Revue Musicale de Lyon 1903-11-17/Nouvelles Diverses

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Nouvelles Diverses

Une véritable Université musicale vient de se fonder à l’École des hautes études sociales à Paris. Un ensemble de cours et de conférences, professés par les principaux musicologues et musiciens français, y embrasse toute l’histoire de la musique depuis les trouvères jusqu’à M. Debussy. Parmi les conférenciers, nous relevons les noms de M. Vincent d’Indy qui nous montrera « Comment on fait une sonate », de M. Ch. Malherbe, qui parlera de Berlioz, de M. Julien Tiersot qui étudiera le chant populaire ; de MM. Maurice, Emmanuel, Pierre Aubry, H. Espert, Louis Laloy, Paul Landormy, A. Gastoué, Goblot, Hellouin, Pirro et Romain Rolland. Tous ces cours seront accompagnés d’auditions musicales et un double quatuor vocal et un quatuor instrumental donneront une série de concerts consacrés à Gluck, Mozart, Beethoven, Schumann, aux maîtres du xvie et du xviie siècle et à la musique française contemporaine. Au programme : Cosi fan tutte, de Mozart ; Paris et Hélène, de Gluck ; les Lieder et le Chant Élégiaque, de Beethoven, diverses œuvres inédites de Gluck, des œuvres de MM. Debussy, Dutras, Vincent d’Indy, etc.

Notre collaborateur M. D. Calvocoressi est désormais chargé de la chronique musicale aux Annales Parlementaires de Paris.

Le 8 novembre, la Société des Concerts du Conservatoire a exécuté le Roi Arthur, de M. Marcel Rousseau, fils du compositeur Samuel Rousseau. On n’attend généralement pas une grande originalité des œuvres couronnées par l’Institut, qu’il s’agisse d’ailleurs de musique ou d’autres arts. La surprise n’en est que plus agréable de trouver chez M. Marcel Rousseau, qui n’a que vingt ans, l’indice d’une personnalité très nette, qui ne pourra que se dégager plus encore des influences extérieures dans les œuvres futures.

Mardi dernier a été donnée à Nantes la première représentation de Sapho de Massenet. La critique nantaise est peu élogieuse pour cette œuvre. Dans l’Ouest-Artiste, M. E. Destranges porte l’excellente appréciation suivante : « Le compositeur n’a vu de l’œuvre de Daudet que les côtés épisodiques ; il n’en a compris que l’extérieur. Son sens intime, sa profonde psychologie lui ont, la plupart du temps, complètement échappé. On sent que cette partition a été bâclée. Elle donne l’impression d’une improvisation continuelle exécutée, il est vrai, par un musicien d’une habileté rare, d’une sûreté prestigieuse. Dans Sapho, comme dans tant d’autres ouvrages, M. Massenet n’a été qu’un simple joueur de flûte.

Le rôle de Sapho était chanté par Mme Walter-Villa et celui de Divonne par Mme Jane Dhasty.

Pour Le Roi Arthus d’Ernest Chausson que répète en ce moment le théâtre de la Monnaie de Bruxelles les chœurs, au lieu de prendre place sur la scène, seront placés dans l’orchestre, disséminés parmi les musiciens. C’est là une innovation dont nous attendons l’effet. Dans tous les cas, il parait que cette nouvelle disposition des masses chorales ne plait pas beaucoup aux artistes musiciens aux choristes. Espérons que les frais minois de dames choristes ne dérangeront pas trop les instrumentistes, au grand détriment de l’exécution.

Au Théâtre International de Milan, Thaïs de Massenet a obtenu un heureux succès, bien que la critique ne considère pas cet ouvrage comme aussi beau que d’autres créations de l’éminent compositeur.

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