Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 4/Lecture 5

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 307-315).

LECTURE CINQUIÈME.

HYMNE I.

À Agni, par Bharadwâdja.

(Mètres : Anouchtoubh et Sakwarî.)

1. Ô Agni, tu viens, comme un ami, prendre l’offrande placée sur ton foyer. Ô (dieu) qui as les yeux ouverts sur (le monde), que tu conserves, tu es le plus bel ornement du sacrifice.

2. Les hommes te célèbrent par des chants et des holocaustes. Vers toi accourt le cheval[1] innocent (du sacrifice), qui précipite les eaux et règne sur le monde.

3. Les maîtres de nos rites pieux, se livrant à une (sainte) joie, allument tes feux et font de toi l’étendard du sacrifice, au moment où la race de Manou vient l’invoquer pour obtenir le bonheur.

4. Qu’il soit fortuné, le mortel qui cherche par la prière à plaire à un bienfaiteur tel que toi ! Avec le secours d’un (dieu) grand et lumineux, il triomphe de la malice de ses ennemis.

5. Le mortel qui t’invoque en allumant tes feux, ô Agni, obtient de toi une famille brillante et nombreuse, une vie de cent ans.

6. Tu t’entoures de flammes, dont la fumée blanchâtre s’étend dans le ciel. Ô (dieu) qui purifies (le monde), l’hymne semble te donner l’éclat du soleil.

7. Ainsi tu es vénérable parmi les nations ; tu es pour nous un hôte chéri, digne de notre amour comme un vieux prince, de notre tendre sollicitude comme un enfant.

8. On t’extrait (de l’Aranî), et, tel qu’un coursier qu’on destine au travail, on te lance au milieu du bûcher. Ô Agni, tu (l’enveloppes) comme le (vent) qui parcourt (le monde) ; les offrandes que tu reçois te donnent la vivacité du cheval ; ou, tel que l’enfant, tu rampes (sur le foyer).

9. Ô immortel Agni, de même que le troupeau sur le gazon, ainsi tu es au milieu du bûcher ; et tes brillantes ardeurs fendent (le bois) et (le dévorent).

10. Ô Agni, notre pontife, tu aimes les sacrifices que les peuples te préparent dans leurs foyers. Ô maître des nations, fais notre force. Aime notre holocauste, ô (toi que nous appelons) Angiras.

11. Ô dieu, qui as (pour nous) la bonté d’un ami, ô Agni, (placé) entre le ciel et la terre, porte aux autres dieux noire prière. Conduis vers un bonheur solide les hommes qui brillent (de tes feux). Puissions-nous triompher de nos ennemis, et du péché, et des maux (de la vie) ! oui, avec ton secours, puissions-nous triompher de tous les maux !


HYMNE II.
À Agni, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Agni, il doit vivre longtemps, il jouit longtemps de ton heureuse clarté, le mortel qui est le gardien de ton sacrifice, qui est né en quelque sorte dans ton sein. Ô dieu, avec Mitra et Varouna, dont tu partages les plaisirs, tu protéges puissamment ce mortel contre le mal.

2. Il a honoré Agni par ses holocaustes ; il l’a flatté par ses œuvres ; il a comblé de présents un (dieu) généreux. En récompense, ce mortel obtient une glorieuse lignée ; il est affranchi de tout mal, de tout chagrin.

3. Ta vue est comme celle du soleil, elle est purifiante. Quand tu brilles, ta flamme s’élance inspirant la terreur. Le bûcher est le berceau où il est né ; et cette aimable demeure n’est pas celle (du Rakchasa) de la nuit ; c’est celle d’un (dieu) qui étonne par son bruit et console par sa lumière.

4. Sa crête est aiguë, son corps large et brillant, sa bouche dévorante, telle que celle du cheval. Ainsi que la hache, il lance sa langue. De même que l’orfèvre (amollit le métal), il semble fondre le bois qu’il dévore.

5. Tel que l’archer qui ajuste sa flèche, il prépare son arme. Il aiguise son rayon, comme (on aiguise) le tranchant du fer. Changeant de port et d’allure, tantôt il poursuit l’obscurité, ainsi que (le chasseur poursuit) l’oiseau ; tantôt il siége sur le bois du bûcher, ou bien il marche avec promptitude et légèreté.

6. Tel que (l’antique) Rébha[2], il revêt de splendeur les vaches (du sacrifice), et murmure sourdement, ami splendide et immortel, qui le soir et le matin, et (au milieu) du jour, allume ses feux (à la voix) des prêtres.

7. Brillant comme un soleil, le (dieu) généreux et magnifique résonne au milieu des branches (qu’il dévore) ; et, s’élançant d’un jet rapide, il va décorer de ses riches lueurs les deux nobles époux, le Ciel et la Terre.

8. Tantôt à ses propres rayons il semble, pareil à l’éclair, en ajouter d’autres, qui étendent son paisible éclat ; tantôt il brille avec force et puissance, tel que Ribhou[3], lassant la violence des Marouts.


HYMNE III.
À Agni, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô pontife, enfant de la Force, s’il est vrai que dans les sacrifices des fils de Manou tu veuilles accomplir les rites pieux, ô Agni, daigne aujourd’hui t’associer à notre pensée, et honore les dieux qui attendent nos hommages.

2. Qu’Agni, dès le matin, brillant à nos yeux comme un soleil, reçoive nos louanges et nos offrandes. Ce (dieu) qui est la vie de tous, immortel au milieu des mortels, (ce dieu) qui possède tous les biens, naît avec l’Aurore et devient notre hôte.

3. Les (chantres), tout couverts de ses feux, célèbrent sa grandeur. Et lui, resplendissant comme le soleil, revêt ses rayons lumineux. Il apparaît, purifiant, impérissable, et détruit, à l’orient, (les vapeurs ténébreuses) d’Asna[4].

4. Ô toi qui es notre fils[5], tu es digne de nos hymnes. Nourri des mets (du sacrifice), Agni est né pour nous dispenser la richesse et l’abondance. Ainsi, maître de la force, donne-nous la force : roi, donne-nous la victoire. Tu habites la maison d’un (homme) pieux et innocent.

5. (Agni) aiguise ses rayons protecteurs ; il dévore nos offrandes, et, comme le Vent, maître des régions (célestes), il triomphe (de l’obscurité) des nuits. Puissions-nous aussi vaincre celui qui ne te donne pas d’holocaustes ! (Puissions-nous), comme le coursier (vigoureux), repousser l’attaque des méchants !

6. Ô Agni, tel que le soleil, tu as couvert de tes rayons glorieux le ciel et la terre. Tes lueurs brillantes ont chassé les ténèbres, et dans ta marche rapide tu ressembles à l’enfant d’Ousidj[6], environné de splendeur.

7. Ô Agni, ô toi qui nous réjouis par l’éclat de tes rayons, nous t’honorons ; écoute-nous. Dieu rapide et non moins puissant qu’Indra, les plus sages d’entre les prêtres te présentent leurs riches offrandes.

8. Ô Agni, tu nous mènes heureusement à la fortune par les voies les plus sûres. Tu nous fais traverser le mal. Donne aux pères de famille et à ton chantre ces biens que tu possèdes. Puissions-nous vivre cent hivers, entourés de plaisirs et d’une généreuse lignée !


HYMNE IV.
À Agni, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. En votre faveur j’invoque par mes prières le fils de la Force, qu’avec raison célèbrent nos louanges. (Dieu) toujours jeune et nouveau, sage, bon et désirable, il nous envoie les biens vers lesquels se dirigent tous nos vœux.

2. Par toi, ô sacrificateur, couronné de mille rayons, les (autres dieux) dignes de nos hommages reçoivent de nombreuses offrandes. Tu es comme une terre (fertile), qui produit pour tous les êtres, purifiés par toi, les biens qu’ils peuvent souhaiter.

3. Viens avec éclat siéger au milieu de ce peuple ; sois comme un char qui nous apporte des trésors. Sage possesseur de tous les biens, tu envoies à ton serviteur, de ce (trône où tu brilles), les richesses qu’il te demande successivement.

4. Ami généreux, protecteur ardent, brûle de tes rayons pénétrants, perce de tes flammes actives l’ennemi qui nous attaque, le traître qui s’approche de nous pour nous frapper.

5. Ô immortel fils de la Force, le sage qui t’a honoré par les feux du sacrifice, par des hymnes, des prières, brille au milieu des mortels par son opulence, sa gloire, sa puissance.

6. Ô robuste Agni, exauce nos vœux. Pars avec rapidité, et va par ta force accabler nos ennemis. Quand la piété nourrit tes rayons, et prodigue en ton honneur les pompeuses paroles, aime et reconnais la voix de ton chantre.

7. Avec ton secours, ô magnifique Agni, puissions-nous voir nos vœux accomplis ! Puissions-nous jouir d’une forte et mâle opulence ! Nous désirons l’abondance : puissions-nous l’obtenir ! (Dieu) impérissable, puissions-nous avoir des biens non moins impérissables que toi !


HYMNE V.
À Agni, par Bharadwadja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Un (mortel) qui désire par un sacrifice nouveau obtenir les secours dont il a besoin vient honorer le céleste fils de la Force, le sacrificateur brillant qui brise le bois (du bûcher) et marque sa voie d’une trace noire.

2. Agni élève dans l’air sa flamme blanchâtre et bruyante. Ses feux murmurants renouvellent et perpétuent sa jeunesse. Le maître de la pureté grandit ; il poursuit, il dévore l’épaisse ramée qu’on lui livre.

3. Ô Agni, ô (dieu) pur, tes flammes, pures comme toi, repoussées par le vent, s’élancent de différents côtés. Issues du bûcher, ces (flammes) célestes et nouvelles[7] s’attachent aux bois du foyer, qu’elles rongent de leur (dent) aiguë.

4. Ô brillant (Agni), tes rayons éclatants ressemblent à des coursiers libres et sans frein qui tondent la prairie. À tes splendides lueurs tu ouvres une large carrière, et leur voie s’élève à la hauteur de Prisni[8].

5. Ainsi la langue de ce (dieu) fécond se joue au milieu des vaches (du sacrifice), comme la foudre du belliqueux Indra (au milieu des vaches célestes). Telle que le lacet du guerrier, la flamme d’Agni, formidable et invincible, saisit le bois du bûcher.

6. Ton rayon a été comme le guide, armé du grand aiguillon[9], qui t’a ouvert les domaines terrestres. Frappe de toute ta force sur l’ennemi qui ne connaît pas la crainte ; abats l’orgueilleux, terrasse le méchant.

7. (Dieu) admirablement beau, doué d’une puissance singulière, donne-nous une abondance étonnante et merveilleusement variée. Donne à celui qui te célèbre par de pompeuses louanges une large, superbe et mâle opulence.


HYMNE VI.
À Agni, par Bharadwadja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Agni, (surnommé) Vêswânara, est l’enfant du sacrifice ; il a la tête dans le ciel et le pied sur la terre. Il est sage, il est roi ; il est l’hôte des mortels, et les Dévas l’ont produit pour déposer dans sa bouche l’holocauste.

2. Vêswânara est l’ombilic des sacrifices et le trésor de la richesse. Invoqué par les grands, il est chanté (par les sages). Les Dévas l’ont produit pour être le char des offrandes et le messager de l’œuvre sainte.

3. Ô Agni, c’est toi qui fais le prêtre riche en offrandes, toi qui (fais) le guerrier vainqueur de ses ennemis. Ô royal Vêswânara, accorde-nous des biens dignes d’envie.

4. Ô immortel Vêswânara, tu n’étais qu’un enfant nouveau-né, et déjà tous les Dévas[10] te comblaient de louanges. C’est par tes œuvres qu’ils deviennent immortels, aussitôt que tu brilles entre les deux grands parents.

5. Ô Agni, ô Vêswânara, personne ne peut blâmer ces grandes œuvres que tu accomplis, quand tu nais au monde, et que, placé entre les deux grands ancêtres, tu élèves dans les sacrifices l’étendard des jours.

6. Les hauteurs du ciel ont été pénétrées par les clartés que lance l’étendard de l’immortel Vêswânara. Sa tête traverse tous les mondes ; et, comme autant de rameaux, montent les sept pointes[11] de ses rayons.

7. Le sage et puissant Vêswânara a mesuré les brillants espaces du ciel ; il a étendu autour de nous tous les mondes. Il est l’invincible pasteur, le gardien de l’immortalité.


HYMNE VII.
À Agni, par Bharadwâdja.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Je chante dans le sacrifice la force d’un (dieu) grand, généreux, éclatant, qui possède tous les biens. Une prière nouvelle, belle et pure, coule, comme le soma, pour Agni, (surnommé) Vêswânara.

2. Agni est le gardien des œuvres (sacrées) ; à peine né, il les surveille du haut de son siége (divin). Vêswânara, exerçant sa puissance, a mesuré l’air, et dans sa grandeur il a touché le ciel.

3. Admirable ami (des hommes), il a consolidé le ciel et la terre, et par sa lumière a fait disparaître les ténèbres. Vêswânara a étendu (dans l’espace) comme deux (vastes) peaux qui renferment tout ; il contient en lui tous les germes de fécondité.

4. Les grands[12] (Dévas) ont reçu Agni dans l’enceinte où l’attendent les Ondes (du sacrifice). Le peuple a salué de ses chants le roi Vêswânara. Mâtariswan, (accourant) de la contrée lointaine, l’a soutenu (de son souffle), et s’est fait le messager du pieux sacrificateur[13].

5. Ô Agni, donne d’âge en âge à ceux qui te célèbrent par un hymne nouveau une opulence glorieuse et digne de nos sacrifices. Ô roi immortel, que l’impie soit terrassé sous ton trait brûlant, et brisé comme l’arbre par la foudre.

6. Ô Agni, si nous sommes puissants, conserve-nous une force toujours ferme, toujours invincible. Qu’elle soit appuyée par une mâle jeunesse. Avec tes secours, ô Agni, ô Vêswânara, puissions-nous obtenir une abondance qui passe tous les désirs !

7. Ô (dieu) honoré dans trois demeures différentes, par ta puissante protection défends nos seigneurs. Si nous te louons, si nous t’apportons des présents, ô Agni, ô Vêswânara, conserve et augmente notre force.


HYMNE VIII.
À Agni, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Deux mondes successifs nous amènent tour à tour le jour noir et le jour blanc. Agni (surnommé) Vêswânara naît, et, tel qu’un roi, par sa lumière il repousse les ténèbres.

2. Je ne distingue pas encore le fil ni la toile que tissent ces (ouvriers) rassemblés pour le sacrifice. Où est le fils qui pourrait d’en haut nous indiquer les choses que lui apprend son père habitant d’ici-bas[14] ?

3. (Agni) saura bien distinguer et le fil et la toile ; il saura bien dire les choses qui doivent être dites en temps convenable. Il connaît tout, lui qui est le gardien de l’immortalité, qui séjourne ici-bas, et qui voit d’en haut par l’œil d’un autre (lui-même).

4. Il est le premier des sacrificateurs. Voyez-le, ce flambeau immortel au milieu des mortels. Ce (dieu) ferme, solide, impérissable ; il vient de naître, et déjà son corps grossit.

5. Sa lumière est fermement établie pour le bonheur de la vue ; son essence active existe dans tous les êtres animés. Tous les Dévas d’un commun accord se rallient ensemble à ce dieu puissant.

6. Lorsque je pense que cet être lumineux est dans mon cœur, les oreilles me tintent, mon œil se trouble, mon âme s’égare en son incertitude. Que dois-je dire ? Que puis-je penser ?

7. Ô Agni, quand tu restes caché dans l’obscurité, tous les dieux t’honorent en tremblant. Que l’immortel Vêswânara vienne à notre secours ; oui, qu’il daigne venir à notre secours.


HYMNE IX.
À Agni, par Bharadwâdja.
(Mètres : Trichtoubh, Virât et Dwipadâ.)

1. Le sacrifice commence : honorez le noble et céleste Agni, qui nous donne le bonheur. Ce (dieu) brillant, qui possède tous les biens, écoute nos hymnes, et rend nos œuvres prospères.

2. Doux et resplendissant Agni, ô sacrificateur entouré de mille rayons, ô toi qu’enflamment les feux de Manou, (reçois) une prière que nos prêtres, de même que Mamatâ[15] (autrefois), t’adressent (aujourd’hui), aussi pure que le ghrita (limpide).

3. Que le sage qui a célébré Agni dans ses hymnes se distingue par son opulence au milieu des mortels. Que le (dieu) éclatant de lumière le couvre de sa protection et lui accorde des pâturages remplis de vaches.

4. Il naît, et de ses clartés, qui se font voir au loin, il remplit le ciel et la terre. La trace de ses pas est noire. Il repousse par sa splendeur les profondes ténèbres de la nuit, et se montre à tous les yeux comme le (dieu) qui purifie (le monde).

5. Ô Agni, accorde-nous tes secours efficaces. Donne et à nous et à nos seigneurs une abondante opulence. Qu’ils se trouvent toujours au-dessus des autres hommes pour la richesse, la gloire et la puissance.

6. Ô Agni, reçois avec plaisir ces mets, ces offrandes, que te présente le sacrificateur. Les enfants de Bharadwâdja t’adressent la louange sacrée. Ne les oublie pas dans la distribution de tes opulentes faveurs.

7. Disperse nos ennemis, augmente notre abondance. Puissions-nous vivre cent hivers, entourés de plaisirs et d’une généreuse lignée !


HYMNE X.
À Agni, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô vénérable Agni, tu brilles en ce moment comme sacrificateur. Honore la troupe victorieuse des Marouts. Amène à notre holocauste Mitra et Varouna, les Véridiques (Aswins), le Ciel et la Terre.

2. Pontife fortuné, bienfaiteur (généreux), dieu toujours présent par nos rites pieux au milieu des mortels, porteur de nos (holocaustes), ô Agni, avec l’offrande de) la cuiller sainte, reçue dans ta bouche, sacrifie ton propre corps.

3. L’opulente Prière s’adresse à toi ; elle veut que tu honores les dieux, et chante ta naissance. Cependant au milieu des Angiras, le plus noble de nos chantres, le plus sage de nos poëtes fait entendre dans le sacrifice son hymne, aussi doux que le miel.

4. Il a brillé, le (dieu) distingué par son éclat et par ses œuvres. Honore le Ciel et la Terre, qui étendent leur immensité, ô Agni, ô toi que les cinq espèces d’êtres viennent, avec l’holocauste et les mets du sacrifice, visiter respectueusement, tel qu’un (simple) enfant d’Ayou.

5. Quand pour fêter Agni on arrache le gazon sacré, quand on lève la cuiller remplie de ghrita, quand l’hymne accompagne l’holocauste, et que (le dieu) vient siéger sur son trône de terre, alors le sacrifice n’existe que par lui, comme l’œil ne voit que par le soleil.

6. Ô sacrificateur, orné de mille rayons, ô Agni, dont brillent ici les feux divins, comble-nous de tes dons. Ô fils de la Force, nous t’ornons de nos présents. Puissions-nous vaincre le mal, comme (on triomphe) d’un ennemi !


HYMNE XI.
À Agni, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Dans la maison du guide qui le conduit, Agni, roi et sacrificateur, est assis sur le cousa, et honore le Ciel et la Terre. Rempli de justice, ce fils de la Force, tel qu’un soleil, a rempli au loin (le monde) de sa lumière.

2. Ô roi adorable, tes œuvres sont merveilleuses ; et le prêtre aime à te vénérer dans le sacrifice. Tu siéges sur trois foyers. Avec l’empressement d’un vainqueur généreux, prends les holocaustes et les présents des fils de Manou.

3. Sa flamme brûlante règne sur le bûcher. Tel qu’un guide diligent, il s’avance en s’ouvrant une route large et brillante. Immortel, invincible, il s’élance sur les branches sèches avec la légèreté du coureur.

4. Agni, possesseur de tous les biens, siége sur son trône comme pour y écouter nos demandes. Il y est célébré par nos louanges. Il a pour aliment le bois du bûcher, et, libéral dans ses œuvres, il est représenté par ses chantres sous l’image d’un taureau puissant ou d’un père (généreux).

5. Ainsi, quand (Agni) s’étend sur le (foyer) de terre, brisant et dévorant (les branches), on chante ses splendeurs ; et lui, libre et indépendant, prompt et rapide, il règne, comme le brigand, sur le désert aride (qu’il a fait autour de lui).

6. Ô Agni, viens à nous, et, brillant de tous tes feux, comble-nous de tes dons. Apporte-nous la richesse, et disperse nos ennemis. Puissions-nous vivre cent hivers, entourés de plaisirs et d’une généreuse lignée !


HYMNE XII.
À Agni, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô bienheureux Agni, tous les biens viennent de toi, comme les branches de l’arbre. De toi descendent la richesse, la force contre les ennemis, la pluie du ciel ; (dieu) digne de nos louanges, tu es la source des ondes.

2. Tu es Bhaga, pour nous donner le bonheur. Tu es Vâyou, pour parcourir le monde sous ta forme resplendissante. Ô divin Agni, tu es Mitra, pour nous faire jouir des fruits abondants et fortunés de nos sacrifices.

3. Ô prudent Agni, enfant du Sacrifice, le (mortel) sage et pieux (que tu protéges) a la force de détruire Vritra, et d’enlever à Pani son (nuage) nourricier. Tu te plais à le combler des trésors que donne le petit-fils des Ondes[16].

4. Ô divin Agni, ô fils de la Force, le mortel qui par des chants, des hymnes, des sacrifices, t’honore auprès de ton foyer, obtient toute espèce de biens et d’honneurs. Il est le maître de la richesse.

5. Ô Agni, fils de la Force, fais la gloire de tes serviteurs ; (donne-leur) les biens et les mâles enfants (qu’ils désirent). Car ta puissance est capable de procurer au père de famille pieux et pauvre toute l’abondance qu’amènent les troupeaux.

6. Ô Agni, fils de la Force, tu es pour nous un directeur suprême. Donne-nous des enfants, des petits-enfants et (avec eux) l’opulence. Accomplis tous les vœux que je forme en mes prières. Puissions-nous vivre cent hivers, entourés de plaisirs et d’une généreuse lignée !


HYMNE XIII.
À Agni, par Bharadwâdja.
(Mètres : Anouchtoubh et Sakwarî.)

1. Le mortel qui par ses offrandes, ses prières, ses hymnes, honore Agni doit recevoir (de ce dieu) un merveilleux éclat et une heureuse abondance.

2. Agni est sage ; Agni est le plus éclairé des Richis. Les enfants de Manou regardent Agni comme leur pontife, et le célèbrent dans les sacrifices.

3. Les fils d’Ayou espèrent que par ton secours, ô Agni, les biens de leur ennemi passeront entre leurs mains. Ils attaquent l’impie Dasyou, et ils pensent que leurs œuvres pieuses leur procureront la victoire.

4. Ils s’attendent qu’Agni leur donnera (pour fils) un héros généreux dans ses œuvres, fort contre l’adversité, maître de la piété, et devant lequel tremblent les ennemis en voyant sa force.

5. Le divin Agni, aussi prudent que sage, protégera contre la malice (de ses adversaires) le mortel dont la munificence a pour les offrandes ouvert tous ses trésors.

6. Ô dieu, qui as (pour nous) la bonté d’un ami, ô Agni, (placé) entre le ciel et la terre, porte aux autres dieux notre prière. Conduis vers un bonheur solide les hommes qui brillent (de tes feux). Puissions-nous triompher de nos ennemis, et du péché, et des maux (de la vie) ! Oui, avec ton secours, puissions-nous triompher de tous les maux !


HYMNE XIV.
À Agni, par Vitahavya, fils d’Angiras, ou Bharadwâdja.
(Mètres : Djagatî, Sakvarî, Atisakvarî, Anouchtoubh, Trichtoubh et Anouvrihatî.)

1. En votre nom (le poëte) chante le (dieu) hôte (des hommes) et maître de tous les peuples. (Agni) s’éveille avec l’Aurore. Tantôt il arrive, brillant enfant du Ciel ; tantôt, fils de l’Aranî, il reste pour manger l’ambroisie (du sacrifice).

2. Les Bhrigous l’ont, comme un ami digne de nos hymnes, placé sur le bûcher, où il dresse sa flamme. (Dieu) admirable, chaque jour tu es chanté par Vîtahavya[17], qui te charme de ses accents flatteurs.

3. Tu es le généreux protecteur de l’homme pieux ; tu sais triompher de l’ennemi puissant qui ose s’approcher de toi. Ô fils de la Force, donne-nous l’éclat de l’opulence, et, parmi les mortels, sois libéral pour Vîtahavya, sois libéral pour Bharadwâdja.

4. Ainsi, en votre nom, (le poëte) chante le brillant Agni, l’hôte (des hommes), le maître de la lumière, le prêtre de Manou, (le bienfaiteur) honoré par le sacrifice, le sage qui semble parler du haut d’un siége radieux, le porteur de nos holocaustes, le dieu descendu (sur la terre).

5. (Le poëte chante cet Agni) qui sur (son foyer) de terre brille d’une flamme pure et animée, comparable aux splendeurs de l’Aurore ; qui sur sa route renverse (ses ennemis) comme dans le combat d’Étasa[18], et semble brûler d’une soif inextinguible.

6. Allumez les feux d’Agni, et chantez votre hôte chéri dans ses divers foyers. Honorez par vos hymnes ce dieu immortel, qui, plus que les autres dieux, estime nos hommages.

7. J’honore, et par mon hymne et par les feux du foyer où je l’établis fermement, cet Agni qui est pur et purifiant. Nous invoquons, en lui présentant nos offrandes, ce sacrificateur éclairé, cet opulent ami, ce sage qui possède tous les biens.

8. Ô Agni, (les hommes) t’ont, d’âge en âge, adopté pour être leur immortel messager, le porteur de leurs holocaustes, leur protecteur adorable. Les Dieux et les mortels vénèrent en toi le maître des nations, fort et vigilant.

9. Ô Agni, par tes œuvres tu fais l’ornement des deux races (divine et humaine). Héraut des Dieux, tu parcours le ciel et la terre. Si pour toi nous chantons l’hymne et célébrons l’œuvre (sainte), ô toi qui as trois demeures, deviens-nous favorable.

10. Dans notre (humble) ignorance, nous voulons honorer le plus sage (d’entre les dieux), celui qui a le corps le plus beau, l’œil le plus clairvoyant, la démarche la plus rapide. Que le prudent Agni nous accorde tous les biens, et qu’il aille annoncer aux Immortels notre holocauste.

11. Ô sage et vaillant Agni, tu protéges, tu combles de tes faveurs, tu remplis et de force et de richesses celui qui, en ton honneur, poursuit l’œuvre (sainte), qui commence et achève noblement le sacrifice.

12. Ô puissant Agni, garde-nous contre la méchanceté d’un ennemi. Qu’une offrande pure, que mille et mille présents, dignes d’envie, se dirigent vers toi.

13. Agni, le sacrificateur, le maître de maison, le roi possesseur de tous les biens, connaît chacun des êtres. Parmi les Dieux et les mortels, c’est lui qui mérite le mieux nos hommages. Que ce (dieu) juste soit notre pontife.

14. Pur et brillant Agni, ministre de nos sacrifices, accomplis aujourd’hui le vœu de tes serviteurs. Tu es notre prêtre : remplis ta fonction sainte avec la grandeur qui te distingue. Ô (dieu) toujours jeune, porte les holocaustes que nous te confions aujourd’hui.

15. Regarde ces mets qui sont disposés pour toi. Qu’il t’obtienne (à son foyer, le serviteur) qui veut honorer le Ciel et la Terre. Ô magnifique Agni, conserve-nous dans le combat. Fais-nous triompher de tous les maux ; fais-nous triompher, oui, fais-nous triompher par ton secours.

16. Ô rayonnant Agni, viens le premier, avec tous les Dieux, t’asseoir à ce foyer couvert d’un tapis (lumineux), disposé pour être comme le nid (de l’oiseau céleste), et arrosé de ghrita. Conduis le sacrifice pour le bonheur du maître qui verse le soma.

17. Les sages, comme (l’antique) Atharwan, agitent (dans l’Aranî) ce sage Agni, qu’ils produisent faible et rampant à (la fin de) la nuit.

18. Nais pour le sacrifice, pour l’offrande sainte, pour la bénédiction (du monde). Amène les Dieux immortels qui grandissent de nos hommages, et fais qu’ils puissent toucher nos holocaustes.

19. Ô Agni, ô maître de maison, à la face du peuple, nous t’avons fait grand avec le bois du bûcher. Que le char de nos sacrifices se trouve surchargé de biens variés et nombreux ! Puissions-nous sous l’éclat de ton rayon briller pour le bonheur !


HYMNE XV.
À Agni, par Bharadwâdja.
(Mètres : Gâyatrî, Anouchtoubh et Trichtoubh.)

1. Ô Agni, tu es notre prêtre dans tous les sacrifices ; tu es avec les autres Dieux l’ami des enfants de Manou.

2. Avec tes douces langues (de flamme) viens remplir ton office de sacrificateur. Amène et honore les Dieux.

3. Ô sage et divin Agni, ô (dieu) plein de force, tu connais les voies et chemins du sacrifice.

4. Je te chante ; je te présente pour mon bonheur la double offrande. J’honore par le sacrifice (un dieu) digne d’être honoré.

5. Envoie du haut du ciel à ton serviteur Bharadwâdja de riches trésors pour prix de ses libations.

6. Messager immortel, amène ici la race des Dieux, à la voix du sage qui te loue.

7. Ô Agni, les mortels dans leurs invocations pieuses et leurs pompes sacrées, te célèbrent comme un dieu (protecteur).

8. Je veux honorer ta magnificence, qui brille à tous les yeux, et que tous les hommes célèbrent avec bonheur.

9. Tu es le sacrificateur choisi par Manou ; dans ta bouche se dépose l’holocauste. Ô prudent Agni, honore la race céleste.

10. Agni, viens à nos cérémonies, attiré par nos chants, pour recevoir l’holocauste. Prêtre, place-toi sur le gazon sacré.

11. Ô Angiras[19], je veux allumer tes feux et t’engraisser de ghrita. Ô (dieu) toujours jeune, jette au loin ton éclat.

12. Ô divin Agni, c’est toi qui nous donnes une noble abondance, une force invincible.

13. Ô Agni, Atharwan[20] t’a extrait du Pouchcara, premier berceau (d’un dieu) qui est partout, qui porte tout.

14. Le Richi Dadhyantch[21], fils d’Atharwan, a excité tes feux, ô vainqueur de Vritra, qui brises les villes (aériennes).

15. Le généreux Pathya[22] a aussi enflammé tes rayons, ô vainqueur intrépide du Dasyou, qui vas dans les combats conquérir les trésors.

16. Viens, Agni ; je veux chanter et répéter tes louanges. Que ces libations augmentent ta grandeur !

17. Tu donnes à celui que tu favorises une force supérieure ; tu établis chez lui ta demeure.

18. Ô toi qui es le protecteur des hommes, que ton éclat ne blesse point nos yeux. Daigne te plaire à nos cérémonies.

19. Qu’il vienne (vers nous), cet Agni, qui porte (nos holocaustes), qui donne la mort à Vritra, qui a versé ses biens sur Divodâsa, qui est le maître de la piété.

20. Qu’il nous donne l’opulence ; qu’il (nous dispense) tous les biens terrestres ; invincible, invulnérable, qu’il triomphe avec grandeur (de ses ennemis).

21. Ô Agni, aujourd’hui comme jadis, tu as couvert d’un voile lumineux l’espace (céleste).

22. Ô mes amis, apportez vos hymnes et vos offrandes pour Agni le victorieux. (Ô poëte), chante et honore (ce dieu) sage.

23. Que dans ses jours qui appartiennent aux enfants de Manou[23], apparaisse sur le foyer Agni, sacrificateur, prêtre éclairé, messager (divin), porteur de l’holocauste.

24. (Ô dieu) protecteur, honore (Mitra et Varouna), dont l’œuvre est brillante et royale, les (autres) Adityas, la troupe des Marouts, le Ciel et la Terre.

25. Ô immortel Agni, enfant de la Force, ta vue est pour le mortel indigent une source de biens assurés.

26. Que le mortel opulent t’honore aujourd’hui par ses hymnes et se distingue par ses présents.

27. Ô Agni, que les serviteurs qui t’implorent ressentent pendant toute leur vie ta protection. Qu’ils triomphent de leurs superbes ennemis ; oui, que ces superbes ennemis soient terrassés.

28. Agni du trait aigu de son rayon perce tout impie. Agni nous donne la richesse.

29. Ô sage possesseur de tous les biens, accorde-nous une opulence que soutienne la force de la famille. Ô (dieu) puissant, donne la mort aux Rakchasas.

30. Ô possesseur de tous les biens, préserve-nous du mal, si nous voulions le commettre. Sauve-nous, ô sage instruit dans la science sacrée.

31. Ô Agni, délivre-nous du mal ; (délivre-nous) du méchant qui voudrait notre mort.

32. Ô dieu, que ta langue (brûle et) détruise le mortel malfaisant qui veut notre perte.

33. Ô puissant Agni, accorde à Bharadwâdja une heureuse protection, une brillante richesse.

34. Qu’il détruise nos ennemis, cet Agni qui aime nos offrandes et nos hymnes, que nous invoquons en allumant ses feux resplendissants.

35. Viens t’asseoir sur le trône du sacrifice, au giron immortel d’(Ilâ), ta mère, et brille comme le père de ton propre père[24].

36. Ô sage Agni, possesseur de tous les biens, dirige cette sainte cérémonie, qui se distingue par son éclat divin ; qu’elle soit féconde pour notre famille.

37. Ô Agni, enfant de la Force, nous venons avec des offrandes et des prières vers (le dieu) dont la vue nous réjouit.

38. Ô Agni, qui brilles de l’éclat de l’or, nous nous mettons sous ta protection, comme à l’ombre (d’un grand arbre).

39. Terrible comme l’archer, menaçant comme le taureau aux cornes pointues, ô Agni, tu as brisé les villes (célestes).

40. De même qu’on porte sur le bras un bracelet, ou bien un jeune nourrisson, de même (les prêtres) nous apportent Agni, maître de nos sacrifices.

41. Apportez pour la sainte cérémonie le dieu des dieux, le plus riche (des seigneurs). Qu’il siège sur son trône.

42. (Cet enfant) qui vient de naître, cet hôte, ce maître de maison, excitez ses feux ; car c’est l’heureux Djâtavédas.

43. Ô divin Agni, attelle tes excellents coursiers, qui font l’ornement de notre prière.

44. Arrive vers nous ; porte les offrandes du sacrifice, et amène les dieux pour boire notre soma.

45. Immortel Agni, qui portes (nos holocaustes), allume tes rayons, et brille d’un éternel éclat.

46. Ainsi, que le mortel honore par ses hommages le divin Agni ; qu’il le célèbre dans le sacrifice en lui présentant son offrande, et, les mains élevées avec respect, qu’il vénère le pontife qui rend un juste culte à ce qui est dans le ciel et sur la terre.

47. Ô Agni, nous t’apportons avec notre hymne un holocauste que la pitié du cœur recommande. Que pour toi les taureaux et les vaches (de la libation) donnent la preuve de leur puissance ou de leur fécondité.

48. Les Dévas ont surtout allumé les feux d’Agni, pour qu’il devînt l’ennemi terrible de Vritra, pour que sa puissance nous donnât la richesse et détruisît les Rakchasas.

  1. Le commentaire croit qu’il est ici question du soleil. Je suppose qu’il est question du soma personnifié.
  2. Suivant le commentateur, Rébha est une épithète du soleil. Je pense que c’est le nom d’un Richi du sacrifice, d’un Rite personnifié. Il me semble qu’il a déjà été cité dans ce sens même, section II, lecture i, hymne vi, stance 10. Cependant comme Rébha veut dire chantre, le poëte pourrait bien avoir eu l’intention d’établir une comparaison entre Agni faisant entendre son murmure dans le sacrifice et le prêtre qui récite les prières.
  3. Ribhou est un de ces trois dieux qui portent le nom général de Ribhous. Le commentaire regarde ce mot comme synonyme de soleil.
  4. Nom d’un Asoura.
  5. Le commentaire sous-entend de la force.
  6. Le mot ôsidja signifie aussi prêtre. Ousidj, mère de Cakchivân, a été la souche d’une famille sacerdotale fort célèbre. Le prêtre, au moment du sacrifice, est couvert de l’éclat d’Agni, et brille comme le dieu lui-même. Le commentaire regarde le mot ôsidja comme un synonyme de soleil.
  7. Le commentateur traduit ainsi le nom Navagwa (noûtanagamana). Cette épithète a été jusqu’à présent appliquée à une classe de Richis qui concourent au sacrifice, et plusieurs explications en ont été données, qui diffèrent de celle-ci. Peut-être vaudrait-il mieux traduire allumées par les Navagwas. Voy. page 80, col. 1, note 6.
  8. Nous doutions dans les notes précédentes de l’application que l’on devait faire du mot Prisni. Nous savons maintenant qu’il y a une terre, une Prithivî céleste, et que cette Prithivî, mère des Marouts, porte aussi le nom de Prisni.
  9. C’est le totra ou trodana, dard avec lequel on frappe l’éléphant pour le faire avancer. Il semble que le conducteur doit porter le nom de Toda.
  10. Ces dévas, ce sont les Rites personnifiés.
  11. Le commentaire a vu ici une allusion aux sept rivières. J’y trouve plutôt les sept rayons de lumière dont se compose la flamme d’Agni.
  12. Le commentaire fait rapporter ce mot Mahîchâh aux Marouts, d’autant plus qu’il place Agni dans le séjour des ondes célestes, dans l’air.
  13. Il y a dans le texte le mot Vivaswat, qui est devenu une épithète du soleil, mais qui ne me paraît avoir ici d’autre sens que celui de dévot, sacrifiant (yadjamâna). Il pourrait aussi être en rapport avec Agni, et signifier dieu brillant. Si je comprends bien le rôle de Mâtariswan dans cette circonstance, il arrive de l’extrémité de l’horizon, aussitôt qu’il aperçoit la première lueur d’Agni qui sort de l’Aranî ; il le caresse et l’excite de son souffle, et bientôt il pousse ses clartés qui vont illuminer le ciel. Le commentaire semblerait comprendre que Mâtariswan apporte Agni du soleil sur la terre. Ce sens me paraît contrarier toutes les données des poëtes sur l’origine d’Agni.
  14. Ce passage pourrait passer pour une énigme. Le sacrifice a lieu au point du jour, à une heure où les objets ne sont pas encore distincts, où le prêtre peut à peine apercevoir les divers ministres chargés des rites sacrés. La trame du sacrifice s’ourdit encore dans l’obscurité. Le fils d’Agni, le soleil, n’est point sur l’horizon ; et la lumière que lui fournit son père, qui est sur la terre, au milieu des hommes, n’est pas encore arrivée pour les diriger d’en haut.
  15. C’est, dit-on, la mère du sage Dîrghatamas. Voyez page 233, col. 2, note 2.
  16. C’est-à-dire la Pluie, laquelle naît du Nuage, qui lui-même est né des Ondes.
  17. Je crois que le mot Vîtahavya (chargé d’holocaustes) est un surnom de Bharadwâdja, à moins de supposer que Vîtahavya est le maître de maison, et Baradwâdja le Richi ou prêtre.
  18. Voy. page 241, col. 1, note 1.
  19. Nom d’Agni.
  20. Atharwan est le nom d’un ancien Richi. Voyez page 90, col. 1, note 1. Je pense qu’Atharwan est le nom particulier donné au prêtre chargé de l’Aranî, et qu’ici ce mot est le nom du Rite personnifié par lequel Agni était formé par le frottement de deux pièces de bois. Suivant moi, le Pouchcara est l’ouverture pratiquée sur l’une de ces pièces, et dans laquelle on introduit l’autre. C’est une espèce de matrice, où repose Agni. Je remarque que ce vers renferme deux mots qui ont pu donner lieu à la fable de Dadhyantch : c’est moûrddhan, qui signifie tête et vaghan, qui peut avoir le sens de cheval.
  21. Voy. page 90, col. 1, note 2, et page 92, col. 1, note 1. Dadhyantch me semblerait être l’offrande de lait caillé personnifiée sous la forme d’un Richi.
  22. Le commentaire fait un Richi, auquel il donne le nom de Pâthya Vrichan. Je pense que pâthya, adjectif formé de pâthas(boisson), est un nom donné au Richi qui personnifie la libation, peut-être celle du soma. Nous avons vu ailleurs que Vrichan signifie libation.
  23. À la page 300, col. 1, note 1, il est question des révolutions nâhouchiennes ; ici on trouve, par opposition, les révolutions mânouchiennes, c’est-à-dire les périodes (yougâni) diurnes, pendant lesquelles les enfants de Manou peuvent vaquer aux œuvres saintes.
  24. C’est-à-dire comme le protecteur du sacrificateur qui l’a produit.