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Revue littéraire — 14 novembre 1843

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THÉÂTRES.

On reproche aux romanciers d’écrire des drames : pour nous, loin d’écarter les romanciers de la scène, nous voudrions les y rencontrer plus souvent. Sommes-nous donc si riches aujourd’hui en tentatives originales ? et le théâtre compte-t-il trop de forces littéraires ? Ce n’est pas d’ailleurs le théâtre seulement, c’est le romancier lui-même qui bien souvent gagnerait à multiplier de telles épreuves. Nous ne croyons pas que, pour les écrivains trop amoureux du paradoxe, pour les esprits trop emportés qui passent en courant à côté du naturel et du vrai, et vont s’égarer à la poursuite des effets inattendus et bizarres, il existe un meilleur régime hygiénique que le théâtre. Nulle part l’imagination n’est soumise à des exigences plus étroites, et le romancier qui du récit passe à l’action, de l’analyse au dialogue, ressemble à un homme dérangé qui se trace une règle de conduite. Or, n’en est-il des esprits comme des caractères, dont les uns, pour mieux se développer, ont besoin d’être plus libres, et les autres de l’être moins ? Si vous êtes capable d’écrire un roman comme Paul et Virginie, comme Adolphe ; si vous possédez cette sobriété féconde qui est le grand art de ne rien dire de trop et de ne rien omettre ; si vous connaissez d’instinct le secret chemin qui mène au cœur, laissez votre talent marcher dans sa liberté. Les entraves ne sont salutaires qu’à des esprits vigoureux et peu disciplinés qui, livrés à eux-mêmes, se perdent si souvent en prenant l’exagération pour la vraie force ; et nous disons qu’un excellent moyen de ramener ces imaginations qui, dans les livres, courent l’aventure, c’est de les enfermer dans les cinq actes d’un drame ou d’une comédie, et de les traduire devant le spectateur. Le romancier nargue le lecteur intraitable et compte sur le lecteur facile ; l’écrivain dramatique ne fait pas si bon marché du spectateur : il se surveille, pour paraître devant lui, avec une attention scrupuleuse, comme un soldat le jour de la revue. Cette surveillance exercée sur soi-même, quand on n’avait pas l’habitude d’y regarder de si près, est déjà un progrès notable : la crainte du spectateur est le commencement de la sagesse.

Ce n’est pas que le spectateur soit toujours intelligent, il s’en faut ; il ne comprend guère d’emblée que ce qu’il sait déjà, et ne se hasarde à applaudir que ce qu’il a applaudi. Ce n’est pas qu’il soit toujours équitable : il y a vraiment péril, devant ce critique, pour les beautés, fussent-elles de premier ordre, qui viennent après une faute, après un écart contre lequel il a murmuré. Un noble mouvement de l’ame, un mot piquant, sont toujours compromis, s’ils ne sont pas en bon voisinage. Un auditoire ne prend plus la peine d’écouter, dès qu’il a été choqué une ou deux fois, et il devient souverainement injuste parce qu’il manque de patience. N’importe ; je maintiens que la crainte de ce juge éminemment faillible, jointe aux nombreuses exigences de la composition dramatique, doit être très utile à ces imaginations qui n’ont pas en elles-mêmes de régulateur, et doit augmenter leurs forces en les contenant.

L’auteur d’Ève avait à lutter contre la plus grande difficulté qu’il y ait peut-être au théâtre : celle de réunir dans une même action les deux grands élémens de la vie humaine, — la comédie et le drame. Quoique rien ne soit plus profondément dans la nature que l’union de ces deux élémens, il est cependant presque impossible de faire passer brusquement un public du rire à l’attendrissement. Sans un art très habile, on court le risque, en mélangeant le rire et les larmes, de composer un drame sans émotion et une comédie sans gaieté. C’est qu’il ne faut pas oublier qu’il existe au théâtre une vérité de convention : tel spectateur qui, dans une grande affliction, n’aura pu s’empêcher de rire d’une naïveté de son interlocuteur, ou, moins que cela, de sa perruque de travers, n’acceptera pas une telle vérité à la scène, et criera à l’invraisemblance. Il aura tort de crier à l’invraisemblance, il aurait raison de crier à l’absence de l’art ; car, d’après les éternelles règles du théâtre, les transitions d’un sentiment à son contraire, souvent si brusques dans la réalité, doivent s’opérer à la scène avec toute sorte de ménagemens : ne faut-il pas que le théâtre soit la reproduction de la vie, très exacte et pourtant en mieux ? De là la grande difficulté de composer une même œuvre avec deux ordres d’idées et de sentimens, et de sauver toutes les transitions en saisissant habilement les milliers de nuances. Ce qui arrive le plus souvent en pareil cas, c’est ce qui est arrivé à l’auteur d’Ève ; avec les deux élémens il a créé deux actions qui s’embarrassent, se nuisent, et témoignant, chacune séparément, en faveur du talent de l’écrivain, se réunissent pour accuser chez M. Gozlan l’inexpérience de l’auteur dramatique.

C’était cependant une heureuse idée de mettre en opposition la famille des quakers et la noblesse française du XVIIIe siècle ; les uns, austères jusqu’au sublime ou au ridicule ; les autres, insoucians et désordonnés jusqu’à la folie. C’est en Amérique, au moment de la grande insurrection contre l’Angleterre, à Philadelphie et à Québec, que M. Gozlan a placé l’action de son drame. Le premier acte est très bien posé, et fait parfaitement connaître le quaker Daniel, Ève, sa fille, et le vicomte de Rosamberg. Le quaker n’est autre que le brave général Clinton, qui cache sa gloire sous le costume du trembleur ; c’est un homme simple, pur, énergique. Ève est une jeune fille, née entre une bible et un rouet. Elle est naïve et inspirée ; encore enfant, elle est déjà une héroïne. Elle a combattu plus d’une fois dans les rangs des insurgés : c’est la Jeanne d’Arc de la liberté américaine. Au retour de ses campagnes, elle reprend, sous le toit paternel, sa vie simple et laborieuse de quakeresse. Le vicomte de Rosamberg, qui arrive de France, et qui, après avoir fait naufrage au port, vient demander gaiement l’hospitalité à Daniel, est le plus écervelé des jeunes seigneurs à la mode. Il a quitté Versailles et Paris, la cour du roi et la cour des philosophes, ses maîtresses, qui le ruinaient, le boston, qui faisait fureur, les cabriolets, qu’on venait d’importer de Londres à Paris, et les premières courses avec chevaux et jockeys anglais dans la plaine des Sablons. Que vient-il donc faire en Amérique ? Il ne vient pas pour se battre au nom de la liberté, comme le marquis de Lafayette, le prince de Broglie ou le comte de Rochambeau ; il vient pour enlever au marquis Acton de Kermare sa dernière maîtresse et se mesurer avec lui. La réputation du marquis Acton a franchi les mers, et a retenti à Versailles ; c’est le plus débauché, le plus prodigue et le plus brave des gentilshommes ; il éblouit Québec par son luxe et le scandalise par ses débauches ; on peut faire deux mille lieues pour se battre avec un tel adversaire. Tout ce début est neuf ; on écoute, on se laisse aller au charme du dialogue, sans comprendre encore où l’auteur veut en venir, lorsqu’on amène à Daniel un pauvre quaker mutilé à qui le marquis de Kermare a fait crever les yeux, en lui remettant un écrit où il jure qu’il exercera les mêmes cruautés sur tous les quakers qui tomberont entre ses mains. Cet édit féroce à la façon d’Hérode soulève dans le cœur de la fille de Daniel un immense désir de vengeance ; l’inspiration qui sommeillait s’est réveillée : Ève sauvera ses frères. Par quel moyen ? elle ouvre la bible pour demander conseil à Dieu, et ses yeux tombent sur l’histoire de Judith. Elle reprend alors ses habits de voyage et part pour Québec.

Avant d’aller plus loin, je veux adresser une observation à M. Gozlan à propos du marquis de Kermare, dont il fait un personnage à double figure. Pour le vicomte de Rosamberg, le marquis Acton ne peut être qu’un grand débauché ; s’il devient féroce, impitoyable, égorgeur, la donnée n’est plus exacte, et le vicomte ne peut plus le traiter d’égal à égal et se mesurer avec lui. D’autre part, il faut que ce soit un monstre de cruauté pour motiver la sainte colère de la quakeresse et légitimer son projet. Si Marat n’eût été qu’un libertin audacieux, il n’y aurait pas eu de Charlotte Corday. M. Gozlan a donc été obligé de faire deux réputations au marquis de Kermare ; il a échafaudé sa pièce sur un malentendu. N’est-ce pas une faute ?

Le second acte est sans contredit le plus remarquable. L’arrivée de Rosamberg à Québec, suivi de deux créanciers qu’il a emmenés de France en Amérique par une espièglerie de don Juan en goguette, est d’un bon comique. La scène entre le vieux duc de Kermare et les jeunes gentilshommes est vraiment belle. La présentation du vicomte de Rosamberg au marquis Acton est d’une touche de maître ; les mots spirituels se succèdent sans se faire attendre. Décidément le marquis Acton de Kermare ne me semble pas capable de faire crever les yeux aux quakers, et surtout d’écrire froidement après son crime l’abominable lettre qu’il adresse à toute la famille des frères. Gentilhomme qui a un parc aux cerfs, planteur qui fait fustiger ses esclaves, passe ; mais de là à Hérode il y a loin. Cela est si vrai et si bien senti que, lorsqu’Ève arrive dans le palais du marquis et se trouve face à face avec celui qu’elle vient poignarder, il n’y a pas un moment d’émotion ; sans qu’il puisse s’en rendre compte, l’auditoire ne craint pas que le poignard se lève, et il pressent que c’est un coup manqué, tant c’est peu Holopherne, et tant, il faut l’avouer, c’est peu Judith. Ce n’est pas précisément pour cette raison que M. Gozlan arrête le bras de la jeune fille ; c’est qu’il y a quelques jours, dans la forêt, Ève a sauvé Acton, sans le connaître, de la piqûre mortelle d’un serpent, dont ses lèvres ont aspiré le venin. Ce hasard est providentiel ; le doigt de Dieu est visible : Ève ne peut tuer celui qu’elle a sauvé, et, si elle se le prouve si bien, c’est qu’elle aime déjà. Il n’est rien pour faire comprendre vite les choses à une jeune fille comme un peu d’amour ! Si M. Gozlan n’était entièrement préoccupé de son drame, on pourrait lui supposer quelque arrière-pensée satirique contre les femmes qui veulent jouer le rôle d’héroïnes. On pourrait croire qu’il a voulu dire que les Jeanne d’Arc et les Judith sont vulnérables comme de simples femmes, et que la plus forte, la plus sublime, au moment de délivrer son pays, peut s’oublier et se donner un maître. Pareillement, si l’on connaissait à l’esprit méridional de M. Gozlan le moindre penchant pour le symbole, on pourrait penser que cette Ève qui triomphe du serpent cette fois, et sauve l’homme, n’est autre chose que la contrepartie du mythe biblique avec une haute pensée de progrès et de réhabilitation. On en croira ce qu’on voudra.

Ève n’exécutant plus son terrible dessein, il n’y aurait plus de drame, si Caprice, l’esclave favorite de Kermare, qui voit avec désespoir son règne passé et l’amour violent de son maître pour la fille de Daniel, ne jurait de se venger de sa rivale et ne préparait déjà le poison. Qu’on se rassure ; le poison ne sera pas plus servi que le poignard ne s’est levé. Le caractère de l’esclave Caprice est d’ailleurs bien dessiné, et on comprend que cette esclave nourrisse pour le marquis un de ces amours exclusifs, jaloux, cruels, qui sont de l’amour et qui ressemblent si fort à de la haine.

Le troisième et le quatrième actes sont trop surchargés d’évènemens. Au milieu de péripéties si diverses, l’intérêt hésite et reste quelquefois en suspens. Il y a pourtant de belles scènes. Dialogue animé, situations originales, effets puissans, ces deux actes ont tout cela, comme aussi leurs défauts. Pourquoi Caprice, au moment de présenter à Ève la coupe empoisonnée, se ravise-t-elle, comme par une inspiration soudaine, et songe-t-elle à une autre vengeance ? Pour cette esclave, la meilleure vengeance est la plus prompte, et il n’est pas dans son caractère de déshonorer sa rivale plutôt que de la tuer. C’est un raffinement de cruauté qu’elle ne doit pas comprendre. Ceci d’ailleurs est peu de chose ; ce qui est plus grave, c’est la conversion subite du marquis de Kermare. Je ne nie pas qu’au point de vue humain, une telle conversion ne soit possible ; il y en a des exemples ; mais je dis qu’au point de vue dramatique, elle l’est beaucoup moins. L’auteur a beau employer une gradation savante dans cette transformation à vue, cela ne durera jamais plus de dix minutes, et l’auditoire ne sera pas touché, parce qu’il ne sera pas suffisamment convaincu. Lorsque Pauline se convertit, elle était déjà chrétienne ; le je crois était dans son cœur long-temps avant d’éclater sur ses lèvres. En général, le spectateur est rebelle aux sentimens qui naissent tout d’un coup sous ses yeux ; il aime à voir les sentimens grandir et se développer, il n’aime pas à les voir naître ; il n’y a plus assez d’illusion. M. Gozlan, qui ne connaît guère ses personnages que du moment qu’il les met en scène, n’est-il pas dans la nécessité de les faire vivre et penser trop rapidement, et de développer leurs passions, pour ainsi dire, à la minute. L’ame et le cœur, dans ce drame, exécutent des évolutions trop promptes : on dirait une improvisation de la vie. Au moins ces personnages, puisqu’ils vivent si complètement sous les yeux du spectateur, ne devraient manquer ni de logique ni d’unité. En est-il toujours ainsi ? Nous avons vu que l’esclave Caprice, préférant à une vengeance sûre une vengeance lointaine et douteuse, n’était pas conséquente avec elle-même. Ève, la Jeanne d’Arc et la Judith du premier acte, quand elle écrit au quatrième son billet au vicomte de Rosamberg, est-elle encore dans son caractère, et ne devient-elle pas une pensionnaire amoureuse ? Et que dire à l’auteur d’Ève de ce procédé qu’il semble employer systématiquement, et qui consiste à faire marcher chaque acte de son drame à l’aide d’un grand projet, d’une grande menace qu’on prend au sérieux et qui ne se réalise jamais ? Mais en relevant ces fautes dans la marche de la pièce, nous voudrions pouvoir faire ressortir aussi bien les nombreuses et remarquables qualités qui consistent surtout dans les détails.

Arrivons au cinquième acte. Il est bien qu’Acton de Kermare, converti, pour mériter le chaste et pur amour de la quakeresse, aille combattre sous les drapeaux de la liberté américaine, et se réhabiliter sur les champs de bataille d’une noble cause. Ce qui est beau également, c’est que, pour se venger de Rosamberg, qui l’a appelé lâche quand il n’a plus accepté le duel tant annoncé dans les premiers actes, il aille acquérir de la gloire au nom de l’homme qui l’a outragé. Quant au dénouement, est-il vraisemblable ? Cet aimable étourdi de Rosamberg devait-il finir par un suicide ? Après s’être moqué de tout le monde, il aurait mieux fait de se moquer de lui-même, et puisqu’il fallait une mort au dénouement, la victime me semblait désignée. Pourquoi ne pas transporter blessé, mourant et vainqueur, dans la maison de Daniel, le marquis Acton de Kermare ? Était-ce trop de cette double absolution de la mort et de la gloire pour expier sa vie passée ? Nous avons dit qu’il y avait deux actions dans la pièce de M. Gozlan, un drame et une comédie. Le drame, c’est Kermare ; la comédie, c’est Rosamberg. Or, le marquis de Kermare se marie avec celle qu’il aime, et le vicomte de Rosamberg se brûle la cervelle. La comédie paie pour le drame ; ce n’est pas juste.

Ève a réussi. La première représentation avait été presque orageuse devant un public mal disposé ; la seconde a été toute favorable, et depuis, le succès grandit en marchant. Les acteurs méritent des éloges. M. Firmin, dans le rôle du marquis de Kermare, soit dans les premiers actes, où il est violent et cruel, soit dans les derniers, où il est noble et pathétique, déploie une véritable chaleur de jeune homme. On dit qu’Acton de Kermare sera peut-être la dernière création de M. Firmin : l’acteur qui a été aimé du public doit, comme un empereur, s’arranger pour mourir ; il doit finir dans les applaudissemens. M. Brindeau fait des progrès notables dans sa tenue et dans son débit ; c’est un vicomte de Rosamberg de la plus agréable fatuité, il dit souvent son mot avec finesse, et on ne peut lui reprocher que son dandinement trop prétentieux. M. Guyon est un vrai quaker ; son extérieur se prête parfaitement à son rôle. Il a su allier la noblesse avec la simplicité, et la colère avec la vertu. M. Ligier, si solennel dans les premiers actes, sait s’attendrir au dénouement. Quant à Mlle Plessy, sauf qu’elle n’est ni une Jeanne d’Arc ni une Judith, elle est parfaitement dans son rôle de quakeresse. Peut-être seulement est-elle plus gracieuse que naïve. Mme Mélingue a de l’énergie, de la passion ; c’est une belle esclave favorite. Elle a quelques mouvemens trop heurtés et un ou deux éclats de voix trop mélodramatiques.

M. Léon Gozlan, on peut le dire après la représentation d’Ève, a bien fait d’aborder le théâtre. Quand on voit tant d’écrivains dramatiques chercher dans le roman un cadre souvent trop commode à l’improvisation, faut-il blâmer ceux qui renoncent aux facilités du livre pour les entraves de la scène ? Seulement il importe en ceci de ne pas laisser passer l’heure. Pour bien se trouver du théâtre et gagner beaucoup à ce régime sévère, il faut encore être doué de vigueur et de jeunesse. La rampe n’a pas le privilége de rajeunir les talens usés, pas plus, en définitive, qu’elle ne peut donner du bon sens et du goût à ceux qui n’en ont pas. Si, après avoir écrit cent volumes de romans, comme M. de Balzac, par exemple, on éprouve le désir de changer, pour ainsi dire, d’air et de lieu, et qu’épuisé, n’en pouvant plus, om vienne demander au théâtre un sang nouveau pour des veines appauvries, on court après un miracle qui ne s’accomplira pas, cela s’est vu. Un mourant ne guérit point parce qu’il change de lit et de chambre : ce désir de changement est même d’un mauvais augure. Disons que M. Gozlan a saisi le moment favorable, et n’a pas attendu qu’il fût trop tard. Assez de parties vigoureuses attestent, dans son nouveau drame, que, loin d’être un romancier aux expédiens qui tire à vue sur le spectateur, parce que le lecteur ne veut plus de son papier, c’est un écrivain jeune encore, plein de ressources, qui cherche la meilleure expression possible de son talent, et qui finira par la trouver. En attendant, Ève, malgré des imperfections que nous n’avons pas voulu dissimuler, se distingue par des qualités d’invention et de style qui assignent à ce drame une place à part. On dit que le prochain ouvrage de M. Gozlan sera une comédie. Tant mieux ! Nous lui promettons un grand succès si, ne perdant rien de son esprit, il consent à devenir plus logique et plus simple.


P. L.