Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris/Mariano

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CIMETIÈRE DE VAUGIRARD.


TOMBEAU DE MARIANO.


À la droite du spectateur du tombeau de Zélia, et tout près, on en voit un autre, dont la structure est à peu près la même, et qui n’en est séparé que par le même treillage. Ce monument est bien exécuté. Le petit jardin est bien entretenu. Il est planté d’arbustes verts, et le saule pleureur de Zélia y étend même ses rameaux et son ombre. Un treillage, avec tout ce qui l’entoure, est soigné par un ami intime de Mariano, et peut-être l’amant de sa sœur, que, dans son cœur, il avait choisie pour épouse. Je l’ai vu souvent orner ce tombeau de couronnes, et le jardin de fleurs. Comme sculpteur, c’est lui qui a fait la sculpture et ériger ce monument à la mémoire de trois personnes qui lui étaient chères. Il m’a dit que, si jamais la fortune lui était favorable, et lui permettait un jour de se retirer à la campagne, il transporterait avec lui les cendres de ses amis, pour leur élever un monument pittoresque, digne expression de l’amitié tendre qu’il avait pour eux.

On lit sur l’urne :

Ils sont réunis
Pour l’éternité.


sur le socle :

À l’amitié !


sur le même socle, à gauche :

À l’innocence !


et sur la droite :

À la beauté !

Sur le grand socle qui supporte l’urne, on lit :

Santi-Giosi, dit MARIANO,
Agé de 22 ans,
Talcétateur romain.

à gauche, sur le même socle :

J. B. S. Jules MUNERET,
Agé de 7 ans,
Neveu de Mariano,
Fils de M. Muneret,
Peintre en miniature.

et à droite, sur le même socle :

M. H. Fortunée GIOSI,
Agée de 16 ans,
Née à Rome,
Sœur de Mariano.

Sur la table saillante en marbre, on lit :

Ames sensibles,
Versez une larme sur cette tombe :
Elle renferme les corps
De trois infortunés,
Asphixiés par la vapeur du charbon.
Cet événement funeste
Arriva le 19 octobre 1813,
Et laissa dans l’abandon
Et la plus profonde douleur
Une mère et deux sœurs
Dont Mariano était le soutien
Et faisait la félicité.
Ses vertus et ses rares talens
L’avaient rendu cher
A ses camarades d’atelier
Du musée Napoléon,
Et du musée des Monumens français,
Qui lui ont érigé,
Ainsi qu’à son aimable sœur
Et à son malheureux neveu,
Ce monument
Faible marque de leur éternel souvenir.