Revue des Romans/Regina Maria Roche

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Revue des romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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ROCHE (Régina-Maria), romancière anglaise du XIXe siècle.


LE FILS BANNI, ou la Retraite des brigands, 4 vol in-12, 1808. — Des peintures capables d’ébranler l’imagination et de faire mourir les gens de peur, des fantômes, des tombeaux, des poignards, des brigands, on trouve de tout cela dans le Fils banni. Au milieu de tous ces tableaux chargée de figures horribles, on trouve cependant des détails heureux. Le style pèche souvent par la diffusion, mais les événements intéressent ; l’auteur a su les combiner de manière à exciter la curiosité. L’intrigue ne vaut pas celle des Enfants de l’abbaye, le plus célèbre et le meilleur des romans de Mme  Régina Roche, et les caractères n’en sont pas aussi bien tracés : on distingue toutefois ceux de lord O’Sinister et du comte de Placentia.

L’ENFANT DE LA CHAUMIÈRE DE MUNSTER, traduit par Mlle  Girard de Caudenberg, 5 vol. in-12, 1820. — Élevée dans une chaumière d’Irlande par de bons paysans qui ont promis le secret sur la naissance de leur protégée, Fidélia ne sort de sa retraite à l’âge de quinze ans que pour entrer dans un pensionnat de Dublin, d’où elle est bientôt exclue parce qu’on néglige de payer sa pension. Réduite à accepter une place de femme de chambre, elle fait son entrée dans le monde ayant pour toute fortune une bague qui doit servir à lui faire connaître ses parents. Le jeune et beau colonel Grandisson devient amoureux de Fidélia, qui le paye d’un tendre retour ; mais il s’en faut que les deux amants jouissent paisiblement de leur amour ; trompés par de fausses apparences, séparés par les événements, la passion secrète qui les unit est pour eux la source de mille tourments. La fortune ne semble sourire un moment à Fidélia que pour la replonger dans de plus grandes infortunes : une fois elle croit trouver un père, une famille, mais l’apparition d’un personnage mystérieux révèle à cette famille que Fidélia ne lui appartient pas. Cette révélation jette la pauvre fille dans une multitude d’embarras ; accusée de supercherie, renvoyée honteusement, elle cherche en vain un asile dans cette ville de Dublin où naguère elle avait espéré un sort heureux et brillant. Réduite aux plus fâcheuses extrémités, elle est sur le point d’être conduite en prison, lorsque heureusement le mystérieux inconnu reparaît sur la scène, lui procure un secours inattendu ; sa bague lui fait ensuite reconnaître son père, sa famille, lui procure de vastes domaines, et enfin le retour du colonel Grandisson, avec lequel elle se marie.

LA CHAPELLE DU VIEUX CHÂTEAU DE SAINT-DOULAGH, ou les Bandits de Newgate, 3 vol. in-12, 1825. — Le château de Saint-Doulagh, situé au nord de l’Irlande, servait d’asile à une intéressante famille, ruinée par l’asservissement de l’Irlande, dont le chef avait laissé aux soins d’une sœur âgée l’éducation de ses deux enfants, un fils et une fille. La vénérable dame était digne de cet emploi, ses goûts et les habitudes de sa vie ayant toujours été dirigés vers l’étude. Sous sa direction les deux jeunes gens firent de rapides progrès. Le système cranologique commençait alors à faire du bruit dans le monde, et elle essaya de leur inculquer les principes de cette science nouvelle ; mais tout ce que le jeune homme en retint, c’est que nos penchants bons ou mauvais étant irrésistibles, il ne devait faire aucun effort pour résister à ses passions naissantes. Entré au service, il se montra peu soumis, indiscipliné, fut obligé de quitter la carrière des armes, et partit pour Londres avec peu d’argent, mais avec de présomptueuses espérances. Isolé dans cette ville, sans parents, sans amis, il s’abandonnait à une sombre tristesse, lorsqu’il fut admis comme secrétaire de la Société de cranologie. Il ne tarda par à se faire renvoyer de cette société, et se trouva de nouveau en proie à mille vicissitudes. Dans les positions variées où la volonté de l’auteur le conduit, on reconnaît l’intention de peindre les mœurs nouvelles et le mouvement industriel qui agite nos voisins d’outre-mer ; mais ces tableaux sont subordonnés à une intrigue tellement bizarre, que l’invraisemblance de l’ensemble nuit un peu à la vérité des détails. On trouve toutefois dans ce roman des scènes intéressantes, des tableaux agréables, une excellente morale, et des caractères bien peints.

Nous connaissons encore de cette féconde romancière : Le Curé de Lansdowne, 2 vol. in-12, 1789 (réimprimé sous le titre de : Rosine et Lydie, ou les Dangers de la coquetterie). — Les Enfants de l’abbaye, 6 vol. in-12, 1797. — Clermont, 3 vol. in-12, 1799. — La Fille du hameau, 2 vol. in-12, 1801. — La Visite nocturne, 5 vol. in-12, 1801. — Le Monastère de Saint-Colomba, 3 vol. in-12, 1819. — L’Orphelin de la chaumière irlandaise, 5 vol. in-12, 1821. — Le Père coupable, 3 vol. in-12, 1821. — Suzanne, ou le Château de Saint-Bernard, 2 vol. in-12, 1821. — L’Abbaye de Léolin, 4 vol. in-12, 1824. — Le Mariage de Dunamore, 4 vol. in-12, 1824. — Traditions du château, ou Scènes de l’île d’Émeraude, 3 vol. in-12, 1824.