Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 3/Lecture 4

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 225-233).

LECTURE QUATRIÈME.

HYMNE I.

Aux Viswadévas, par Pradjapati.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Les magiques artifices (des Asouras) ne sauraient prévaloir contre les œuvres sages, fermes, souveraines des Dieux, ni contre la (grandeur) bienfaisante du Ciel et de la Terre. Les Montagnes (célestes) ne subissent pas (toujours) leur domination.

2. L’être qui brille seul (au ciel), amène constamment le char des six (Ritous) ; pour nourrir ses feux, accourent les Vaches (lumineuses). Avec lui viennent rapidement les trois mondes, disposés les uns au-dessus des autres. (De ces trois mondes) deux sont invisibles, un seul est apparent[1].

3. (Dieu) fécond et possédant toutes les formes, il produit chaque espèce d’êtres. Il presse successivement trois mamelles ; trois fois il répare sa vigueur par les libations[2]. Ceint d’une triple force, il va, plein de grandeur, répandre au loin sa semence (divine), et enfante les (Aurores) perpétuelles.

4. À l’approche de l’Aurore, il s’éveille pour suivre sa voie accoutumée. Moi, j’invoque le beau nom des Adityas. Que les Ondes divines[3] viennent jouer autour du (Dieu), et qu’elles répandent sur lui leurs libations diverses.

5. Il a trois foyers[4]. Les Ondes sont trois fois présentées aux (dieux) sages, et dans les sacrifices brille le souverain roi, qui a mesuré les trois (mondes)[5]. Trois vierges[6], pures et désirables, viennent trois fois du ciel dans nos saintes assemblées.

6. Ô Savitri, trois fois chaque jour répands du haut du ciel tes dons précieux ; trois fois par jour (comble-nous de tes bienfaits). Accorde-nous une triple opulence[7]. Bhaga, sauveur opulent, donne-nous des richesses et des trésors.

7. Trois fois du haut du ciel Savitri se montre libéral. Que Mitra et Varouna, ces deux rois aux mains brillantes, que les Ondes[8], que le Ciel et la Terre, étendus et vastes, contribuent de leurs richesses aux générosités de Savitri.

8. Trois fois les airs s’enflamment de clartés vives et immortelles. On voit s’allumer les trois (feux) attachés au service du (grand) Asoura[9]. Que les Dieux justes, rapides, invincibles viennent trois fois du ciel à notre sacrifice.


HYMNE II.

Aux Viswadévas, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Qu’un (dieu) sage écoute ma Prière, qui se dirige vers lui comme une vache errante qui a perdu son gardien. Cette vache donne toujours un lait abondant, dont Indra et Agni sont amateurs.

2. Indra et Poûchan (dieux) aux mains brillantes, (à la semence) féconde, semblent avec plaisir venir du ciel goûter (ce lait) déposé (dans nos coupes). Puisque tous les dieux se plaisent avec notre (vache), ô Vasous, accordez-moi ici le bien que j’attends de vous.

3. Les vaches (de la Prière)[10], ces épouses (d’Agni), veulent obtenir une preuve de la virilité (du dieu) ; elles reconnaissent que son germe a été fécondé, et elles accourent avec un empressement respectueux près de l’enfant (lumineux) qui fait apparaître les formes.

4. Je chante le Ciel et la Terre, qui étalent tant de beautés, et dans le sacrifice j’élève ma coupe avec ma prière. (Ô Agni), que tes (flammes), qui se dressent avec éclat, (ces flammes) que nous vénérons, soient pour Manou[11] une source abondante de richesses.

5. Ô Agni, que ta langue, qui parmi les Dévas a mérité le nom d’Ouroutchi[12], (cette langue) pleine de miel et d’intelligence, vienne flatter ici tous ces (dieux) que nous appelons à notre secours ; et porte-leur nos douces libations.

6. Divin Agni, opulent possesseur de tous les biens, ta providence si variée, si dévouée, est pour (l’homme) que tu combles de tes faveurs telle que l’eau de la montagne (céleste). Fais-nous sentir cette providence, cette sagesse qui veut le bien de tous.


HYMNE III.

Aux Aswins, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. La vache qui désire l’antique (Agni), apporte son lait[13]. Le fils[14] de l’heureuse (Aurore) s’élance entre (le Ciel et la Terre). La (déesse) toute resplendissante amène l’astre lumineux. L’éloge de l’Aurore a éveillé les Aswins.

2. Les Prières se levant avec le Sacrifice se présentent devant vous comme (des enfants) devant leurs pères, et poussent votre char merveilleux. Dédaignez pour nous l’invocation de l’avare (qui vous compte ses offrandes). Nous, nous prodiguons les holocaustes ; venez à nous.

3. (Dieux) secourables, avec votre brillant attelage, avec votre char rapide, (venez) ; écoutez les chants de votre poëte. Ô Aswins, (dieux) sages et impétueux, nos ancêtres vous ont, (comme nous), exposé leurs besoins.

4. Écoutez-nous, et dirigez votre course de ce côté. Tous les hommes invoquent les Aswins. Tels que des amis, ils vous offrent ces liqueurs savoureuses et mêlées au lait de la vache. Le Soleil est à l’horizon, (venez avec lui).

5. Ô Aswins, le monde se colore. (Dieux) riches et secourables, les hommes célèbrent vos louanges. Arrivez vers nous par les voies que suivent les dieux. Nous avons pour vous des trésors de libations.

6. Vaillants héros, votre amitié est pour nous (comme) un domicile antique et fortuné. Que vos bienfaits se répandent sur la fille de Djahnou[15]. Heureux d’une amitié qui nous élève jusqu’à vous, nous voulons nous enivrer de vos douces liqueurs.

7. Jeunes et puissants Aswins, venez avec le Vent et vos chevaux partager notre joie. (Dieux) véridiques, doux et bienfaisants, buvez avec plaisir de notre soma nouveau.

8. Autour de vous, ô Aswins, les Offrandes viennent avec les Chants vous honorer de tout côté. Votre char, né dans le sacrifice et poussé par nos hymnes, parcourt maintenant le ciel et la terre.

9. Ô Aswins, le soma le plus savoureux a été versé pour vous. Venez, pour le boire, dans notre demeure. Votre char nous apporte une heureuse abondance, (ce char) qui aime à se rendre à l’appel (du père de famille) libéral de soma.


HYMNE IV.

À Mitra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh et Gâyatrî.)

1. Mitra, sensible à nos louanges, secourt les mortels. C’est Mitra qui soutient la Terre et le Ciel. Mitra regarde les hommes sans jamais fermer l’œil. Mitra est honoré par nos holocaustes et nos offrandes de beurre.

2. Ô Mitra, (divin) Aditya ! qu’il soit dans l’abondance, le mortel qui t’offre les dons du sacrifice. (L’homme) que tu protéges ne connaît ni la mort ni la défaite ; le mal ne le touche ni de loin ni de près.

3. Exempts de péché, heureux (des présents) d’Ilâ[16], posant nos genoux sur la terre (sacrée), et poursuivant les rites pieux, puissions-nous obtenir la faveur de l’Aditya Mitra !

4. Il vient de naître, ce Mitra digne de nos hommages et de notre culte, ce roi sage et puissant. Puissions-nous posséder la faveur et l’heureuse amitié de ce (dieu) adorable !

5. C’est un grand Aditya que nous ne pouvons aborder qu’avec respect. Il protége les mortels, et mérite nos chants et nos adorations. À ce Mitra, digne objet de nos louanges, que (nos prêtres) offrent dans les feux d’Agni un holocauste qui lui plaise.

6. Le divin Mitra est le soutien des hommes ; son secours est fécond en bienfaits, et ses présents sont glorieux.

7. Mitra, en s’étendant, remplit le ciel de sa grandeur, et la terre de son opulence.

8. Les cinq espèces d’êtres[17] honorent Mitra, qui par sa force triomphe de ses ennemis. Il est le soutien de tous les dieux.

9. Mitra, se mêlant aux Dévas et aux enfants d’Ayou, donne aux mortels assis sur le gazon (sacré) l’abondance qu’ils ont méritée par leurs œuvres pieuses.


HYMNE V.

Aux Ribhous[18], et à Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Djagatî.)

1. Nobles fils de Soudhanwan, ô vous qui avez la puissance de confondre vos ennemis, voici nos prêtres[19], qui sont vos parents par la (sainte) pensée ; avec le sacrifice ils renouvellent ces œuvres merveilleuses qui vous ont fait obtenir une part dans les offrandes.

2. Oui, par cet art avec lequel vous avez divisé la coupe (du sacrifice), par cette adresse pieuse avec laquelle vous avez recouvert d’une peau (nouvelle) une (vieille) vache, par cette (sainte) pensée avec laquelle vous avez formé les chevaux azurés (d’Indra), ô Ribhous, vous avez mérité le titre de dévas.

3. Les Ribhous ont acquis l’amitié d’Indra ; petits-fils de Manou[20], pieux enfants de Soudhanwan, ils sont venus comme ouvriers (du sacrifice). Ils ont obtenu le nom d’Immortels par leur attention aux (saintes) cérémonies et aux œuvres religieuses.

4. Vous venez sur le même char qu’Indra à nos libations. Vous partagez avec lui l’offrande de vos serviteurs. Ô Ribhous, savants fils de Soudhanwan, rien n’est comparable à votre force et à vos bonnes actions.

5. Ô Indra, avec les Ribhous que nous comblons d’offrandes, reçois dans tes mains ce soma, qui est versé en ton honneur. Appelé par la prière dans la maison d’un fidèle serviteur, ô Indra, réjouis-toi, ainsi que ces nobles fils de Soudhanwan.

6. Ô Indra, accompagné des Ribhous et comblé de nos offrandes, (viens) à notre sacrifice. Ô toi que le monde célèbre, sois heureux avec Satchî[21] (que nous avons parée à ton intention). Pleines d’un (pieux) empressement[22], les Cérémonies s’agitent pour toi, et s’associent aux efforts des Dévas et de Manou[23].

7. Ô Indra, toi qui donnes la force, viens avec les Ribhous, doués (comme toi) de la force, attiré à notre sacrifice par les louanges du poëte. (Viens) vers les enfants d’Ayou avec cent rapides et lumineux (coursiers)[24] ; ô toi qui as mille moyens de nous rendre heureux, (reçois) nos holocaustes et nos offrandes.


HYMNE VI.

À l’Aurore, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Aurore, forte, sage et opulente, reçois nos offrandes, et les chants du poëte. Déesse antique et (toujours) jeune, prévoyante et ornée de tous les biens, tu aimes à suivre nos sacrifices.

2. Aurore, déesse immortelle, brille sur ton char magnifique, et provoque la prière. Tu as la couleur de l’or. Que tes coursiers, robustes et soumis, t’amènent vers (nous).

3. Aurore, tu te dresses au-dessus de tous les mondes, et tu annonces l’(astre) immortel. Sans cesse nouvelle, viens d’une marche uniforme, faisant pour ainsi dire rouler ta roue dans la même ornière.

4. La riche épouse du Soleil, l’Aurore s’en va, telle qu’une femme qui déploie son voile. Elle produit la clarté ; bonne et fortunée dans ses œuvres, elle s’étend de l’extrémité du ciel à l’extrémité de la terre.

5. À vos yeux brille la divine Aurore ; portez-lui vos offrandes et vos hymnes. Honorée avec le miel (de vos libations), elle élève dans le ciel ses heureuses lumières, et charme nos regards par ses brillantes clartés.

6. Les rayons de la pieuse (déesse) se font sentir du haut des airs. De ses riches splendeurs elle colore le ciel et la terre. Ô Agni, tu reçois les dons de l’holocauste, et accueilles honorablement l’Aurore, qui s’avance avec pompe.

7. Dans le foyer (lumineux) où siége Rita[25], ce (dieu) qui féconde les Aurores, essaye ses rayons, et s’empare de l’immensité du ciel et de la terre. La sublime magie de Mitra et de Varouna séduit les yeux, et resplendit de toute part.


HYMNE VII.

À l’Aurore, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh et Gâyatrî.)

1. Que ces soins empressés que nous mettons à vous honorer ne soient pas perdus pour votre serviteur. Ô Indra et Varouna, où est la glorieuse assistance que vous donnez à vos amis ?

2. Ce noble seigneur, jaloux d’accroître sa fortune, ne cesse de vous appeler à son secours. Ô Indra et Varouna, avec les Marouts, avec le Ciel et la Terre, aimez à entendre mon invocation.

3. Ô Indra et Varouna, donnez-nous l’opulence ; (donnez-nous), ô Marouts, les richesses accompagnées de tous les biens. Que les épouses des dieux[26] nous protégent ; qu’Hotrâ[27], que Bhâratî[28], avec leurs riches offrandes, viennent à notre secours.

4. Ô Vrihaspati, ami de tous les Dieux, agrée nos holocaustes, et accorde à ton serviteur des biens précieux.

5. Adorez et chantez Vrihaspati, qui brille au milieu des sacrifices. J’implore sa force invincible.

6. (Oui, adorez) Vrihaspati, bienfaiteur des hommes, indomptable, illustre, doué de toutes les formes.

7. Brillant et divin Poûchan, cet hymne nouveau est pour toi. C’est un hommage que nous te rendons.

8. Prends plaisir à ces chants que nous accompagnons d’offrandes. Aime notre prière, comme l’époux aime son épouse.

9. Qu’il soit notre sauveur, ce Poûchan, qui de son regard embrasse tous les mondes.

10. Nous adorons la noble lumière du divin Savitri, qui lui-même provoque nos prières.

11. Apportant avec nous l’offrande et la prière, nous demandons les bienfaits du divin Savitri, du (fortuné) Bhaga.

12. Par des sacrifices, par des hymnes, les prêtres, que la Sagesse dirige et que la Prière inspire, honorent le divin Savitri.

13. Soma[29] vient ; il connaît la voie des Dévas ; il s’avance vers le trône de Rita, et prend la place qui lui a été préparée.

14. Soma nous donne, à nous et aux animaux, bipèdes ou quadrupèdes, l’abondance et la santé.

15. Soma prolonge notre vie, et dompte nos ennemis ; qu’il vienne s’asseoir à notre foyer.

16. Ô Mitra et Varouna, (dieux) puissants, jetez (votre) beurre sur nos vaches, (votre) miel sur les mondes.

17. Ô vous, dont les œuvres sont pures, dont nous exaltons la gloire, dont nos adorations et nos longues (prières) augmentent la puissance, vous régnez avec grandeur et avec force.

18. Chantés par Djamadagni, asseyez-vous au foyer du sacrifice. Agrandis par le sacrifice même, buvez le soma.


HYMNE VIII[30].

À Agni, par Vamadéva.

(Mètres : Achtî, Atidjagatî, Ghriti et Trichtoubh.)

1. Animés d’un même esprit, que les Dévas, ô Agni, viennent te donner l’essor à toi, Déva puissant ; oui, par leurs œuvres, qu’ils te donnent l’essor. Honorez un Déva immortel au milieu des mortels ; enfantez un Déva sage et universel, oui, enfantez un Déva sage.

2. Ô Agni, amène vers les Dévas ton frère Varouna, qui par sa bonté mérite une part dans le sacrifice, oui, le grand (Varouna), qui mérite une part dans le sacrifice ; cet Aditya pieux, qui donne aux hommes le beurre (céleste), oui, ce royal (Varouna) qui donne aux hommes le beurre (céleste).

3. Généreux ami, amène vers nous ton rapide ami (Varouna) ; qu’il soit comme la roue d’un char arrivant sur une bonne voie ; oui, deviens pour nous cette heureuse voie. Ô Agni, reçois nos offrandes en l’honneur de Varouna, en l’honneur des Marouts resplendissants. (Dieu) brillant et généreux, fais le bonheur de mon fils et de mon petit-fils ; oui, fais notre bonheur, à nous-mêmes.

4. Sage Agni, tu as en notre faveur détourné la colère du divin Varouna. Tu es le plus grand des sacrificateurs, le premier de ceux qui présentent l’offrande ; (dieu) brillant, délivre-nous de toutes les inimitiés.

5. Ô Agni, prête-nous ton secours et viens à nous au lever de cette aurore. Donne-nous la faveur de Varouna. Accours avec tes présents, et répands tes douceurs sur notre sacrifice. Réponds à notre invocation, et viens à nous.

6. La vue de ce dieu fortuné au milieu des mortels est le plus beau, le plus merveilleux des spectacles. Elle est aussi désirable, aussi douce que le beurre pur et limpide qui vient de la vache inviolable.

7. Le divin Agni à trois naissances[31] nobles, enviées, sublimes. Sous la voûte infinie (du ciel) environné de splendeur, qu’il vienne ce maître[32] pur, magnifique et brillant.

8. Messager (des Dieux) et sacrificateur, il visite toutes les maisons, monté sur un char d’or, et agitant sa douce langue, poussant ses coursiers rougeâtres, beau, resplendissant, agréable comme la maison où règne l’abondance.

9. Parent du Sacrifice, il anime les enfants de Manou : ceux-ci le dirigent avec le grand frein (des cérémonies). Dieu, il habite la demeure d’un mortel ; il accomplit ses vœux et prend une part dans son opulence.

10. Que le prévoyant Agni nous conduise ; elle est pour lui, cette offrande que les Dévas lui ont réservée. Quand tous ces (Dévas) immortels ont accompli l’œuvre de la prière, alors le (prêtre), chantre brillant (du dieu), devient son père ; il l’enfante, et avec la libation il arrose le juste (Agni)[33].

11. (Agni) naît d’abord dans nos maisons ; (il naît) au sein du ciel, qui devient son berceau ; (il naît) au centre même du nuage, n’ayant alors ni pieds ni tête,[34] cachant tous ses membres, et se mêlant à la noire vapeur.

12. Que tu siéges au foyer du sacrifice, ou dans l’obscurité du nuage, l’hymne te donne une force immense, ô Agni ; tu es désirable, jeune, beau, brillant. Sept (ministres)[35] empressés ont travaillé à la naissance d’un (dieu) généreux.

13. Nos ancêtres, enfants de Manou, sont aussi venus s’asseoir autour d’un semblable foyer. Les vaches nourricières, enfermées au sein de la montagne, ils les ont délivrées en appelant les Aurores.[36]

14. Oui, nos (pères) ont honoré (Agni), et brisé les portes de la montagne. Que les autres célèbrent leur gloire. Jaloux de procurer la délivrance des vaches (célestes), ces (Angiras) ont chanté les actions (d’Agni) ; ils ont révélé la lumière du jour, et par leurs prières organisé le sacrifice.

15. Ces hommes pieux, pleins du désir de posséder les vaches (célestes), ont, par leurs paroles, dignes des dieux, ouvert cette large montagne qui retenait de tout côté ces malheureuses prisonnières ; (ils ont forcé) le cachot où se trouvait enfermé le troupeau (divin).

16. Ils ont inventé les premières formules d’adoration. Ils ont imaginé les vingt et une (mesures) qui plaisent à la vache, mère[37] du sacrifice. C’est en entendant ces accents que s’est levé le troupeau (lumineux du matin) ; c’est alors que l’Aurore s’est montrée avec la glorieuse splendeur de (l’astre) voyageur.

17. Les sombres ténèbres sont anéanties ; le ciel se couvre de clarté ; les feux de la divine Aurore sont arrivés. Le Soleil s’est revêtu de larges rayons, et voit, au milieu des mortels, tout ce qui est droit, tout ce qui est tortueux.

18. Qu’à l’instant, dans toutes les demeures, les Dévas se réveillent pour chanter (Agni), et qu’ils affermissent le trône où brille sa précieuse lumière. Ô Mitra et Varouna, soyez sensibles à notre prière.

19. Je chante le resplendissant Agni, le sacrificateur chargé de toutes les offrandes, le pontife suprême. Que le jus limpide du soma coule doucement autour de lui, et qu’il se nourrisse comme à la pure mamelle des vaches (du sacrifice).

20. Agni est pour tous les dieux tel qu’Aditi[38] ; c’est un hôte pour tous les enfants de Manou. Possesseur de tous les biens, qu’il soit le soutien, le refuge, le bienfaiteur des Dévas.


HYMNE IX.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le juste Agni, prêtre et pontife, vient, immortel au milieu des mortels, Déva au milieu des Dévas, siéger (au foyer du sacrifice), afin d’y briller avec grandeur, afin de s’y charger des holocaustes de Manou.

2. Ô Agni, illustre enfant de la Force, tu viens de naître (dans notre sacrifice), et, messager (divin), tu te places entre la race humaine et la race céleste ; tu attelles (au char du sacrifice) tes mâles et brillants étalons[39].

3. Je chante ces deux coursiers[40], qu’enfanta le sacrifice, (ces coursiers) rouges, brillants et rapides en l’honneur desquels coulent les libations et le beurre (consacré). C’est toi qui les attelles, et qui vas, servant d’intermédiaire entre vous autres, dieux (adorés), et les mortels qui vous honorent.

4. Agni, tu as de bons coursiers, un beau char, tu es riche en présents. En faveur de ce peuple prodigue d’holocaustes, amène Aryaman, Varouna, Indra, Vichnou, les Marouts et les Aswins.

5. Agni, ô toi qui donnes la vie, que ce sacrifice nous procure des vaches, des brebis, des chevaux, de robustes amis, des hommes invincibles. Qu’il soit pour nous une source d’abondance, de vie et de gloire. Que nous ayons une nombreuse famille, et que notre opulence repose sur une large base.

6. Ô Agni, sois le puissant protecteur de l’homme qui, pour apporter l’aliment de tes feux, couvre son corps et son front de sueur. Délivre-le des atteintes du méchant.

7. Qu’il soit riche et ferme dans son bonheur, le serviteur fidèle et dévoué qui présente l’offrande pour satisfaire à tes désirs, qui t’arrose de ses heureuses libations, et qui t’amène comme hôte au sein de son foyer.

8. Assis sur ton trône, tu portes une ceinture dorée. Tel qu’un coursier, fais passer à travers le mal le serviteur qui à la fin du jour et au lever de l’Aurore chante la louange, et se concilie ta faveur par ses holocaustes.

9. Immortel Agni, qu’il ne perde pas son opulence, qu’il ne soit pas enveloppé dans les piéges du méchant, l’homme qui te loue, qui t’apporte l’offrande, et qui, élevant la cuiller (sacrée), accomplit les rites en ton honneur.

10. Ô Agni, le mortel dont toi, dieu toujours jeune, tu aimes et récompenses les offrandes, il doit voir son invocation heureusement exaucée, dussions-nous avoir contribué à la prospérité de ton serviteur !

11. Que ce dieu sage distingue entre les mortels les bons et les mauvais, comme (le coursier) sait distinguer sur son dos les fardeaux lourds ou légers. Qu’il nous accorde le partage d’une opulence soutenue par une nombreuse famille, et daigne nous conserver intact cet (heureux) partage.

12. (Agni) est sage, et les (prêtres), sages comme lui, et fermes (dans leur piété), le chantent, et l’établissent dans les demeures des enfants d’Ayou. De là, maître (de la maison)[41] jette les yeux et lance tes rayons rapides vers ces (dieux) admirables qui méritent nos regards.

13. Agni, (dieu) brillant, et toujours jeune, qui sais diriger les hommes et combler leurs vœux, le sage qui te célèbre, t’honore en versant la libation. Apporte-lui le bonheur et l’abondance.

14. Ainsi, Agni, tandis que, dans le désir de te posséder, nous travaillons des pieds, des mains, de tout le corps, que les (prêtres) accomplissent aussi leur lâche, et ouvriers excellents, avec le secours des Dévas qu’ils forment Rita, comme le charpentier fait un char.

15. Oui, au lever de l’Aurore notre mère, réunis au nombre de sept sages, allons les premiers conquérir les rayons du sage (Agni). Soyons des Angiras, des enfants de l’Astre lumineux[42], et par nos efforts brisons la montagne qui renferme nos trésors.

16. Oui, Agni, nous voulons, comme nos grands et antiques parents, travailler à l’œuvre du sacrifice. Ils sont partis chercher la lumière jusque dans sa source ; par la vertu de leurs hymnes, ils ont séparé le ciel et la terre, et ouvert la porte aux (vaches) matinales.

17. Ouvriers diligents, brillants Dévas, dans leur désir d’honorer les dieux ils en ont façonné les formes, ainsi que (l’ouvrier) façonne le fer, donnant à Agni la clarté, à Indra la grandeur, et ils ont amené autour d’eux le large troupeau des vaches (célestes).

18. Redoutable (Agni), quand (tes feux) nous révèlent ces races divines disposées près de nous, comme des troupeaux (répandus) sur une plaine fertile, que les libations s’épanchent en faveur des mortels, en faveur de l’enfant d’Ayou, du père de famille, que tu vois ici.

19. Nous avons accompli l’œuvre (sainte) ; nous avons travaillé en bons ouvriers. Que la brillante Aurore prenne son vêtement que teignent les feux de Rita, les larges lueurs d’Agni resplendissant de toute part, et les rayons de l’œil divin qui embellit (le monde.)

20. Sage et prudent Agni, nous avons ainsi célébré tes louanges. Accueille notre hymne. Lève-toi dans ta splendeur ; augmente notre opulence. (Dieu) magnifique, accorde-nous de grandes richesses.


HYMNE X.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Appelez à votre secours Agni, roi du sacrifice, pontife redoutable, prêtre juste du ciel et de la terre, revêtu des couleurs de l’or. Qu’il (fasse sentir à nos ennemis) l’atteinte imprévue de la foudre !

2. Ce foyer, que nous avons formé, est à toi ; il t’attend, beau et paré comme l’épouse qui désire son époux. Viens vers nous, orné de ta ceinture (lumineuse) ; place-toi sur ton trône, ô toi qui te distingues par tes bonnes œuvres ; les (Prières, tes épouses) se tournent vers toi.

3. Ô prêtre, adresse ton invocation au dieu sage, affable, qui nous écoute avec bonté. Que la louange de l’immortel (Agni) résonne comme la pierre (du mortier) qui prépare la douce libation.

4. Ô Agni, sois présent à notre fête. Dieu des sacrifices, préside à celui-ci, et sois pour nous une source de bonnes pensées. En quel (autre) lieu auras-tu des hymnes et des libations ? Dans quelle (autre) demeure trouveras-tu des amitiés (plus dévouées) ?

5. Quel reproche peux-tu faire à Varouna, ô Agni ? En quoi le Ciel est-il coupable ? Quelle est notre faute ? Que peux-tu dire contre le généreux Mitra, contre la Terre, contre Aryaman, contre Bhaga ?

6. Ô Agni, qui grandis dans nos foyers, que peux-tu dire contre le Vent qui est fort et bienfaisant, contre Roudra, qui voyage autour de la terre, dont il se rapproche, (Roudra) fidèle à la vérité et redoutable pour les hommes ?

7. As-tu plus de reproches à faire au grand Poûchan, qui fait l’ornement (du monde), qu’à Roudra, qui donne l’holocauste ? De quelle faute accuserais-tu Vichnou, célébré en tout lieu ? Ô Agni, quelle est la faute de la grande déesse du Temps[43] ?

8. S’ils t’interrogeaient, que répondrais-tu à la troupe immortelle des Marouts, au puissant Soleil, à Aditi, au (Vent) rapide ? Ô dieu qui possèdes tous les biens, dans ta sagesse, achève de former tes rayons lumineux.

9. Je chante Rita[44], qui se perpétue par lui-même. Ô Agni, voici à la fois la vache[45] et le miel (du sacrifice). L’une est faible et noire, l’autre savoureux et brillant. Nourris la vache de ce lait vivifiant.

10. Par Rita, le mâle et généreux Agni a reçu sur son dos un lait fortifiant. (Le dieu), immobile jusqu’à ce moment, a commencé à marcher ; brillant, vigoureux et abondant, il a sucé la mamelle féconde (de la libation).

11. Par Rita, les Angiras ont ouvert la montagne, et sont revenus accompagnés des vaches (célestes). Ils se sont heureusement entourés des rayons de l’Aurore. Agni est né, et la Lumière s’est manifestée.

12. Par Rita, les Ondes, déesses immortelles, ont laissé couler leurs flots, aussi doux que le miel, ô Agni. Elles s’élancent avec la rapidité du cheval préparé pour la course.

13. Ne viens point au sacrifice que t’adresse un voisin malveillant, un mauvais parent. Ô Agni, ne reçois point la dette que prétendrait te payer un frère injuste. C’est ainsi que nous repoussons le présent d’un ennemi (qui se dit) notre ami.

14. Ô Agni, toi que nous honorons par nos sacrifices, accorde-nous ta protection. Content (de nos offrandes), défends-nous. Embrasse notre cause ; détruis le mal qui aspire à la force ; donne la mort au grand Rakchasa qui s’élève.

15. Ô vaillant Agni, sois favorable à nos hymnes. Accueille nos offrandes et nos prières. (Ô toi qui es devenu) Angiras[46], aime nos cérémonies. Que nos chants montent vers les dieux et vers toi !

16. Ô prudent Agni, c’est en l’honneur d’un (dieu) éclairé comme toi que sont dirigées toutes ces pratiques, que sont conçues toutes nos prières. Sage et poëte, j’ai par des hymnes et des invocations poétiques célébré un (protecteur) assez sage pour m’entendre.


HYMNE XI.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Que tes rayons soient comme un large filet. Viens tel qu’un roi terrible, monté sur son éléphant. Déploie rapidement ton filet ; prends tes flèches, et de tes traits enflammés perce les Rakchasas.

2. Tes flèches volent avec légèreté. Atteins avec force, et brûle tes ennemis. Ô Agni, (excité par les libations) de la cuiller (sacrée), ne connaissant aucune chaîne, lance de tout côté tes feux, tes rayons, tes éclairs.

3. (Dieu) rapide et invincible, fais briller tes splendeurs, et deviens le défenseur de ce peuple. Ô Agni, ne laisse la victoire à aucun de tes ennemis, qui, de loin ou de près, puisse désirer notre mal.

4. Lève-toi, Agni. Étends (tes flammes), brûle tes ennemis de tes traits aigus. (Dieu) brillant, renverse et consume, comme un bois sec, celui qui nous poursuit de son inimitié.

5. Dresse-toi, ô Agni. Perce nos ennemis, et manifeste ta (force) divine. Brise la vigueur de nos adversaires. Parents et non parents, détruis-les tous.

6. Ô (Dieu) toujours jeune, il connaît ta bienveillance, celui qui chante la louange d’un prêtre actif (tel que toi). Tous ses jours sont sereins ; il a des richesses, de l’abondance, de la gloire. (Par toi) cet Arya voit ses portes ornées et brillantes.

7. Ô Agni, qu’il soit fortuné, qu’il soit comblé de biens, celui qui cherche à te plaire par des hymnes, par des offrandes continuelles. Que dans sa vie, que dans sa maison tout lui soit propice. Que son sacrifice lui soit prospère.

8. J’honore ta bonté. Vers toi s’élève la voix sonore de nos chantres. Pour prix de nos hommages accorde-nous d’excellents chevaux, de beaux chars. Que ta bienveillance de chaque jour soit constante et durable.

9. Ici, dans ce foyer où tu viens briller soir et matin, que chaque jour de nombreuses (offrandes) te soient présentées. Heureux de ta faveur et maîtres des biens de nos ennemis, puissions-nous toujours te vénérer avec le même cœur !

10. Ô Agni, l’homme qui, riche en or et possesseur de bons chevaux, s’approche de toi avec un char rempli de trésors, qui ne cesse de t’offrir une heureuse hospitalité, (cet homme) doit compter sur ta protection, sur ton amitié.

11. Je suis fort (contre mes ennemis) des chants que je tiens de ma famille, et que m’a transmis mon père Gotama. Daigne écouter ces chants, ô (dieu qu’on appelle) Damoûnas[47], sacrificateur toujours jeune et distingué par tes bonnes actions.

12. Ô prudent Agni, que tes rayons protecteurs se rassemblent sur nous ; qu’ils nous conservent, (ces rayons) vigilants, actifs, fortunés, infatigables, innocents, toujours forts.

13. Ce sont tes Rayons, ô Agni, qui, trouvant que le fils de Mamatâ était aveugle, l’ont délivré de ce mal[48]. (Le dieu), qui est le maître de tous les biens, protége les hommes vertueux ; l’ennemi malfaisant n’a jamais triomphé de lui.

14. Par toi comblés de biens, aidés de tes secours, puissions-nous, sous ta conduite, jouir de l’abondance ! (Ô dieu) honoré par de justes sacrifices, (dieu) qui ne dois rougir de rien, détruis (l’homme) à double langage, et ne nous abandonne jamais.

15. Ô Agni, nous voulons te plaire en allumant ces feux. Reçois le tribut de nos hymnes. Brûle les impies Rakchasas. Ô toi, qui es la gloire de tes amis, protége-nous contre la haine d’un ennemi envieux.



  1. Les trois mondes sont le ciel, l’air et la terre. La terre seule par sa nature est visible. Le commentateur pense que le poëte a eu l’intention de célébrer dans cet hymne Samvalsara, c’est-à-dire l’année.
  2. Le poëte fait allusion aux trois savanas.
  3. C’est-à-dire les libations.
  4. Le dieu célébré dans les strophes est Agni, considéré comme existant tantôt dans le foyer, tantôt dans le ciel sous la forme du Soleil. Le Soleil, comme on sait, a trois stations comme aussi Agni a trois foyers, comme il y a trois sacrifices par jour. Voilà l’explication de ce nombre trois, répété plusieurs fois avec une application évidemment différente.
  5. Trimâtri. Voy. page 109, col. 1, note 3 ; une explication analogue a été donnée au mot dwimâtri.
  6. C’est-à-dire Ilâ, Saraswatî et Bhâratî. Voy. page 43, col. 1, note 1, et page 47, col. 2, note 1.
  7. Cette triple opulence, dit le commentaire, consiste en troupeaux, en or, en pierres précieuses.
  8. Suivant le commentateur, l’air, autarikcham.
  9. Le mot Asoura est ici pris en bonne part, et désigne Agni ou le Soleil. Les trois êtres qu’on appelle ses hommes (vîrâs) sont les trois feux des trois savanas. Le commentaire, qui a pensé que cet hymne s’adressait à Samvatsara, trouve dans les trois êtres indiqués Agni, Vâyou, Soûrya.
  10. Le commentateur voit dans ce passage une personnification des plantes qui servent aux libations, ou bien des rayons du soleil. J’ai mieux aimé y reconnaître les Prières, qui, ainsi qu’il a été dit ailleurs, sont quelquefois regardées comme les épouses des Dieux. Les épouses d’Agni contribuent à l’enfantement de la Lumière.
  11. C’est-à-dire pour l’homme.
  12. C’est-à-dire ample, étendue, allant au loin.
  13. Le poëte désigne par ces mots l’Aurore qui naît au moment du sacrifice. Ce pourrait être aussi bien la Prière du matin.
  14. C’est-à-dire le soleil.
  15. La fable donne pour fille au roi Djahnou la rivière du Gange. Voy. Harivansa, tome I, pages 120 et 147.
  16. Le commentaire croit que le mot ilâ est ici synonyme de nourriture sacrée.
  17. Voy. page 45, col. 1, note 1.
  18. Le texte les désigne par le mot Ousidj.
  19. Voy. page 51, col. 1, note 1.
  20. C’est-à-dire nés de la race humaine. Soudhanwan, leur père, était fils d’Angiras, lequel, suivant la mythologie, devait le jour à Brahmâ. Il y a un rapprochement probable entre le nom de Soudhanwan et le verbe dhanwati.
  21. Je hasarde ce sens. Satchî, épouse d’Indra, est l’œuvre sainte, qui doit faire le bonheur de ce céleste époux, surnommé Satchîpati.
  22. Je suis bien éloigné du sens que le commentaire donne à Swasarâni. Il traduit ce mot par jours, ahâni.
  23. C’est-à-dire des mortels, dont Manou est le père.
  24. Ces coursiers, ce sont les rayons du matin, Kéta, ou les sacrifices. Voyez page 225, col. 1, note 4.
  25. Rita est Agni, dieu du sacrifice. Ce passage fait allusion au foyer qui vient d’être allumé, ou à l’Orient qui s’illumine.
  26. C’est-à-dire les Prières, qui portent le nom de Varoutrî. Voy. page 52, col. 2, note 3.
  27. Voy. page 52, col. 2, note 1.
  28. Voy. page 43, col. 1, note 1.
  29. La libation personnifiée.
  30. Ici finit le troisième Mandala, qui porte le nom de Viswâmitra, et commence le quatrième, qui est appelé le Mandala de Vâmadéva.
  31. Le commentaire rappelle ici la triade d’Agni, de Vâyou et du Soleil, considérés comme le même personnage. N’est-ce pas une répétition de la distinction que l’on fait quand on voit dans Agni le feu du sacrifice, le feu de la foudre et le feu du soleil ? Agni, comme nous l’avons vu, naît aussi sur la terre, dans l’air et dans le ciel ; trois fois aussi, chaque jour, il naît pour le sacrifice.
  32. L’auteur se sert du mot Arya.
  33. Il semble que cette strophe ait rapport à l’Aditya, c’est-à dire à Agni devenu le Soleil, fils du Ciel. Cependant j’ai préféré donner au mot Dyôh un sens que j’ai déjà rencontré, et que le commentateur représente par le mot slotri (laudator).
  34. Les pieds et la tête d’Agni, ce sont ses rayons et sa flamme. Le feu de la foudre se cache et n’apparaît que par l’éclair.
  35. Le commentaire dit que ce sont les ministres chargés des sept libations, sapta hotracas. Voy. page 78, col. 1, note 2.
  36. Voy. page 44, col. 1, note 7. Les ancêtres ici désignés, ce sont les Angiras.
  37. Le même mot mâtri signifie mère et mesureur. Les mesures auxquelles il est fait allusion sont les tchhandas appropriés aux hymnes des sacrifices.
  38. Aditi est la mère des dieux. Il y a dans ces vers une espèce d’antithèse entre les mots Aditi et Atithis.
  39. Vrichanah. Ce mot doit s’entendre des libations, qui fécondent le sacrifice ; à moins que l’auteur n’ait voulu ainsi désigner les dieux eux-mêmes, qui répandent l’abondance.
  40. Je suppose que le poëte fait allusion au Ciel et à la Terre, que le sacrifice du matin semble produire, et qui commencent en ce moment leur course rapide.
  41. Je traduis ainsi le mot Arya.
  42. Cette strophe me semble être une apostrophe adressée par Vâmadéva aux prêtres assistants, et formant avec lui le nombre de sept : ce sont les sept hotracas. Il leur dit de se considérer comme les antiques Angiras, chargés des sacrifices du matin, comme des enfants du Ciel ou du Soleil (divas poutrâh), c’est-à-dire comme des serviteurs disposés à montrer une obéissance toute filiale. Dans l’Orient, le mot poutrâh entraîne l’idée de la subordination que doit le serviteur.
  43. Le mot sanscrit est Sarou, commenté par le mot Samvatsara. C’est le temps, représenté aussi par Nirriti, déesse du mal.
  44. N’oublions pas que Rita est le sacrifice personnifié.
  45. La vache du sacrifice, c’est la flamme.
  46. Voy. page 41, col. 2, note 1.
  47. Voy. page 122, col. 1, note 1.
  48. Le personnage dont il est ici question est Dîrghatamas, fils d’Outchathya et de Mamatâ (section II, lecture iii, hymne 1). La légende raconte que Vrihaspati, son frère, le maudit lorsqu’il était encore dans le sein de sa mère, et que Dîrghatamas, par suite de cette malédiction, devint aveugle. Agni fut invoqué, et lui donna l’usage de la lumière. Voy. page 142, col. 1, note 4, l’histoire de Dîrghatamas, qui me semblait difficile à expliquer. Ce personnage me paraît allégorique. Je suppose que c’est Agni caché au milieu des ténèbres.