Recueil des lettres missives de Henri IV/1583/5 mai ― À monsieur de Scorbiac

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1583. — 5 mai.

Orig. — Arch. de M. le baron de Scorbiac, à Montauban. Copie transmise par M. Gustave de Clausade, correspondant du ministère de l’Instruction publique.


À MONSR DE SCORBIAC,

CONSEILLER DU ROY MON SEIGNEUR, EN SA COURT DE PARLEMENT ET CHAMBRE DE L’EDICT EN LANGUEDOC.

Monsr de Scorbiac, Vous entendrez par le sr del Causse, present porteur, bien particulierement de mes nouvelles et combien je suis ayse que vostre chambre, aprez plusieurs longueurs, remises et benardises[1], ait esté finalement restablie. Et parce que au premier establissement et sceance de ladicte chambre, il y eut si grande contradiction et resistance à remectre l’exercice de la Religion, sans qu’il y eust lors aulcun notable fondement de le retarder ou empescher, j’escris à ceulx de vostre compagnye pour les prier de l’establir promptement, combien qu’il y ait moins de fondement qu’alors de le retarder ou empescher. Par là on jugera aisement, si on y engendre nouvelles difficultez, de quel pied marchent les juges executeurs de l’edict, à l’observation d’iceluy. Le partage qu’on pourroit alleguer pour pretexte d’une remise a esté vuidé par la conference de Fleix, posterieure à iceluy, par la desclaration et lettres patentes du Roy mon seigneur, et par l’ordonnance et execution des commissaires, executeurs de l’edict, qui se sont transportez sur les lieux et y ont installé le ministre Biroins. De sorte que la chose estant si claire, je m’asseure tant de l’integrité de tous ceulx de vostre compagnye, et de la bonne affection qu’ils apportent à l’entretenement d’iceluy edict, sans s’arrester aux affections et passions de ceulx qui les vouldroient desmouvoir d’effectuer chose si juste et bien fondée, que je repute dés ceste heure y avoir esté pourveu. Je vous prye au reste m’advertir de ce qui le meritera, pour la manutention de la justice et le service du Roy mon dict seigneur, et faire estat asseuré de ma bonne volonté envers vous, que je prye Dieu tenir, Monsr de Scorbiac, en sa saincte garde et protection. De Nerac, ce ve may 1583.

Vostre meilleur et plus asseuré amy,


HENRY.


  1. La copie donne ce mot, dont je ne trouve pas d’autre exemple. Peut-être faut-il lire renardises, comme très-rapproché du vieux mot français renardie, employé dans les vers suivants de sainte Léocade, que cite Roquefort :

    En Dieu n’a point de Renardie,
    N’aine Diex n’aima papelardie
    .