Revue Musicale de Lyon 1903-11-03/Bibliographie

La bibliothèque libre.

BIBLIOGRAPHIE

Quatre Poèmes de J. Guy-Ropartz

On a eu le tort, à mon avis, de ne point assez remarquer, lors de leur apparition, les Quatre poèmes, d’après l’Intermezzo de H. Heine[1] de M. Guy Ropartz Cette œuvre charmante possède pourtant une qualité infiniment précieuse, la vérité du sujet, du développement et de l’expression ; si l’histoire d’amour, quelque peu banale, que nous voyons s’y dérouler, ne présente aucune sorte d’originalité réelle, elle a tout au moins le mérite d’être éternelle de tous les temps, de tous les pays. Au milieu d’un frais décor, « dans un esquif léger », disent MM. G. Ropartz et Hirsch, nous assistons à la naissance radieuse, à l’épanouissement de cette tendresse ; puis, se dessine l’abandon, avec son habituel cortège de colères et de larmes, qui trouveront leur conclusion naturelle dans le suicide. Vous le voyez, rien de bien nouveau, en ce qui concerne le thème poétique : l’innovation consiste dans la musique — et cependant, quel redoutable parallèle s’imposait avec l’Amour de poète de Schumann, interprète rêvé de H. Heine ! — et les quatre mélodies, que M. Guy Ropartz a su greffer, tour à tour gracieuse et sombres, légères et funèbres, sur le glas d’amour, sanglote en quatre notes d’égale valeur, qui forme le leitmotiv fondamental des Poèmes. Ce thème, pesant et triste, rappelle celui de la Cloche des Morts : c’est le même paysage, bas et sombre, évocateur des landes bretonnes et des désespoirs d’amour, mais, ici, la nuit ne s’étend sur nous que progressivement, dans les deux dernières mélodies, tragiques et fatales, après les légers arpèges du début, prophètes de bonheur, et les syncopes inquiètes annonçant aussitôt la catastrophe irrémédiable.

Henry Fellot.

Le Courrier musical publie comme supplément à son numéro du 1er  novembre la remarquable pièce pour piano composée par notre collaborateur G. M. Witkowski pour le dernier concours de piano du Conservatoire de Lyon (lecture à vue).

Dans la merveilleuse collection que forment les trois premières années de l’Art du Théâtre, il n’avait pas encore publié de Numéro aussi luxueux et aussi volumineux que le Numéro consacré au Théâtre de Rostand.

Toutes les œuvres du grand poète, l’Aiglon, Cyrano de Bergerac, la Samaritaine, la Princesse lointaine, les Romanesques sont reproduites dans leurs principales scènes. Quarante-huit grandes gravures dont une partie du format de la page entière permettent de revoir tous les décors et tous les personnages des cinq pièces.

Deux planches hors texte tirées en taille-douce sont de véritables œuvres d’art.

Le texte écrit par MM. Georges Bourdon, Léon Brémont et Gaston Deschamps donne successivement des souvenirs de répétitions, une analyse de l’œuvre, une biographie et les projets d’avenir du grand auteur dramatique.

Le numéro d’octobre de L’Art du Théâtre est consacré aux théâtres en plein air : théâtre d’Orange, où furent représentés Phèdre, Orphée, Horace et, quatre œuvres nouvelles très importantes, – la Légende du Cœur, Œdipe et le Sphinx, Citharis, Iphigénie ; arènes de Béziers où Déjanire fut reprise cet été ; théâtre de la Mothe-Saint-Heraye où M. Corneille a fait représenter une œuvre nouvelle, Marie-Magdeleine.

Citons parmi les articles insérés dans le Supplément, celui de M. Gabriel Trarieux sur la tournée d’Antoine dans l’Amérique du Sad, et la fin d’une étude de M. Timmory sur le Journalisme théâtral.

Les planches hors texte, toujours merveilleusement exécutées, représentent Mme Segond-Weber, MM. Mounet-Sully et Paul Mounet, nos meilleurs tragiques.

L’Album musical, 52, rue Montmartre, Paris (2e ). – Sommaire du numéro de novembre : Puccini : La Tosca. – J. Clérice : Amorina, polka. – Massenet : L’âme des fleurs. – H. Comtesse : Passepied. – J. Ropiquet : Clartés d’automne. – Chopin : Valse pour piano. – Le no 60 centimes.

Accusés de réception. — Trois sonatines d’automne, poèmes de C. Mauclair. musique de A. Mariotte

Poème élégiaque pour violon et orchestre de M. Reuchsel.

Nous annoncerons toutes les œuvres musicales et les ouvrages se rapportant à la musique adressés à la Rédaction et nous rendrons compte des plus importants.

  1. Chez MM. Bellon et Ponscarme, éditeurs à Paris.