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née en 1773, morte en 1827.
LES CONTRADICTIONS, ou Ce qui peut arriver, in-12, 1799. — Ce roman est le premier essai littéraire de Mlle de Meulan. Le héros, au premier chapitre, s’éveille le décadi matin, heureux d’aller se marier le même jour avec l’aimable et vive Charlotte. Son domestique, Pierre, espèce de Jacques le fataliste, honnête et décent, l’habille en disant, suivant son usage : « Eh bien ! ne l’avais-je pas toujours dit à monsieur ? » On va chez la fiancée qui est prête, et de là à la municipalité où l’on attend ; mais l’officier municipal ne vient pas, sa femme est accouchée de la veille, il faut bien qu’il ait son décadi pour s’amuser avec ses amis et fêter la naissance de son enfant. « Ce sera pour demain, » se dit chacun, et l’on s’en revient un peu désappointé ; le rival, qui est de la noce en qualité de cousin de Charlotte, sourit ; l’optimiste Pierre répond à son maître tout irrité, par son mot d’habitude : « Qui sait ? » Le lendemain il pleut, on arrive trop tard à la municipalité, et l’officier n’y est déjà plus. Le surlendemain il faut que le fiancé parte en toute hâte pour assister une vieille tante qui meurt. Bref, de décadi en primidi, de primidi en duodi, de contre-temps en contre-temps, le mariage de Charlotte, qui est coquette, ne peut manquer de se défaire, le héros étant lui-même assez volage et très-irrésolu, et c’est en effet ce qui arrive. — Il y a dans ce roman un touchant chapitre de l’Écu de six francs, qui rappelle tout à fait le style de Sterne. Henriette, qui finit par remplacer Charlotte dans le cœur du héros, est une petite personne de vingt-quatre ans, qui ne manque pas de charme ; la fragile Charlotte n’est pas non plus sans agrément. Le héros, qui a si peu de passions, légèrement bizarre comme un original de la Bruyère, et qui rêve une nuit si plaisamment qu’il va épouser quatre femmes, devient tendre à la fin quand il éclate en pleurs aux pieds d’Henriette.
LA CHAPELLE D’AYTON, ou Emma Courtenay, imité de l’anglais de Marie Hays, 5 vol. in-12, 1799. — Mademoiselle de Meulan s’étant mise à traduire ce roman, se laissa bientôt aller à le refaire sur un fond presque entièrement neuf et à le continuer pour son compte et à sa guise. C’était la grande vogue alors des romans anglais, avec force événements et émotions. Mlle de Meulan essaye de faire de la sorte et y réussit. L’auteur ému, mais toujours sensé, domine ses personnages, ses situations, les arrête, les prolonge ou les croise à son gré. De jolies scènes domestiques, des intérieurs de famille, et la continuité aisée des caractères, attestent d’ailleurs cette faculté dramatique dont Mme Guizot a fait preuve plus tard en bien d’autres ouvrages.
L’ÉCOLIER, ou Raoul et Victor, 4 vol. in-12, 1821. — Instructions saines, importantes leçons de morale, incidents pleins d’intérêt, liés à une action attachante et ingénieuse, telles sont les qualités qui distinguent cette production, couronnée par l’Académie française comme l’ouvrage le plus utile aux mœurs, et dont chaque page contient, en effet, un excellent précepte à retenir et un bon exemple à suivre.
On a encore de Mme Guizot : Les Enfants, contes à l’usage de la jeunesse, 2 vol. in-12, 1812. — Contes nouveaux, 2 vol. in-12, 1823. — Une Famille, ouvrage suivi de nouveaux contes moraux, 2 vol. in-12, 1828.