Revue des Romans/Guy d’Agde

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Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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GUY D’AGDE


JULIA, ou l’Amour à Naples, 2 vol. in-8, 1835. — L’action de ce roman est un champ de bataille où se croisent et s’entre-choquent toutes les passions, bonnes ou mauvaises, généreuses ou perverses. Le marquis Fernando et Julia Cristianici sont les deux figures qui occupent le premier plan. Fernando, c’est l’amour méprisé, c’est une nature noble, généreuse, se flétrissant au souffle de la passion ; on le voit descendre fatalement, et degré par degré, une échelle de parjures et d’infamies. Julie, au contraire, c’est la passion dévouée, vertueuse, autant que peut l’être la passion illégitime, c’est l’abnégation de l’amour, la série de fautes héroïques, de sacrifices successifs et habilement gradués, de l’ensemble desquels se compose le caractère de cette femme, excite constamment le plus vif intérêt. Sur le second plan se présentent les figures de charmante incarnation, de l’ambition patiente, hypocrite, peu scrupuleuse dans le choix de ses moyens ; de Cristianici, représentant l’orgueil arrogant, inflexible, étouffant jusqu’aux sentiments de la nature, s’indignant d’une faiblesse comme d’un crime ; de Paquita, type de la jalousie italienne, de l’amour qui caresse d’une main et menace de l’autre ; de Baptiste, ami fanatique, frère dévoué jusqu’au crime. Puis, un peu dans l’ombre, apparaissent les physionomies de Juanita, de Marini le lazzarone, qu’on voit vendre tour à tour son poignard aux vengeances du prince Cristianici, et à la politique du duc de Chiaramante.