Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles/LXXI
LXXI
DES .III. CHEVALIERS
ar bon semblant et par bel dire
Sevent acun felon plain d’ire
Autrui soprendre et dechivoir,
Et cant ilh sevent de ce voir
Dont ilh sont de savoir en grant,
Mais n’aront bien, s’aront en grant
Anui[2] et en grant deshonur
Mis ches[3] cui offroient honur.
Por ce ne seit on mais cui croire,
Ke li faus ne vuelent recroire
De lor traïson porchachier ;
Les loiaus font si deschachier,
Ains k’il soient de riens creü,
Ke teil travalh lor sont creü
K’il n’ont repos, ne jor ne eure.
De pener à ce k’al deseure
Puise lor loialté monter,
Si con fist chil dont velh conter.
Ilh avint c’une gentis dame
N’avoit plus bele en un roiame,
LXXII
DES .III. CHANOINESSES
à 88 ro.[4]
l n’a homme de si à Sens,
S’adès vouloit parler de sens,
C’on n’en prisast mains son savoir
Qu’on[5] fait sotie et sens savoir.
Qui set aucunes truffes dire,
Ou parlé n’ait de duel ne d’ire,
Puis que de mesdit n’i a point,
Maintes foiz vient aussi à point
A l’oïr que fait uns sarmons.
Il a chanoinesses à Mons,[6]
Au Moustier seur Sambre, à Nivele,
Et à Andaine mainte[7] bele
Et trop plus assez à Maubeuge,
Mais ore droit conter vous veul ge,
Sanz ajouster[8] mot de mençoingne.
De .III. de celes de Couloingne
Et dire .I. poi de reverie
Par covent que chascuns en rie
- ↑ LXXI. — Des .III. Chevaliers et del Chainse, p. 123.
Notre texte est établi d’après la copie de la Bibliothèque nationale (coll. Moreau, 1727 ; Mouchet, 52), que nous désignons par M (Cf. notes du fabliau LXIX).
Publié par Méon, Nouveau Recueil, I, 91-103, et par M. Aug. Scheler dans les Trouvères belges, 162-174 ; traduit par Sainte-Palaye, Mémoires sur l’ancienne chevalerie, III, 138, et par Legrand d’Aussy, I, 235-242.
- ↑ Vers 7 — * Anui. M, Anuit.
- ↑ 8 — * ches. M, chis.
- ↑ LXXII. — Des .III. Chanoinesses de Couloingne, p. 137.
Le ms. de l’Arsenal porte dans la nouvelle numérotation le no 3525.
Publié par M. Aug. Scheler, Dits de Watriquet de Couvin, 373-379.
- ↑ Vers 4 — * Qu’on ; ms., Von.
- ↑ 10-3 — Ces noms connus de villes du Hainaut servent assez à prouver la nationalité de l’auteur du fabliau, qui est de Couvin (évéché de Liége).
- ↑ 12 — riante, lisez mainte.
- ↑ 15 — Sans ajouter, lisez Sanz ajouster.