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Reine d’Orient

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Œuvres de Jean LahorAlphonse Lemerre, éditeurL’Illusion (p. 76-77).
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REINE D’ORIENT


 
Une ceinture d’or resplendit à sa taille :
Terrible et belle, ainsi qu’une armée en bataille,
Le soir, quand elle marche en ses lourds vêtements,
Sa sinistre beauté fait pâlir ses amants.
Pareille à la Nature, inconstante comme elle,
Tendre parfois, parfois féroce et criminelle,
Déesse à tout un peuple épris de sa beauté
Elle fait adorer sa bestialité.
Son palais est un temple, où des salles splendides
Enferment des lions et des serpents livides,
Confidents de son rêve obscur, et caressants
Quand, le soir elle va parmi les flots d’encens
Du haut de ses jardins contempler, taciturne,
La frissonnante horreur du firmament nocturne.
Alors, tantôt farouche, elle donne à ses yeux
L’impassibilité des astres et des cieux ;
Tantôt, comme une bête accroupie et tranquille,
Lasse et morne, elle songe, en regardant sa ville ;

Ou brûlante, tandis que gémissent dans l’air
Les flûtes au milieu des crotales de fer,
Et qu’avec des serpents enroulés dans leurs tresses
Tournent sur un seul pied et dansent ses prêtresses,
Elle enivre ses sens de lumière et de bruit,
Et fait signe à l’amant qui mourra dans la nuit.