Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 2/Lecture 5

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 160-169).

LECTURE CINQUIÈME.

HYMNE I.

Aux Aswins, par Agastya.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Nous voulons, au lever de l’aurore, vous invoquer aujourd’hui, vous (invoquer) demain. Voici (Agni) qui vous porte la prière du père de famille ; ô (dieux) véridiques, partout présents, fils du Ciel, (favorisez un serviteur) plus dévoué que Soudas[1] !

2. (Dieux) pleins de libéralité, prenez plaisir à nos offrandes. Exterminez ceux qui marchandent vos faveurs, et enivrez-vous des flots (de notre soma). Prêtez à nos prières et à nos vœux une oreille attentive, héros capables de les exaucer.

3. Ô Poûchan, pour obtenir les trésors de la fille du Soleil[2], que les coursiers des (Aswins) les transportent aussi rapides que la flèche ! (Dieux), les prouesses qui vous ont distingués au sein des ondes (célestes), sont justement célébrées. Votre âge est aussi ancien que celui de l’infatigable Varouna.

4. Que vos présents soient pour nous agréables comme le miel. (Dieux) adorables et bienfaisants, exaucez la prière du poëte. Vos serviteurs, pour obtenir l’abondance et une heureuse lignée, vous présentent ces joyeuses libations.

5. Magnifiques Aswins, c’est pour vous que cet hymne a été composé, pour vous ces prières et ces invocations. Venez dans notre demeure ; protégez-nous, mes enfants et moi ; (dieux) véridiques, goûtez les plaisirs que vous offre Agastya !

6. Puissions-nous traverser cette mer de ténèbres ! Que cet hymne, ô Aswins, soit accueilli de vous ! Arrivez ici par les voies que suivent les dieux. Que nous connaissions la prospérité, la force et l’heureuse vieillesse !


HYMNE II.

Au Ciel et à la Terre, par Agastya.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. De ces deux (divinités), quelle est la plus ancienne ? Quelle est la moins âgée ? Comment sont-elles nées ? Ô poëtes, qui le sait ? Elles sont faites pour porter le monde, tandis que le Jour et la Nuit roulent comme deux roues.

2. Toutes deux, tranquilles et sans mouvement, contiennent des êtres doués de mouvement et de vie. Tels que des parents (gardent) sans cesse à leurs côtés un enfant (chéri), ô Ciel et Terre, gardez-nous contre le mal !

3. Je demande que vous me fassiez jouir d’Aditi[3]. Que cette faveur adorable soit exempte de toute crainte ; qu’elle soit constante, inaltérable et à jamais fortunée ! Ô Ciel et Terre, accordez cette (grâce) à votre chantre. Ô Ciel et Terre, gardez-nous contre le mal !

4. (Divinités) heureuses et secourables, nous sommes à vous, Ciel et Terre qui avez les dieux pour enfants[4]. Vous marchez tous deux avec l’escorte divine des Journées et des Nuits. Ô Ciel et Terre, gardez-nous contre le mal !

5. Sœurs toujours jeunes et semblables à elles-mêmes, elles se suivent, placées aux côtés de leurs parents, et glissant dans le centre du monde. Ô Ciel et Terre, gardez-nous contre le mal !

6. J’invoque dans le sacrifice, en implorant le secours des dieux, ces deux (divinités), mères grandes, larges, solides, remplies de beauté, et qui renferment l’immortalité. Ô Ciel et Terre, gardez-nous contre le mal !

7. J’invoque, par ma prière et dans ce sacrifice, (ces divinités) grandes, larges, étendues, dont les bornes sont immenses, heureuses, bienfaisantes, qui contiennent (le monde). Ô Ciel et Terre, gardez-nous contre le mal !

8. Si nous avons commis quelque faute contre les dieux, contre nos amis, nos enfants ou notre père, que cette prière nous fasse obtenir notre pardon. Ô Ciel et Terre, gardez-nous contre le mal !

9. Louées par nous et favorables aux mortels, que ces deux (divinités) me sauvent ; qu’elles s’entendent pour me secourir et me protéger. En faveur d’un (serviteur) plus dévoué que Soudas, les Dévas vous présentent avec joie les nombreuses offrandes du père de famille.

10. Pieux et recueilli, j’ai commencé par adresser cette prière au Ciel et à la Terre. Vous, notre père et notre mère, vous toujours irréprochables, préservez-nous du mal, et soyez nos protecteurs.

11. Ciel et terre, notre père et notre mère, accordez-nous la grâce que je vous demande. Descendez près des Dévas pour nous secourir. Que nous connaissions la prospérité, la force et l’heureuse vieillesse !


HYMNE III.

Aux Viswadévas, par Agastya.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Que Viswânara[5], que le divin Savitri accourent heureusement à notre sacrifice, attirés par la voix des hymnes[6]. (Venez) renouveler votre jeunesse et vous enivrer de nos libations. (Venez) à notre prière faire le bonheur du monde entier.

2. Qu’ils se rendent vers nous les invincibles Viswadévas, Mitra, Aryaman, Varouna leur compagnon ; que les Viswadévas deviennent pour nous une source de prospérité ; qu’ils nous accordent une force accompagnée du triomphe !

3. M’unissant à vos transports, je m’empresse de chanter Agni, qui est votre hôte chéri. Pour nous rendre favorable le glorieux Varouna, que le père de famille, si fameux par sa générosité, prodigue les offrandes.

4. Tel que la vache aux mamelles pleines, je vous appelle avec anxiété, vous (Viswadévas), (et vous), Nuit et Aurore. Dans un même jour et comme dans une seule mamelle, je rassemble le lait de la louange que je destine à plusieurs.

5. Qu’Ahirboudhnya[7] nous envoie l’abondance. De même que la vache vient à son nourrisson, de même vers lui s’avance la Libation, dont nous honorons le fils des Ondes[8] et que transportent les (vents) généreux, aussi rapides que la pensée.

6. Que Twachtri vienne aussi vers nous, et qu’il partage la joie des maîtres du sacrifice. Que le puissant Indra, l’ennemi de Vritra et l’ami des hommes, se rende à notre sacrifice.

7. Que nos Prières, attelées au char (du sacrifice), s’approchent d’Indra comme la vache de son veau, et caressent leur nourrisson. Que nos Invocations, comme de tendres épouses, plaisent au meilleur des dieux.

8. Que vers nous arrivent les robustes Marouts ; qu’ils accourent d’un commun accord, poussant entre le ciel et la terre leurs coursiers couverts de rosée, dieux rapides, bons et protecteurs pour leurs amis, intraitables pour leurs ennemis.

9. Lorsque, pour célébrer leurs prouesses, à la prière d’un homme pieux, les poëtes composent un hymne, alors ces (dieux) n’ont plus de colère que pour chasser les mauvais jours ; ils n’ont plus de force que pour fertiliser le désert.

10. Honorez aussi pour votre avantage les Aswins ; honorez Poûchan, car ces (dieux) sont doués de puissance. Invoquez le clément Vichnou, le Vent, Ribhoukchas[9] ; que les dieux nous accordent la félicité !

11. (Dieux) adorables, c’est pour vous que s’allume la flamme de ce (sacrifice) : qu’elle soit une source de vie, une cause de stabilité, (cette flamme) que les Dévas disposent dans la vue d’obtenir la fortune ! Que nous connaissions la prospérité, la force et l’heureuse vieillesse !


HYMNE IV.

Au Dieu de l’offrande[10], par Agastya.

(Mètres : Gâyatrî et Anouchtoubh.)

1. Je chante (le dieu) des offrandes, qui est le soutien et la force du monde : c’est par la puissance de ce (dieu) que Trita[11] a déchiré les membres de Vritra.

2. Douce (divinité) des offrandes, aussi douce que le miel, nous t’honorons ; protége-nous.

3. (Divinité) des offrandes, viens à nous ; montre-toi, par tes heureux secours, bonne, propice, amie, secourable, utile et constante.

4. À toi, (divinité) des offrandes, sont ces douces émanations qui montent dans les airs, ces esprits qui semblent se réfugier dans le ciel.

5. Ils sont à toi, (divinité) des offrandes ; ils sont à toi, divinité suave ; car c’est toi qui les donnes. Ceux qui respirent ces vapeurs s’en vont la tête levée[12].

6. (Divinité) des offrandes, tu es l’amour des grands dieux. Rien n’est beau que sous ton étendard. C’est avec ton secours qu’(Indra) a tué Ahi.

7. (Divinité) des offrandes, quand les montagnes (célestes) viennent briller de ta substance, alors, douce divinité, redescends vers nous après les avoir suffisamment nourries.

8. Si nous avons, autour de nous, diminué l’heureuse abondance des ondes et des plantes, deviens Vâtâpi[13] ; gonfle-toi pour nous.

9. Ô Soma[14], si nous t’avons donné la pure substance de nos vaches, deviens Vâtâpi ; gonfle-toi pour nous.

10. Ô plante (qui dois servir pour nos libations)[15], prends la forme de nos gâteaux (sacrés)[16] ; large, salutaire, aérienne, deviens Vâtâpi ; gonfle-toi pour nous.

11. (Divinité) des offrandes, comme la vache offre son lait pour l’holocauste, nous t’offrons aussi, toi-même en même temps que la Prière, pour que tu fasses le bonheur des dieux, pour que tu fasses aussi le nôtre.


HYMNE V.

À Agni, par Agastya.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Dieu) mille fois vainqueur, les Dévas[17] viennent de t’allumer aujourd’hui ; tu règnes avec splendeur. Sois notre sage messager, et transporte nos holocaustes.

2. Tanoûnapât[18] arrive dans son foyer ; le sacrifice est couvert du miel (des offrandes), il reçoit des milliers de (pieux) présents.

3. Invoqué par nous, (dieu) digne d’être célébré, amène les (autres) dieux que doivent honorer nos sacrifices. Agni, tu nous accordes des biens innombrables.

4. (Les prêtres) ont étendu et tourné vers l’orient ce cousa, dont la vertu est si prodigieuse : (ils l’ont dirigé) vers le côté où vous régnez, ô Adityas !

5. Ô roi et souverain seigneur, les libations ont coulé vers les portes (de votre domaine), si hautes, si puissantes, si nombreuses, si abondantes.

6. Que les deux Crépuscules viennent prendre leur place (à notre sacrifice), beaux et brillants des lueurs (d’Agni).

7. Qu’en premier lieu les deux sacrificateurs divins, sages, à la douce parole, viennent ici exercer leur saint ministère[19].

8. Bhâratî, Ilâ, Saraswatî[20], vous que j’invoque toutes à la fois, envoyez-nous la fortune.

9. Twachtri[21], habile à créer les formes, façonne tous les animaux. (Ô dieu), accorde-nous l’accroissement de nos troupeaux !

10. Ô maître du bûcher[22], donne aux dieux les aliments qu’ils réclament de toi. Qu’Agni procure aux holocaustes une douce saveur.

11. Agni est le premier des Dévas, et se trouve honoré par la Gâyatrî. Il aime les offrandes de la Swâhâ[23].


HYMNE VI.

À Agni, par Agastya.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Agni, conduis-nous à la richesse par le meilleur des chemins, ô dieu qui connais tout ce qui est convenable ! Éloigne de nous le mal, qui suit une route oblique. Puissions-nous obtenir le plus beau fruit des hommages que nous te rendons !

2. Agni digne de nos louanges, fais-nous traverser heureusement tous les dangers. Donne-nous, et à mon fils et à ses enfants, une large jouissance de toute espèce de prospérités.

3. Agni, défends-nous contre les maladies ; qu’elles tombent sur les hommes que tu ne protéges pas. Ô dieu digne de nos sacrifices, (viens) avec tous les immortels dans ton foyer, et fais notre bonheur.

4. Agni, brille sur ton trône, et accorde-nous une protection continuelle ! (Dieu) puissant et toujours jeune, que ton poëte puisse être rassuré et aujourd’hui et demain sur tes sentiments !

5. Agni, ne nous abandonne pas à l’adversité ; (ne nous livre pas) à l’ennemi habile à changer le bien en mal, (Dieu) puissant, ne nous mets point à la discrétion d’un tel homme, qui ne voudrait que nous attaquer, nous blesser, nous perdre.

6. Agni, né du sacrifice, un serviteur qui t’est dévoué honore ta forme visible par des hymnes et des offrandes. Ô dieu, (protège-nous) contre quiconque voudrait nous nuire par ses discours ou par ses actions : tu es l’ennemi de tous ceux qui suivent les voies obliques.

7. Agni, (dieu) sage et digne de nos sacrifices, tu visites avec empressement les deux espèces d’hommes qui t’implorent[24]. Viens exaucer les vœux des fils de Manou, et, prenant nos offrandes, sois avec nous comme avec les enfants d’Ousidj[25].

8. Sur le puissant Agni (et il est l’enfant de la prière), faisons nos invocations. Puissions-nous, et nous et les Richis (ici présents), obtenir des biens innombrables ! Que nous connaissions la prospérité, la force et l’heureuse vieillesse !


HYMNE VII.

À Vrihaspati[26], par Agastya.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Exalte par tes hymnes l’admirable Vrihaspati, bon et généreux (dieu) à la douce langue, qui brille d’un aimable éclat, et dont les dieux, aussi bien que les mortels, répètent les louanges.

2. Autour de Vrihaspati se rassemble cette foule de prières, diversifiées suivant les circonstances et recueillies par la piété. Vrihaspati est l’ornement et le maître des offrandes. Il est comme l’âme du sacrifice.

3. Que l’hymne, les invocations, les mètres sacrés soient pour lui ce que les rayons sont pour Savitri. Elle n’est point à redouter la puissance de (ce dieu), qui, formidable comme l’animal sauvage, est doux et bon malgré sa force.

4. Sa louange, comme un coursier (rapide), parcourt le ciel et la terre. Qu’il prenne et porte nos offrandes, (ce dieu) qui pense au bonheur (des hommes). Les coups de Vrihaspati, aussi terribles que ceux de l’animal sauvage, vont frapper le ciel, obscurci par Ahi.

5. Ô dieu, les Padjras qui t’honorent par des libations de beurre, malgré leurs fautes, vivent heureusement. Ô Vrihaspati, tu ne donnes pas tes biens à l’impie ; tu aimes l’homme qui t’apporte des offrandes.

6. Tu es la voie verdoyante de l’heureux voyageur ; tu es aussi l’ami empressé de l’infortuné. Couvre de ta protection les (hommes) vertueux qui nous aiment ; ils se présentent pour obtenir tes secours.

7. Comme (le sujet) va vers son maître, comme les fleuves coulent vers la mer, de même les hymnes (se dirigent) vers Vrihaspati. Ce (dieu) est sage, et, tel que le vautour au milieu des airs, il voit et les ondes et le moyen d’y arriver.

8. Ainsi Vrihaspati est grand, fort, puissant et généreux. Loué par nous, qu’il nous accorde une heureuse fécondité parmi les hommes, parmi les vaches. Que nous connaissions la prospérité, la force et l’heureuse vieillesse !


HYMNE VIII.

Aux Âpris du Soleil[27], par Agastya.

(Mètres : Anouchtoubh, Pankti, Vrihati et Djagatî.)

1. (L’être) qui marche est comme arrêté au sein de noires vapeurs. Les Ténèbres[28] ont enveloppé les deux flambeaux lumineux[29].

2. Mais voici que (l’Aurore) vient, et détruit ces Ténèbres ; elle arrive de l’extrémité du ciel, elle les abat et les réduit en poussière.

3. Les Saras, les Cousaras, les Darbhas, les Sêryas, les Môndjas, les Verinas[30], tout se trouvait invisible, et enveloppé de ces Ténèbres.

4. Les vaches étaient retirées dans leurs étables, les hôtes des forêts dans leurs repaires ; les hommes étaient engourdis, tous enveloppés par ces Ténèbres.

5. Mais ces Ténèbres ont été trahies par le matin, telles que des voleurs. Ô Ténèbres, vous avez vu la lumière[31], et tous êtes sorties de votre sommeil.

6. Vous avez le Ciel pour père, la Terre pour mère, Soma[32] pour votre frère, Aditi pour sœur. Ô Ténèbres, vous avez vu la lumière ; levez-vous, et rentrez heureusement (dans votre séjour).

7. Mutilées, coupées par morceaux, effilées comme des aiguilles, allez, ô Ténèbres, et délivrez-nous de votre présence !

8. À l’orient le Soleil se lève à la vue de tous ; il tue les Ténèbres, il dévore toutes ces noires vapeurs, issues de génies malfaisants[33].

9. Oui, le Soleil se lève pour détruire beaucoup (de maux) ; c’est Aditya venant avec les Vents se montrer à tous, et tuer les Ténèbres.

10. (Couchoumbhaca parle.) « Que ces vapeurs à ma voix s’étendent sur le Soleil, telles que ces tentes dont est couverte la demeure de l’homme qui distribue de douces liqueurs[34]. Comme le Soleil, que nous soyons immortels ! Le (dieu) que portent des coursiers azurés, de ces ondes unies au Soleil dans le séjour céleste, t’a formée, douce liqueur d’immortalité[35] !

11. « Tel qu’un magnifique oiseau, (il s’élève) et absorbe tes vapeurs. Comme le Soleil, que nous soyons immortels ! Le (dieu) que portent des coursiers azurés, de ces ondes unies au Soleil dans le séjour céleste, t’a formée, douce liqueur d’immortalité !

12. « Que ses vingt et une (flammes) aux teintes variées[36] dévorent la substance de ces vapeurs. Ces (flammes) ne meurent point ; comme elles, que nous soyons immortels ! Le (dieu) que portent des coursiers azurés, de ces ondes unies au Soleil dans le séjour céleste, t’a formée, douce liqueur d’immortalité[37] !

13. « J’appelle tous ces quatre-vingt-dix torrents que forment ces vapeurs. Le (dieu) que portent des coursiers azurés, de ces ondes unies au Soleil dans le séjour céleste, t’a formée, douce liqueur d’immortalité !

14. « Ainsi (d’un côté) les vingt et une flammes aux nuances de paon, (de l’autre) les sept sœurs aux flots rapides, de même que des urnes reçoivent l’eau, se saisissent de tes ondes, (douce liqueur d’immortalité)[38] !

15. « Moi, Couchoumbhaca[39], avec la foudre je fends ces vapeurs, et elles roulent en ondes jusque dans les régions du ciel les plus éloignées. »

16. Ainsi parla Couchoumbhaca : nous avons redit ses paroles. Le venin du scorpion[40] est devenu innocent. Ô scorpion, ton venin est innocent !


HYMNE IX.

À Agni, par Gritsamada, fils de Sounahotra, de la famille d’Angiras.

(Mètre : Djagatî.)

1. Agni (dieu), pur et lumineux, maître des hommes, tu nais environné de splendeurs, de libations, de coupes, de bois et de plantes.

2. Pour (l’homme) qui veut honorer les dieux aux jours favorables, ô Agni, tu diriges l’holocauste, les libations, les cérémonies, et surveilles le feu. Tu es le héraut, le prêtre, le pontife ; tu es pour nous un maître de maison.

3. Tu es pour les hommes pieux le généreux Indra ; tu es l’illustre Vichnou, toujours adorable ; tu es le pontife opulent, le maître de la chose sacrée, le soutien de tous les êtres, le compagnon de toutes les prières.

4. Agni, tu es le royal Varouna, tu es Mitra si ferme dans ses œuvres, (dieu) secourable, et digne de nos chants. Tu es Aryaman, le maître de la piété, un reflet, une forme (du Soleil) ; dans le sacrifice tu es, ô dieu, un bienfaiteur.

5. Agni, tu es Twachtri ; les (Prières) sont tes épouses, et ton serviteur trouve en toi un ami puissant, un parent fidèle qui fait sa force. Magnifique et vivement empressé, tu donnes et de nombreux et de vaillants coursiers.

6. Agni, tu es Roudra qui règne dans les airs, et dispenses la vie[41] ; tu es la force des Marouts et le maître des offrandes. Tes coursiers rougeâtres sont aussi rapides que les vents. En toi réside la prospérité ; tu es Poûchan, et tu sais protéger tes serviteurs.

7. Agni, pour (l’homme) qui t’honore, tu es Dravinodâs[42]. Tu es le divin Savitri, et l’auteur de toute opulence. Roi des hommes, tu es Bhaga, tu règnes par la richesse, et tu gardes dans ta demeure celui qui te vénère.

8. Agni, le peuple t’adore, dans son foyer, comme son souverain, comme un roi bienveillant. (Dieu) aux brillantes clartés, tu es le maître de tout ; en toi sont rassemblés d’innombrables trésors.

9. Agni, ô toi dont le corps s’entoure de tant d’éclat, les hommes par leurs offrandes (l’honorent) comme un frère, par leurs œuvres ils te servent comme un père. Tu es le fils de celui qui te révère : tu es pour nous un ami fidèle, et un patron dévoué.

10. Agni, tu es Ribhou, vénérable et (vivant) près de nous ; tu es le maître de l’abondance et de la féconde prospérité. Tu brilles et tu brûles. C’est toi qui ordonnes le sacrifice, c’est toi qui l’offres.

11. Divin Agni, tu es Aditi pour ton serviteur. Tu es Hotra, tu es Bhâratî. Ton bonheur est dans nos hymnes. Tu es l’éternelle Ilâ, pour nous combler de biens. Maître de l’opulence, tu as donné la mort à Vritra, et tu es Saraswatî.

12. Agni, ton serviteur trouve par toi la plus belle des existences. Dans tes splendeurs si éclatantes, si désirables, se rencontrent toutes les beautés. Tu nous donnes la nourriture et le salut, ô grand (dieu) ! tu es riche, magnifique, partout présent.

13. Prudent Agni, tu es les Adityas. Les dieux ont pris ta bouche et ta langue (pour être leur bouche et leur langue). C’est par toi que, dans les sacrifices, ils reçoivent les offrandes. C’est par toi que les dieux mangent l’holocauste.

14. Oui, c’est par toi, Agni, que tous les dieux, immortels et bienfaisants, mangent l’holocauste. Par toi les mortels goûtent le fruit de la libation. Dieu pur, tu produis les plantes dont tu portes en toi le germe.

15. Généreux Agni, parmi tous ces dieux que tu rassembles, tu excelles, tu domines avec majesté. Par un effet de ta grande puissance, que l’offrande, présentée dans notre sacrifice, profite également et au ciel et à la terre !

16. Agni, tu nous conduis vers le bonheur, et nous, et les chefs de famille qui donnent à tes chantres d’excellentes vaches et de beaux chevaux. Pères d’une heureuse lignée, puissions-nous chanter longtemps encore dans le sacrifice !


HYMNE X.

À Agni, par Gritsamada[43].

(Mètre : Djagatî.)

1. Augmentez par le sacrifice la grandeur d’Agni, qui possède tous les biens ; honorez-le par l’holocauste, l’offrande et le chant, cet (Agni) qui s’enflamme sous nos abondantes libations, brillant sacrificateur et guide invincible dans la voie du bonheur.

2. Agni, les Nuits et les Aurores t’appellent, comme les vaches dans les pâturages appellent leur nourrisson. Tel que (l’astre), voyageur céleste, (dieu) magnifique, tu brilles dans ton foyer, et pendant la nuit et pendant le jour, qui appartient à l’homme.

3. Les Dévas ont placé Agni dans la région de l’air pour y accomplir une œuvre merveilleuse, et pour y voyager entre le ciel et la terre. Resplendissant d’un pur éclat, il est pour nous tel qu’un char rempli de trésors ; c’est un ami digne d’être partout célébré.

4. Le couvrant de leurs libations, ils lui ont donné pour demeure la voûte céleste ; et là, étincelant comme l’or, voyageur aérien[44], il agite ses membres rayonnants, et, salutaire comme une onde (pure), il glisse entre les deux grands parents (du monde).

5. Que ce (dieu) sacrificateur préside à toutes nos cérémonies ! Les enfants de Manou l’honorent par des chants et des holocaustes. Que ses mâchoires ardentes s’ouvrent pour saisir les plantes (qui l’alimentent) ; ainsi que le firmament chargé d’étoiles, qu’il poursuive aussi sa course entre le Ciel et la Terre.

6. Dieu opulent et libéral, brille pour notre bonheur, et accorde-nous la richesse ! Orne pour nous le Ciel et la Terre ! Agni, (prends) les holocaustes de l’homme pour les remettre aux dieux.

7. Donne-nous, Agni, quelque chose de grand ; donne-nous les biens par milliers. Ouvre-nous les portes de l’abondance et de la renommée. Rends le Ciel et la Terre favorables à notre prière ! Que les Aurores brillent pour nous d’un éclat fortuné !

8. Que lui-même allume, après les charmantes Aurores, ses splendides rayons, et qu’il brille pour notre bonheur, cet Agni que Manou entoure de ses offrandes et de ses hommages, ce roi du peuple, cet hôte gracieux d’Ayou[45] !

9. Ainsi, ô le premier des immortels étincelants de lumières, que notre hymne, à nous autres mortels, porte son fruit ! Que (la prière) du sacrifice soit pour l’homme pieux comme une vache féconde dont il puisse tirer, selon ses désirs, des biens nombreux et variés !

10. Pour prix de nos offrandes et de nos prières, puissions-nous obtenir la force et la victoire ! Que notre puissance, difficile à vaincre, brille heureusement parmi les cinq espèces d’êtres[46] !

11. Puissant Agni, ne nous oublie pas. Tu es digne des hommages que viennent t’apporter de généreux chefs de famille. Ils s’approchent, les mains pleines d’offrandes, des feux du sacrifice qui s’élèvent de ton foyer, pour obtenir la perpétuité de leur race.

12. Agni, possesseur de tout bien, prends sous ta protection et tes chantres et les pères de famille. Donne-nous l’opulence ; donne-nous la richesse, accompagnée de la gloire et de l’abondance ; donne-nous une nombreuse postérité.

13. Agni, tu nous conduis vers le bonheur, nous et les chefs de famille qui donnent à tes chantres d’excellentes vaches et de beaux chevaux. Pères d’une heureuse lignée, puissions-nous chanter longtemps encore dans le sacrifice !


HYMNE XI.

À Agni[47], par Gritsamada.

(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. Agni (surnommé) Samiddha, placé sur le foyer, se présente à tous les mondes. Antique sacrificateur, dieu pur et sage, qu’Agni daigne, en l’honneur des dieux, accomplir l’œuvre sacrée !

2. Que le (dieu appelé) Narâsansa, s’entourant de lueurs éclatantes, les étende magnifiquement sur les trois mondes : qu’arrosant l’holocauste de libations de beurre, et le sanctifiant par la prière, il honore les (dieux) au moment du sacrifice.

3. Agni (qu’on nomme) Ilita, daigne écouter notre prière, et honore les dieux, établis aujourd’hui par l’enfant de Manou à la première place. Amène ici la troupe des Marouts. Prêtres, rendez hommage à l’inébranlable Indra, qui siége sur le gazon sacré.

4. Ô dieu, un large lit de ce cousa qui donne la force et qui ne porte que des fardeaux sacrés, a été étendu dans ce sanctuaire. Sur ce (cousa) humide d’un beurre purifié, venez vous asseoir. Vasous, Viswadévas, et vous, adorables Adityas.

5. Qu’elles s’ouvrent de toute leur largeur ces Portes divines (de l’enceinte sacrée, ces Portes) que nous invoquons, et dont nous ne nous approchons qu’avec un pieux respect. Que ces larges et vénérables Portes soient célébrées, et qu’elles purifient pour nous une race forte et glorieuse.

6. Nos œuvres, par la vertu de (ce maître) éternel, ne peuvent être que louables. Vous, Nuit et Aurore, arrosées par nos libations ; vous qui, d’un mutuel accord, venez successivement couvrir (le monde) de votre grand voile, fécondes (nourricières), (accourez) à notre sacrifice.

7. Couple de sacrificateurs divins, doués de science et de beauté, (je vous invoque) en premier lieu. Accompagnant de prières votre œuvre pieuse, vous honorez les dieux au moment convenable, et vous embellissez de vos feux le saint foyer de terre dans les trois places consacrées.

8. Ô Saraswatî, qui composes pour nous la prière ; ô divine Ilâ, ô Bhâratî vive et empressée, venez toutes trois prendre votre part de l’offrande, et vous asseoir sur ce pur et salutaire gazon.

9. (Un dieu) rapide et fort, riche en aliments précieux, et ne portant que de saints fardeaux, Twachtri, le désiré des autres dieux, vient de naître avec sa sombre beauté : qu’il entre au séjour qui l’attend, pour y former notre race[48]. Ainsi se poursuive la libation en l’honneur des dieux !

10. Agni (appelé) Vanaspati est près de nous, recevant l’holocauste et le purifiant par la prière. Sage et divin sacrificateur, qu’il apporte, pour plaire aux dieux, l’offrande trois fois arrosée de libations.

11. Je répands le beurre (sacré) ; le beurre est la matrice d’Agni ; Agni est enfermé dans le beurre ; le beurre forme son rayon. (Dieu) généreux, apporte successivement les offrandes, enivre (tes hôtes), et transmets-leur l’holocauste accompagné de la Swâhâ.


HYMNE XII.

À Agni, par Somahouti, fils de Bhrigou.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. J’invoque pour vous le brillant Agni, l’hôte du peuple ; Agni (honoré) par des hymnes et des offrandes, ce dieu possesseur de tous les biens, qui est un ami et un soutien pour tous les êtres, même pour les dieux.

2. Les Bhrigous, honorant Agni, l’ont établi au séjour des ondes (célestes) ; et, en second lieu, au milieu du peuple d’Ayou. Que le maître des dieux, qu’Agni aux rapides coursiers triomphe de tout.

3. Les Dévas, destinés à disparaître, ont constitué Agni au milieu de la race humaine comme un ami véritable. Qu’il répande donc ses flots de lumière, et que de son foyer il comble de biens son serviteur !

4. On aime à honorer ce dieu, qui est comme votre bien ; on aime à le voir grandir, et produire ses lueurs. Sur la ramée il agite ses flammes, comme le cheval attelé à un char agite ses crins.

5. Au moment où mes chantres célèbrent la grandeur (d’Agni), (le dieu) prête aux enfants d’Ousidj[49] une couleur aussi éclatante que la sienne[50]. Les offrandes donnent à sa flamme des teintes variées, et sa jeunesse semble à chaque instant se renouveler.

6. S’acharnant sur le bois qu’il dévore, il brille ; il court comme l’eau, il résonne comme un char. Il trace en brûlant un noir sentier. Il plaît comme un ciel qui sourit entre ses nuages.

7. Puis il s’étend, et va brûler la terre ; il se lance ainsi que le troupeau sans pasteur. Agni, en jetant des flammes, consume, noircit, dévore les plantes.

8. Quand, le matin, nous implorons ton secours ; quand, dans le troisième sacrifice[51], nous t’adressons nos prières, donne-nous, ô Agni, de vaillants compagnons, une heureuse abondance, une belle famille et de vastes richesses !

9. Agni, pour que les enfants de Gritsamada, qui t’honorent dans ton foyer, puissent vaincre leurs voisins, qu’ils aient de braves guerriers, que par toi ils obtiennent des succès ! Donne aux chefs de famille et à ton chantre ce fruit de leurs œuvres.


HYMNE XIII.

À Agni, par Somahouti.

(Mètre : Anouchtoubhî.)

1. Il vient de naître (le dieu) qui présente l’holocauste[52] et qui annonce (le sacrifice), le père dont le secours peut sauver ceux qui ont été ses pères[53]. Qu’il nous accorde une opulence capable de nous donner la victoire. Puissions-nous devenir forts pour prix de nos offrandes !

2. Avec lui, chef du sacrifice, sont sept guides resplendissants[54] ; et le (dieu) qui purifie l’offrande[55] fait lui-même le huitième, venant, être divin, en qualité de Manou[56].

3. Si des prières sont adressées au (dieu) qui supporte (l’œuvre pieuse )[57], alors il les prend et les embrasse toutes, comme la jante embrasse la roue d’un char.

4. Avec la sainte cérémonie est né le saint héraut (du sacrifice)[58], qui en suit sagement les diverses parties, comme (l’oiseau parcourt) les branches (d’un arbre).

5. Les (rayons), vaches lumineuses du dieu qui dirige (les pieuses pratiques)[59] embrassent sa forme brillante, et se colorent aux feux des trois sœurs[60] qui sont accourues au sacrifice.

6. Si la sœur de celui qui contient (les libations)[61] se présente portant le beurre (sacré), le (dieu) occupé des rites salutaires[62] se réjouit en voyant arriver ces (offrandes), où l’orge (tombe) comme la pluie.

7. Que le (dieu) qui observe le moment favorable[63] serve volontairement de prêtre à son serviteur. Puissions-nous recueillir le fruit des hymnes et des sacrifices que nous avons préparés !

8. Puisse-t-il satisfaire tous ces (dieux) que nous avons à honorer, ce sacrifice que nous venons, ô sage Agni, d’accomplir en toi !


HYMNE XIV.

À Agni, par Somahouti.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Agni, accueille nos feux et nos offrandes. Exauce nos prières.

2. Enfant de l’offrande, toi que notre hymne a fait naître, puisse notre piété obtenir de toi promptement le fruit du sacrifice !

3. (Dieu) magnifique et opulent, digne de nos louanges, nous voulons t’honorer par nos chants.

4. Maître généreux, possesseur libéral de la richesse, écoute-nous, et combats nos ennemis.

5. Du haut du ciel donne-nous la pluie ; entoure-nous d’une abondance constante, d’une fécondité sans bornes.

6. Héraut (divin) et toujours jeune, sacrificateur digne lui-même de nos sacrifices, je t’invoque, j’implore ton secours. Accours à notre voix.

7. Sage et prudent Agni, tu viens à nous par une double naissance[64] ; tu es le messager (des dieux). Ta nature t’a fait notre ami.

8. (Dieu) sage et empressé, exauce nos vœux ; accomplis successivement nos sacrifices, et viens te placer sur ce cousa.


HYMNE XV.

À Agni, par Somahouti.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Agni, qui portes (nos offrandes)[65], (dieu) protecteur et toujours jeune, amène-nous l’heureuse et brillante opulence, si enviée de tous.

2. Puissions-nous n’être sujets à la haine ni d’un dieu ni d’un mortel ! Épargne-nous l’une et l’autre de ces deux inimitiés.

3. Puissions-nous avec toi braver toutes ces inimitiés, comme on brave des pluies d’orage !

4. Agni, (dieu) pur et purifiant, (dieu) digne de nos hommages, tu brilles au loin au milieu de nos invocations et de nos libations de beurre.

5. Agni, qui portes (nos offrandes), tu nous appartiens, toi que nous honorons au milieu des flammes, des libations et des hymnes[66].

6. Antique sacrificateur, noble enfant de la Force, (dieu) admirable, reçois nos offrandes et nos libations de beurre.


HYMNE XVI.

À Agni, par Somahouti.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Chante, comme pour lui donner plus de force, le glorieux et libéral Agni, porté sur son char rapide.

2. Heureux et invincible conducteur, en faveur du serviteur qui l’invoque, il renverse l’ennemi, et montre sa face resplendissante.

3. Il vient dans ses foyers, le matin et le soir, déployer ses rayons et recevoir nos louanges, (dieu) dont l’œuvre ne périt point.

4. Tel qu’un soleil, il étale ses splendides clartés, et pare (le monde) de ses flammes impérissables.

5. (Les prêtres) par leurs hymnes ont exalté le brillant Agni, qui dévore (les offrandes) et renferme toutes les richesses.

6. Nos intentions sont pures, et nous demandons pour nous l’alliance d’Agni, de Soma, des dieux. Puissions-nous être vainqueurs de nos ennemis !

  1. Voy. page 71, col. 1, note 1. Il avait épousé une fille de Pouroumitra.
  2. Voy. page 115, col. 1, note 1.
  3. Voy. page 54, col. 1, not. 3 ; et page 55, col. 1, note 4.
  4. On traduit aussi : Que les Dévas traitent comme leurs enfants.
  5. Nom d’Agni.
  6. Le poëte emploie le mot Itâ au pluriel.
  7. Nom du nuage, ou d’Indra lui-même, qui a ce nuage pour base de son séjour. Ahi, comme nous l’avons vu, est un nom de ces Asouras qui habitent les nuages. Le mot boudhna signifie racine, partie inférieure.
  8. C’est-à-dire, Agni, né des libations. Des libations du sacrifice se forme le nuage, qu’Indra doit faire fondre sur la terre. Dans ce même sens, on peut appeler aussi le soleil fils des ondes ou des libations, puisqu’il naît du sacrifice.
  9. Nom d’Indra.
  10. Anna devatâ, appelé aussi Pitou.
  11. Voy. page 74, col. 1, note 4 ; et page 104, col. 2, note 3.
  12. Démarche naturelle à ceux qui respirent une odeur dans l’air.
  13. Vâtâpi est le nuage que le vent pousse, et dont il augmente le volume. Les Pourânas contiennent une légende de Vâtâpi et d’Agastya. Le commentaire donne Vâtâpi pour une forme de Pitou, dieu des offrandes.
  14. Le dieu de la libation, que le commentateur veut distinguer de Pilou.
  15. Le poëte désigne la somalatâ, qui est la sarcostema viminalis, ou l’asclepias acida, et, sans doute aussi, les autres végétaux qui peuvent être employés à former la matière des offrandes.
  16. Le nom de ces gâteaux est carambha ; ils sont faits de fleur de farine et de caillé. Il me semble que la forme de ces gâteaux est celle que doit présenter le nuage que les vapeurs des offrandes contribuent à former.
  17. Je rappellerai au lecteur que, par le mot déva, j’entends les ministres du sacrifice, ou bien ces êtres divinisés qui représentent les rites et les hymnes.
  18. Nom d’Agni. Voy. page 47, col. 2, note 3.
  19. Je renvoie pour ce passage aux notes qui se trouvent page 48, col. 1, note 3 ; et page 135, col. 1, note 9.
  20. Voy. page 43, col. 1, note 1. Le commentateur dit que ces trois déesses sont des formes différentes de l’essence d’Aditya, appartenant, Bhâratî au ciel, Ilâ à la terre, Saraswatî à l’air.
  21. Voy. page 48, col. 1, note 5. Twachtri est le feu vital, et l’on voit comment il peut contribuer à l’accroissement des formes.
  22. Vanaspati, nom d’Agni.
  23. Nom d’une offrande faite en prononçant ce mot.
  24. C’est-à-dire, ceux qui font les frais du sacrifice et ceux qui en surveillent les cérémonies, en quelque sorte les laïques et les clercs.
  25. Ce sont les enfants de Cakchîvân.
  26. Nom d’Agni.
  27. Voy., pour le mot âpri, page 47, col. 2, note 1. L’explication de ce mot doit être ici modifiée ; le soleil tient la place d’Agni.
  28. Je suppose que le poëte désigne ici Agni et le soleil, le feu du sacrifice et le feu solaire. L’hymne représente l’état du ciel avant que le sacrifice commence.
  29. Ce que j’appelle ténèbres, par une espèce d’hypallage, est appelé dans le texte les invisibles.
  30. Voici les noms de ces plantes : sara, saccharum sara, vulg. saraharî ; cousara, espèce de mauvais sara, creux ; darbha, autrement cousa, poa cynosuroïdes ; sênya, ou sêrya, barleria cristata, autrement aswabâla, saccharum spontaneum ; moundja (saccharum munja) ; virana (andropogon muricatum).
  31. Il y a ici une antithèse que je ne reproduis pas : les invisibles ont été vus.
  32. Ces ténèbres sont formées par des vapeurs semblables à celles que le poëte suppose ailleurs issues de l’offrande du soma. Je ne pense pas, avec le commentaire, que le Soma soit ici la lune, séjour des vapeurs ténébreuses de la nuit : il semble même que ce séjour soit plutôt le soleil.
  33. Ces génies s’appellent yâtoudhânas.
  34. Le mot rendu par cette périphrase est souravan. Le soleil doit envoyer en pluie les vapeurs qui s’élèvent vers lui ; il les recueille, et ressemble à ces hommes qui distribuent, sous une tente qui met les buveurs à l’abri des chaleurs du jour, des boissons spiritueuses (soura).
  35. Cette liqueur est la pluie elle-même, qui prolonge la vie de l’homme en donnant à la terre une heureuse fécondité. Le dieu qui la forme, c’est Indra.
  36. Nous avons vu que ce nombre vingt et un était formé de trois fois les sept langues ou rayons d’Agni. Si le nombre trois n’est pas formé par celui des savanas, il l’est peut-être par celui des trois couleurs qui composent la teinte des rayons, savoir, le rouge, le noir et le blanc.
  37. Voy. page 61, col. 1, note 4.
  38. La note 6, p. 164, c. 2, rend compte des vingt et une flammes ; la note 3, p. 61, c. 1, nous apprend ce que l’on entend par les sept rivières. Les rayons du soleil, d’un côté, pompent les vapeurs ; ces vapeurs retombent en pluie, et sont, d’un autre côté, reçues par les rivières : tel est, ce me semble, le sens de ce passage.
  39. Quel est ce personnage de Couchoumbhaca ? Je suppose que c’est Indra, le dieu qui met l’ordre dans le monde, et dont la foudre doit séparer les nuages pour en extraire l’eau, comme il est dit dans ce vers. Le commentateur semblerait croire que c’est un Asoura, chef présumé des ténèbres. On peut encore penser que ce personnage est ici joué par le poëte Agastya, agissant en vertu du sacrifice, et détruisant les maléfices par une espèce de viâya ou de charme, pour former une pluie bienfaisante ; de sorte que le Couchoumbhaca serait le nom donné au prêtre qui fait une conjuration dont le résultat doit être salutaire. Ma première explication me paraît plus naturelle. Couchoumbhaca et Harichthas, suivant moi, sont une même personne. Dans le cas où l’on admettrait la fonction du Couchoumbhaca, au lieu de la foudre il faudrait mettre la coupe du sacrifice.
  40. Métaphore qui indique que les vapeurs de la nuit sont devenues une onde bienfaisante. Je me suis observé dans la traduction de cet hymne, pour n’employer aucune expression qui pût rappeler des légendes que je crois plus modernes que le Rig-Véda, et qui en sont comme le commentaire poétique. Ainsi, j’ai évité de rendre le mot vicham par poison, parce que je serais entré dans l’esprit de ces auteurs qui représentent les vapeurs comme le poison des serpents de la nuit. Or, ces serpents, ce sont les nuages qui serpentent sur le ciel. Le soleil, comparé à un oiseau, devient Garouda, et fait la guerre à ces serpents. L’hymne que je viens de traduire ne m’a point paru présenter de semblables idées : c’est ce qui doit faire rejeter, avec encore plus de confiance, une pièce ici intercalée, où il est question de cette race de serpents célestes. Le premier mandala (voy. page 41, col. 1, note i) finit en cet endroit ; il paraît que le copiste a l’habitude de clore ainsi chaque mandala par une pièce de son invention, dont il n’est point question dans le commentaire, et qui d’ailleurs se trahit elle-même par son style moderne. Le second mandala porte le nom de Gritsamada. Le premier était celui des cent Richis.
  41. Le poëte dit Asoura.
  42. Nom d’Agni, qui donne des richesses.
  43. Il me semble qu’il existe un autre Gritsamada, fils de Sounaca, de la famille de Bhrigou.
  44. Dans le texte se trouve le mot Prisni, qui s’emploie pour la terre. Cependant il peut aussi signifier air (antarikcha).
  45. Ayou et Manou sont employés, dans cette phrase, d’une manière générale pour dire l’homme.
  46. Voy. page 45, col. 1, note 1.
  47. Cet hymne a des rapports avec le treizième de la lecture i, section I, et le sixième de la lecture ii de la section II. Je renvoie aux notes de ces deux hymnes pour les renseignements relatifs aux épithètes.
  48. Il faut rappeler que Twachtri est le feu vital, qui anime les formes auxquelles il vient s’allier.
  49. Les enfants d’Ousidj sont les descendants de Cakchîvân, ou bien le mot Ousidj doit s’entendre comme synonyme de prêtre.
  50. C’est-à-dire que les reflets du feu se répandent sur les officiers du sacrifice.
  51. Le sacrifice du Soir.
  52. Hotri. Le poëte, dans cet hymne, emploie sept expressions différentes, affectées aux diverses fonctions du prêtre. Je tâche de les traduire par une périphrase qui en explique la racine.
  53. Les prêtres viennent de produire le feu : ils sont ses pères, et lui, en les protégeant, se montrera leur père.
  54. Guides aurait dû être mis au féminin : car rasmi signifie à la fois rênes et rayons. Or, ces sept guides ou rayons, ce sont les sept officiants qui prennent part au sacrifice (hotraeas).
  55. Potri.
  56. Agni, dans le sacrifice, naît et meurt ; il est considéré comme un Manou, comme un mortel.
  57. Dadhanou : ce mot m’a semblé un des sept noms affectés aux ministres du sacrifice.
  58. Prasastri.
  59. Nechtri.
  60. Ces trois sœurs sont les flammes des trois feux garhapatya, ahavanîya dakchina. Voy. page 47, col. 1, note 4.
  61. Je rends ainsi le mot masculin matri, vase qui mesure, qui renferme la libation. Ce mot signifie aussi l’homme, le père de famille qui mesure, qui compose le sacrifice. Le commentaire voit ici un nom féminin, et le rapporte à l’enceinte du sacrifice (védi). Cette sœur, dont il est ici question, est la cuiller (djouhou) qui sert aux libations. On peut bien encore donner le nom de matri (mère) au réservoir des ondes du sacrifice.
  62. Adwaryou.
  63. Ritwig.
  64. Il naît comme feu du sacrifice et comme feu solaire : de là son nom de divimâtri.
  65. Cette épithète est remarquable, Bhârata. Le commentaire donne ce mot comme étant un nom affecté aux prêtres.
  66. Le texte porte les vaches, les taureaux et les octopodes. J’ai pensé que, par le mot vaches, il fallait entendre, comme nous l’avons vu souvent, les flammes du foyer ; par le mot taureaux (oukchan), les libations ; et par le mot octopodes, les invocations divisées en huit padas. Il y a aussi un mètre appelé achtî. Le commentateur dit que le mot achtâpadi se rapporte à la vache quand elle est pleine, parce que ses pieds et ceux de son veau forment le nombre de huit. Le mot achtâpadi peut aussi désigner le plat des offrandes, divisé en huit compartiments. Voy. Dictionnaire de Wilson, achtângârghya. Le sacrifice dans lequel est offert le beurre sacré dans huit vases, est appelé achtâcapâla.