Recueil des lettres missives de Henri IV/1581/Vers la fin de l’année ― Au roy mon souverain seigneur

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1581. — [vers la fin de l’année.] — IIme.

Orig. — Biblioth. impér. de Saint-Pétersbourg, Ms. 913, lettre n° 58. Copie transmise par M. Allier, correspondant du ministère de l’Instruction publique.


AU ROY [MON SOUVERAIN SEIGNEUR].

Monseigneur, Encore que ce qui a esté faict pendant les troubles, tant d’ung que d’aultre party, et qui a esté avoué par l’un des chefs, soit assoupy par vostre edict de pacification, et la poursuicte de telles choses ne doibve nullement estre permise ne tolerée, toutesfois le sr de Clermont d’Amboise[1] m’a faict entendre que, au prejudice de ce, un nommé Mariez Louradin le poursuict pour une maison que ledict sr de Clermont et quelques soldats estant avec luy prinrent en Angoumois durant les troisiesmes troubles, dont il a cy-devant obtenu adveu de moy, et tellement poursuivy, que decret de prise de corps s’en seroit ensuivy contre luy, en haine seulement, comme il est vraysemblable, de ce qu’il faict profession et exercice de la religion reformée ou qu’il est de mes domestiques : qui me faict vous supplier tres humblement, Monseigneur, de commander de faire cesser les poursuictes de telle chose, d’aultant que, si elle avoit lieu, ce seroit un tesmoignage que vostre edict ne seroit executé ; joinct que le sr de la Barbe, poursuivy pour mesme faict, en a esté deschargé par vostre privé conseil : qui seroit rendre les jugemens differens. Et m’asseurant que, pour l’amour de moy, vous gratifierez le dict sieur de Clermont en tout ce qui sera de justice, aprés vous avoir tres humblement baizé les mains, je prieray Dieu,

Monseigneur, vous donner, en parfaicte santé, trez heureuse et trez longue vie. De........ ce jour de.......... 1581.

Vostre tres humble et tres obéissant subject

et serviteur,


HENRY.


  1. Georges de Clermont d’Amboise, baron de Bussi, dont le frère, tué en 1579, est si fameux dans tous les mémoires du temps, était le troisième fils de Jacques de Clermont d’Amboise et de Catherine de Beauvau.