NÈILA, ou les Serments, suivie d’Enguérand de Balco, et d’Hélène, 2 vol. in-12, 1812. — Mme Cottin, dans son roman de Mathilde, avait déjà mis aux prises et les chrétiens et les musulmans ; dans Nèila, M. Eusèbe Salverte a introduit les mêmes personnages. Théobald et Godefroy, amis d’enfance, avaient fait le serment d’aller ensemble combattre les infidèles ; mais arrivés à l’âge d’accomplir ce serment, tous deux sont enchaînés en Europe par l’amour, et bientôt par l’hymen. Théobald épouse Aalis, et Godefroy s’unit à Émunde. Des dissentiments de famille forcent Godefroy à s’exiler ; il s’embarque pour la terre sainte avec le fils de Théobald, qui doit acquitter en Palestine le vœu formé anciennement par son père. En arrivant sur les bords du Jourdain, Godefroy apprend que son épouse a cessé de vivre ; pour se distraire de son chagrin, il combat à outrance les infidèles, tombe dans les mains de l’émir Ben-Hamzah Ben-Nasser, qui lui propose la main de sa fille, la belle Zobéide, à condition d’embrasser l’islamisme. Godefroy hésite, rompt ses fers, et a le bonheur de revenir parmi les chrétiens, amenant avec lui la belle Zobéide, que l’amour avait attachée à ses pas, et qui le rend père de Nèila. Dix années s’étaient écoulées depuis l’arrivée de Godefroy en Palestine, lorsque Théobald y débarque à son tour ; il lui apprend qu’Émunde n’est point morte, et le presse sans succès d’abandonner Zobéide. En se ren dant d’Eden à Jérusalem, l’escorte de Godefroy est attaquée par le terrible Ben-Nesser, qui reconnaît sa fille, et qui, au moment où elle implore le secours de son époux, la perce de sa lance en s’écriant : Périsse ainsi toute fille rebelle à son père ! Godefroy revient en France avec Nèila ; mais avant de s’embarquer il détermine les chevaliers du Temple à recevoir dans leur ordre Hildéric, fils de Théobald. Nèila est enfermée dans un cloître, où on entreprend de faire violence à son aversion pour la vie monastique. Cependant Hildéric, auquel elle avait inspiré une vive passion, est envoyé en France pour les affaires de son ordre ; il enlève Nèila de la prison où elle était retenue. Godefroy, averti de la fuite de sa fille, se met à sa poursuite, attaque Hildéric, et est prêt à lui percer le sein, lorsque Nèila se précipite au-devant du coup, et sauve son amant en périssant elle-même. — Ce roman est, d’un bout à l’autre, rempli d’intérêt et de charmes ; la composition en est savante et éminemment pathétique.
Enguérand de Balco, nouvelle d’une centaine de pages, est une des plus agréables productions du genre, et suffirait seule à la réputation d’un écrivain.
On doit encore à cet auteur : *Un Pot sans couvercle et rien dedans, in-8, 1799.