Recueil des lettres missives de Henri IV/1579/30 juillet ― À Monsieur, frère du roy

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[1579. — 30 juillet.] – IIIme.

Cop. – Biblioth. de Tours, ancien manuscrit des Carmes, coté M, no 50, Lettres historiques, p. 4. Communiqué par M. le préfet.


À MONSIEUR, FRERE DU ROY.

Monsieur, Je me sens si obligé de l’honneste demonstration d’amitié qu’il vous a pleu me faire par le retour de [M. de Lezignan], qu’il ne sera jour de ma vie que je n’essaye de vous tesmoigner l’estime que je fais de vostre bonne grace, et le desir que j’ay que vous preniez aultant d’asseurance de mon affection et bonne volonté à vostre service comme elle est parfaicte et sincere, ainsi que j’ay commandé audict sr de [Lesignan] vous faire plus particulierement entendre, l’envoyant vers le Roy mon seigneur, pour l’esclaircir et asseurer qu’il ne s’est rien traicté en l’assemblée qui a esté faicte en ceste ville que pour le bien de son service, et aussy pour luy presenter de ma part les plainctes de ceulx de la Religion, et supplier trez humblement Sa Majesté leur y pourveoir. À quoy je vous supplie aussi, Monsieur, vouloir ayder, afin que l’on puisse voir les vrais effects de ceste paix par l’establissement d’un asseuré repos ; et de ma part je n’y espargneray vie ne biens, non plus que pour vostre particulier service quand j’auray ce bien d’y estre employé. Je suis bien esbahi des façons dont a usé à Saluce le mareschal de Bellegarde, et ay envoyé le baron de ........ vers ceulx de la religion de Daulphiné pour se retirer des intelligences qu’ils pourroient avoir avec luy. Vous suppliant bien humblement de croire que je n’obmettray chose de ce que je penseray propre pour le service du Roy mon seigneur, bien et repos de ce Royaulme, et vostre particulier. Et en ceste verité je prie le Createur, après vous avoir trez humblement baisé les mains, vous donner, Monsieur, en parfaicte santé, trés heureuse et longue vie.

Vostre trés humble et trés obéissant serviteur et frére,
HENRY.