Recueil des lettres missives de Henri IV/1582/6 mars ― À monsieur de Beze

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1582. — 6 mars. — IIme.

Orig. — Arch. du canton de Genève. Copie transmise par M. Rigaud, premier syndic, et par M. L. Sordet, archiviste.


À MONSR DE BEZE,

MINISTRE DU SAINCT EVANGILE EN L’EGLISE DE GENEVE.

Monsr de Beze, Si j’eusse sceu que messrs de Geneve n’eussent esté payez de la partye de Jehan Verner, volontiers je les eusse preferés, et me semble qu’ils ont longuement attendu ; mais deussent plus tost avoir advancé les fraix de leur levée, comme les srs de Clervaut et aultres ont faict, mesmement ceulx que j’ay assignez sur mon departement en la generalité de Bourgongne, qui depuis le moys d’octobre n’ont cessé de travailler et envoyer gens et commissions exprés pour en tirer quelque somme, de laquelle encores n’ont-ils rien touché pour la froideur et stupidité de noz eglises, qui crient et se pleignent, comme j’entends, combien que je ne les aye aulcunement pressées, et que je sois encor à recevoir le premier denier, si ce n’a esté pour le sr de la Noue. Maintenant il me semble que je ne puis justement revoquer ceste assignation, et que je n’en doibs priver ceulx qui ont à leurs propres despens et hazard procuré ceste cueillette. J’ay faict cotter par un memoire d’où procede le retardement de ces deniers et les moyens qu’il fault tenir pour les accelerer, comme vous jugerez aysement. Et sans user de redicte, je vous prieray voir et asseurer messrs de Geneve, que je vouldroys aultant faire pour eulx que pour ville de ce monde, desirant entretenir et conserver tousjours avec eulx l’ancienne amityé et bien-vueillance, avec une parfaicte intelligence et union. Et pour vostre particulier, faictes estat de moy, qui ne manqueray jamais à ce qui est de mon debvoir, moyennant la grace de Dieu ; auquel je prie, Monsr de Beze, vous avoir dans sa trez saincte et digne garde. De St Jehan d’Angely, ce vje jour de mars 1582.

Vostre bien affectionné amy,


HENRY.


[1] J’espere que nous verrons dans dix jours la Reyne ; ce que j’ay pensé estre necessaire pour le bien de la paix et le repos de nos eglises. Ce ne sera plus loin que de cinq ou six lieues d’icy. Je vous prie, Monsr de Beze, asseurer tout le monde que je ne feray rien qui nous porte prejudice.


  1. Post-scriptum de la main du roi.