Revue Musicale de Lyon 1903-11-24/Nouvelles Diverses

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Nouvelles Diverses

Nous avons publié dans l’avant dernier numéro la liste des œuvres nouvelles jouées au Grand-Théâtre de Lyon pendant ces dernières années. Voici le tableau de celles montées au Théâtre des Arts de Rouen qui montrera aux Lyonnais qu’ils sont des plus favorisés ;

1896 : La Mégère apprivoisée, de Le Rey.

1898 : Suzon de J. Mulder ; Gaëtana de E. Kann ; Baïka, ballet de Dardillac ; Siva, de L. Honnoré.

1899 : Thi-Then de F. Le Rey.

1900 : le Menuet de l’Infante, ballet de Gastinel ; Siegfried de Richard Wagner ; Moïna, de Isidore de Lara.

1901 : Messaline, de Isidore de Lara ; Conte de Mai, ballet de Gaston Paulin.

1902 : l’Idole aux Yeux Verts, ballet de F. Le Borne ; Fiamma, ballet de Bouriello-Gigliano.

1903 : La Fiancée de la Mer, de Jean Blockx.

M. Vincent d’Indy a désigné Mlle Claessens, pour créer le rôle de Vita dans l’Étranger que l’on doit monter au Grand-Théâtre dans le courant de février. Du Ménestrel.

La question d’encouragement à la décentralisation artistique va revenir sur le tapis à la Chambre, à propos de la discussion du budget. Trois députés, MM. Bignon, de Montebello, de Castellane se proposent de demander une augmentation de 29.000 francs au chapitre des théâtres subventionnés. Il s’agirait d’accorder une subvention aux théâtres de provinces qui font œuvre de décentralisation artistique et littéraire. Dans ces dernières années, plusieurs théâtre de province se sont distingués dans cette voie. Lyon a donné Lohengrin et les Maîtres Chanteurs de Nuremberg avant Paris. Presque en même temps que le Grand-Théâtre de cette ville donnait une œuvre inédite de M. Arthur Coquard, le théâtre des Célestins donnait la première représentation d’un grand drame inédit en vers, le Capitaine Loys, qui fut accueilli avec succès. L’an dernier le Grand-Théâtre de Marseille donnait la Belle au bois dormant, œuvre inédite du jeune compositeur Charles Silve. Rouen a eu la primeur de Lohengrin et de Samson et Dalila, d’un ouvrage posthume de Benjamin Godard, les Guelfes, du Néron de Rubinstein et de plusieurs parutions du compositeur Frédéric Le Rey, entre autres Thi-Then. Au commencement de cette année, la ville de Montpellier avait ouvert un concours dramatique, et la pièce couronnée, la Reine Vierge, un drame en vers de M. Lacroix, fut représentée sur le théâtre municipal. Presque toutes les villes de France ont donné des œuvres inédites, et le supplément de subvention réclamé par les députés que nous citons plus haut, bien qu’il soit modeste, sera un objet de convoitise pour les directeurs de théâtre de province et les encouragera à la décentralisation.

La Chambre syndicale des Instruments de musique de Lyon a élu son bureau pour l’année 1903-1904 :

Président, M. Cousin ; vice-président, M. Rabut ; sécrétaire, M. Moretton ; trésorier, M. Janin ; syndics, MM. Cabannes, Dulieux et Maroky.

Il y a une dizaine de jours, M. Von Possart, l’intendant des théâtres de Munich, se trouvant dans le foyer du théâtre provisoire de Carlsruhe, au milieu de quelques invités, fit une sorte de conférence sur la question de savoir si les exigences modernes des répertoires nécessitent réellement la construction de scènes très vastes et de scènes plus petites selon le genre des ouvrages que l’on se propose de représenter. La réponse a été nettement affirmative : « Le grand opéra, spécialement les ouvrages de Richard Wagner, ont besoin d’espaces plus étendus que les œuvres de Mozart, de Lortzing, d’Auber, de Léo Delibes, », a dit M. Possart : « une séparation du répertoire et une répartition des opéras et des drames dans un grand théâtre et dans un plus petit, selon le genre ou l’étoffe de la musique ou de la poésie, est indispensable si l’on veut arriver à une complète identification des styles. » Quant à la partie brûlante de la consultation, elle se résumait dans l’alternative suivante : Doit-on conserver comme « scène intime » le théâtre provisoire actuel et en construire un autre spécialement pour les grands opéras, ou bien vaut-il mieux édifier un monument pouvant servir à la fois à l’opéra et au drame (deux théâtres différents sous un même toit) ! M. de Possart s’est prononcé pour cette dernière solution, faisant valoir principalement des motifs d’ordre pratique et des raisons d’économie. — Serait-il téméraire de penser qu’une scène construite dans de bonnes conditions d’acoustique n’est jamais trop grande pourvu que la voix parvienne à s’y développer sans fatigue ? Un bon aménagement des décors ne peut-il pas toujours ramener à l’apparence de dimensions concordantes avec le style de l’œuvre représenté, n’importe quel espace réputé trop vaste ? Au contraire, la proposition inverse ne semble pas pouvoir se soutenir. Pour des œuvres comme Parsifal, le Roi de Lahore, le Cid, un très petit local serait insuffisant. Léo Delibes, cité par M. de Possart, a vu ses ouvrages représentés sur de très vastes scènes avec le plus grand succès, et le Carillon de Massenet a tinté gaiement à l’Opéra impérial de Vienne, en même temps qu’on y donnait Werther et le

répertoire wagnérien.
Le Ménestrel

Mme Nordica, la renommée cantatrice américaine, vient d’instituer un prix de 10.000 francs en faveur de la femme américaine douée de la plus belle voix, afin qu’elle puisse cultiver l’art du chant et préparer son avenir d’artiste. C’est le professeur Minkowski qui est chargé de l’examen des candidates : il s’en est présenté plus de six cent.

Le Propriétaire-Gérant : Léon Vallas.

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