Revue des Romans/Samuel Johnson

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Revue des romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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JOHNSON (Samuel),
né à Lichtfield le 18 septembre 1709, mort en 1783.


HISTOIRE DE RASSELAS, PRINCE D’ABYSSINIE, trad. par Mme Belot, in-12, 1760 ; idem, trad. par Louis, in-12, 1818 ; idem, sous ce titre : le Vallon fortuné, ou Rasselas et Dinarbas (sa suite), par miss. C. Knigt, trad. par Mme Mac-Carthy, 3 vol. in-12, 1817. — On peut à peine appeler Rasselas un roman, car il y a bien peu d’incidents ; c’est plutôt une suite de dialogues moraux sur les vicissitudes de la vie humaine, sur ses folies, ses craintes, ses espérances et ses vains désirs. Cet ouvrage fut écrit par Johnson, dans la solitude et dans un moment d’affliction, pour payer les dépenses des funérailles de sa mère ; le ton mélancolique qui y règne fait assez connaître la disposition d’esprit de l’auteur ; il fut composé en une semaine, et le manuscrit envoyé à l’impression à mesure que l’auteur écrivait. — L’analogie que l’on peut remarquer entre le but moral de Rasselas et celui de Candide est si frappante, que Johnson lui-même convenait que si les auteurs des deux ouvrages s’étaient communiqué leurs manuscrits, on aurait pu accuser chacun d’eux de plagiat. Toutefois, le but de ces deux ouvrages est loin d’être le même. Dans Candide, Voltaire a cherché à mettre en question la sagesse du grand régulateur de l’univers, en osant l’accuser d’impuissance devant les créatures de sa volonté. Dans Rasselas, Johnson engage les hommes à espérer dans un monde meilleur l’accomplissement de leurs désirs déçus sur la terre. L’un est un démon très-gai, qui se rit de nos misères ; l’autre est un grave philosophe, ami de l’espèce humaine, qui nous montre le néant des espérances terrestres, pour nous enseigner à placer ailleurs nos affections.

On doit encore à Johnson : Le Paresseux, trad. par Varney, 2 vol. in-8, 1790. — Vie de Samuel Buttler, trad. par Boulard, in-8, 1816. — Le Rôdeur, trad. par le baron de Chameroles, 6 vol. in-8, 1827.