pur fait, c’est adire dans l’intelligence d’un autheur particulier, ou qu’une autre personne s’y trompe aussy.
Et ainsi c’est une chose assez étrange, de voir que ceux qui veulent faire croire a toute force que la Bulle du Pape condamne la foy xxxxxxx catholique, fassent tous leurs efforts pour exaggerer l’injure qu’on fait au Pape, de douter s’il a bien entendu Jansenius. on void assez ce qu’on pourroit dire sur ce sujet, mais on ne s’y arreste pas, parce qu’on a dessein que d’esclaircir la verité.
On les prie seulement de considerer que tout le secret qu’ils ont pour ne pas faire injure au Pape en disant qu’il n’a pas bien entendu un libre, est de dire nettement qu’il a condamné la foy catholique, et tout le moyen qu’ils employent pour ne pas faire ce tort a Jansenius, de croire qu’il a parlé obscurement est de dire que son veritable sens et tres bien entendu a esté condamné comme heretique.
Mais tout cecy s’eclaircira davantage dans l’article suivant, ou nous donnerons quelques regles de la conduite de la raison dans la creance des faits qu’on ne peut connoistre que par conjecture, et par le tesmoignage des hommes.
a entre juger d’une verité de mathematique
et juger d’une verité de fait.
Quoy qu’on ait fait une réplique à part de cet argument de la réponse. Si l’on peut dire que le Pape en condamnant Jansenius a condamné une autre doctrine que la sienne, on pourra dire de mesme que les Papes en approuvant S.t Augustin, ont approuvé une autre doctrine que la sienne, neantmoins supposant icy tout ce qui a esté dit dans la refutation de cet argument, je crois devoir seulement découvrir icy ce qui a fait prendre a l’hautheur pour une objection invincible un raisonnement appuyé sur des principes tres faux.
Il represente qu’on a souvent argumenté de cette sorte. Les Papes et les Conciles ont déclaré que la doctrine de S.t Augustin sur la grace et sur la predestination, estoit catholique. donc cette doctrine de S.t Aug. telle qu’elle est en elle mesme, et dans ses livres est catholique, et ils demandent en quoy consistoit la force de cet argument n’estoit ce pas dirent ils en ce que ce mot de doctrine de S.t Aug. dans la bouche de ces Papes et de ces Conciles non seulement ne signifioit, mais ne pouvoit signifier autre chose que la reelle, et veritable doctrine de S.t Aug. car si ce mot eust pû signifier quelqu’autre chose, leur argument estoit vitieux qu’est il donc arrivé a cet argument, qu’il ne vaille plus rien.
On repond en un mot, comme on à deja fait plus au long en un endroit, que cet argument a toujours esté, et est encore fort bon mais que sa force consiste non en ce que ce mot de doctrine de Saint Augustin n’a pû signifier autre chose dans la bouche de ces Papes que la reelle, et veritable doctrine de S.t Augustin, mais en ce qu’il n’a en n’a en effet signifié autre chose, quoy que le contraire ne fut pas impossible, car pourvu qu’il n’ayt pas signifié autre chose, l’argument est fort bon, et ainsy tout ce qu’il reste au plus a ces messieurs, est de me demander, quel droit ay je de supposer que dans la bouche de ces Papes, qui ont approuvé S.t Augustin, ce mot de doctrine de S.t Aug. a signifié la veritable doctrine de ce Pere, puisque j’avoüe qu’il a pû signifier autre chose, et c’est aussy surquoy je desire de les satisfaire.
Il n’est pas possible que si ces mess.rs y eussent fait attention ils n’eussent reconnu facilement l’extresme difference qu’il falloit mettre entre deux deux sortes de veritez, les unes qui regardent seulement la nature des choses, et leur essence immuable, et eternelle independemment de leur existence ; et les autres qui regardent les choses existantes, et sur tout les evenemens humains et contigents qui peuvent estre et n’estre pas quand il s’agit de l’avenir, et qui ont tellement esté qu’ils peuvent n’estre pas, quand il s’agit du passé. J’entends tout cecy selon leurs causes prochaines en faisant abstraction de leur ordre immuable dans la providence, parce que d’une part il n’empesche point la contingence, et la possibilité de ce qui n’est pas arrivé en effet, et que ⁁de l’autre ne nous estant pas connu il ne contribüe rien a nous faire croire les choses.
Dans la premiere sorte de veritez comme tout y est necessaire rien n’est vray, qu’il ne soit universellement vray, et ainsy nous devons conclure qu’une chose est fausse, si elle est fausse en un seul cas : et au contraire la possibilité est une marque asseurée dans la verité de ces choses : or nostre ne sçauroit rien concevoir comme possible qu’il ne le conçoive comme reel, et comme veritable selon essence.
Ainsi quand un geometre a approuvé la possibilité de la division d’une ligne en tant de parties que l’on voudra, il pretend qu’il luy est permis ensuite de la supposer divisée en cent millions de parties, sans se mettre en peine s’il arrivera jamais qu’elle soit actuellement divisée en autant de parties, parce qu’il suffit que cela soit possible pour le regarder comme vray, et pour raisonner sur cette supposition.
Voila comment nostre raison se doit conclure dans la connaissance des choses purement speculatives : mais si on pense se servir de ces mesmes regles dans la xxxxxxxconnoissance des suites, et des évenemens humains on n’en jugera jamais que faussement, si ce n’est par hasard, et on xxxxxxxfera mille raisonnemens que l’on croira tres solides, et qui seront tres faux, et tres absurdes.
Car ces faits estant contingents de leur nature il seroit ridicule d’y chercher une verité necessaire, et ainsy un homme seroit tout a fait deraisonnable, qui ne voudroit croire de ces faits, que quand on luy auroit fait voir qu’il seroit absolument necessaire que la chose se fut passée de la sorte.
Et il ne seroit pas moins deraisonnable s’il me vouloit obliger de croire un fait par cette seule raison qu’il est possible ; car n’estant pas tellement possible que le contraire ne le soit aussy, je serois obligé par la mesme raison de croire en mesme temps les deux contraires ce qui est absurde.
Il faut donc poser pour une maxime certaine et indubitable dans cette rencontre que la seule possibilité d’un fait, n’est pas une raison suffisante pour me le faire croire ; et que je puis aussy avoir raison de le croire, quoyque je ne juge pas impossible que le contraire ne soit arrivé ; de sorte que de deux evenemens je pourray avec raison croire l’un, et ne pas croire l’autre quoyque je xxxxxxx les croye tous deux possibles.
Mais par ou donc me determineray je a croire plutost l’un que l’autre, si je les juge tous deux possibles, ce sera par cette maxime.
Pour juger de la verité d’un fait et nous determiner à le croire, ou a ne le pas croire, il ne le faut pas considere nüement et en luy mesme comme on feroit une proposition de geometrie, mais il le faut prendre avec toutes les circonstances qui l’accompagnent tant interieures qu’exterieures, jappelle circonstances interieures, celles qui appartiennent au fait mesme ; et exterieures, celles qui regardent les personnes par le temoignage desquelles nous sommes portez ale croire.
Cela estant fait si toutes ces circonstances sont telles, qu’il n’arrive jamais ou presque jamais, ou fort rarement, que de pareilles circonstances soient accompagnées de fausseté, nostre esprit se porte naturellement a a[sic] croire que cela est vray, et il a eü raison de le faire, sur tout dans la conduite de la vie, qui ne demande pas une plus grande certitude, que cette certitude morale, et qui se contenter en plusieurs rencontres de la plus grande probabilité.
Que si au contraire ces circonstances ne sont pas telles, qu’elles ne se trouvent fort souvent avec la fausseté, la raison, veut ou que nous demeurions en suspens, ou mesme que nous tenions pour faux ce qu’on nous dit quand nous ne voyons aucune apparence que cela soit vray, cencore que nous n’y voyions pas une entiere impossibilité.
Voila sans doute la veritable regle selon laquelle nous devons conduire nostre raison pour ce qui est de la creance de ces faits particuliers et faute de l’observer on est en danger de tomber des extremitez dangereuses de credulité, et d’incredulité.
Car il y en a par exemple qui s’imaginent qu’il y a de la force d’esprit a douter de tous les miracles, sans en avoir d’autre raison, si non qu’on en a souvent raconté, qui ne se sont pas trouvé veritables et qu’il n’y a pas plus de lieu de croire les uns que les autres.
Les autres au contraire feroient confiance de douter d’aucun miracle, parce qu’ils s’imaginent qu’ils seroient obligez de douter de tous, s’ils doutoient d’aucun, & qu’ils se persuadent que ce leur est assez de sçavoir ce qui est possible a Dieu, pour croire tout ce qu’on leur dit de effects de sa toute puissance.
La disposition de ces derniers est bien meilleure que celle des premiers, mais il est vray neantmoins que les uns et les autres raisonnent également mal ; car la possibilité de tous ces miracles n’est pas une raison suffisante pour nous les faire croire tous Dieu ne faisant pas tout ce qu’il peut faire, et ce n’en est pas aussy une de n’en croire aucun, de ce qu’il s’est trouvé quelques personnes assez meschantes pour en faire de faux, ou de ce que d’autres ont pris pour miracles ce qui n’estoit qu’un effet de la nature. Mais il faut croire les miracles quand on a raison de les croire, et ne les pas croire, quand on raison de ne les croire pas, & on a raison de les croire quand que ils sont accompagnez de circonstances qui ne nous donnent aucun sujet d’y soupçonner aucune fausseté, mais qui nous donnent au contraire toute sorte d’asseurance qu’il n’y a que verité et que sincerité dans le rapport qu’on nous en fait.
Je soutiens par exemple que ces circonstances se sont rencontrées dans les deux miracles qui sont arrivez à P. R. et particulierement dans le premier et qu’il n’y a point d’homme raisonnable qui puisse douter au moins du fait, c’est a dire de la maladie dans toute sa grandeur, et de la guerison dans toute sa perfection pour veu qu’il fasse attention a toutes les circonstances, et aux témoignages de toutes les personnes du dedans et du dehors de la maison qui en ont attesté la verité.
Que si l’on m’opposoit qu’il n’est pas impossible que toutes ces personnes ayent conspiré ensemble pour soutenir le mesme mensonge je repondrois que cela n’est non plus possible, comme il est possible que donnant a un enfant tous les caracteres qui sont necessaires pour escrire les deux premiers vers de Leneïde, il les arrange fortuitement et tout d’un coup, en sorte qu’il fasse ces dix vers que je suppose a luy estre entierement inconnus.
Il y à demonstration que cela est possible, et cependant, un homme d’esprit à qui on voudroit persuader en luy montrant ces dix vers de virgile, qu’ils auroient esté escrits de cette sorte croiroit avec raison que ce seroit se moquer de luy d’entreprendre de luy faire croire une chose si extravagante. or je soutiens que la possibilité d’une conspiration entre tant de personnes de tant de diverses conditions, et de divers interest a soutenir un mensonge contre leur conscience, sans qu’aucune se demande et decouvre cette conspiration, n’est pas moins esloignée, que celle de l’arrangement fortuit de ces caractères p.r en faire dix vers latin[sic].
Il n’y a donc point d’argumens plus faux en ce qui regarde ces faits particuliers que ceux la. Il n’est pas impossible que cela soit. Donc vous n’avez aucun sujet de ne pas croire que cela soit, comme si j’estois obligé de croire tout ce qui peut estre, ou qu’il n’y eust point d’autre raison pour m’empescher de croire une chose, si non qu’elle fut impossible. Et neanmoins c’est comme ces Messieurs raisonnent. Ils pretendent qu’on ne peut tirer aucun avantage des approbations des Papes, et des Conciles pour la veritable doctrine de S.t Augustin, si on ne suppose que ces mot[sic] de doctrine de S.t Aug. ont signifié dans leur bouche la veritable doctrine de S.t Aug. telle qu’elle se trouve dans ses livres ce qui est tres vray : mais il veulent ensuite qu’afin qu’on ait droit de croire que ces mots de doctrine ont signifié la veritable doctrine de S.t Augustin, il faut qu’ils n’ayent pu signifier autre chose, ce qui est tres faux ; car j’ay tres grand sujet de croire que ces mots ont signifié la veritable doctrine de ce Pere, quoy que je fusse tres mal fondé de pretendre qu’ils n’ont pu signifier autre chose, comme j’ay sujet de croire qu’un homme est creancier d’un autre depuis 20. ans, parce que son contract qui est signé par deux notaires tres gens de bien, est dasté de ce temps la, et neantmoins le fondement de cette creance n’est pas que ce contract n’ayt pû estre antidaté ; car cela est tres possible en soy mais c’est seulement que j’ay toute sorte d’apparence de croire la point esté, ce qui ne m’empeschera pas qu’en un autre occasion je ne puisse croire qu’un contract antidasté a esté antidaté, mais ce sera seulement lorsque j’en auray de grandes preuves, comme s’il estoit signé par des notaires decriez ; et qui ayent esté convaincus d’avoir commis d’autres faussetez ; si c’est un contract en faveur d’un homme de neant, qui soit amy intime d’un insigne banqueroutier convaincu d’avoir voulu frauder ses creanciers, et qui contienne une somme fort considerable que l’on sçauroit exceder de beaucoup le bien de celuy qui diroit avoir pressé, ou si par megarde il estoit parlé dans ce contract de choses arrivées depuis le temps de la daste.
N’aurois je pas grand sujet alors de croire que ce contract auroit esté antidaté, et devrois je me mettre en peine de celuy qui me diroit que j’ay grand tord de faire ce jugement, parce que j’aurois dit sur le sujet d’un autre contract qu’on devoit croire qu’un homme estoit creancier du temps qui y estoit marqué : qu’il falloit bien ⁁que je supposasse alors que les contracts ne pouvoient pas estre antidatez qu’autrement ma raison auroit esté mauvaise, mais que si elle estoit bonne alors, pourquoy donc n’y aurois je plus d’egard, pourquoy avois je recours a un moyen qui ruïneroit tous les liens de la societé civile en donnant lieu de ne se plus arrester aux temoignages les plus authentiques, et les plus certains tels que sont ceux des contracts.
On void assez ce qu’il y auroit à répondre à un homme qui raisonneroit de la sorte, et on prie ces Mess.rs de s’appliquer ces reponses car ce sont les mesmes qu’on à a leur faire, et qu’on leur à déja faites dans la reponse plus ample à cette objection.
à entrepris de refuter.
Il ne faut que comparer ensemble la reponse et l’Ecrit pour reconnoistre que ce deffaut est repandu par toute la reponse, j’en ay déja donné un Exemple dans la maniere dont l’autheur a combattu la 9.e maxime je me contenteray d’en rapporter encore icy un autre qui n’est pas moins surprenant.
Il n’y a gueres d’endroit dans l’Ecrit plus fort et plus clair que la reponse a la 2.allemand difficulté qui est sur la fin, et je ne sçaurois croire que tout homme qui la lira avec un peu de soin n’en soit entierement convaincu. Cependant voicy comme il a crû devoir soutenir encore ce qu’on croyoit avoir refuté. L’objection estoit qu’il ne sensuit pas que le Pape n’ayt pas condamné la grace efficace, quoyqu’il n’ayt pas voulu la condamner, comme un homme peut ne vouloir pas condamner la doctrine de S.t Aug. et ne l’entendant pas la condamner en effet. L’autheur de la reponse la propose de nouveau et la confirme par ces paroles p 17. Dans l’hypothese que le Pape n’ayt pas voulu condamner la veritable grace efficace, il ne s’ensuit pas qu’il ne l’ayt pas condamnée effectivement. Voicy un exemple qui fera voir ce que je dis. Tous les juges ont esté d’avis de condamner le deffendeur, et par mégarde ils ont signé la sentence ou l’arrest qui prononce hors de cours sur la demande. Voila le Demandeur condamné quoyque contre leur intention, et il faut de necessité retracter la condamnation, ou l’interpreter. On void ou va l’application de cet exemple.
Il donne ensuite pour toute reponse à ce qu’il avoit esté dit pour refuter cette objection. L’exemple dit il, que j’ay rapporté dans l’article precedent de l’arrest qui condamne celuy qu’il vouloit absoudre sert de replique dea cette reponse, et fait voir qu’une personne ou un dogme ne laisse pas d’estre condamnée dans le publicq, et mesme dans la verité, encore que ce soit contre l’intention de celuy qui la condamné.
par mégarde ou par ignorance ; surtout quand on ne presume pas cette megarde, et qu’on n’a aucune preuve pour la decevoir ; comme il arrive dans nostre hypothese et que d’ailleurs le juge mesme ne s’explique pas quoy qu’on se soit addressé a luy.
Je veux bien que l’on juge de nostre differend par l’exemple de cet arrest, et j’espere que pour peu qu’on le considere avec attention, on reconnoistra qu’il est propre a faire voir que c’est une pretention tout a fait insoutenable, de dire que quoy que le Pape n’ayt pas voulu condamner la grace efficace il ne laisse pas de l’avoir condamné dans la verité.
Car examinant icy ce qu’on avance trop facilement que le Demandeur a qui tous les juges auroient voulu faire gagner le procès, ne laisseroit pas d’estre condamné dans le publicq et mesme dans la verité si par megarde on avoit mis dans l’arrest hors de Cour sur la demande.
Et il ne faut pas confondre ce qu’on joint ensemble estre condamné dans le publicq, et estre condamné dans la verité : l’un est bien different de l’autre et je soutiens que pour ce qui est du dernier, il n’est point vray que dans cette hypothses le demandeur soit condamné dans la verité, à moins que de donner au mot de condamner une signification particuliere, qu’il n’a point dans l’usage de tous les hommes.
Car dans l’usage de tous les hommes, condamner en un juge est une action humaine. Or il n’y a point d’action humaine que celle qui est accompagnée de connoissance, et d’intention ; d’ou vient qu’un homme qui prononçant par mégarde un mot pour un autre, prononce un blaspheme, ne blaspheme point dans la verité, et par consequent des juges qui n’ayant aucune verité intention de condamner le Demandeur signent un arrest, ou par mégarde il se trouve condamné, ne le condamnent point dans la verité.
Nous en avons un exemple dans l’affaire dont il s’agit. Les Evesque escrivant au Pape, et le voulant loüer d’appliqu d’avoir appliqué ala deffense de la foy les premieres pensées de son Pontificat au lieu de dire. Incipientes Pontificii tui curas. Ils ont dit. Insipientes Pontificii tui curas. et qui signifie proprement, et literalement Les folles pensées de vostre Pontificat. Cependnant ces Mess.rs oseroient ils dirent que les Pensées du Pontificat d’Alexandre 7. ont esté appellées folles par les Evesque mesme dans la verité, parce que le mot d’Insipientes signifie cela dans la verité.
Voila donc pour ce qui est de la verité, et pour ce qui est du publicq, j’advoüe que le demandeyr Passeroit dans le publlicq pour condamné, si on ne supposoit comme fait cet autheur qu’on ne préume pas cette megarde, et qu’on n’a aucunes preuves pour la decouvrir. Mais que veut dire dans cette rencontre estre dans le publicq. Si non estre condamné par une erreur publique, a laquelle la surprise des juges auroit donné occasion ; car la raison pourquoy le publicq tiendroit cet homme pour condamné, est que les termes de l’arrest imprimeroient cette idée en l’esprit de ceux qui le livroient, que les juges auroient eu l’intention de le condamner.
Or cette idée seroit fausse et par conséquent tant s’en faut qu’on puisse prendre pour la mesme chose dans cette rencontre. Estre condamné dans le publicq et Estre condamné dans la vérité, qu’on ne l’est dans le publicq que par une supposition fausse et contraire ala verité ; de sorte que ce n’est que par mégarde que l’arrest porte hors de cours sur la demande, il est indubitable que le Demandeur ne passeroit plus pour condamné dans le publicq.
Mais c’est icy un nouvel exemple deu peu d’exactitude de de[sic] l’autheur de la reponse a repondre precisement a ce qu’il a entrepris de xxxxxxx refuter ; on avoit représenté dans l’ecrit et dans la refutation mesme de cette objection quoy qu’en peu de mots que l’on monstroit un grand nombre de preuves tres claires que le Pape na point voulu condamner le dogme de la grace efficace telle qu’elle est enseignée, et a Rome, et ailleurs par des ordres entiers, et que l’Eglise aussy ne regarde point ce dogme pour condamné, et on se contente dans la repose de supposer comme une chose constante, que nostre hypothese est semblable a celle d’un Arrest par lequel le Demandeur se trouvant condamné par mégarde on ne presumeroit point cette mégarde, et on n’auroit aucunes preuves pour la découvrir. En verité cette maniere de repondre est un peu estrange : et si pour l’ordinaire on a accoutumé d’argumenter ex concessis, c’est icy une nouvelle facon d’argumenter ex negatis.
Et quand a ce qu’on dit en un mot que le Pape ne s’est point expliqué, quoy qu’on se soit addessé aluy c’est une fort petite objection, et bien peu capable d’affoiblir d’aussi fortes preuves que celles qu’on a pour monstrer qu’il n’a jamais eu, et qu’il n’a point encore aucune intention de condamner la grace efficace ; car on suppose ce qui n’est pas, que des personnes d’authorité, et a xxxxxxx qui il ait eu quelque obligation de repondre, l’ayent prié de
declarer qu’il n’avoir point condamné la grace efficace. On luy a pû demander quelque explication du sens de Jansenius, mais on ne luy a point demandé expressement celle la, et quand on lea luy auroit demandée, il auroit bien d’autres raisons qui pouvoient l’avoir empeschée de repondre que celle de la vouloir en effet condamner, quand ce ne seroit que la pensée qu’il est de la majesté du S.t Siege, de ne s’abaisser pas à rendre compte de ses jugemens à tous ceux qui le luy voudroient demander.
Mais c’est une preuve bien plus forte que la grace efficace n’est pas condamnée, que le deffy qu’on a fait tant de fois aux Jesuites de faire condamner ce qu’on croyoit avoir esté enseigné par Jansenius sur le sujet des cinq propositions exprimées en des termes n’enfermoient que ce dogme de la grace efficace. On leur a dit que si c’estoit ce que le Pape avoit deja condamné, il ne leur seroit pas difficile d’obtenir de luy qu’il le condamnast encore une fois, les Jesuites ayant infiniment plus de credit pour tirer une reponse du Pape en leur faveur, que leurs adversaires pour en tirer une qui leur seroit avantageuse. Qui ne void que le silence du Pape sur ce que disent les uns et les autres, est une bien plus forte preuve pour la grace efficace que contre la grace efficace, veu principalement que les Jesuites n’osent pas dire ouvertement qu’elle soit condamnée, et qu’ils ont mesme avoüé par des livres imprimés, qu’elle ne l’est pas, au lieu que les disciples de S.t Augustin disent tres ouvertement, et tres librement, qu’il n’y a rien de plus faux que de soutenir que le Pape l’ayt condamnée, qui est une hardiesse que le Pape devroit reprimer si ce qu’ils disent n’estoit pas conforme à ses sentimens.
Il y auroit bien d’autres choses à reprendre dans cette reponse outre celles dont on a parlé dans la 2.e partie de cette réplique qui contient une reponse bien plus ample a quelques objections principales ; mais on s’est contenté d’en remarquer les principaux deffauts, c’est adire ceux qu’on a crû tels ; car quelque persuadé que l’on soit qu’on xxxxxxx xxxxxxx xxxxxxx n’avoit rien avancé dans l’Ecrit qui ne fut tres evident, et que l’autheur de la reponse n’y a rien apporté qui ne soit rüiné par cette replique, neanmoins on est encore tres disposé a écouter ses nouvelles instances, s’il n’en est convaincu, et on le supplie de croire que si l’on ne se peut empescher de desirer que faisant plus d’attention a des raisons qui nous paroissent si claires, il change de sentiment, on ne pretend pas toute fois qu’il le fasse autrement que par la lumière, et on ne trouvera jamais mauvais que s’il luy reste encore quelque obscurcissement dans l’esprit, il propose de nouveau ses difficultez, et ses doutes, quand mesme il les proposeroit non comme de simples difficultez, mais comme une nouvelle conviction de l’erreur dans laquelle il supposeroit que nous soyons demeurez. On n’ajouste point que cette difficulté diversité d’opinions peut bien partager les esprits, mais qu’elle ne sera point capable de diviser les cœurs, puisqu’on ne le pourroit apprehender sans faire un jugement bien desavantageux des uns, ou des autres.
marque une chose individuelle, s’il ne la
marque confusement, il ne laisse pas d’estre
capable d’une generalité équivoque qui aura
necessairement besoin d’estre determinée par une
idée plus distincte, quand on le voudra joindre
à de certains attributs.
Une autre source de l’erreur de ceux qui n’ont pu comprendre une verité aussi claire que celle des cinq premières maxime de l’Ecrit ; c’est ce qu’ils se sont imaginez que lorsqu’un terme ne signifioit dans la verité qu’une chose unique, et individuelle, ce terme estoit determiné autant qu’il le pouvoit estre, et qu’on ne devoit rien plus chercher qui le determinast davantage.
C’est ce qui leur fait dire que ces mots de sens de Jansenius si on n’ajouste rien davantage, sont indeterminez, parce qu’il y a plusieurs sens de Jansenius, mais que lorsqu’on dit, Le sens de Jans. en un tel endroit, et sur une telle matiere, est heretique, ces mots sont determinez autant qu’ils le peuvent estre, parce qu’il n’y a qu’un seul, et unique sens de Jansenius en un tel endroit et sur une telle matiere. Mais ils n’ont pas pris garde a deux choses. La premiere que ce n’est pas assez qu’un terme marque une chose unique, et individuelle, pour dire que ce terme est determiné autant qu’il le peut estre, s’il ne marque cette chose unique et individuelle d’une maniere si précise, et si distincte, que je n’aye plus besoin d’une autre idée plus distincte et plus précise pour juger si un tel attribut luy convient : car il est visible que lors cette idée plus précise et plus distincte le determinera davantage puisqu’elle representera cette chose a mon esprit d’une maniere moins confuse : c’est ce qu’on a fait voir dans l’article precedent par leur propre exemple de la gazette : car encore que ces mots. La nouvelle rapportée par la gazette de Bruxelles du 7.e Janvier 1662. sur le premier article sur ce qui se passe a Paris marque une nouvelle unique, et individuelle, neanmoins elle ne la marque pas assez precisement, et assez distinctement, pour me donner lieu de juger si cette nouvelle est fausse, et je n’en sçauroit que dire, si je ne sçay en particulier qu’elle est cette nouvelle.
La seconde chose aquoy ils n’ont pas pris garde, est qu’un terme peut estre consideré comme general en deux manieres ; l’une en ce que dans la verité il convient à plusieurs, comme les mots d’homme, d’animal, de maison, &c. L’autre en ce que ne signifiant qu’une chose dans la verité, il en signifie neanmoins plusieurs dans l’opinion des hommes, parce que les hommes sont de differents avis sur la determination de cette unique chose signifiée par ce terme, tout le monde avoüant qu’il n’en signifie qu’une, et chacun pretendant que c’est celle qu’il conçoit.
Ainsy le mot de veritable religion ne signifie qu’une chose unique et individuelle, n’y ayant qu’une seule religion veritable, et neanmoins ce terme est fort indeterminé, et fort general de cette derniere sorte de generalité, parce qu’ÿ ayant tant de religions dans le monde, chacun croit que la sienne est la veritable, et ainsy quand on lit dans une histoire qu’un homme que nous ne connoissons pas point a esté zelé pour la veritable religion, ce seroit un jugement tres mal fondé de conclure que cet homme doit avoir esté zelé pour la religion catholique puisqu’il n’a que celle de veritable religion : mais nous ne sçaurions dire que signifient ces termes que nous sçachions qui est celuy qui donne cet Eloge à cet homme ; car si c’est un protestant, cela voudra dire qu’il a esté zelé pour la Religion protestante : Si c’est le livre d’un Arabe mahometan, qu’il a esté fort zelé pour la Religion mahometane, et nous ne serons asseurez que cela signifiera la Religion catholique que quand nous sçaurons que celuy qui parle ainsy est cathol.
Il en est de mesme du sens de Jansenius en un tel endroit, et sur une telle matiere ; il est unique tant que vous voudrez, mais il est differemment interpreté par differentes personnes, dont chacun prétend que ce qu’il entend, est ce sens unique, et cela suffit pour rendre ces termes de sens de Jansenius sur un tel sujet assez indeterminez pour avoir besoin d’estre determinez davantage pour sçavoir precisement ce qu’entendent par ces mots ceux qui s’en servent, sur tout si je suis asseuré qu’ils n’ont pas pû entendre le sens de Jansenius sur un tel sujet tel qu’il puisse estre, comme quand ils ont joint l’attribut d’heretique, puisqu’ils faudroit avoir perdu le sens pour joindre l’attribut d’heretique au sens de Jansenius sur un tel sujet tel qu’il puisse estre.
Et c’est ce qui fait voir combien les exemples que ces Messieurs apportent sont peu propres a terminer ce different. Si un pere, disent-ils laisse par son testament pour son fils aisné le Diamant qui est dans sa cassete noire, qu’a t’on autre chose affaire que d’ouvrir ces cassetes, selon que le Pere les à marquez et ne seroit-ce pas une chose ridicule d’avoir recours a l’intention du Pere pour ne pas donner au cadet le Diamant qui se trouveroit dans la cassete, noire, parce qu’il seroit plus beau que l’autre. Le Pape de mesme a dit que le sens de Jansenius sur une telle proposition contenoit une heresie, je n’ay besoin que d’ouvrir la cassete, examiner ce que dit Jansenius sur cette proposition, et n’auray je pas sujet de croire que le sens de que j’y trouveray sera celuy que le Pape a dit estre heretique. Donc si je n’y trouve que la grace efficace, j’auray sujet de dire que le Pape a condamné la grace efficace.
Cet exemple qu’ils jugent si propre a nostre sujet ne l’est point du tout se trouvant entre ces deux choses une difference tres essentielle car le Pere a pû donner a son cadet le Diamant de la cassete noire quelqu’il fut et quand nous nous supposons qu’il eust oublié en quelle cassete il auroit mis son plus beau Diamant, il aura pû le donner au hazard en faisant entre ses enfans comme une espèce de Loterie, car je puis donner tout ce qui est a moy, quand je ne sçaurois pas en particuluer ce que c’est comme beaucoup de personnes mestant a la Loterie donnoient a l’hospital la moitié de ce qu’il leur écheroit quoy qu’ils ne sçeussent pas ce que ce seroit : et ainsy c’est avec raison qu’on n’a pas recours a l’intention du Pere touchant chaque Diamant en particulier, et que le Pere peut avoir dit. Le Diamant de ma cassete noire est pour mon cadet. quand il n’auroit eu aucune autre idée distincte de ce Diamant.
Il n’en est pas de mesme en cette rencontre comme on l’a déja fait voir plusieurs fois, quand le Pape a dit le sens de Jansenius sur une telle proposition est heretique. il faut necessairement qu’il ait conceu un dogme distinct en particulier sous ces mots de sens de Jansenius puisque ce sens ne peut estre heretique comme estant de Jansenius sur un tel sujet, mais comme enfermant un tel dogme en particulier contraire ala foy, et par consequent il ne suffit pas d’avoir recours a cette cassete, c’est a dire d’examiner le sens de Jansenius sur cette proposition, pour juger ce que le Pape a voulu dire quand il a dit que le sens de Jansenius sur cette proposition est heretique parce que je suis asseuré d’une part que ce qu’il a appellé d’une part heretique, est le dogme particulier qu’il a crû avoir trouvé dans cet endroit de Jansenius en l’examinant, et que je ne suis pas asseuré de l’autre que ce dogme que je croy estre de Jansenius soit le mesme qu’il a crû estre de Jansenius, sçachant d’ailleurs que Jansenius n’ayant qu’un seul, unique, et veritable sens, en a plusieurs par erreur parce qu’il est differemment entendu.
Ils rapportent encore l’exemple d’un homme qui ayant fondé un hospital auroit ordonné qu’il seroit conduit selon les statuts de l’hospital general de Lyon ÿ auroit autre chose a faire que de consulter ces statuts et de juger de la volonté de cet homme par la veritable intelligence de ces statuts.
Je reponds que cet exemple n’est point encore a propos pour deux raisons : L’une, parce qu’il n’est point necessaire que cet homme ait sçeu en particulier ce que contenoient les statuts de l’Hospital general de Lyon pour faire ce reglement, puisqu’il a pû supposer avec raison que des statuts d’un Hospital si florissant et si estimé par tout devoient estre bons. L’autre parce que des statuts d’un Hospital sont d’ordinaire si intelligibles, et si clairs que l’on a toutes sortes de raison de croire que tout le monde les entend de la mesme sorte.
Mais voicy des exemples plus propres si un homme laissoit dix mil escus au plus grand Geometre de Paris, ou comme a fait Ramus, fondoit une chaire pour le plus habile geometre, il est certain que cela se devoit xxxxxxx entendre de celuy qui seroit en effet le plus habile geometre autant que les hommes en pourraient juger, parce que cela auroit esté affecté au plus habile geometre comme tel, et non pas comme une telle personne : mais si un homme disoit. Le plus geometre de Paris est l’home du monde le plus desagreable dans la conversation, Je soutiens qu’alors comme il auroit esté necessaire que celuy qui auroit parlé de la sorte, eût dans l’esprit une personne particuliere qu’il auroit designée par ces mots de plus grand geometre de Paris ; parce qu’il ne convient point a un habile geometre comme geometre, d’estre desagreable dans la conversation, ce ne seroit point par la verité des choses qu’on devroit juger de celuy qu’il auroit estimé estre desagreable dans la conversation maos par l’opinion de cette personne : de sorte si je sçavois d’ailleurs que cette personne ou ne connut pas M. P. ou l’eust en estime d’une homme d’un entretient fort agreable ; quoyque je fusse persuadé que M. P. est dans la verité le plus grand geometre de Paris je ne croirois point que cet homme eust mal parlé de M. Pascal ; mais si je connoissois Roberval, et que je sceusse que cette personne le connoissois aussy, je croirois sans peine que c’est deluy qu’il a voulu parler, quelque inferieure que le crusse a M. P. dans la science de la Geometrie, et le jugement que je porterois de cette proposition est qu’elle seroit vraye dans le fond, parce qu’il n’auroit pas mal jugé de la personne qu’il auroit eu dans l’esprit, mais qu’elle ⁁seroit fausse dans l’attribution qu’il auroit faite a cette personne d’estre le plus grand Geometre de Paris.
Voicy encore un autre exemple. Supposé que ce qu’a fait Corneille dans son Eraclius[sic] soit vray quand Phocas se plaignoit que son fils ne vouloit pas épouser la fille de Maurice ; quel estoit le sens de ces paroles. ce mot de fils de phocas, n'est-il pas son veritable fils, celuy qui la engendré, et cependant, auroit-on dû entendre par ce mot de Phocas non Heraclius, qui ne l'estoit pas enffet, mais Leonce qui l'estoit effectivement et dira-t'on que cette proposition estoit fausse dans le fonds, parce Leonce qui estoit le veritable fils de Phocas, voiloit bien épouser la fille de Maurice. Si cela estoit on ne pourroit rien comprendre a la plus part des discours des hommes, et quand un homme rapporte une action de son fils, en disant mon fils a fait telle chose, il faudroit estre bien asseuré de l'honnesteté de la femme pour sçavoir, si ce qu'il dit est vray ou faux, mais ce n'est point en cette maniere qu'on interprete les paroles des hommes. Quand Phocas se plaignoit que son fils ne vouloit pas épouser la fille de Maurice, cela s'entendoit, et se devoit entendre qu'Heraclius par ceux mesmes qui sçavoient qu'heraclius n'estoit pas son fils ; de sorte qu'ils jugeoient qu'il ne se trompoit pas en disant que celuy qu'il designoit par le mot de son fils ne vouloit pas épouser la fille de Maurice qui estoit le principal de sa proposition mais seulement en ce qu'il designoit par le nom de son fils celuy qui ne l'estoit pas dans la verité. L'application en est si facile que je la laisse a faire.
Mais il me reste un mot a dire sur une nouvelle distinction qu'ils ont trouvée, qui est que ces mots de sens de Jansenius en un tel endroit, et sur un tel sujet sont aussi determinez, qu'ils le peuvent estre, parce que ce qu'on y peut adjouster en marquant le dogme particulier que Jansenius enseigne en cet endroit n'est pas une determination, mais une explication.
Sur quoy je reponds trois choses. La premiere, que s'ils veulent appeller explication ce que l'autheur de l'Ecrt a appellé determination ; cela leur est permis, mais qu'il n'a pas esté permis moins permis a l'autheur de l'Ecrit de l'appeller determination.
La 2.de que l'autheur de l'Ecrit ayant parlé le premier de cette determination c'estoit a ceux qui entreprenoient de le refuter, de s'accommoder a son langage, et apprendre ce mot dans son sens, et non pas à luy à prevoir leur pretendüe distinction entre determination, et explication, qui estant toute arbitraire veu mesme qu'ils ne sçauroient montrer que l'autheur de l’Ecrit n’ayt pas parlé selon l’usage commun de ceux qui traittent de ces matieres au lieu que ce sont eux qui ont inventé une nouvelle distinction entre determination et explication, qui estant toute arbitraire, ne doit avoir lieu que pour leur usage particulier ; car n’estant point particulier une [mounaye] publique, elle ne peut avoit cours que dans les terres de leur juridiction.
La troisiesme, que ceux qui cherchent sincerement la verité, doivent eviter sur toutes choses, comme S.t Augustin dit si souvent les disputes des mots, et ainsy laissant a part ces mots determination et d’explication, ce qu’on pretend est que celuy qui jugeant des choses par luy mesme, dit que le sens de Jansenius sur un tel sujet est heretique, ne peut avoir laissé ces mots de sens de Jansenius sur un tel sujet dans leur idée generale, mais doit necessairement y avoir joint l’idée d’un dogme particulier qu’il a jugé estre de Jansenius, ext qu’il juge estre heretique, et que se pouvant tromper dans l’un ou l’autre de ces deux jugemens, ou dans tous les deux : s’il se trompe dans le premier, il n’erre que dans un fait, en croyant qu’un dogme a esté enseigné par Jansenius, lequel Jansenius n’auroit pas effectivement enseigné : mais que s’il se trompe dans le dernier ; il l’erre dans la foy en croyant que ce dogme particulier est contraire ala foy, quoyqu’il n’y fut pas contraire.
Voila precisement ce qu’on pretend estre constant et indubitable, et surquoy on demande une reponse nette et precixse, debarrassée de tous mots qui pourroient estre équivoques et contestez.
6.e defaut general.
Mais il y a encore une autre remarque tres importante a faire sur le fait, c’est qu’entre les circonstances que l’on doit considerer, pour juger si on doit croire un fait, ou si on ne le doit pas croire, il y en a qu’on peut appeller des circonstances communes, parce qu’elles se rencontrent en beaucoup de faits qui sont telles qu’elles se trouvent incomparablement, plus souvent jointes ala verité qu’a la fausseté, et alors si elles ne sont point contrebalancées par d’autres circonstances particulieres, qui affoiblissent ; ou qui ruinent dans nostre esprit les motifs de credulité qu'il tiroit de ces circonstances communes, nous avons raisons de croire ces faits si non certainement, au moins tres probablement, ce qui nous suffit, quand nous avons obligation de juger d'un fait ; car comme nous nous devons contenter d'une certitude morale dans les choses qui ne sont pas susceptibles d'une certitude metaphysique. Lors aussy que nous ne pouvons pas avoir une certitude morale, le mieux que nous puissions faire quand nous sommes engagez a prendre party, est d'embrasser le plus probable puisque ce seroit un renversement de la raison d'embrasser le moins probable.
Que si au contraire ces circonstances communes qui nous auroient porté a croire une chose, se trouvent jointes a d'autres circonstances particulieres, ou qui rüinent dans nostre esprit, comme nous venons de dire ces motifs de credulité, qu'il tiroit de ces circonstances communes, ou qui mesme soit telles qu'il soit fort rare que de semblables circonstances ne soyent pas accompagnées de fausseté, nous n'avons plus alors la mesme raison de croire ce fait ; mais ou nostre esprit demeure en suspends si ces circonstances particulieres ne fonds font qu'affoiblir le poids des circonstances communes ; ou il se porte a croire que ce fait est faux, si elles sont telles, qu'elles soyent ordinairement des marques de fausseté. L'exemple dont je me suis deja servy, est tres propre a éclaircir cette remarque. C'est une circonstance commune à beaucoup d'autres d'actes, d'estre signez par deux notaires, c'est a dire par deux personnes publiques, qui ont d'ordinaire grand interest à ne point commetre de faussetez, parce qu'il y va non seulement de leur conscience, et de leur honeur, mais aussy de leur bien et de leur vie.
Cette seule consideration suffit, si nous ne sçavons point d'autres particularitez d'un contract pour croire qu'il n'est point antidaté, non qu'il n'y en puisse avoir d'antidaté, mais parce qu'il est certain que de mil contracts il y en a 999. qui ne sont point antdatés ; de sorte qu'il est incomparablement plus probable, que ce contract que je vois, est l'un de ces 999. que xxxxxxx non pas qu'il soit cet unique, qui entre mil se peut trouver antidaté.
Mais si à cette circonstance commune d'estre signez par deux notaires, qui m'est une raison suffisante, quand elle n'est point combatüe par d'autres, d'ajouster foy a la date de ce contract, on ÿ joint d'autres circonstances particulieres semblables a celles dont j'ay parlé plus haut, comme que ces deux notaires soient diffamez comme des gens sans honneursx et sans conscience, et qu’ils ayent pû avoir un grand interest dans cette falsification qui les auroit pû porter a Preferer un ⁁gain certain à un peril incertain par periculo præmium. Cela ne me fera pas encore conclure que ce contract est antidaté, mais diminuera ce poids qu’auroit eü sans cela dans mon esprit la signature des deux notaires, pour me faire faire[sic] croire qu’il ne seroit le seroit pas. Que si de plus je puis decouvrir d’autres preuves positives de fausseté ou par témoins, ou par des conjectures tres fortes telles que seroit l’impuissance ou un homme auroit esté de xxxxxxx prester 100000. écus en un temps ou l’on prouveroit qu’il n’auroit pas eu 100. écus vaillant, je me determineray alors a croire que ce contract est antidaté, et ce seroit une pretention tres deraisonnable de vouloir m’obliger ou à ne pas croire ce contract antidaté, ou a reconnoistre que j’aurois tort de supposer que les autres ne xxxxxxx xxxxxxx l’estoient pas, puisqu’ils le pouvoient estre comme celuy la.
Il est aisé d’appliquer cette remarque à nostre sujet quand un livre a esté approuvé ou condamné par des personnes d’authorité qu’on peut supposer agir avec maturité, et avec poids. Cette circonstance suffit d’ordinaire pour nous porter a croire qu’il a esté approuvé ou condamné dans son veritable sens, parce qu’il arrive rarement au regard des livres ordinaires, que les examinant sans passions comme on le doit supposer, si on n’a des preuves du contraire qu’on les entendent mal ; de sorte que de cent livres sur des matieres communes examinées de cette sorte il n’y en aura peut estre pas trois qu’on puisse dire avec raison avoir esté mal expliquez, et ainsy devant toujours croire ce qui est de plus probable, nous comme ordinairement bien fondez de supputer qu’un livre ayant esté approuvé ou condamné, c’est sa veritable doctrine qui a esté approuvée, ou condamnée.
Mais il peut y avoir des circonstances particulieres qui nous obligent ou d’en douter, ou de signer le contraire.
1. Si c’est un livre d’une matiere embarassée pleine d’expressions, et ou il soit tres facile de se méprendre en prenant la verité pour l’erreur telle qu’est la matiere de la grace, dans laquelle S.t Augustin luy mesme a remarqué que lorsque l’on defend la grace, il semble qu’on nie le libre arbitre : comme aussi il faut avoüer que la necessité de la grace efficace semble xxxxxxx ruiner la possibilité des commandemens de Dieu, et la predestination gratuite, et la l’universalité de la mort de J. C. en quelque sens que ce soit.
2. Si un autheur a parlé un langage peu connu de ceux qui l’ont examiné, et different du leur comme il est arrivé a M.r d’Ypred’Ypres, qui s’est servy du langage, et des expressions des Peres, qui ne s’accordent pas toujours avec celles des scholastiques qui ont examiné son livre.
3. Si des personnes puissantes et passionnées ont interest de faire flestrir un livre ; car la passion leur troublant le jugement leur peut faire aisément faire prendre à contre sens les pensées les plus innocentes d’un autheur, examiner ses paroles, et expliquer en des sens erronnés des propositions qui seront fort catholiques, et ensuite inspirer a d’autres ces mesmes opinions desadvantageuses de ce livre, et c’est ce qu’on ne sçait que trop estre arrivé a M.r d’Ypre.
4. Si les juges mesmes estant deja prevenus contre un autheur ont une pente et une inclination d’y trouver des erreurs on ne peut nier que cette mauvaise disposition ne les puisse porter sans mesme qu’ils s’en aperçoivent, a donner a des propositions un peu ambigües, de mauvais sens, dont les paroles seront susceptibles, et qu’ils s’imagineront estre conformes a l’intention de l’autheur, parce qu’ils n’auront pas assez penetré tous ces principes, et qu’ils se trouveront disposez à en juger plustost en mal qu’en bien. Il faut reconnoistre que c’est ce qui est encore arrivé a M.r d’Ypre dans la condamnation des cinq propositions qu’on a presentées au Pape, comme estant de luy, parce que la cour de Rome se trouvoit deja engagée dans la condamnation de son livre par la bulle d’Urbain VIII. et que cette bulle ayant trouvé de grandes difficultez pour la reception, on pouvoit estre bien aise de donner un autre sujet de le condamner plus expressement.
Je soutiens que ces circonstances particulieres contrebalancoient tellement la presemption commune qui fait juger que le sens d’un autheur estant condamné c’est son veritable sens qu’il la esté, qu’il devient aussi probable qu’il a esté mal entendu, et qu’on a pris pour veritable sens celuy qu’on a crû estre enfermé dans quelques unes de ses paroles qui pouvoient signifier autre chose. Selon la veritable intention de l’autheur.
Mais il peut y avoir encore d’autres circonstances qui me feront juger positivement que cet autheur a esté mal entendu, et qu’ainsy ce n’est point son veritable sens qui a esté condamné.
Si estant par exemple persuadé que cet autheur a esté mal entendu n’a enseigné qu’un tel dogme sur un tel sujet, je vois que ceux qui ont condamné cet autheur ne condamnent ce dogme et ne pretendent point qu’on soit obligé de le tenir pour heretique, mais souffrent publiquement au contraire que des ordres entiers l’enseignent publiquement, et en leur presence, j’ay tres grand sujet alors de conclure que si moy mesme ne me trompe point dans l’intelligence de cet autheur il faut que le Pape s’y soit trompé, puisqu’il est impossible de concevoir comme on le représente dans l’escrit que le Pape ait condamné un dogme c’est a dire qu’il ayt voulu que l’on tienne ce dogme pour heretique dans l’Eglise, et qu’en mesme temps il approuve qu’on l’enseigne publiquem.t et dans Rome mesme comme orthodoxe.
C’est par cette preuve, et beaucoup d’autres semblables qu’on pourra voir dans la seconde partie de cette replique, qu’on a droit de juger que le Pape ayant condamné le sens de Jansenius, et n’ayant point condamné la grace efficace, il faut necessairement qu’il ayt entendu Jansenius dans un autre sens que celuy de la grace efficace, d’ou il s’ensuit, que quoy qu’ordinairement on ait droit de supposer que la ⁁doctrine d’un autheur est condamnée dans son veritable sens on ne doit pas neanmoins le supposer en cette rencontre, parce qu’il y a des circonstances particulieres qui font juger qu’il est fort aisé qu’on ait mal entendu Jansenius, et des preuves qui font voir qu’on la ⁁doctrine sans doute mal entendu, s’il est vray, comme nous en sommes persuadez, qu’il n’a rien enseigné sur le sujet des cinq propositions que la doctrine de S.t Augustin et de S.t Thomas touchant la necessite, et l’efficace de la veritable grace de J.C.
Enfin on peut ajouster pour derniere remarque que quand nous nous trouvons dans la necessité de choisir entre deux choses dures et fascheuses, ne pouvant me disposer d’en croire l’une ou l’autre, la raison veut que nous croyons celle qui est la moins difficile a croire.
Or tout homme qui est persuadé que Jansenius n’a rien enseigné que la grace efficace sur le sujet des cinq propositions se trouvant dans la necessité de reconnoistre que le Pape s’est trompé ou dans l’intelligence de Jansenius en concevant quelqu’autre dogme que celui de la grace efficace, qu’il a crû estre de cet autheur, ce qui n’est qu’une erreur xxxxxxx de fait : ou dans la foy mesme en condamnant la grace efficace, ce qui auroit esté une erreur contre la foy. Le premier est incomparablement moins difficile a croire que le dernier, comme on la fait voir plus amplement dans la 2.de partie, et comme il est aisé de le juger en ce que tous les argumens qu’on pouvoit alleguer pour montrer que le respect, et comme il est aisé qu’on doit au Pape, nous doit empescher de supposer qu’il ait mal entendu Jansenius, sont incomparablement plus forts pour nous porter a ne supposer pas qu’il ayt condamné la foy catholque, et par consequent la raison veut que je croye plus le premier que le dernier.
pour ajouster au precedent.
Determiner un certain terme, c’est faire que ce xxxxxxx terme ayt une signification moins estendüe, et que pouvant auparavant siginifier plusieurs choses ou uniquement, ou équivoquement, il viennent à n’en signifier plus qu’une.
Expliquer, c’est developer ce qui convient à une idée, et marquer ses attributs sans changer son estendue, et lasa supposition, c’est a dire sa signification precise, et sans faire que ce terme soit pris pour une autre chose qu’il est pris dans une autre proposition ou il n’est pas joint a cet attribut.
Il y a dex deux sortes de determinations. L’une univoque et l’autre equivoque.
La determination univoque est celle qui se fait en ajoustant a un mot convenant rellement et selon le sens a plusieurs choses un autre terme qui le restraigne, et qu’il fasse qu’il ne siginifie plus qu’une partie de ce qu’il pouvoit signifier auparavant ainsy le mot d’homme pouvant signifier les hommes noirs, et les hommes blancs lorsque l’on dit les hommes blancs on restraint ce terme a ne signifier plus les noirs, mais seulement les blancs.
La Determination d’un mot équivoque qui est celle que j’ay opposée la determination equiunivoque se peut faire en deux manieres selon les deux sortes de mots equivoques.
Car il y a des mots purement equivoques qui signifient differentes choses, et qui ne conservent rien de leur signification ordinaire. ainsy le mot de Canon est purement equivoque à l’egard d’un Canon de Guerre et de l’ordonnance d’un Concile. Ces mots se determinent par la suite du discours, et par les circonstances.
Mais il y a un autre sorte de mots equivoques par erreur et ce sont ceux qui ne signifient reellement qu’une chose et sont appliquez par erreur à des choses differentes ; ainsy le mot de veritable Religion ne signifiant que la seule et unique veritable Religion est expliqué par erreur à autant de fausses religions qu’il y en a dans le monde.
Or cette application estant faite, et supposée, ces mots de veritable Religion en la bouche de ceux qui l’ont faite, signifie cette Religion a la quelle ils l’ont appliquée.
Cette application est une veritable determination, et non pas seulement une explication, car elle change le sens, et la supposition individuelle du mot, auquel cette idée est jointe
Le sens de Jansenius qui est l’opinion de Calvin.
Le sens de Jansenius qui est la grace efficace.
Je dis que ces additions, qui est la grace necessitante, qui est la grace efficace, sont de veritables determinations, parce qu’elles font que ces mots de sens de Jansenius ne sont plus pris que pour cette idée distincte a la quelle ils sont appliquez.
Ainsy le Pape ayant joint necessairement ces mots de sens de Jansenius a une idée distincte il les a veritablement determinéz c’est a dire qu’il a fait que les mots de sens de Jansenius est pris pour cette idée a la quelle il les a appliquez, et si nous la connoissons nous connoissons ce qu’il a entendu par le mot de sens de Jans. et si nous sçavons aussy que ce qu’il la appellé sens de Jansenius n’est pas la grace efficace, nous sçavons que les mots sens de Jans. ne signifient pas la grace efficace dans le sens du Pape, mais quand on le joint a un terme non seulement individuel, mais distinct des attributs, qui luy conviennent, alors ces attributs ne sont plus des determinations parce qu’ils ne changent point l’estre individuel, mais distinct des attributs du sujet, et qu’il ne foiet point qu’il soit pris pour un’autre chose, mais il marquent seulement------cequi luy convient, ce qui s’appelle expliquer.
C’est pourquoy le deffaut comme on doit supposer que le Pape avant que de condamner le sens de Jansenius, a dû premierement avoir l’idée d’un certain dogme individuel, et determiné auquel il a joint premierement la relation de l’autheur de ces dogmes en l’appellant sens de Jansenius et ensuite l’attribut d’heretique, il est clair que ces attributs de cette idée distincte a laquelle il les a appliquez ne sont point des determinations. Sensus Jansenii est hereticus. ne changeant point la supposition individuelle de l’idée distincte ala quelle il les a appliquez ne sont des determinations, mais des explications.
Pour comprendre cela il faut considerer que ces mots de Senus Jansenii signifient rellement et naturellement. id quod Sensit Jansenius. Ce qui enferme un sujet, qui est, Id, et un attribut enfermé dans ces paroles, quod sensit Jansenius. Or ce sujet. Id, n’est pas, et ne peut pas estre un Id indeterminé, et un Id quelconque, mais il faut necessairement que ce soit un Id determiné, et distinctement connu c’est a dire un certain dogme, et par consequent la relation d’estre sens de Jansenius et la qualité d’heretique estant ajoustée a cette idée distincte et ne changeant pas xxxxxxx sa supposition individuelle, c’est a dire ne faisant point qu’elle soit prise pour une autre chose, il s’ensuit que ce sont des explications, et non des determinations.
Ainsy ceux qui prennent le sens de Jansenius sur un tel endroit pour des determinations prennent veritablement pour determination ce qui n’est qu’une explication.
Il faut encore remarquer que quand on dit le sens de Jans. sur un tel endroit, dans une telle page ; ces mots. Sur un tel ⁁endroit sont bien des determinations de la relation a l’autheur enfermée dans les mots. quod sensit Jansenius. mais ne sontOn doit supposer que le jugement du Pape a esté composé de trois connoissances. |
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Un dogme fixe, distinct, determiné, comme la grace necessitante, qui est le sujet de l'heresie. |
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Le Pape a renfermé ces trois choses, dans une seule expression |
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Cet id estant distinct et determiné par luy mesme, ne peut plus estre determiné par autre chose, comme tous les individus clairement connus. |
Le defaut de ceux qui ne comprennent pas cecy, est qu'ils prennent des determinations de la relation ; Quod sensit Jansenius, pour des determinations du sujet, Id.
Secondement, qu'ils prennent l'Id, pour un id confus ; au lieu que c'est un id distinct et clairement connu. Mr Arnauld.
Seconde Partie
Response a quelques objections.
Article premier.
Que l’argument tiré de l'approbation de saint Augustin
est bon, mais qu’il n’est pas fondé sur ce qu'on s’est imaginé//
Comme il n'y a rien de plus important dans l’Ecrit de ces
Messieurs que l’Argument qu'on tire y tire de l’approbation
de St. Augustin on a cru y devoir repondre avec plus de soin.
Je voudrois bien demander a ces mes. en quoy consistait la force de leur argument qui estoit a la venté tres concluant, quand ils disoient : Les Papes et les Conciles ont déclaré que la Doctrine de S.t Augustin sur la grace, et sur la predestination, estoit Catholique. donc cette doctrine de St. Augustin telle qu'elle est en elle mesme et dans ses livres, est Catholique[3], N'estoit ce pas en ce que le mot de doctrine de St. Augustin dans la bouche de ces Papes et de ces Conciles, non seulement ne signifioit, mais ne pouvoit signifier autre chose que la reelle et veritable Doctime de S.t augustin. Car si ce mot eust pû signifier autre chose leur argument estoit vicieux. Qu'eſt-il dont arrivé a cet argument qu'il ne vaille plus rien. Car je m'en vais le faire voir tres vicieux selon les principes mesmes de ces messieurs. Je n'ay qu'a leur dire qu'il est tres certain et démonstré par eux dans leur escrit que ces Papes et ces Conciles lorsqu'ils approuvoient la doctrine de St Augustin, avoient certains dogme en vüe, lesquels ils jugoient catholiques, et attribuoient a S.t Augustin, sçavoir la grace de Priere de M.r le Moine ⁁a un quelque autre dogme mais non aucun de ceux qu'ils attribüent aujourd'huy a S.t Augustin, c'est a dire de ceux qui sont veritablement de luy.
Il y a sujet des s'estonner non seulement qu'on ait pû faire cette demande, mais qu’on ait pû ne prevoir pas la response naturelle que la lumiere du sens commun y fournit d'abord. Cette response est que l'argument qu'on a tiré de l'approbation donnée a la doctrine de St Augustin est tres bon, qu'il n'est rien arrivé a cet argument qui le rende vicieux, et qu'on ne mande pas qu'il le soit, parce qu'il n'est pas appuyé sur le fondement que l'on s'est imaginé. Car il nʼest point vray, comme on le suppose que le fondement de cet argument soit que les mots de doctrine de S.t Augustin dans la bouche des Papes non seulement ne signifioient, mais ne pouvaient signifier autre chose que la reelle et veritable doctrine de S.t Augustin, c’est a dire les dogmes particuliers qu’il a enseignez. Et il est vray au contraire que les mots de Doctrine de Saint Augustin dans la bouche de ceux qui conçoivent quelque dogme distinct, comme ont dû faire ces Papes, signifient precisemant ces dogmes conçus : et que nous ne sommes asseurez qu’il ayent approuvé la veritable doctrine de S.t Augustin quʼa proportion que nous sommes assûrez qu’ils ont connu et entendu la veritable Doctrine doctrine[sic] de S.t Augustin.
Car il est certain que si nous avions sujet de croire que les Papes qui ont approuvé S.t Augustin, nʼeussent pas entendu ses veritables sentimens, nous devrions croire aussy que l’on ne pourroit rien conclure de l’approbation qu’ils ont donnée a sa doctrine, puisqu’il est certain qu’ils n’ont pu approuver que ce qu’il concevoient, et qu’une doctrine nʼont conçue ne peut pas estre approuvée au moins par un juge qui suit sa lumiere et non pas celle d’autruy.
La force donc de cet argument n’est point fondée sur ce que les mots de doctrine de S.t Augustin ne peuvent signifier que sa veritable doctrine, c’est a dire la grace efficarce, car ce fondement est evidemment faux.
Elle n’est point fondée aussi sur ce que les Papes n’ont pû attacher aux mots de doctrine de S.t Augustin une autre idée que celle de la grace efficace et de la predestination gratuite. Car cela est encore faux, qpuisqu’estant hommes il se sont pû tromper, comme M.r le Moyne s’y est trompé, comme tous les Molinistes s’y trompent.
Mais elle est fondée uniquement et precisement sur ce que nous nʼavons
nulle raison de supposer que ces Papes en approuvant la doctrine de S.t
Augustin n’ayent pas conçû distinctement sa veritable doctrine, et que
nous avons au contraire toutes sortes de raison p de supposer de
le contraire. Car il nʼest pas necessaire que celuy qui se peut tromper
se trompe toujours, et il y a mille rencontres ou nous supposons sans
crainte que celuy qui sʼest pû tromper, nʼest pas trompé. Or de
cette supposition juste et necessaire a cette preuve que les Papes ont bien
entendu la doctrine de S.t Augustin, il s’ensuit que nʼy ayant aucune
difference entre la doctrine conçue par ces Papes etont approuvée p
comme de S.t Augustin, est la veritable doctrine de S.t Aug. l’approbation
qu’ils ont donnée a la doctrine de S.t Augustin qu’ils ont conçüe, tombe
Sur la veritable et reelle doctrine de S.t Augustin.
Article 2.
Quand on peut supposer et quand ⁁on ne doit pas
supposer qu’un autheur a esté bien entendu.
L’on objectera peut estre qu’on doit supposer de mesme que les
autres Papes en approuvant ou condamnant un autheur ont toujours
conçu sa veritable doctrine, ou que lʼon ne doit pas le supposer a l’égard
de xxxxxxx l’approbation donnée a S.t Augustin. Mais ce sont deux mauvaises
consequences. Car il est tres faux qu’on les Papes doive toujours
supposer que les Papes en approuvant ou condamnant le sens dʼun autheur
conçoivent sa veritable doctrine. Il nʼy a que des Jesuites qui ayend
ayent droit de resonner de la sorte, puisque cʼest faire le pape infaillible
infaillible dans les faits. Et il est faux aussy qu’on ne doive jamais
supposer qu’ils ne s’y sont pas trompez, puisqu’on peut avoir des raisons
de le faire. Et la verité est qu’on le peut supposer l’ors qu’on a raison, et
qu’on ne le doit pas supposer contre la raison. Car il y a une infinité
de gens choses qu’on peut faire avec raison et quʼon ne peut pas faire
sans raison. On peut accuser un acte et mesme un Concile de faussetté avec
raison et on ne le peut pas faire sans raison, et ce seroit tres mal conclure
de tirer cette consequence : M.r de Launoy accuse de fausseté le
privilege de S.t Modard. Les Sçavants rejettent le Concile de
comme faux, donc il est permis dʼaccuser de mesme des fausseté tous les
privileges et tous les Conciles. Il est evident que cʼest mal raisonner et
cependant ce seroit tomber dans le mesme deffaut que de conclure que s’il
est permis de dire permis qu’un Pape en condammant le sens dʼun autheur
nʼa pas entendu son veritable sens, on pourra dire le mesme de tous les
autres autheurs condamnez, puisqu’on nʼa pas a l’egard de tous les
mesmes raisons. Ainsy l’on peut prendre pour principes et pour regles
dans cette matiere particuliere ces deux maximes. On a raison de supposer
que le Pape ne sʼest pas trompé dans lʼintelligence dʼun autheur qu’il
condamne ou qu’il approuve quand il est certain ou plus vray semblable
selon toutes les circonstances quʼil ne si est pas trompé. Et l’on a raison
au contraire de supposer qu’il s’y est trompé, quand il est certain ou plus
vray semblable, toutes les circonstances considerées quʼil s’y est trompé : et
ces deux regles sont fondées sur ce principe unique, qui est la regle
de tous les jugemens humains, que l’esprit sait toujours dans ses jugemens
ce qui luy paroist plus vray semblable. voicy quelque cas et quelq. exemple
de ces regles.
Quand un autheur est si clair qu’a moins que dʼavoir perdu lʼesprit il est impossible de ne pas entendre son sentiment, on doit supposer que celuy qui l’approuve ou qui le condamme approuve son veritable sentiment, parce qu’il est moralement certain qu’il l’entend et le conçoit. Ainſy comme il est impossible de lire le livre des Preadamistes sans reconnoistre qu’il enseigne qu’il y avoit des hommes avant Adam, si le Pape avoit condamné lʼopinion de cet autheur sans l’expliquer, on devroit conclure certainement qu’il a condamné sa veritable opinion, parce qu’il estoit impossible de ne pas concevoir sa veritable opinion ; et quʼainſy on ne peut mettre de difference entre l’opinion conçüe et l’opinion veritable.
Ce genre comprend la plus part des heresies, parce qu’elles sont d’ordinaire si clairement exprimées par leurs autheurs qu’il est moralement impossible de les expliquer en diverses manieres, et ainſy quand le Pape se seroit contenté de condamner l’erreur de Calvin touchant la transusbtantiation, on devroit croire qu’il auroit condamné sa veritable doctrine, parce qu’il seroit moralement impossible quʼil en eust concû une autre que la veritable.
C’est pourquoy c’est une consequence peu raisonnable que celle qu’on tire dans l’esprit ; que s’il est permis en quelque rencontre de distinguer entre les Dogmes que le Pape a conçûe estre dʼun autheur et le veritable dogme de cet autheur, et de pretendre qu’en condamnant le sens de cet autheur il nʼa pas condamné son veritable sens, il n’y a aura plus rien de certain dans lʼEglise et que nous ne serons jamais assûrez que la doctrine veritable dʼun autheur soit condamnée. Cette consequence est dis je peu raiſonnable, parce que dans la plus part des autheurs il n’y a aucun lieu de supposer que celuy qui les a condamnez n’ait pas entendu leurs veritables sentimens.
2. Quand un autheur qui nʼest pas en ce degré declareé mais qui a neanmoins suffisamment exprimé ses veritables sentimens, est examiné de bonne foy par un ⁁homme intelligent et que nulle raison particulière ne nous oblige de le soupàonner de s’estre trompé dans cet examen. Comme il est plus vray semblable qu’il ne s’y est pas trompé on a raiſon de supposer et de conclure ensuite qu’en
approuvant ou condammant la doctrine de cet autheur, il a approuve
ou condamne sa veritable doctrine.
Si S.t Augusin nʼest pas si exempt d’obscurité qu’il soit impossible de s’y tromper dans l’intelligence de sa doctrine, on peut dire au moins qu’il est dans ce second degré de clarté, et que sa doctrine est assez intelligible pour estre entendüe sans peine dans ses maximes capitales par des personnes non preocupées et mediocrement intelligentes. C’est pourquoy il a esté entendu uniformement de la mesme sorte jusqu’a ces demniers temps par tous ceux qui font proffession de suivre sa doctrine et Molina masme estant de meilleure fois que les autres, a jugé qu’il estoit plus sincere de l’abandonner ouvertement que de pretendre qu’il luy estoit favorable Les remonstrans et les Lutheriens d’appresent qui combattent sa doctrine sur la Presdestination et sur la grace l’expliquant de la mesme sorte que les contreremonstrans sur ces deux point. on a donc raison de supposer que sa doctrine a esté bien entendüe par [Celestin] & par les autres Papes, qui avoient assez de lumiere pour l’entendre.
D’ailleurs la conformité des expressions de ces Papes et de leur doctrine avec celle de S.t Augustin est une preuve qu’ils l’entendoient veritablement, et il ny a nulle raison de les soupçonner d’erreur de fait personne ne les en ayant jamais accuséz.
Il s’ensuit que supposant avec raison qu’ils ont bien entendu saint Augustin, leur approbation tombe sur la veritable doctrine de S.t Augustin.
Mais dit’on, Saint Augustin ayant esté expliqué diversement dés ce temps la mesme et plusieurs luy ayant attribué de opinions tres odieuses, on ne sçaura point si les Papes ont approuvé sa doctrine ou ces fausses opinions qui luy ont esté attribuées ; puisqu’on ne sçait ce qu’ils on pensé et que c’est par leur pensées qu’on veut que l’ont juge de leurs jugemens.
Ceux qui font cette objection ne considerent pas que ceux qui expliquoient ainsy d’une maniere odieuse la doctrine de S.t Augustin estoient des Semipelagiens qui la rejettoient en mesme temps, et que nul deffenseur de ce saint ne la jamais expliquée de cette sorte, comme il paroist par les refutation que S.t Prosper fait de ces calomnies. Et ainsy ces Papes s’estant joints avec les deffenseurs de S.t Augustin contre les Semipelagiens, il est sans apparence de pretendre qu’ils ayent expliqué S.t Augustin comme les Semipelagiens qu’ils condamnoient et qu’ils ne l’ayant pas pris au sens auquel il estoit expliqué par ceux qui le deffendoient, dont ils embrassoient la protection. C’est pourquoy comme nous n’avons nul sujet le croire qu’ils l’ayent malentendu il s’ensuit que nous devons juger qu’ils l’ont bien entendu. voila des Cas ou l’on doit certainement supposer que l’autheur a esté bien entendu, et qu’ainsy la condamnation de la doctrine conçue tombe sur la veritable doctrine : Et l’on peut mesme dire generalement que la presomption est pour le juge a moins qu’on ne prouve qu’ils s’est trompé, parce qu’il est plus ordinaire qu’on entende bien un autheur que non pas qu’on l’entende mal.
May il y a des preuves et des raisons au contraire qui nous fassent juger qu’il est certain ou plus vray semblable que la doctrine d’un livre a esté mal entendue & prise en un sens different du veritable, alors malgré qu’on en ait il ⁁est impossible que ne conclüe que l’aprobation ou l’improbation que le Pape en fait ne tombe point sur la doctrine veritable mais sur la Doctrine conçüe et présumée veritable.
Il y a diverses sortes de preuves qui nous assûrent de cette erreur, comme si le Pape à exprimé luy mesme le sens qu’il pretend y condamner ou celuy quʼil ne veut pas condamner. Car alors l’expression de ce sens nous faisant voir clairement ce qu’il a pensé, nous sommes assûrez que c’est ce qu’il a condamné et que la condamnation ne tombe que sur ce dogme qu’il a exempté de condamnation.
2. Si la supposition que le Pape a bien conçu lôpinion d’en autheur engagé dans quelque absurdité incroyable et qu’on ne puisse attribuer raisonnablement au Pape, on juge encore necessairement qu’il s’est trompé dans le fait.
Par exemple l’inquisition de Rome a condamné un certain livre de Tritheme intitulé : Steganografie comme un livre de magie ; Il se trouve neantmoins que ce livre ne contient que l’art de dechiffrer et d’escrire en chiffre : que conclut’on de la que l’inquisition a condamné de magie la veritable matiere de ce livre, nullement, mais que ne l’ayant par entenduë elle ⁁a cru par erreur qu’il y estoit parlé de magie, ce qui n’est point.
Le mesme Tritheme approuve la Doctrine du livre de Ratramne de lʼEucharistie, qui est heretique selon l’opinion de plusieurs Théologiens Cathôques. Ceux mesmes qui le croyent heretique concluënt-ils de la que Tritheme a approuve l’heresie contre la transubtantiation qui paroist estre contenüe dans cet autheur ? personne ne la jamais fait, la foy de Tritheme estant d’ailleurs trop certaine pour pouvoir estre rendüe suspecte par cette approbation par cette approbation, et l’on conclut simplement qu’il ne la pas seulement effectivement bien conçue. Calvin est accusé par
Genebrard d’avoir erré sur le sujet de la Trinité : Bellarmin l’en deffend et soutient qu’il nʼa eu que la mesme foy que l’Eglise Catholique sur ce sujet. Supposant que l’opinion de Bellarmin soit la véritable comme elle l’est en effet, et que neantmoins un Pape prevenux des sentimens de Genebrard condamne la doctrine de Calvin sur la Trinité sans s’expliquer : dira t’on pour cela que ce Pape soit Arrien & qu’il ait condamné la Trinité ? personne ne formeroit ce jugement, et lʼon concleüroit seulement qu’il a mal entendu Calvin. Car la veritable doctrine de Calvin sur la Trinité n’est
point en effet differente de celle de l’Eglise. Mais comme il seroit certain que le Pape en condamnant la doctrine de Calvin seroit ou heretique Arrien s’il avoit bien entendue, ou seroit tombé dans une erreur de fait, s’il avoit mal entendu ; il est impossible que l’esprit ayant a choisir de ces deux opinions, ne juge qu’il seroit infiniment plus vray semblable que ce Pape n’eust pas entendu Calvin que non pas que faisant toujours proffession de croire la Trinité il l’ait condamnée par une bulle. Et ainsy il concluëra malgré qu’il en ait que le Pape n’a point condamné la veritable doctrine de Calvin, mais celle qu’il a presumée et concüe comme de Calvin, quoy qu’elle n’en fust pas.
Et il ne serviroit de rien de dire qu’il pourroit estre qu’il fut devenu Arrien. Car on ne se regle pas sur ce qui peut estre mais sur ce qui est, et l’on juge qu’une chose est, lorsqu’il est bien plus vray semblable quelle est que non pas quelle ne soit pas. Il pouvoit estre que celuy qui disoit que le Parlement estoit plein d’hemispheres du Mazarim, s’imaginast en effet par un egarement d’esprit que le Parlement estoit plein de motiez de spheres appartenantes au Cardinal, mais parce qu’il estoit infiniment plus probable qu’il abusoit de ce mot et qu’il ne conçevoit par la que des Emissaires, tout le monde le jugea ainsy et personne ne s’arresta à cette autre pensée rediculement possible.
Mais pour revenir à nostre sujet, il est evident par cet exemple que lorsque tout consideré il est plus vraysemblable que le Pape s’est trompé dans le fait que non pas qu’il ne s’y soit pas trompé ; xalors son approbation ou sa condamnation ne tombe point sur la doctrine veritable, mais sur la doctrine presumée veritable. C’est pourquoy je demeure d’accord que s’il que s’il s’estoit rencontré dans l’approbation de la dochine de S.t Augustin les circonstances suivantes on ne pourroit pas conclure que les Papes eussent approuvé sa veritable doctrine.
Si l’EglisE avoit esté divisée dans l’intelligence de S.t Augustin, et
qu'un grand nombre de Catholiques eussent soutenu qu'il n'avoit jamais enseigné la grace efficace, ni la Predestination gratuite. 2. Si ceux qui ont solicité cette approbation avoi⁁ent declaré par escrit qu'il prioient le Pape d'approuver la doctrine de S.t Augustin mais qui n'avoient garde de luy demander qu'il approuvast la doctrine de la grace efficace et de la predestination grad gratuitte, parce que c'est une chose toute differente et que ce n'estoit point de cette doctrine qu'ils demandoient l'approbation. 3. S'il eust esté facile de se tromper dans l'intelligence de S.t Augustin et de prendre une autre opinion que la sienne. 4. S’il estoit certain que Celestin par exemple ne se fust engagé dans l'examen de la doctrine de S.t Augustin qu'avec un dessein formé de n'approuver pas la doctrine de la grace efficace et de la predestination gratuitte s’il l’y rencontroit.
5. Si les accusateurs de la grace efficace avoient xxxxxxx protesté de persister toujours a la condamner Si le Pape ne l'approuvoit en propres termes, et que le Pape ne l'eut point fait, mais qu'il eut reçeu avec honneur les accusateurs de cette grace. Si ce Pape en approuvant la doctrine de S.t Augustin avxx ⁁oit declaré a plusieurs personnes et mesme a
das mbassadaux de Roys qu'il n'avoit point pretendur la ce prouver
par la la grace afficace ny la predessination graticte7. Sil avoit
fait un decret ou il eust dit qu'il n'avoit pretendu decider par la la
queston si la grace estoit affoacé par elle mesme ou si elle ne l'estoit pas
ny si la predestination estoit grasutte ou non8 Si Saint Prosper
et les autres deffenseurs de St. Augastin avoient reconnu par escrit
qu'ils ne pretendoient paint par la que la grace afficace fust
approuvée et s'ils avoient fait aux masmes cet argemant la dochine
de St Augustin est approuvée, la grace efficace n'est pas approuvée
dont la grace effeace n'est pas la dochine de St. Augustin
9. Si toute l'Eglise ayant paceu sans diffculté le decret de Celestin
et l'ayant sousent on y eutt fait une profession libre et publique
de n'approuver point la grace efficace et de ne la tenir point pour
orthodoce. 10. Sil y eust au 6. ordres entrers declarez contre cette
grace et qui reçeissant neantoins le decvet de Celestin, et croyant
l'entondre selon son veritable sous
si toutes ces circonstances sestrient rencontrées dans l'approbation
de la dochine de St. Augustin, tant s'en faut que je crusse qu'on
aus droit d'en conclure quelle tombe sur la veritable doctine de ce
Pere, que je croy qu'on auroit mont monstré
de monshrattrement quelle n'y tombe point
r toutes ces circonstances qui ne se sont point rencontréez dans lʼapprobation de la dochine de St Augustin se sont en effat touvoes.
dans le condamnation du sens de Pansenius comme il est faiile dʼen faive lʼapplication.
Le Sons de Pansenius estoit en affet interpresté diversement car il estot represente.
par ses acusatours sous des termes heretiques, comme il paroist partout les liores
faits devant les constitutions, et particuliorement par ceux Ju Pera Anat.
de incoacta libertate: Informatio de quinque propositionibus Tansenius a
Thomistis damnatus, et il estoit a la verité expliqué par les deffenseurs
d’une maniere Catholique, mais comme il ne croyorent pas qu’il sagit
de l’intelligence de Sansenius, mais seulement du fond das matieres, il ett
cortain qu’avant les conxtitutions ils se sont pece mis en poine de Pustiffiar
ce sens veritable de Tansenius. Ainps les mauvais sons attribuez ce
Tansoniues comme celey de la grai necessitante, estoient peu connus.
tant parce qu’il avoit plus d’advervaires que de deffenseurs, que parce que
ces adversaires attaquoient plus Pansenius que ses amis ne le deffendoient.
Z.Las acusateurs de Tansonius en demandant au Pape la
condamnation du sons de Pansenius, ont protesté quʼils nʼentendoient point
par lʼà demander qu’on condammast la grau efficace et lʼont protesté
non pas en secret mais en publie et dans des lioves imprimez. Ces
liores du Pere Anat que jʼay marquéz cy dessus ayant este distribuel
a Rome par Mr Halier et ses Colleque en son nom, et comme
contenant les moyens et la substance de leur demande.
Lexamen des propositions nʼ esté entrepris que sur vne protestation
formolle des aeccusateurs de Tansenias qu’ils n’entendoient point par la
engagét le Pape dans l’oxamen de la question, Be Auscitiis, agitée
sous Clement 8. et Paul 5r et sur one Declaration formolle de ce Pape
qu’ilne prétendoient point toucher a tout ce qui uvoit esté laisse indecit
par ces deux Papar.
I n’estoit pas si difficille de se tromper dans l’intelligente de
Pansenius que l’on pounoist peut eshe ponser. Ce qui oient de ce o
que tansemius sartant seroi des exprestions das Peres, et estant jugé
par des scolastiques il a pû facilement ettre entendu selon l’intelligence
ſcolastique des tormes dont il sʼost soroi, qui est dovenüe la plus commune
dans l’Eglise. Or il ast certain que les mesmes exprestions d’ʼimpostibilite
de resistance, &le. qui sont orthodoxers dans le sons des Peres estaut
entendués scolastiquement contiennent des sens heretiques, le langage
des Theologiens ayant changé, ce qui ne seroit pas difficile de
faire voir en daita detail.
Le Pape Innocent a declare plusiourt fois de vive voire
tant au doctours deputez qu’aux Pesuter, aux Dominicams et
mesme a M. l’Ambassadeur de France pour le mander a la Courqu’il n’ʼontendoit poit condammer la grace efficaec; et ce mot ne pouvoit
estre ambigu dans sa bouche, parce qu’il avoi esté tellement informe de
ce qu’on appelloit la dochine de la grace efficau ayant este Jeune à
Rome duvant les Congregations de Auailijs, et cyant au duvant son
Tonsifigat les oreilles battües de ce mot par les Dominicains et par
vne infinité d’ʼautres parsonnes qui y prronoient interest, qu’il est
impossibla qu’il entendit autre chose que la Oochine das Bominiquains
que l’on sçait ethe drvisez sur ce sujet avec les tesuitas, et qu’il
vist bion quʼon le prendrait en ce masme sans.
Ce mesme Pape a renvoyé avec eoge les Docteurs qud avoient
soutenc la grace efficace sans leur tesmoigner par la moindre 4
parole qu’il avoit trouva ce redire a leur sentiment; et quoy et
qu’ils eussont potasté en sa presence de soutenir toujours le mesme
sens qu’ils avoient soutenu devant luy: s’il n’est condamné par
Ja saintete en termes formeds.
Le mesme Pape Innocent R. aetesmoigné par vn dacvet.
particulier qui n’est pas vn simple partieutier decret de l’indax,
mais on decret de toute l’inquisition et qui commence par son nom
que sa constitution laisse indecises toutas les questions de Auxilijt
agitees sous Clement 2r et Paul G. or on ne peut suppoter avcc
la moindre vray semblance que ce Papa ne speust pas que la
grinciſsale et presque l’onique question agitée sous llement d.
estoit ſi la grace efficaie par elle mesme estoit necetsaire ce toute.
action de mate.
Le Pape Aloxandre 7. le plus attûré tesmoint de l’intention
de son Predecesseurt, dans le Bréf quʼil adrette a l’onversité de Sanvain
qu’il sçait tenir la Doctrine de la grace afficace, lex dit qualle
ne sçauvoit mieux faire que de soustenir les dogmes De Sr Augastin
et da St Thomas, qu’il appelle tutistima Sanissimag; dogmata. Or Si
les dogmes de St Augustin sont equivoques ae causa des chicanerios
dont en tasche de les obseuriir, ceux de St Thomas ne le sont pas
et on ne leux attribue rion dans l’Egliſe que la Dochine de la gran
efficace, ainsy cette approbation somte sur la veritable dochine de
1t. Thomar.
Pas Jesuites et les autres accusatours de Pansennies ont
reconnce plusieurs fois par des lioves imprimez qu’ʼils ne pretendoient
point que la graie afficace fust condamnée par les constitutions oy
et cost du Pere Anat qui est la regle du sentiment des sesuites
qu’on a tiré cet cergument. Le sans da Pansenius est comdamné,
la grace afficace n'est pas condamnée, donc la grav estiace n'est pas le sens da Tansenius.
Les Evasques du Sourre et de la deriere aſtemblée qui ont esté les.
autheurs de lu condamnation du sons de Tansenius, et das propostions ausens.
8e Sansenius disent dans leur relation que ce sons de Tansenius quʼils condamnent
etoit inconne a toutes les Ecdles Catholiques avant sansenius et Bajus. Or il est
impostible de supposer qu’ils ayont este ignorans jus qu’au peget que de ne pas
scavour qu’il ny a non de plus commun dans les écoles que la Dochine de la
grace afficace. Bone ce n’éstoit point celle dochine des la grau effience qu’ils
entandoiont sous le nom de dandeon sans de Pansenius.
Depuis les Constituons et la condamnation pullique du sons de Tansenius il a
toujours este permis de Sousteniir librement la doctrine veritable de la grace efficace
necessaire à toute bonne action, comme n’estant point condamnée, ala veüe des
Eesques et du Pape. Plusieurs ordres entiers, comme celux das Dominicains
celux das Carmes, celuy des Minimes, celeux des Augustins sont obliget par
ſtatuts de l’enseigner et l’ʼanseignent effectivement. Trois autres ordres.
Sçavoir celuy des Chanoines Reguliars, celus des Peres de l’oratoire, et les
Bonediltins reformez l’enseignent prèsque generalement par inelination.
Done lʼon ne doit pas juger que les Papes et les Exasques qui le voyant
et qui le sçavent, et qui authanrisent tous les jours par leur présence les.
actes ou l’ʼon la soutient, en obligeant en mesme temps de condamner
le sens de Jansonius entendant sous ces mors la dochine de la graie
en la maniere qu’elle est soustaniie par ces Theologiens.
Arriele p.
Que ces prouves non soulement son bonnes, mais quʼilles
Vons de monstratives.
as Messieurs declaront sur toutes ces preuses quʼils nʼont jamais
pien vie de plus foible, &l l’an pretand au contraire quʼelles sont concluantes
et qu’on ne les peut mar sans rensarser les
principes du sons commans.
onue
Cost nostre Differant et pour l’éclairciru faire voir ce que lʼon pretondo
et que lʼon a peut ethe pas tant de tort quʼils simaginent de donner a ces.
preuves le nom de Demonstration. Il faut remarquer.
Quil ya des chores ou les raisons ne laissent pas dʼishe de sonstratives
encore qu’on ne monste pas demonstrativement la vonté du faitt du sujet
parce que l’on nʼentreprend dʼen monsher que vne trop grande vray &
tmblance, et si cette avray semblance saffit pour le Dessein qu’ʼon a omaura
demonstrénce quʼon pretendoit.
Un Exemple celaiveira ceque je veux dire
Dne Dame attachéé a la vie ayant oûy dire que quelques parsonnes
avoient esté avablées par la chulte dʼun plancher ne vouloit plus entrer duns aveune maiſont sans l’axoir ſait coisiter, celux qui ayant antrepiis e
de la querir de cetta imagination se seroit efforcé de monsher que cet
ceccidlent estoit impostible, nʼauvoit jamais reutté dans ce dassein, parce qu'il ast
en affet possible. Mais Si on entreprend de monther prouver qu’il n'ast
pas oray semblable que celu anine et que pranant on principe plus à
General, on luy farte voir quʼil ne fat pas regler des actions et sa vie par
la crainte des accidenf qui pouvant amver aniveut st ravement, et qui la
poine quelle so donne est on plus grand mal que le ne le pout athe le
hazard J’un qecident Lextraordinaire; on conclura demonstrativement &
glancore qque cet accilent toit postible, il n’est nullement oray semblable,
et quʼelle doit agir comme Pʼil nʼestoit pas portible et ne sʼau mettre
nullement on paire.
Il en est de mesme dans le sujet dont il sagit. Car t onrecherchant
le sons des paroles dʼone porsonne, et taschant de penetrer ce quʼilla voulu dire
nous ne voulions point recevoir de preuves my former de Pugemend qui
ne fust certainsnous ne jugerions jamais de nien, et nous nʼaurions c
jamais avene cssurance que ceux qui nous parlent ayeut dans le caur
ce quʼil expriment, quis paisque je puis faire cent Hippothesa methaphisiques
qqui dastruiront cette certitude. Et ainfx il est avident qu’il faut finer nos-
jugemens ala plus graude oray semblance et aroire et juger qu’one personne
a au dans l’ésprit ac qu’il nous paroist plus probablement qu’il a ou on
considerant toutes les cerconstances. De sorte quʼl faut interpreter ses
paroles non par sa semple pansae, peiesque nous ne la connoissont.
pas en elle mesme nuy par les simples paroles, puisque celta regle
nous homporoit ex beaucoup de rencantres, mais par toutes les marques
que nous en avons de sapensée.
IL sonsuit de la que le sans qu’on doit donner aux paroles à
d’one bulle faite par le Pape et acceptée par l’Eglise est sans daute
le sans quʼil est plus vray semblable que le Pape a eu et que l’Egtite a
ceccepté l’authonte et le sons des bulles dependant l’on de l’ʼautré. Ainfs
Si tout considere il est plus orax semblable que le Pape en faisant sa
bulle a voulu en farmer et a crû enfermer la graie afficaie sous les
mest de sons de Gansonius, et que lʼEglise en la recevant ait compoit
la mesme dactrine sous ces mots, il est indubitable qu’an deorait aroire
que cʼest la sons de cette bulle, et qu’en la Lignant anſigneroit la
condemnation decette doctrine. Mais sil est au contraire plus orax
semblable que le Pape nʼa pas crée que le sons de Pansenies fust
la grau officaie, et que la plus grande partie de lʼlghse ne croit pas-
que ce soit ce qui est condamne par la Balle, il est cortair et c
indubitable qu’on doit aroire que cette dochine ny ost pas enfarmée
et qu’ainfx en signant le formulaire et les constitutions quand aux
dagmes on ne condamne point la graie effioair. Or je ne croy pas qu’on puisse de savouer sincerement que les
heuves allaguées ne suffisent pour monstrer qu'il est au moins beaucoup
plus vray samblable, et mesme moralement cestain que les Capes
et l'Eglise n'ont point en fermé la grace afficace sous les mots de sens de Vanveniis
Donc en doit frocer son jugement a celu, et croire que ce n'est pas le sens qu'on
doit donner aux constitutions qui sa doivent toujours expliqués au ser qui
paroist estre le plus probablement celuy du Capa et de l'Eglise
Et par la il est visille qu'il ne sert de rien d'alleguer qu'il se peut faire
qu'il soit autrement, et que les Capes ayent condamné en effet la grace
efficaur, quoy qu'ils ayent dit du bouche et protessé par éscrit qu'ils ne
la condamnêt pas, parce qu’ils sont faillibles et pouvant estre maschant
qu'ils se peut faire aussy que les Evesques et mesme les Thaologieas
condamnent en effet la grace affcac par prevarication, et cependant la
declarent orthodoue par un autre motif. Toutes ces hypotheses ne
destruisent par la demonstration precedente parce qu'elles ne font pas
qu'il ne soit infiniment plus ceray semblable que le Capa niait pas
condamné la dochine de Pansenices en luy attribuant un autre sons que
celuy de la grace afficau, et que les Evesques ne l'ayant condamné da
la mesme sortie que non pas que le Cape soit fourle menteur, impie
en declarant en tant des manieres qu'il ne condamne point la grace
afficace, et en souffrant qu'on soustienne par tout ce qu'il auroit
condamne veritablement, et que l'Eglisa ne soit plus composée de
que de prévaricateurs qui approuvent et condamnent le mesme doque
la mesme doctrine contre leurs consoience et qui est centraire a sa saintete
Nulle venté de fait n'est a l'épreuve des hipotheses methaphitiques
et si l'on ne recvoit que celles qui ne peusant êttre combatues de cette
sorta il n'en faudroit recevoir aucune, mais dest une venté méthaphitiquent
certaine que l'on ne doit point regler ses jugemens et sas opistions sur
ces hipotheses, parce qu'elles ne destruitent point la plus grande vray
semblance necessaire pour entendre les paroles et les sens des hommes
et ainsy pour estre certainement obligé de juger que la grace efficac
n'est point condamnée par la Bulle du Sape, il sufit que toutes choses
considerées il soit plus infinimant plus vray semblable que le Papa &
l'Eglise n'ont point intention de la condamner.
Article. 5
Response a quelques auches objections
à cette objection
Letenduë de cettetion response donnera la libarte
d'estre plus court sur quelques acches qu'on a dessein de
refuter en passant.
objection
Encore qu'an puisse demourer davond de ces que tautheur conteut dans cette
quatresue masima que le Papa a attribué la qualité d'haratique a une cartaine
dochine qu'il a jugé athe de Sanseniad, il ne s'ensait nullement qu'il ait pansé
une autre dochine que la vertable dactrine de sanseniur; toute la raison qu'on
en apporte c'est que ce sent faire fort au Capa
Response.
Ce que l'on avcorde ioy en passant mune presque toutes les pretentions de
ces matheurs. Car si c'est a on dogme particulier que le Pape à attritué la
qualité d'heretique, donc la proposition Lapale toute entiere est Cette dochine
particuliere qui est de Jansonices est heretique. Or dans cette proposition il y a
un fait nastement empliqué esprime sçavoir que cette certaine Dochine de
est de Sanseniier
9. Il est visible que dans cette proposition c'est cette certaine dochine qui
de temme le sens de sansevivr a estre horetique, puisque cette dochine n'est
pas horatique parce qu'elle est de dansemies, mais que le sans de Sanvenics
ne peut estre peretique que parce qu'il est le mesme que cette Dochine heretique
Ce qu'on adjouste, qu'il n'est pas permis de croire que le Pape ait
pensé un autre sent que le veritable est desja refuté car il n’est pas permis
de le ponser sans raison et il est necessaire de le penser st on a raison de
le penser, ce qu'on a prouvé.
Ce qu'on dit ensuite qu'one mettra les Papes dans une impostibilité
absolue de na condamner jamais la doctrine d'aucun autheur ne peut avoir
de sens raisonnable, Car si par la dochine d'on autheur on antond sa
veritable dachine distfinctement connüë, c'est a dire par exemple la non
transulstantiation, qui est la doctine de Caloin, il n'y a rien de plus possible
que de la condamner en cette maniere en l'exprimant Car il n'y a qu'a
dines que l'on condamne la non transubtantiation; et quand ils font des
Condamnations de cette serte ils condamneet la veritable dochine du autheurs,
supposez que les autheurs l'ayant ventablement enseignée, soit qu'ils l'attribuent
a ces autheurs, soit qu'il ne la leur attribuent pas. Car comme on ne
Condamne pas en affet la veritable docbine don autheur lorsqu'il n'a pas
veritablement au seigné ce qu'on luy empute en condamne aussy sa ventable
dachine quand on condamne ce qu'il a voutablement enseigné, quand mesme
on ne la luy imputeroit pas.
Que si l'ost avoulu dire que les Papes servient dans une impossibilité
abolué de faire voir que la dochine qu'ils condamnent est veritablement d'on
authour. On ne s'oloignera pas moins de la venité. Car il y a tant
d'apinions qui sont claire et qu'on ne peut douser oshre des autheurs que
l'ovidonce humaine suffit pour consaince tout le monde qu'elles sont de ces
aucheur
autheurs et que le Pepa a eu raison de le
e attribuer. C'est pourquoy
je suis assuré que si je dit que je condaiint
enseigne qu'il y a de
hommes avant Abam, enseignee par on cestain autheur de ce temps, encore
que je ne soit pas Pape, je persuaderay ces masheurs que je condamnea
varitable Dochine
Et mesme quand il n'enprimaroit pas ce dogme et qu’il condaumant
simplement le sens d'un autheur sans l'expliquer, La condamnation tomberoit
presque toujours sur le sent rentable, les cisconstances qui obligent de disfinguer
entre la sens congu, et le sens venitable astant assez pares
C'est pourquoy il n'est pas diffeile comme ils disent de simaginer,
cette voye par laquelle les Capos peuvent mettre en repos les fidelles sur
la doctrine de chaque autheur: Car il n'ont qu'a exprimer clairement cetta
dootine comme fit le Pape Arigie en condamnant Theedores de Moptoeste
determinant dans alaque article le seus auquel i le condamnoit. Car le
ce sons est clairement dans cet autheur, les filelles seront en repos et
ne douteront ny de fait ny du droit, et sil n'y est pas ils se mettront
encore en vepos par une autre raison; c'est qu'il leur est hras peu important
des l sçavoir. Mais il est vray qu'il est difficile de simaginer qu'elle veue
on a pû avoir dans cette enaggeration surprenante qu'on adjoute en suite:
J’oserois dire que jamais il ne s'est fait une sentence ny une condamnation
plus claire, plus neste, plus presois, plus exprasse, plus decisire, plus
contrabitoire, plus arrestée, plus exprimée et plus etandüe que la
condamnation de banseniur, et du sa dochine. En vente on aust pas dire
plus simplement une chose qui paroistrandemment fausse.
Pour faire voir a ces Masheurs qu'il y a de l'avez dans leurs paroles
il ny a qu'a leur demander pourquoy donc dans le commencement de
la 18. lettre on a dit cuux en propres tennes. Jl vous convenielle de
part et d'autre du sens de Jantenies, et que vous ne futhet plus on
differant que de sçavoir si ce sens est heratique ou nor a l'ons les
jugement qui declareroient que ce sens est heretique toucheroient ce qui
est veritablement en question, mais la grande dispute astant de sçavoir quel
ast ct sons de Jansenus, les on disant qu'ils ny voyent que le sens de
St Augustin et de St. Thomas, et les autres qu'ils en voyant un qui
est heretique et qu'ils n’expriment pas. Il est alair qu'une constitution
qui ne dit pas un mot touchante ce differant et qui ne fait gere condamner
en general le sens de Sansentrs, ne decide rien de ce qui est en disputa
Comment une Constitution qui ne dueidaita lors rien de ce qui assaton
dispute est elle devancie depuis la plus de listre et la plus contrabiatoire
que l'on peusse marquer
Il n'y a encore qu'a leur demander s'ils croyent que si le fape
avoit fait une bulle ou il y ecet en propres termer. sa condamne la
grace officace non necessitante soudancie par dantenier, Si cette bulle Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/130 Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/131 Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/132 Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/133 Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/134 Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/135 Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/136 Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/137 Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/138 Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/139 Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/140 Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/141 Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/142 Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/143 Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/144 Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/145 Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/146 Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/147
- ↑ pour prouver qu’on ne condamne point la grace efficace en condamnant le sens de Jansenius,
- ↑ + Elle est calomnieuse contre le Pape et les Evesques a qui elle impose de condamner la grace efficace contre la protestation qu'ils en font.
- ↑ quoyqu'en ce tempsla elle fust aussy diversement et bien plus odieusement expliquée par plus de personnes que n'estoit le sens de Janseninus lorsque les Papes l’ont condamné.