Recueil des lettres missives de Henri IV/1583/Vers la fin de l’année ― Au Roy, mon souverain seigneur

La bibliothèque libre.



[1583. — vers la fin de l’année.] — IVme.

Orig. autographe. — Biblioth. impér. de Saint-Pétersbourg, Ms. 914, n° 26. Copie transmise par M. Allier, correspondant du ministère de l’Instruction publique.


AU ROY, MON SOUVERAIN SEIGNEUR.

Monseigneur,

La dévotion que j’ay et auray toute ma vie à tout ce qui touche Vostre Majesté et le bien de son service m’a faict despescher promptement le sr du Plessis pour la grande confiance que j’ay de luy et de sa fidelité, aussitost que l’occasion s’est présentée d’affaires trez importans, et dont il est necessaire que Vostre Majesté soit au plustost advertie et bien particulierement informée[1]. Il plaira à Vostre Majesté l’ouïr et le croire de ce qu’il vous dira de ma part comme moy-mesme, qui ne manqueray jamais en l’obeissance, affection et fidélité que vous doibt et vous rendra toute sa vie

Vostre trez humble et obéissant subject

et serviteur,


HENRY.


  1. Le premier voyage de Mornay, au sujet de l’affront fait à la reine Marguerite, fut ostensible, et il se rendit à la cour directement. À la fin de l’année il eut une mission différente : celle d’aller dévoiler au Roi les tentatives de corruption du roi d’Espagne, et l’entreprise formée pour livrer la ville d’Arles. On mit beaucoup de mystère dans cette négociation, jusqu’à faire prendre un nom supposé au capitaine Beauregard, que Mornay amenait au Roi pour fournir les preuves de ce qu’il avançait. Le récit de son départ est encore placé, par l’auteur de la vie de Mornay, dans l’année 1583,et c’est seulement au carnaval de l’année suivante qu’il arriva à Paris. Mornay lui-même commence le récit qu’il a laissé de sa négociation en expliquant le retard de son arrivée par la grande crue des eaux. Il est donc probable qu’il fit une pause chez lui dans le Vexin français ; et cet épisode de son voyage en dut être ostensiblement le principal motif, à une époque où un personnage politique, chargé de quelque mission, courait toujours d'assez grands dangers sur sa route.