Recueil des lettres missives de Henri IV/1577/Vers la mi-avril ― À monsieur de Sainct Genyes

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[1577. — vers la mi-avril.]

Cop. – Arch. de famille de M. le baron Gaston de Flotte, à Marseille.


[À MONSR DE ST GENYES.]

Monsr de Sainct Genyes[1], Je [pense] que je ne pourray aller querir l’artillerie [que dans] le commencement du mois, ainsy que me [mandés] qu’il seroit besoin. Cependant faictes travailler [aux] fortifications ; et aux poudres tant qu’il vous en [fauldra]. Je croy que vous aurés veu un memoire des [nouvelles] que j’avois receu de la Court et que j’ay [envoyé] delà. Les catholiques commencent à s’armer et [Monsieur est] avec ceux de la Ligue[2], pour nous donner des [estrivieres]. J’ay perdu beaucoup d’hommes par la faute [de n’avoir esté] armé de bonne heure. Je m’en vois pourtant [faire une battue] aux champs pour en assembler le plus que je [pourray. Quant] à ceux que je tireroy de mon pays de Bearn, [quelqu’un de mes] capitaines vous en portera le rolle, afin [que aucun] ne marche sans congé. Je croy que Dieu [me viendra en ayde]. Je vous prie d’avoir l’œil à mon pays. [Si j’apprends quelque] chose de nouveau, je le vous feray [sçavoir. Adieu, Monsr de[3]] St Genyes, je suis et seray tousjours

Vostre [plus asseuré] et meilleur amy,
HENRY.



  1. Du Plessis-Mornay, après avoir exposé en quoi consistent les pays souverains du roi de Navarre, ajoute : « Le seigneur de S. Geniez, gentilhomme de grande qualité, vertu et expérience, commande aux susdits pays au titre de lieutenant général. » (Mém. t. I, p. 183.) Armand de Gontaut, seigneur de Saint-Geniez, de la Capelle et d’Andaux, baron de Badefol, etc. fils aîné de Jean de Gontaut, seigneur de Saint-Geniès, etc. et de Françoise d’Andaux, sénéchal de Béarn en 1564, chevalier de l’ordre du Roi en 1565, gentilhomme ordinaire de la chambre, et conseiller de la reine en 1568, fut aussi conseiller et chambellan du duc d’Anjou, frère du Roi, et enfin gouverneur et lieutenant général pour le roi de Navarre en ses pays souverains. Il vivait encore en 1591. Son fils aîné, Hélie de Gontaut, marié à Jacqueline de Béthune, sœur de Rosny, fut aïeul du maréchal de Navaille (Philippe de Montault-Bénac). Le roi de Navarre et sa sœur madame Catherine avaient la plus grande confiance dans M. de Saint-Geniès.
  2. Voyez la dernière note de la lettre précédente.
  3. Les nombreuses lacunes de cette lettre, qui ont motivé toutes ces rectifications entre crochets, viennent de ce que tout un côté de la page est rongé dans le vieux manuscrit de M. de Flotte.