Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 3/Lecture 5

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 233-242).

LECTURE CINQUIÈME.

HYMNE I.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Réunissant nos efforts, comment pouvons-nous travailler à donner au généreux Vêswânara[1] ses larges rayons ? Eh ! n’a-t-il pas pour les recevoir (l’espace) qui est le lit immense destiné à ces flots de lumière ?

2. Célébrez donc le dieu qui, pour prix de mon offrande, me témoigne, à moi mortel, sa libéralité. Le sage et intelligent Agni, le grand et immortel Vêswânara, le premier des êtres (a été bon) pour son serviteur.

3. Le sage, bienfaisant et généreux Agni, (le dieu) placé entre le ciel et la terre[2], doué de mille rayons féconds, de (mille) lueurs pénétrantes, me demande un grand hymne, une prière qui soit comme le pied mystérieux de la Vache (du sacrifice).

4. Que l’opulent Agni, de ses dents aiguës, de ses rayons brûlants, (déchire et) consume ceux qui attaquent les œuvres inébranlables de Mitra et de Varouna.

5. Les pécheurs, injustes et impies, qui vont (sans sacrifices) comme les femmes privées de la tutelle de leurs frères, comme les épouses séparées de leurs maris, ne peuvent enfanter que les ténèbres en ce lieu[3].

6. Pour moi, ô Agni purificateur, je ne rejette pas (le sacrifice) comme un lourd fardeau. Reçois et exauce une prière que je fais pour toi, grande, longue et grave, et que j’accompagne d’offrandes efficaces et des sept libations[4].

7. Qu’un sacrifice pur, et digne de celui que nous honorons, lui soit consacré ; que (ce sacrifice) réveille au foyer oriental[5] (le dieu) brillant et merveilleux, et qu’il l’excite à commencer sa carrière.

8. Quel mystère ai-je à révéler ! On dit que la forme pure (d’Agni) repose dans son asile (sacré). Au moment où s’ouvre le pâturage des vaches (célestes), c’est lui qui les garde. Que (le sacrifice) élève vers l’orient le siége du (dieu) voyageur.

9. Quand la Vache[6] féconde (du sacrifice) honore cette noble et antique race des grands (dieux), je reconnais, aux lueurs qui apparaissent au-dessus du saint foyer, que (le dieu) qui devait venir est arrivé dans sa demeure mystérieuse.

10. (Le dieu) brille donc entre les deux grands parents du monde. Chantez l’éclatant mystère de l’illustre (Agni). Que la langue de ce bienfaiteur resplendissant s’élève à la place d’honneur que donne sa mère, la Vache (du sacrifice).

11. J’invoque et j’adore Rita. Je demande, ô possesseur de tous les biens, que tu daignes accueillir mon sacrifice et mes louanges. Tu es le maître du monde, de tout ce qui existe de bon au ciel et sur la terre.

12. Ô sage possesseur de tous les biens, tu sais distinguer ce qu’il peut y avoir de bon, de précieux pour nous dans ce monde. Nous venons vers l’asile mystérieux où tu reposes avec gloire ; fais que nous n’ayons pas lieu de rougir de notre confiance.

13. Quelle limite veux-tu mettre à tes bienfaits ? Vers quelle félicité devons-nous courir, tels que les chevaux qui courent au pâturage ? Quand donc les Aurores, divines épouses de l’immortel Soûrya, étendront-elles leurs couleurs (dans le ciel) ?

14. On ne se contente pas de simples et faibles paroles, d’un pauvre discours sans fruit. Ô Agni, que peuvent te dire les hommes, quand ils sont aux prises avec le mal, et qu’ils sont désarmés[7] ?

15. Pour le bonheur du père de famille, la splendeur du brûlant, du généreux, du bienfaisant (Agni) a éclaté sur son foyer. Vêtu de lumière, beau et entouré d’opulentes richesses, (ce dieu) a brillé comme un roi[8].


HYMNE II.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Agni, vénérable pontife, dresse-toi pour le sacrifice que nous offrons aux dieux. Tu exauces toutes les prières, tu remplis tous les vœux du sage.

2. Le fort et prudent Agni, la joie de nos cérémonies, s’est assis au milieu du peuple en qualité de sacrificateur. Il a, tel que Savitri, élevé sa brillante bannière, et, comme une large colonne, il étend sa fumée sous le ciel.

3. Que la (cuiller) remplie du beurre (consacré) se lève rapidement pour distribuer ses dons ; qu’elle se dirige vers la droite pour accomplir son œuvre sainte. Que le bois du bûcher monte comme la plante nouvelle, et que, bien disposé, il semble venir au-devant de la rosée des libations.

4. Cependant le gazon (sacré) est étendu, le feu est allumé, le prêtre est debout remplissant son office. Agni, le brillant sacrificateur, porte de tout côté ses pas comme le pasteur du troupeau, et remplit sa triple tâche[9].

5. Agni, l’aimable et juste sacrificateur, le (dieu) aux douces paroles, s’avance doucement de toute part. Ses rayons ressemblent à des coursiers rapides. Tous les mondes tremblent devant ses splendeurs.

6. Ô Agni, (dieu) terrible et beau, quand tu déploies tes flammes, ta vue est fortunée. Les ténèbres ne sauraient couvrir ton éclat, et les impies (Rakchasas) ne peuvent blesser ton corps.

7. Agni est le père (de tous les êtres) ; rien ne peut arrêter ses bienfaits. Il crée sans obstacle le Ciel et la Terre. Tel qu’un ami heureusement disposé, (ce dieu) purificateur brille au milieu des enfants de Manou.

8. Dix sœurs[10] s’entendent pour enfanter ensemble Agni, au milieu des humains ; comme de (tendres) mères, (elles ont produit ce dieu) qui se lève avec l’Aurore, dont la face resplendit, et dont la dent est aussi tranchante que la hache.

9. Ô Agni, voici tes coursiers rougeâtres ; ils sont arrosés du beurre (sacré) : leur marche est droite et rapide, leur pas léger, leur force mâle et généreuse. Ils se distinguent par leur empressement à venir au sacrifice offert en l’honneur des dieux.

10. Tes rayons, ô Agni, brillants et vainqueurs, s’élancent avec rapidité, intelligents comme l’épervier, retentissants comme les Marouts.

11. L’œuvre sainte est achevée, (dieu) de lumière ; l’hymne a été chanté pour toi. Accorde tes faveurs à ton serviteur. Les enfants de Manou, pleins de respect et d’espérance, ont établi, pour sacrificateur, Agni, l’objet des louanges d’Ayou[11].


HYMNE III.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètres : Djagatî, Anouchtoubh et Trichtoubh.)

1. Les prêtres viennent déplacer ici, en premier lieu, (Agni) le sacrificateur, le pontife, (le dieu) adorable et resplendissant, dont les Bhrigous, fameux par leurs œuvres[12], ont sur le bûcher allumé des feux pour le bonheur des peuples.

2. Divin Agni, que tes flammes brûlent sans interruption. C’est pour cela que les mortels t’ont pris, et t’ont proposé au respect des nations.

3. En voyant (Agni) juste et prudent, pareil à un ciel environné d’étoiles, les enfants d’Ayou l’ont choisi pour être dans toutes les maisons le chef des sacrifices.

4. (Ils l’ont choisi) pour être le rapide messager du sacrificateur, le roi de tous les hommes, le héraut brillant pour les peuples.

5. Ils l’ont établi pour être le sacrificateur sage et perpétuel, le pontife aux sept rayons, aimable, éclatant et pur.

6. (Ils vont le chercher), cet (Agni) qui cache sa gloire au sein des (Ondes), mères éternelles, ou au sein des bois (de l’Aranî), qui se soumet à diverses naissances, qui siége dans le (foyer) mystérieux, (dieu) bienfaisant et avide de nos offrandes.

7. Quand les Dévas, au moment où le monde s’éveille, se livrent à leur joie (sainte) dans la demeure du sacrifice, non loin de cette mamelle qu’ils ont eux-mêmes emplie, que le grand et juste Agni, satisfait de nos holocaustes et de nos adorations, vienne prendre sa place à notre fête.

8. Qu’il remplisse, (dieu) prudent, son office de messager, placé entre le ciel et la terre, qu’il connaît également. Va donc, sage et brillant héraut ; grandis et monte jusqu’au ciel.

9. La trace de ton pas étincelant est noire. Ton front est radieux. Tes formes sont mobiles, sans cesser de jeter la même clarté. (L’Aranî ta mère), rompant sa ceinture, met au monde son fruit, et tu nais pour être notre messager.

10. Tu nais, et aussitôt tes rayons brillent au souffle du vent qui anime leur éclat. Agni tourne sa langue aiguë contre le bois du bûcher, et sous sa dent disparaissent les aliments solides qui le nourrissent.

11. Aussitôt que le grand Agni a dans ses flammes consumé les nourritures qu’il a reçues, il ne tarde pas à remplir sa mission. Il prend la force du vent ; il brise (tous les liens), et, tel que (le cavalier qui pousse son cheval), robuste et rapide, il lance en avant son irrésistible (rayon).


HYMNE IV.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. J’invoque en votre faveur (Agni), le messager (des dieux), le possesseur de tous les biens, l’immortel chargé de nos holocaustes, le pontife suprême.

2. Le grand (Agni) connaît le trésor de nos offrandes. Il (connaît) aussi le chemin du ciel. Qu’il amène ici les dieux.

3. Dieu, il sait les honneurs que le serviteur des dieux leur rend à son foyer. Il donne à chacun la part qui lui revient dans les offrandes.

4. Sacrificateur, et messager des dieux, il est placé entre (le ciel et la terre), et sage, il monte vers les régions supérieures.

5. Puissions-nous par nos holocaustes plaire à Agni, nous qui avec tant de respect allumons ses feux !

6. Ceux qui honorent Agni méritent par leurs hommages d’être distingués pour leurs richesses et leur puissance.

7. Puissions-nous chaque jour voir venir à nous l’opulence si désirée ! Puissions-nous obtenir l’abondance !

8. Ce (dieu) sage est, par sa force, capable de percer (comme le chasseur) ce qu’il y a de plus léger parmi les enfants de Manou.


HYMNE IV.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Agni, sois-nous favorable. Tu es grand, toi qui viens ainsi visiter un peuple dévoué au service des dieux, et assis sur le gazon (sacré).

2. Immortel et invincible, parais au milieu des races humaines, et deviens le messager de tous.

3. (Agni) est promené autour de son foyer ; (dieu) sacrificateur, auteur de nos joies pieuses, source de toute pureté, il apparaît sur son trône.

4. Les épouses (des dieux arrivent) ; et Agni, dans le sacrifice et sur le foyer, siége comme prêtre et comme maître de maison.

5. Tu es pour les hommes le ministre de leurs sacrifices, et (tu offres) les holocaustes des enfants de Manou.

6. Tu te fais le messager du mortel, dont tu agrées la piété, et tu te charges de porter son holocauste.

7. Tu aimes notre sacrifice et nos cérémonies, ô Angiras. Écoute notre invocation.

8. Que ton char invincible se tienne autour de nous, prêt à protéger tes serviteurs.


HYMNE VI.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètres : Pankti et Ouchnih.)

1. Ô Agni, nous voulons aujourd’hui par nos hymnes te glorifier, toi que, tel qu’un (bon) coursier, (nous chargeons de nos vœux), toi qui touches nos cœurs, et nous assistes comme (un compagnon) puissant[13].

2. Ô Agni, sois le char qui transporte notre sacrifice heureux, bon, puissant, juste, abondant.

3. Engagé par nos louanges, viens à nous, ô Agni ; sois bienveillant, et fais briller toutes les clartés dorées.

4. Ô Agni, nous t’adressons aujourd’hui ces hymnes ; ils sont l’expression de notre dévouement. Ta flamme résonne comme la foudre céleste.

5. Ô Agni, ta vue, le matin et le soir, est remplie de douceurs. Tel que l’or, tu brilles près de nous pour notre bonheur.

6. Ton corps est sans tache, comme un beurre pur. Ô (dieu) qui portes l’offrande, ton éclat est celui de l’or le plus éclatant.

7. Pieux Agni, un ennemi perpétuel nous menace ; détourne sa haine loin du mortel qui t’honore.

8. Ô Agni, que l’amitié fraternelle qui existe entre nous et vous autres, dieux, nous soit favorable. Notre lien commun est ici sur ce foyer, près de cette mamelle (divine).


HYMNE VII.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Puissant Agni, ton heureuse lumière brille à l’approche du Soleil. L’ombre de la Nuit la rend encore plus vive, et sur sa forme qui se dresse coule l’offrande onctueuse.

2. Ô Agni, toi qui nais tant de fois, reçois mes louanges, et par ton œuvre volontaire accomplis mes vœux. (Dieu) resplendissant et pur, accorde-nous l’abondance de biens que te demandent tous les Dévas.

3. Agni, c’est toi qui donnes naissance à ces hymnes, à ces chants, à ces prières qui attendent une heureuse issue. De toi viennent la fortune et la beauté des races, biens précieux que tu accordes au mortel qui t’honore.

4. C’est par toi que naît ce grand et rapide coursier qui porte l’offrande et que lancent les Dévas ; c’est par toi, ô Agni, qu’il naît, ce coursier merveilleux, fort, juste, riche et impétueux.

5. Immortel Agni, c’est toi que les mortels religieux invoquent le premier dans leurs prières, toi, dieu à la langue caressante, prudent ennemi du mal, toi, maître de maison, (qu’ils surnomment) Damoûnas.

5. Si tu es notre protecteur, éloigne de nous l’ignorance, le péché et la folie. Ô divin Agni, enfant de la Force, heureux le Soir celui que tu aimes ! Il est gardé par ta bénédiction.


HYMNE VIII.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Sage Agni, possesseur de tous les biens, celui qui allume tes feux, et qui, élevant la coupe (sacrée), te présente trois fois par jour la libation, doit, par l’effet de ta puissance, regorger de biens et triompher (de ses ennemis).

2. Ô Agni, celui qui prend la peine d’apporter un aliment pour ta flamme, et qui honore ta splendeur en allumant tes feux vers le soir et au lever de l’Aurore, obtient de florissantes richesses et des forces victorieuses.

3. Agni est le roi de l’homme puissant et riche[14]. Il est le maître de l’abondance et de la fortune ; flatté de l’offrande du mortel pieux, (ce dieu) toujours jeune ne cesse de le combler de biens.

4. Ô Agni toujours jeune, si, hommes que nous sommes, nous avons pu par ignorance commettre quelque faute, délivre-nous entièrement[15] du péché. Ne laisse en nous aucune prise au mal.

5. Ô Agni, en face des dieux et des mortels nous avons commis de grandes fautes. Fais que nous n’en ressentions aucune peine, nous qui sommes tes amis. Donne le bonheur à nos fils et à nos petits-fils.

6. Adorables Vasous[16], de même que vous avez délivré la Vache (du sacrifice) du lien qui l’attachait par le pied, de même aussi délivrez-nous du mal. Ô Agni, que notre vie se prolonge.


HYMNE IX.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le bienveillant Agni nous montre à l’orient les présents des brillantes Aurores. Venez, ô Aswins, dans la maison de (l’homme) pieux. Le divin Soleil arrive avec la lumière.

2. Le divin Savitri va s’unir à la clarté qui se lève, lançant des jets lumineux, et pareil au taureau qui s’approche de la vache. Aussitôt que (les Dévas) ont placé le Soleil dans le ciel, Mitra et Varouna poursuivent leur œuvre.

3. Ce Soleil, que les soins constants des inébranlables Dévas ont formé pour être l’ennemi des ténèbres, sept grands coursiers le transportent, et le présentent au monde qu’il éclaire.

4. Porté par ces nobles coursiers, tu vas, ô Dieu, étendant sur le monde ta toile (radieuse), et le dépouillant de son vêtement noir. Les rayons que lance le Soleil repoussent au sein des eaux les voiles des ténèbres.

5. (Ce dieu) qui n’a point de guides, qui n’a pas de lien, comment fait-il pour monter, pour descendre sans tomber ? Qui peut savoir quelle force le maintient ? Compagnon de Rita, il est le gardien, le soutien de la voûte céleste.


HYMNE X.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le divin Agni, possesseur de tous les biens, colore de ses rayons les brillantes Aurores. Véridiques (Aswins), vous que nos chants célèbrent partout, montez sur votre char, et venez à notre sacrifice.

2. Le divin Savitri siège dans l’astre lumineux qui se lève, et répand la clarté dans tous les mondes. Le soleil vivifie le ciel, la terre, l’air qu’il remplit de ses rayons.

3. Ses rougeâtres coursiers l’amènent. Avec la lumière arrive la grande et belle Aurore qui anime tout de ses splendeurs. La déesse, éveillant (l’homme) pour un utile travail, vient sur un char magnifique.

4. (Ô Aswins), que vos excellents et rapides coursiers vous amènent ici au lever de l’Aurore. Pour vous sont disposés ces vases remplis d’un doux soma. (Dieux) généreux, enivrez-vous des délices de notre sacrifice.

5. (Ce dieu) qui n’a point de guides, qui n’a point de lien, comment fait-il pour monter, pour descendre sans tomber ? Qui peut savoir quelle force le maintient ? Compagnon de Rita, il est le gardien, le soutien de la voûte céleste.


HYMNE XI.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Agni, le puissant sacrificateur, est promené autour de notre foyer, dieu adorable entre tous les dieux.

2. Agni semble porté sur un char, et visite notre triple sacrifice. Au milieu des dieux, qu’il reçoive nos offrandes.

3. Maître de l’offrande, que le sage Agni entoure l’holocauste (de ses rayons). Qu’il comble de biens son serviteur.

4. C’est lui dont les feux s’allument au foyer oriental en faveur de Srindjaya[17], fils de Dévavâta ; lui qui par son éclat triomphe de ses ennemis.

5. Qu’un héros mortel commande à ce rapide et généreux Agni, dont la dent est si aiguë.

6. Chaque jour (les hommes) l’honorent, lui, chargé de biens comme un (noble) coursier, brillant comme un fils du Ciel[18].

7. Le jeune fils de Sahadéva m’a éveillé et m’a proposé deux chevaux : j’ai aussitôt répondu à son appel.

8. Et aujourd’hui j’ai reçu du jeune fils de Sahadéva ces deux chevaux si beaux, si dociles.

9. Ô divins Aswins, que le jeune fils de Sahadéva soit sous votre protection ; que Somaca[19] ait une longue existence.

10. Ô divins Aswins, faites que ce jeune fils de Sahadéva vive longtemps.


HYMNE XII.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Que le juste Maghavan, ami de notre soma, vienne vers nous. Que ses chevaux l’y amènent. Offrons-lui ces libations qui donnent la force ; et, chanté par nous, qu’il remplisse notre vœu.

2. Lance (les coursiers) comme pour un (heureux) voyage, et (viens) te réjouir aujourd’hui dans notre sacrifice. En l’honneur d’un (dieu) sage et maître de la vie, que le prêtre, avec un désir pareil à celui de la femme (qui attend son époux), commence l’hymne et la prière.

3. De même que le poëte forme (ses chants) mystérieux, le sacrificateur[20] accomplit les rites et distribue le soma (aux dieux) qu’il vénère. Il enfante les sept rayons[21] lumineux. Cependant, les (prêtres) avec le jour entonnent les hymnes qui font le bonheur (des hommes).

4. Quand le ciel apparaît aux premières lueurs du matin, quand les (Dévas) allument les feux du grand astre, c’est alors que le plus noble des héros chasse les noires ténèbres, et sa présence apprend aux mortels à distinguer les objets.

5. Indra, ami de notre soma, porte l’infini ; de sa grandeur il remplit le ciel et la terre. Au-dessus de tout s’élève celui qui domine les mondes.

6. Sacra connaît ce qui est bon pour les hommes ; secondé par les robustes (Marouts), il a envoyé les Ondes. Les prêtres (Angiras) par leurs saintes paroles ont (avec lui) brisé la caverne[22], et ouvert le pâturage des vaches (célestes).

7. Ta foudre, pour nous sauver, a frappé Vritra, qui enveloppait les eaux. La Terre en a frémi de joie. Ô héros, ô maître victorieux, envoie-nous ces Ondes qui coulent de la mer (céleste).

8. Ô (dieu) partout invoqué, quand tu as fendu la montagne (aérienne), Saramâ t’avait d’abord révélé le trésor (enlevé). Tu es notre conducteur, et, chanté par les Angiras, tu brises la porte du pâturage (divin), et tu pourvois à notre existence.

9. Ô Maghavan, les prêtres t’implorent ; viens auprès du sage qui te chante pour le combler de tes bienfaits. Accours vers lui avec les (Marouts), tes alliés. Nous avons besoin de tes dons. Que le magicien impie, que le ravisseur (des Ondes) périsse sous tes coups[23].

10. Viens dans notre demeure avec cette pensée qui tue le Dasyou. (Autrefois) Coutsa[24] désira et obtint son amitié. Assis tous deux sur le même siége, vous aviez la même forme, et ta pieuse épouse elle-même hésita entre vous.

11. Tu vas donc, pour secourir Coutsa, assis sur le même char que lui, poussant les deux coursiers, aussi rapide que le vent. Le jour même que ce sage choisit pour une expédition, il attelle ses (chevaux) impétueux, et (vous partez ensemble) comme à la conquête d’un riche butin.

12. En faveur de Coutsa, tu as donné la mort au misérable Souchna ; tu as tué Couyava[25] et ses mille compagnons. Avec l’arme de Coutsa détruis tous les Dasyous, et que le disque de Sourya s’élève librement.

13. Pour Ridjiswan[26], fils de Vêdathin, tu as frappé Piprou, et le robuste Mrigaya. Tu as tué cinquante mille compagnons du noir (Rakchasa). Comme la vieillesse détruit la beauté, brise les villes (célestes).

14. Quand tu apparais avec ton corps en face du soleil, ta forme immortelle se distingue aisément. Tel qu’un éléphant sauvage, tu réduis en poussière la plus forte puissance ; tel qu’un lion terrible, tu repousses toutes les armes.

15. Les (mortels) avides de richesses viennent à Indra, et l’invoquent dans le sacrifice, comme s’ils attendaient de lui seul leur bonheur. Ils le chantent dans leurs hymnes, et lui demandent l’abondance. (Indra) est pour eux comme une demeure agréable ; il est comme la Fortune prospère.

16. Implorons donc pour vous cet Indra qui sait accueillir la prière, et qui fait tout pour le bonheur de l’homme. Il dispose des biens qui sont l’objet de nos désirs, et, à la voix d’un chantre tel que moi, il s’empresse d’apporter tous les trésors de l’abondance.

17. (Noble) héros, Arya (généreux), si, au milieu de l’étonnement général, la foudre en éclats vient à tomber, s’il s’élève un combat terrible, pense à nous et protége notre corps.

18. Garde le souvenir des prières de Vâmadéva ; sois un ami, un sauveur dans le combat. Nous accourons vers toi, qui es le plus sage des (dieux). Sois toujours pour celui qui te chante le sujet des plus magnifiques éloges.

19. Ô généreux Indra, puissions-nous tous avec ces hommes qui te sont dévoués, et par toi comblés de biens, vaincre nos ennemis sur le champ de bataille, et, brillants d’une splendeur toute céleste, passer dans la joie d’heureuses nuits et de nombreux automnes !

20. Enfants de Bhrigou, honorons le grand et généreux Indra ; construisons pour lui le char (du sacrifice). Qu’il garde contre tout danger nos amitiés, et que, terrible (pour nos ennemis), il protége et conserve nos corps.

21. Ô Indra, par toi que (nos pères) ont chanté et que nous chantons aussi, que (la maison) de ton serviteur soit remplie de biens, comme les rivières (sont remplies d’eau). (Dieu) traîné par des coursiers azurés, des rites nouveaux sont accomplis en ton honneur ; nous t’avons fait des offrandes de toute espèce. Que la Prière devienne pour nous telle qu’un char (fortuné) !


HYMNE XIII.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètres : Trichtoubh, Virât et Écapada.)

1. Ô Indra, tu es grand. Le Ciel et la Terre sont grands aussi, et ils reconnaissent ta supériorité. Dans ta puissance tu as donné la mort à Vritra ; tu as délivré les Ondes englouties par Ahi.

2. À ta brillante naissance le Ciel a frémi, la Terre a tremblé par la crainte de ta colère. Les grandes montagnes (du ciel) sont frappées ; leur sein qui se fermait est ouvert, et les eaux coulent par torrents.

3. Le (dieu) puissant manifeste sa force ; il lance sa foudre avec violence, et perce la montagne (céleste). Enivré (de notre soma), de son tonnerre il frappe Vritra ; et les Ondes s’échappent avec rapidité, dépouillées de l’enveloppe qui les retenait.

4. Il peut se vanter d’avoir un noble fils, le sage resplendissant[27] qui est ton père. Celui qui a fait Indra est le plus habile des ouvriers. (Quelle gloire) d’avoir donné la naissance au (dieu) qui est l’objet de tant de louanges, qui porte la foudre et qui ne saurait honteusement tomber de sa haute demeure !

5. Indra est le roi (suprême) qu’invoquent toutes les nations ; seul, il peut tout ébranler. Des transports de joie unanimes accueillent cette juste offrande que te présentent l’opulent (père de famille) et le déva qui te chante.

6. Nous lui devons, à ce grand (dieu), toutes ces libations ; nous lui devons ces offrandes qui portent le bonheur dans les sens. À ton tour, ô Indra, sois vraiment pour nous le maître de la richesse. Tu es le soutien de tous les êtres.

7. À peine es-tu né, ô Indra, que tu adoucis les souffrances des hommes. Ahi dormait en retenant les eaux : ô Maghavan, tu l’as déchiré avec ta foudre.

8. (Nous célébrons) le grand Indra, vainqueur et conquérant, impétueux et magnifique. Il ne connaît point de bornes ; il manie le tonnerre ; il a tué Vritra, et, doué de richesses, il s’appelle Maghavan, nous distribuant et la fortune et l’abondance.

9. Mais Maghavan, seul contre les ennemis qui l’entourent dans le combat, sait toujours obtenir la victoire. Il apporte avec lui l’abondance, et en fait ses largesses. Puissions-nous compter au nombre de ses amis !

10. La renommée le présente ainsi comme triomphateur. Il donne la mort à ses ennemis, et, pour prix du combat, il s’empare de leurs vaches. Quand Indra se livre à sa juste colère, tous les êtres tremblent, soit animés, soit inanimés.

11. Indra, par sa victoire, nous donne des chevaux, des vaches, de l’or ; Maghavan, par ses bienfaits, comble tous nos vœux. Le plus vaillant des héros au milieu de ces prêtres puissants, il distribue la richesse et apporte l’opulence.

12. Quelle distance existe entre la force du père et de la mère[28] (du monde) et celle d’Indra, qui a tout engendré, et qui, par le moyen des nuages tonnants, vient, rapide comme le vent, rendre la vie à la nature épuisée !

13. Maghavan donne la richesse au pauvre ; il réduit en poussière le (pécheur) insensé. Armé de la foudre, il brille, il détruit ; mais aussi il établit solidement la fortune de son serviteur.

14. Il a brisé la roue de Soûrya, et empêché l’enlèvement d’Étasa[29]. Le noir (nuage), qui fuyait incertain, (par toi) perce son enveloppe, et verse son onde au sein des airs.

15. C’est ainsi que dans la cérémonie de l’asiknî[30], le sacrificateur (répand ses libations).

16. Sages que nous sommes, nous demandons l’amitié d’Indra. Nous voulons des vaches, des chevaux, d’abondantes moissons, des épouses. Nous invoquons celui qui donne des épouses et qui nous couvre d’une protection solide ; il est pour nous comme le seau qui sert à monter l’eau du puits.

17. Écoute-nous ; tu es notre sauveur, notre parent ; jette les yeux sur ceux qui l’offrent le soma, et fais leur bonheur. Tu es notre ami, notre père, le plus grand des pères ; tu as fait le monde. Donne l’abondance à celui qui te supplie.

18. Ô Indra, écoute-nous ; tu es le protecteur de ceux qui recherchent ton amitié. Montre-toi notre ami. Nous te chantons ; donne l’abondance à celui qui te chante. Dévoués à ton service, ô Indra, nous célébrons ta gloire, et nous t’honorons par ce sacrifice.

19. Oui, nous chantons le magnifique Indra, qui seul triomphe de nombreux ennemis incapables de soutenir son attaque. Le chantre (pieux) est son ami ; il est sous la protection de celui que ni les hommes ni les dieux ne sauraient vaincre.

20. Ainsi qu’il exauce nos vœux, ce magnifique Indra, objet de tant de louanges, protecteur invincible des hommes. Roi de tous les êtres, donne-nous cette riche abondance que (tu as coutume de donner) à celui qui te chante.

21. Ô Indra, par toi que (nos pères) ont chanté, et que nous chantons aussi, (que la maison) de ton serviteur soit remplie de biens, comme les rivières sont remplies (d’eau). (Dieu) traîné par des coursiers azurés, des rites nouveaux sont accomplis en ton honneur : nous t’avons fait des offrandes de toute espèce. Que la Prière devienne pour nous telle qu’un char (fortuné) !


HYMNE XIV.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Un assistant parle à Vâmadéva.) Voici la voie ancienne que les dieux ont tous suivie pour arriver à l’existence. Que par la même voie naisse (Indra), déjà mûr pour la vie. Par des soins trop empressés ne cause pas l’avortement de la mère[31].

2. (Vâmadéva répond.) Cette voie ne me semble pas encore ouverte. Les accouchements irréguliers sont malheureux. Tout ce que je dois faire n’est pas fait ; avec l’un il faut que j’emploie la force, avec l’autre, la prière[32].

3. La mère se lève. Qu’(Indra) la voie et qu’il vienne. Que tout s’enchaîne et s’accomplisse avec ordre. Que dans la demeure de Twachtri[33] Indra boive à la coupe consacrée le soma qui renferme tant de biens.

4. Eh quoi ! il a grandi, celui que (cette mère) a porté depuis des milliers de mois et pendant de nombreux automnes. Il n’est rien qui puisse lui être comparé sous le ciel parmi les choses qui sont nées ou qui doivent naître.

5. Méditant la mort (de Vritra), dans sa retraite mystérieuse la mère a fait Indra et l’a doué de force. Ainsi a paru ce dieu tout revêtu de splendeur ; à peine né, il a rempli le ciel et la terre.

6. Arrivent les Ondes retentissantes ; elles font entendre un bruit respectueux. Elles semblent dire : « Quel est ce prodige ? » Et bientôt elles percent la montagne qui les enveloppait.

7. En voyant (le coup qu’il a frappé), elles poussent un cri de surprise. « Si Indra a commis un crime, » (dit la mère,) « que les Ondes l’emportent. Mon fils, en tuant Vritra avec sa grande arme, a créé ces torrents. »

8. C’est au milieu de la joie des libations que ta jeune (mère) t’a mis au monde, que Couchavâ[34] t’a dévoré, que les Ondes ont joué autour de ton berceau : c’est au milieu des libations qu’Indra s’est élevé avec puissance.

9. Au milieu de la joie des libations, ô Maghavan, Vyansa[35] est venu percer tes mâchoires. En te sentant blesser, tu t’es redressé dans toute ta force, et tu as de ton arme brisé la tête du brigand.

10. Ainsi la Vache (du sacrifice) a enfanté le robuste et impétueux Indra, vaillant, généreux, incomparable. L’invincible nourrisson aspirait à marcher seul : sa mère lui a laissé sa liberté.

11. « Hélas ! » disait cette mère à ce héros, « mon enfant, tous ces dieux t’abandonnent. » Au moment de tuer Vritra, Indra s’écria : « Vichnou, tu es mon ami, tu peux poursuivre ta marche[36]. »

12. Qui oserait prétendre à rendre ta mère veuve ? Qui concevrait la pensée de te tuer, soit endormi, soit éveillé ? Quel dieu te surpasserait dans le soin de faire notre bonheur, quand on te voit saisir par le pied ce père[37] (de tous les Asouras), et lui donner la mort ?

13. Dans l’excès de la misère j’ai mangé de la chair de chien, et parmi les dieux je n’ai trouvé de protecteur (qu’Indra). J’ai vu ma femme humiliée. C’est (Indra) qui, (tel que) l’épervier, a daigné prendre le miel de mon sacrifice[38].


    rapporter à un dieu, ce serait plutôt à Agni, qui, en sa qualité de prêtre, accomplit les merveilles du sacrifice. Vrichan s’entend ici de celui qui verse la libation.

  1. Voy. page 78, col. 1, note 4.
  2. Dwibarhas. Voy. page 85, col. 2, note 1.
  3. Il me semble que je traduis littéralement. Le commentaire trouve qu’il est ici question de l’enfer, Naracastânan. Ceux qui n’allument pas les feux d’Agni laissent le lieu du sacrifice dans une obscurité coupable.
  4. Le commentateur donne à toute cette phrase un autre sens. Il suppose que le poëte prie Agni de lui accorder de grandes et larges richesses, qui le rendent victorieux et lui apportent l’abondance, richesses composées de sept espèces de biens. Il explique alors qu’il y a sept animaux domestiques, sept animaux des bois, etc. J’ai peut-être forcé le sens ; mais j’ai adopté une idée déjà connue. Voy. page 78, col. 1, note 2.
  5. Je ne crois pas que par le mot agré l’auteur désigne l’Orient, où se lève le Soleil, mais le foyer qu’on allume du côté de l’orient. Au reste, j’ai fait mon expression assez vague pour qu’elle puisse présenter l’un et l’autre sens.
  6. Je suppose que cette vache, c’est la prière, ou c’est le sacrifice lui-même.
  7. Le commentaire donne à ce mot le sens de privés d’offrandes.
  8. Le mot Kchiti ne signifierait-il pas plutôt palais, habitation royale ? Il a ordinairement le sens de terre, et la terre est la source de toute richesse. J’ai suivi le commentaire.
  9. Allusion aux trois foyers, ou bien aux trois Savanas.
  10. Ce sont les dix doigts qui travaillent à extraire Agni de l’Aranî.
  11. Nom de l’homme.
  12. Le mot Apnavânah est considéré par le commentaire comme le nom d’un Richi. Je l’ai regardé comme une épithète de la même nature que le mot Bhrigavâna, qui est dans la quatrième stance.
  13. Le commentaire explique le mot cratou par cartri, oupacartri. Ne serait-il pas mieux de laisser à ce mot son sens ordinaire ? Agni est bon comme le sacrifice.
  14. Ce vers renferme le mot Kchatriya, qui ne me semble pas ici emporter l’idée de caste, mais qui signifie le possesseur du Kchatra, c’est-à-dire de la force, d’un domaine qui donne la puissance. Le commentateur rend ce mot par bala.
  15. Ce vers présente le mot aditeh, que le commentaire traduit par bhoûmeh, que je ne comprends pas. Je suppose qu’aditeh est un ablatif qui sert d’adverbe, et qui signifie entièrement, sine reliquo, ou un génitif du subtantif aditih, absence de partage. Dans ce dernier cas je traduirais ainsi : Rends-nous innocents de ne t’avoir pas donné ta part dans le sacrifice.
  16. Je n’ai pas su jusqu’à présent ce que l’on entendait précisément par cette classe de divinités appelées Vasous. Le mot Vasou, expliqué dans le commentaire par Vâsayitri, Vâsitri, et Vâsata, comporte l’idée d’un protecteur qui établit et consolide la position de son protégé. Il peut donc s’appliquer à tous les dieux ; mais il s’emploie particulièrement pour Agni. Le commentateur donne ici à ce mot le sens d’Aynayah. Les Vasous seraient donc les feux du sacrifice, qui délivrent et lâchent la vache, c’est-à-dire la flamme attachée au foyer par sa partie inférieure. Pour quel motif a-t-on, plus tard sans doute, compté huit Vasous ? Je n’en connais pas la raison, à moins que l’on n’ait vu quelque analogie entre les Vasous et les Achtadikpâlas, ou les huit gardiens du ciel.
  17. Les Pourânas citent plusieurs Srindjayas ; aucun n’a pour père Dévavâta. Voy. note 3 ci-dessous.
  18. Un Aditya ; le Soleil.
  19. Le Vichnou-Pourâna signale un Somaca, fils de Sahadéva, Traduction de M. Wilson, p. 433. Il cite aussi un Sahadéva, fils de Srindjaya, p. 354. Voy. Harivansa, tome I, page 149, où Somaca descend à la cinquième génération d’un Srindjaya, fils de Mitrayou, et petit-fils de Divodâsa.
  20. Je traduis ainsi le mot Vrichan, que le commentateur semble appliquer à Indra. Si je devais le faire
  21. On se rappelle que le feu est censé avoir sept rayons ; de là vient qu’Agni a les épithètes de Saptadjihwa, Saptadjwâla, Saptadidhiti, Saptârtchis, dieu aux sept langues, aux sept flammes, aux sept rayons. Le nombre sept pourrait encore s’entendre des sept genres de mètres sur lesquels se composent les hymnes, et qui concourent à la formation de la lumière.
  22. Cette idée est exprimée par le mot asman, qui signifie pierre. Le mot caverne, que j’ai choisi, a une double signification, que je prie le lecteur de vouloir bien adopter suivant la circonstance. Tantôt ce mot caverne représente le nuage qui renferme en son sein l’onde salutaire ; tantôt ce même mot se rapporte à l’enveloppe ténébreuse de la nuit, d’où apparaissent les rayons du jour.
  23. Voy. page 44, col. 1, note 7.
  24. Le commentateur entend ce passage d’une manière toute différente. Il suppose qu’il se rapporte au Coutsa, dont il sera question dans la strophe suivante ; il dit donc : Ô maghavan, tu es venu combler de tes bienfaits le poëte qui te chantait. Tu t’es placé près de lui pour le secourir. Il demandait ta protection, et Dasyou, magicien impie, est tombé sous tes coups. Je n’ai pas adopté ce sens, parce que la strophe suivante commence par un impératif, yâhi.
  25. Couyava est un Asoura. Voy. page 104. Quant à Coutsa, voy. page 62, col. 2, note 2 ; page 106, col. 1, note 3 ; page 156, col. 1, note 2. Coutsa, dit la légende, est un râdjarchi, fils de Rourou ; sa mère est Adjounî. Incapable de lutter contre ses ennemis, il appela Indra à son secours. Indra se rendit à sa maison, et, tua ses ennemis en prenant sa figure. Coutsa était ainsi devenu l’ami d’Indra, qui se trouvait son commensal. Satchî, l’épouse d’Indra, vint pour visiter son époux, et en voyant deux formes semblables, elle se trompa, et prit Coutsa pour Indra. Je ne sais pas bien l’explication que l’on peut donner de cette légende. Coutsa quelquefois signifie la foudre ; coutsya veut dire l’arme de Coutsa. Coutsa pourrait bien être l’éclaircie personnifiée ; quand le ciel se découvre partiellement, on peut prendre l’éclaircie pour Indra lui-même.
  26. Ridjiswan est un prince dont il a été question page 73, 75 et surtout 102.
  27. Quand le poëte à chaque instant nous représente le Ciel comme engendré par Indra, je ne pouvais pas ici dire que le Ciel (dyôh) est le père d’Indra. J’ai donc regardé dyôh comme ayant la signification de prêtre, de ministre éclatant du culte ; signification que je lui ai déjà donnée. Voy. page 230, col. 1, note 2.
  28. C’est-à-dire du Ciel et de la Terre.
  29. Voy. page 76, col. 1, note 7 ; section I, lecture iv, hymne xv, st. 13, et même section, lecture viii, hymne ix, st. 13. Je restitue de cette manière la légende d’Étasa, que, surtout page 120, je crois avoir défigurée. Swaswa avait obtenu que le Soleil (Soùrya) s’incarnât et devînt son fils. Le Richi Étasa eut un démêlé avec Soûrya, et il pria Indra de le secourir. Dans un combat Étasa, devenu prisonnier, se trouvait emporté sur le char de Soûrya : Indra brisa une roue de ce char, et arrêta ainsi le ravisseur d’Étasa. Le deuxième vers de cette strophe semble indiquer le sens de cette légende. Étasa serait le nuage que le Soleil paraît emporter dans sa course. Indra brise la roue ou le disque du Soleil, c’est-à-dire obscurcit ses rayons ; le nuage s’arrête, se condense et arrose la terre.
  30. Il y a une cérémonie que l’on nomme askinî, et qui semble devoir être une libation. Elle a lieu le matin quand la nuit règne encore, ou le soir quand la nuit commence : car le mot askinî signifie noire. Le vers ici traduit est ce qu’on appelle écapadi. Il n’a qu’un pada, ou le quart d’une stance.
  31. Je suis loin d’être d’accord avec le commentateur sur tous les détails de cet hymne. Il serait très-long de m’expliquer sur ce dissentiment. Je ne citerai qu’un seul exemple, qui fera sentir la profonde différence qui existe dans nos deux manières de voir. Il pense que par le mot mère il faut entendre ici Aditi, la mère des dieux. Je crois que la mère dont parle le poëte, c’est la vache du sacrifice, la flamme, qui risque de s’éteindre sous les libations multipliées. Il y a dans ce passage un mot qui n’est pas rendu exactement, et sur lequel je vais m’expliquer. Ce mot est amouyâ, pronom féminin au troisième cas. Voici comme je conçois l’esprit de cette strophe : le sacrifice du matin, qui est la matrice où naissent les dieux, se poursuit. La flamme est allumée, mais il est à craindre qu’elle ne soit étouffée par la libation qui sort de la cuiller sacrée, djouhoû. C’est ce mot djouhoû qui me semble sous-entendu, et qui est désigné par le pronom amouyâ. Mâ mâtaram amouya pattavé cah ; ne fais pas tomber la mère avec cette cuiller, c’est-à-dire n’abats point la flamme avec la libation.
  32. On se souvient que c’est par la force que le feu est extrait de l’Aranî. Le poëte va maintenant employer la prière avec Indra.
  33. Twachtri est Agni : sa demeure, c’est le lieu du sacrifice.
  34. C’est, dit le commentaire, une Rakchasî. Je crois que par ce mot on désigne la terre sèche et altérée.
  35. Nom d’un Rakchasa.
  36. Ainsi, dans la mythologie grecque, Jupiter combattant les Titans est abandonné des autres dieux, excepté d’Hercule (Hari) ou de Bacchus (Bhagavan). Vichnou est le Soleil, qui seconde Indra dans sa lutte contre les ténèbres.
  37. Le commentaire dit que c’est le père même d’Indra qui est frappé et tué par son fils. Ce sens m’a paru hasardé. Je ne connais pas la légende qui pourrait y donner lieu. Cependant si ce sens était préféré, il faudrait modifier ainsi la traduction du commencement de la strophe : « Qui a (comme toi) rendu sa mère veuve ? »
  38. Voy. plus bas, page 247, col. 2, note 2.