Revue des Romans/Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret

La bibliothèque libre.
Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
◄  Davin Delécluse  ►


DEFAUCONPRET (A. J. B.), né à Lille, en 1767.


MASANIELLO, ou Huit jours à Naples, 3 vol. in-12, 1822. — Un simple pêcheur qui, dans l’espace de trois jours, se rend maître d’une grande ville, renverse le gouvernement, impose des lois au vice-roi, exerce une autorité absolue et est adoré du peuple, qui le massacre trois jours après et déplore sa perte le quatrième, tous ces événements, qui semblent n’appartenir qu’au roman, sont cependant strictement historiques. L’auteur de Masaniello en a profité avec art ; il a conservé au duc d’Arcos, au cardinal Filomarino, à Masaniello, à Génuino, en un mot à tous les personnages historiques, les traits caractéristiques qui leur appartiennent ; et il n’a pas été moins heureux dans la peinture des caractères subalternes qu’il a créés. Le contrebandier Carlo, qui s’attache par reconnaissance à la fortune de don Joseph Caraffa, et qui le tire de plusieurs dangers, est un des plus intéressants : la manière dont il sauve la fille du vice-roi, dont le brigand Perrone s’était emparé pour s’en faire un otage, ou plutôt pour en tirer une forte rançon, est aussi bien conçue qu’adroitement exécutée, et lorsque le vice-roi lui offre le choix d’une récompense, qui pourrait retenir un sourire quand il lui demande naïvement la liberté de faire la contrebande, sans être obligé de faire le coup de pistolet avec les commis de la douane ? Le caractère du poltron Égidès, son beau-frère, n’est pas moins bien tracé, et il est d’autant mieux imaginé, qu’il fait contraste avec l’intrépidité de sa femme. La mort et les obsèques d’un des brigands dans l’espèce de forteresse qui leur sert d’asile ; la scène qui se passe dans la chaumière de Masaniello, quand on vient chercher sa femme avec pompe pour qu’elle aille rendre visite à la vice-reine ; la fuite de Perrone de la prison où il a été enfermé ; le pillage et l’incendie des palais des nobles et des couvents de Naples, forment des tableaux que Walter Scott lui-même n’aurait peut-être pas désavoués.

ROBERT FITZOOTH, SURNOMMÉ ROBIN-HOOD, 3 vol. in-12, 1828. — Dans cet ouvrage, l’auteur peint rapidement l’aspect de l’Angleterre au commencement du XIIIe siècle. À cette époque, un chef de bande, Robin-Hood, renommé par sa force et son adresse prodigieuse, régnait sur la forêt de Sherwood. À la tête de cent cinquante hommes audacieux et braves, il s’était rendu assez redoutable pour que l’arrêt de proscription lancé contre lui restât sans effet. Secondé par son lieutenant Listh John et par le frère Tuck, qui, sous son capuchon, se joue de certains abbés du voisinage, Robin-Hood poursuit ses courses aventureuses, rançonnant les riches, protégeant les faibles, aidant toujours les pauvres gens. Les secours qu’il porte à un baron assiégé par les troupes du roi Jean sans Terre, sans que le baron puisse deviner quel motif engage Robin-Hood à venir le défendre, donnent lieu à des tableaux fort animés, à des scènes mystérieuses où l’intérêt se soutient constamment. Après la mort du roi Jean, Robin-Hood se fait reconnaître pour Robert Fizhood, comte d’Huntington, oublié depuis vingt ans. Il obtient sa grâce, et voit s’ouvrir devant lui une carrière de richesse et d’honneurs à la cour de Henri III.

Nous connaissons encore de ce traducteur infatigable : Jeanne Maillotte, ou l’Héroïne lilloise, 2 vol. in-12, 1819. — Wat-Tyler, 3 vol. in-12, 1824.