Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 8/Lecture 1

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 539-549).
LECTURE PREMIÈRE.
HYMNE I.
À Agni, par Bandana.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Il est né, le grand sacrificateur, l’habitant des airs, l’hôte des hommes ; il siége dans le voisinage des Ondes. Il soutient tout, et il est soutenu (par le foyer). Qu’il t’apporte, à toi son serviteur, la richesse et l’abondance. Qu’il garde ta famille.

2. Ses serviteurs l’ont suivi à la trace au milieu des Ondes, comme (on suit) la brebis perdue. Les sages Bhrigous, animés d’un saint désir, par la vertu de leurs pieuses pratiques, l’ont découvert au sein du (foyer) mystérieux.

3. Trita[1], fils de Vibhoûvasou, l’a aussi cherché ; il l’a trouvé sur la tête de la (Vache) immortelle[2]. L’auteur de toute félicité est né dans nos demeures ; encore jeune, il est déjà la source de la lumière.

4. Les prêtres, par leurs saintes pratiques, ont fait et amené parmi les enfants de Manou cet adorable et fortuné sacrificateur, qui vient à nous pour diriger nos cérémonies, cet hôte des mortels qui purifie (la terre) et porte nos holocaustes.

5. Les insensés ont amené le (dieu) sensé, le vainqueur des mondes, le maître qui soutient le sage et brise les villes (célestes). Ils ont établi (dans le sacrifice) l’enfant (de l’Aranî), pour être un riche trésor d’hymnes et de prières ; ils l’ont lancé) comme un coursier aux poils dorés.

6. Il s’entoure d’une ceinture (de flammes) ; il allume dans nos demeures ses triples feux, et vient s’asseoir sur le foyer. Et, de là, le (dieu qu’on appelle) Damoûnas, rassemblant les (offrandes) de ses serviteurs au milieu de l’appareil des diverses cérémonies, accueille les hommages des prêtres.

7. Cependant les Feux purifiants et immortels, gardiens rapides et indomptables, s’élèvent avec la fumée, prennent une teinte blanche, se placent sur le bûcher, pareils à l’impétueux Soma.

8. Agni promène sa langue tremblotante ; il veut le bien de la terre. Les enfants d’Ayou ont reçu ce (dieu) purifiant et fortuné, ce brillant sacrificateur, ce pontife éminent.

9. Le Ciel et la Terre qui l’ont engendré, les Ondes, Twachtri, les Bhrigous, dont les efforts l’ont produit, Mâtariswan et les Dévas ont donné Agni à Manou, pour qu’il fût le premier objet de ses louanges et de ses sacrifices.

10. Ô Agni, les Dévas et les enfants de Manou, remplis de désirs, ont voulu que dans le sacrifice tu portasses les holocaustes. Je te chante dans la (sainte) cérémonie ; donne-moi l’abondance. Celui qui honore les dieux obtient la plénitude de leurs faveurs.


HYMNE II.
À Indra, par Saptagou, fils d’Angiras.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Indra, maître de la richesse, nous désirons l’opulence. Nous saisissons ta main droite. Ô maître des Vaches (célestes), nous te connaissons ! Donne-nous des trésors abondants et variés.

2. (Nous savons que) tu es doué de bonnes armes, que tu es capable de nous protéger, que tu touches aux quatre mers, que tu es le gardien de la richesse, que, digne de louanges et rempli de qualités, tu as la force de déchirer (tes ennemis). Donne-nous des trésors abondants et variés.

3. (Nous savons que) tu es, ô Indra, grand, large, profond ; que tu as des racines étendues ; qu’honoré par les Dévas, fêté par nos cérémonies, célébré par nos Richis, tu es pour tes ennemis un vainqueur redouté. Donne-nous des trésors abondants et variés.

4. (Nous savons que) tu es, ô Indra, un défenseur puissant, un bienfaiteur généreux, un (maître) juste, doué d’une intarissable abondance, entouré de sages et de héros, ennemi vainqueur des Dasyous, dont tu brises les villes. Donne-nous des trésors abondants et variés.

5. (Nous savons que) tu es, ô Indra, un héros qui répands le bonheur, qui jettes les biens par centaines, par milliers ; qui es entouré de chevaux, de chars, de guerriers ; qui traînes à ta suite des troupes fortunées de sages et de héros. Donne-nous des trésors abondants et variés.

6. La Prière se présente devant le (dieu) juste et prudent (que l’on surnomme) Saptagou[3] et Vrihaspati, (devant ce dieu) qui, né d’Angiras[4], mérite nos adorations. Donne-nous des trésors abondants et variés.

7. Mes hymnes et mes prières arrivent vers Indra, comme des messagers respectueux. Mes paroles partent de l’âme et doivent toucher au cœur. Donne-nous des trésors abondants et variés.

8. Ô Indra, donne-nous ce que je te demande : (donne-nous) une large habitation, qui ne ressemble pas à celle des autres. Que le Ciel et la Terre nous accordent cette faveur ! Donne-nous des trésors abondants et variés.


HYMNE III.
À Indra, par Indra.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. (Indra parle.) Je suis l’antique possesseur de la richesse. C’est moi qui produis continuellement l’opulence. Les hommes me regardent comme un père. Je donne l’abondance à mon serviteur.

2. C’est moi, Indra, qui me défendis avec la tête du fils d’Atharwan[5]. En faveur de Trita[6], j’ai fait venir les vaches d’Ahi. J’ai donné la mort aux Dasyous. J’ai livré à Dadhyantch (et) à Mâtariswan les montagnes (célestes).

3. Twachtri a fait pour moi la foudre de fer. Les Dévas ont mis en moi la force. Ma force, comme celle du Soleil, est invincible. Je suis maître et dans le passé et dans l’avenir.

4. Avec mon arme je conquiers pour mon serviteur des milliers de biens, de l’or, des ondes, des vaches, des chevaux, quand je me trouve réjoui par les libations et les hymnes.

5. Je suis Indra, et personne ne peut me vaincre en magnificence. Je ne suis point soumis à la mort. Versez donc la libation en mon honneur, et priez. Les enfants de Poûrou sont mes amis, et je ne vous manquerai pas.

6. Mon bras est ferme : incapable de courber, j’abats les orgueilleux qui s’élèvent contre moi ; je frappe ceux qui provoquent Indra, et qui osent pour le combat se fabriquer un tonnerre.

7. Seul, je renverse un adversaire ; j’en puis vaincre deux. Que pourraient-ils même, trois ensemble ? Sans effort je terrasse de nombreux ennemis. Comment peuvent me blâmer ceux qui ne me connaissent pas ?

8. En faveur des Goungous[7], j’ai donné à Atithigwa[8], pour nourrir son peuple, un aliment formé de la substance de Vritra. C’est alors que je me distinguai par la défaite de cet Asoura, et la mort de Parnaya et de Carandja[9].

9. Namî, fils de Sapa[10] m’a dû l’abondance et le bonheur. (Ô Richis), unissez-vous à moi pour rechercher les Vaches (célestes). J’ai donné de la force à son arme dans les combats, et je l’ai rendu lui-même célèbre et glorieux.

10. (Quand nous combattons), l’un des deux rivaux brille (des feux) de Soma, qui le remplit et le garde ; l’autre apparaît sous les traits (fournis par Dadhyantch)[11]. Celui-ci, qui a osé m’attaquer, moi pareil au taureau à la corne affilée, se trouve enchaîné au sein même de ses ténèbres.

11. Chef (divin) des Adityas, des Vasous, des Roudras, je consolide la demeure des Dévas. Ils m’ont fait pour le bonheur et la force, invincible, invulnérable, indomptable.


HYMNE IV.
À Indra, par Indra.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. (Indra parle.) Je donne à celui qui me chante des biens précieux. Je veux que le sacrifice augmente ma force. J’encourage l’homme pieux ; je triomphe de l’impie dans tous les combats.

2. Je m’appelle Indra ; et tous les dieux, issus du Ciel, de la Terre et de l’Océan (aérien), me soutiennent. Je dirige deux coursiers rapides et généreux, dont les œuvres sont différentes. Pour consolider ma puissance je tiens la foudre.

3. En faveur de Cavi[12], j’ai percé Atca[13] de mes traits. J’ai secouru Coutsa[14], et j’ai fait tomber Souchna sous mes coups, moi qui ne livre pas l’Arya au pouvoir du Dasyou.

4. Tel qu’un père, en faveur de Coutsa qui voulait posséder les Vétasous[15], j’ai vaincu Tougra et Smadibha. J’ai prouvé que j’étais vraiment le roi du sacrificateur, quand je suis venu pour lui, comme pour un fils, abattre ses ennemis.

5. Quand mon serviteur Sroutarwan[16] m’a adressé sa prière, j’ai triomphé pour lui de Mrigaya[17]. En faveur d’Ayou, j’ai soumis Vésa ; en faveur de Savya, j’ai vaincu Patgribhi.

6. C’est moi qui, vainqueur de Vritra, ai brisé l’orgueil de Navavâstwa et de Vrihadratha, qui ressemblaient à deux Vritras. M’attachant à ce Dasyou qui grandissait en s’élargissant, j’ai fait briller la lumière aux extrémités du ciel.

7. Je parcours (le monde), porté rapidement sur les chevaux du Soleil. Quand la libation de Manou m’appelle à prendre le pur (soma), alors sous mes coups je déchire le Dasyou.

8. Je tue les (Asouras gardiens des) sept (torrents) ; parmi ceux qui enchaînent, c’est moi qui sais le mieux enchaîner[18]. J’ai fait par ma puissance la gloire de Tourvasa et d’Yadou. Un autre (me chantait) ; je lui ai prêté ma force. J’ai ouvert et grossi les quatre-vingt-dix-neuf (rivières célestes).

9. J’ai rempli d’eaux rapides et abondantes les sept torrents qui descendent sur la terre. Ma force bienfaisante amené les Ondes. Ma victoire remplit tous les vœux de Manou.

10. Au sein de ces rivières, dans la mamelle de ces Vaches (célestes) j’ai déposé un lait désirable et pur, tel que le divin Twachtri lui-même ne saurait le donner, un miel délicieux, un soma fortuné.

11. (Le poëte parle.) C’est ainsi que le magnifique Indra, juste en sa munificence, s’est présenté avec force aux dieux et aux hommes. Ô (Dieu) puissant que traînent deux coursiers azurés, et qui brilles avec tant de gloire, tels sont tous tes hauts faits ; les (prêtres) te célèbrent avec empressement.


HYMNE V.
À Indra, par Saptagou.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Ô prêtre, honore avec l’offrande (sainte) le grand Indra, qui forme et dirige le monde, dont le Ciel et la Terre vénèrent et la magnifique puissance et l’abondance incomparable.

2. Quand Indra daigne se montrer l’ami des hommes, c’est un roi digne de tous les hommages de serviteurs tels que moi. Ô héros, maître de la piété, lorsque tu daignes te charger du fardeau (de la pluie) et nous envoyer l’abondance, quand tu t’enveloppes dans les ténèbres des ondes, tu mérites nos éloges.

3. Ô Indra, quels sont ces hommes qui viennent à toi pour obtenir la fertilité, le bonheur et l’opulence ? qui offrent (le sacrifice) pour que la force et la vie leur soient données, pour que la fécondité soit répandue dans les ondes, dans les champs, dans tous les êtres ?

4. Ô sage et prudent Indra, sois grand avec nos saintes cérémonies. Sois honoré dans tous nos sacrifices. Sois notre soutien dans tous les combats. Sois pour nous le meilleur des talismans[19].

5. Conserve tous ceux qui t’honorent dans le sacrifice, ô toi qui es notre aîné ! Les hommes connaissent ta grande puissance. Sois immortel, et continue à croître. Tu peux rendre féconds tous nos holocaustes.

6. Oui, tu peux rendre féconds tous les holocaustes que nous t’adressons, ô fils de la Force ! Pour toi, (Dieu) puissant et protecteur, ces coupes, ces offrandes, ces cérémonies, ces prières, ces rites, ces chants !

7. Ô (Dieu) sage, qui donnes la richesse et l’opulence, fais que ceux qui t’honorent au milieu des libations puissent, dans la sainte ivresse inspirée par le soma, obtenir, pour prix de leurs prières et de leurs œuvres, le bonheur qu’ils demandent !


HYMNE VI.
Dialogue entre Agni et les Dévas, par Agni et les Dévas.
(Mètres : Trichtoubh, Youdj et Ayoudj.)

1. (Les Dévas.) Voici la grande et solide matrice[20] : tu as sans doute bien des demeures ; mais c’est ici que les Ondes te conçoivent. Ô Agni, ô possesseur de tous les biens, un seul Dieu a vu toutes tes formes diverses !

2. (Agni.) Qui m’a aperçu ? quel est le dieu qui a vu mes formes diverses ? Ô Mitra et Varouna, où sont tous les foyers d’Agni que visitent les dieux ?

3. (Les Dévas.) Ô Agni, ô possesseur de tous les biens, nous t’avons vu souvent entrer dans les Eaux, dans les Plantes. Ô (Dieu) qui brilles d’un éclat si varié, Yama a su que tes rayons apparaissaient en dix séjours[21].

4. (Agni.) Ô Varouna, je viens ; mais j’ai peur de l’holocauste. Les Dévas ne m’ont pas encore ici attaché (à leur char). Je suis entré dans bien des corps. Mais cette manière est inconnue à Agni.

5. (Les Dévas). Viens ; Manou, serviteur des dieux et ami du sacrifice, a fait tous les préparatifs. Ô Agni, tu restes dans l’obscurité. Ouvre les voies que suivent les dieux, et avec un esprit de clémence porte les holocaustes.

6. (Agni.) Les frères aînés d’Agni ont, tels qu’un conducteur de char, passé par cette voie. Ô Varouna, j’ai donc cessé de craindre ! Ainsi tremble un cerf au bruit de la corde de l’arc.

7. (Les Dévas.) Ô Agni, ô possesseur de tous les biens, nous te donnons une vie immortelle ; et une fois attelé (à ce char), tu ne dois pas périr. Ainsi, ô noble (héros), porte avec bonté la portion de l’holocauste destinée aux dieux.

8. (Agni.) Accomplissez donc tous les rites qui précèdent et qui accompagnent le sacrifice. Donnez-moi la part de l’holocauste qui constitue la force, et le beurre, et le vigoureux (Somané) des Ondes et des Plantes. Qu’Agni ait une longue vie.

9. (Les Dévas.) Qu’ils soient accomplis, les rites qui précèdent et qui accompagnent le sacrifice. Qu’on te donne la part de l’holocauste qui constitue la force. Ô Agni, ce sacrifice est entièrement pour toi. Que les quatre régions du monde t’adorent.


HYMNE VII.
Aux Viswadévas, par Agni.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Agni parle). Ô Viswadévas, commandez. Je siége ici en qualité de sacrificateur, et je dois vous honorer. Dites-moi quel est l’holocauste qui vous appartient, et par quelle voie je puis vous le porter.

2. Ô Viswadévas, je suis ici comme pontife et sacrificateur. Les Marouts me pressent. Chaque jour, ô Aswins, vous trouverez ici pour vous un prêtre, des prières, un foyer, des invocations.

3. Quel est donc ce sacrificateur ? C’est celui qui, amené par les Dévas, se charge de l’offrande des mortels. Chaque mois, chaque jour il naît, et les Dévas le placent (sur le foyer) pour qu’il porte l’holocauste.

4. Oui, les Dévas me placent (sur le foyer) pour que je porte l’holocauste, moi qui rapidement parcours des séjours différents. « Que le sage Agni, » (disent les Dévas), « compose notre sacrifice, qui a cinq formes, trois siéges, sept espèces d’offrandes[22].

5. Ô Dieux, pour vous faire un présent, je vous ai donné une immortalité que relève la force. Je mets la foudre aux mains d’Indra ; qu’avec elle il triomphe de tous ses ennemis.

6. Que les trois mille trois cent trente-neuf[23] Dévas honorent Agni. Qu’ils répandent pour lui le beurre consacré ; qu’ils étendent le gazon, et qu’ils le fassent asseoir sur son siége de sacrificateur.


HYMNE VIII.
Aux Viswadévas, par Agni et les Dévas.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. (Les Dévas parlent.) Celui que notre âme recherche, vient à nous ; il connaît le sacrifice, il en possède les diverses parties. Qu’il honore les dieux, l’honorable pontife ; qu’il siége au milieu de nous et à la première place.

2. L’adorable sacrificateur est élevé sur un trône merveilleux. Il reçoit les offrandes préparées par la piété. Allons, sacrifions aux dieux vraiment dignes du sacrifice. Honorons avec le beurre (sacré) ceux qui méritent nos hommages.

3. Que la douceur d’Agni rende nos holocaustes plus savoureux. Connaissons aujourd’hui la langue mystérieuse du Sacrifice. Agni vient à la vie, entouré de suaves odeurs. Qu’il fasse aujourd’hui la gloire de nos invocations.

4. (Agni parle). Ô Dévas, je veux aujourd’hui vous dire avant tout ce qui nous donnera la victoire sur les Asouras. Ô vous qui formez les cinq espèces d’êtres[24], vous qui consommez l’offrande, dignes d’être honorés par ce sacrifice, agréez mon holocauste.

5. Que les cinq espèces d’êtres, que les enfants de la Vache (céleste)[25], dignes aussi d’être honorés par le sacrifice, agréent mon holocauste. Que la Terre nous garde contre tout mal terrestre, l’Air contre tout mal aérien.

6. (Les Dévas parlent.) Étends le sacrifice ; élance-toi vers le flambeau céleste ; et garde les voies lumineuses ouvertes par la Prière. Que l’œuvre des prêtres n’aille point avorter. Deviens Manou[26], et enfante la race divine.

7. (Agni parle.) Ô vous qui aimez le soma, attelez les coursiers (au char du sacrifice). Préparez les rênes. Que tout soit bien disposé. Faites rouler ce char qui a huit[27] siéges, et sur lequel les Dévas amènent leurs amis.

8. L’Asmanwatî[28] coule. Soyez attentifs, amis ; levez-vous, arrivez. Sur les bords (de cette rivière) se dépose l’infortune. Accourons à cet heureux banquet.

9. Twachtri, cet habile ouvrier, connaît la magie de l’art : il apporte aux dieux les coupes fortunées qu’ils doivent vider. Il aiguise la hache de fer dont se sert Étasa[29], le maître de la chose sacrée.

10. Pieux Richis, formez ces vases dans lesquels (se verse) l’ambroisie. Ô sages, construisez ces foyers mystérieux où les dieux obtiennent l’immortalité.

11. (Les Dévas parlent.) Les (Ribhous) ont fait une vache, et lui ont donné un veau[30] qu’elle caresse de sa langue et flatte de ses murmures mystérieux. Chaque jour (Agni)[31] s’entoure des Prières, et remplit son office. Qu’il rende son (serviteur) victorieux.


HYMNE IX.
À Indra, par Vrihadouktha, enfant de Vamadéva.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Maghavan, (je chante) ta grandeur et ta gloire, toi qu’invoquent le Ciel et la Terre effrayés. Ô Indra, tu sauves les dieux ; tu chasses les Dasyous, et tu donnes la force aux mortels.

2. Ô Indra, quand tu vas, agrandissant ton corps et manifestant ta vigueur au milieu des nations, les combats, voilà ta magie, et l’ennemi a disparu devant toi.

3. Parmi les anciens Richis, quels sont ceux qui ont dignement apprécié ta grandeur ? De ton propre corps tu as formé le père et la mère (du monde).

4. Tu donnes la vie à quatre grandes formes[32] sous lesquelles tu te montres. Elles sont invincibles ; et tu le sais, puisque c’est avec ces formes, ô Maghavan, que tu as accomplis tes œuvres.

5. Tu possèdes tous les biens, ceux qui apparaissent comme ceux qui sont cachés. Ô magnifique Indra, accomplis mon vœu ; tu le connais et tu es généreux.

6. Indra a donné la lumière aux êtres lumineux ; il a répandu son miel sur le miel (de nos offrandes). Pour honorer et fortifier Indra, la Prière est partie de la bouche du religieux Vrihadouktha.


HYMNE X.
À Indra, par Vrihadouktha.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Loin des (mortels) courbés vers le sol est ta forme mystérieuse[33], quand (le Ciel et la Terre) effrayés t’invoquent pour obtenir la nourriture (du monde). Tu t’es approché pour les affermir, et tu as, ô Maghavan, enflammé les enfants de ton frère[34].

2. C’est cette grande forme mystérieuse, objet de nos désirs ardents, qui a enfanté le présent, qui enfante l’avenir. Cette (forme) antique naît, et alors les cinq espèces d’êtres, aimés de lui, reçoivent sa lumière qu’ils aiment.

3. Il remplit le Ciel et la Terre et l’Air, les cinq espèces d’êtres, les dieux, et, suivant les saisons, les sept (troupes de Marouts), les sept (rayons d’Agni). Avec les trente-quatre[35] (dieux) il surveille le monde en apportant une lumière pareille à lui pour la forme, différente dans sa marche[36].

4. Ô brillante Aurore, tu apparais la première, et tu enfantes la plus agréable des lumières. Quand tu descends vers nous, noble sœur (du Soleil), grande est ta splendeur, grande est la vie que tu répands.

5. Cependant le vieux (prêtre) réveille un dieu toujours jeune, qui soutient (le monde) et triomphe de ses nombreux ennemis. Admire la grandeur et la sagesse de ce dieu : il était mort hier, aujourd’hui il respire.

6. Héros puissant, (maître) antique et suprême, il s’avance, tel qu’un oiseau au rouge plumage, qui déserte son nid. Quand sa justice l’approuve, il n’est point de bien désirable qu’il ne puisse nous donner et obtenir par la victoire.

7. (Indra) avec les Marouts féconde la pluie ; il porte la foudre, il brise le nuage, et donne la mort à Vritra. Car ces dieux, distingués par la grandeur de leurs œuvres, sont nés pour répandre l’onde pure.

8. Allié (des Marouts, Indra) produit des merveilles ; tout-puissant, souverainement sage, il attaque et frappe les méchants. Il boit le soma, grandit dans le ciel, et le héros, de son arme victorieuse, abat les Dasyous.


HYMNE XI.
À Agni, sous le nom de Vadgin[37] par Vrihadouktha.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Au-dessus de nous est une de tes formes. Il en est une autre (ici-bas), et une troisième dans (l’astre) lumineux. Revêts-toi d’un beau corps, et croîs, ami des dieux, pour ce suprême enfantement.

2. Que ton corps (terrestre), directeur de ton corps (céleste), nous procure à nous le bonheur, à toi la prospérité. Soutiens, sans fléchir, les grands dieux, et prête ta lumière au Soleil.

3. Tu es, Vâdjin, accueilli par l’abondance des offrandes. Ainsi traité, présente-toi à nos louanges, présente-toi dans le ciel ; viens remplir tes hautes et saintes fonctions ; va vers les dieux, va vers (le soleil, qui s’élance (dans l’air).

4. Les Pères (du sacrifice)[38] ont été les maîtres de la grandeur des dieux. Dévas, ils ont donné la force aux Dévas. Ils ont rassemblé les énergiques rayons, et les ont placés dans leurs corps.

5. Ils ont avec puissance parcouru le ciel, repoussant dans l’immensité les bornes de l’orient. Ils ont formé les corps de tous les mondes, et ont ensuite produit les différents êtres.

6. Ils ont par de triples libations affermi la marche du lumineux Asoura. Ces Pères ont eu sur la terre des enfants qui leur ont succédé, et qui, héritiers de la force paternelle, ont propagé les sacrifices.

7. De même qu’on traverse les flots sur un vaisseau dans toutes les directions du monde, de même avec les bénédictions (du sacrifice) on triomphe de tous les maux. Vrihadouktha a eu, sur la terre comme au ciel, un enfant dont la grandeur (fait son orgueil).


HYMNE XII.
Aux Viswadévas[39], par les Gopayanas.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ne sortons point ; ne nous éloignons pas du sacrifice, où s’offre le soma. Ô Indra, nos ennemis pourraient s’introduire ici.

2. Invoquons celui qui consomme le sacrifice, qui porte aux dieux nos offrandes.

3. Nous appelons son âme, en accompagnant le soma des louanges des prêtres et des prières des Pères.

4. Que ton âme arrive pour l’œuvre sainte, pour la force, pour la vie, pour voir longtemps le soleil !

5. Que nos Pères, que la race des Dévas lui donne cette âme ; que nous retrouvions par lui la vie et les sens !

6. Ô Soma, nous apportons au milieu de ton œuvre ce qui est l’âme des corps. Que nous retrouvions (par toi la vie et les sens) !


HYMNE XIII.
L’âme[40], par les Gopayanas.
(Mètre : Anouchtoubh.)

1. Quand ton âme visite au loin la contrée d’Yama, fils de Vivaswân, nous la rappelons ici, à ton habitation, à la vie.

2. Ton âme visite au loin le Ciel et la Terre ; nous la rappelons ici, à ton habitation, à la vie.

3. Ton âme visite au loin la terre, divisée en quatre parties ; nous la rappelons ici, à ton habitation, à la vie.

4. Ton âme visite au loin les quatre régions de l’air ; nous la rappelons ici, à ton habitation, à la vie.

5. Ton âme visite au loin l’océan des nuages ; nous la rappelons ici, à ton habitation, à la vie.

6. Ton âme visite au loin les torrents lumineux ; nous la rappelons ici, à ton habitation, à la vie.

7. Ton âme visite au loin les ondes et les plantes ; nous la rappelons ici, à ton habitation, à la vie.

8. Ton âme visite au loin le Soleil et l’Aurore ; nous la rappelons ici, à ton habitation, à la vie.

9. Ton âme visite au loin les larges montagnes ; nous la rappelons ici, à ton habitation, à la vie.

10. Ton âme visite au loin tout ce monde ; nous la rappelons ici, à ton habitation, à la vie.

11. Ton âme visite au loin les extrémités de l’horizon ; nous la rappelons ici, à ton habitation, à la vie.

12. Ton âme visite au loin le passé et le futur ; nous la rappelons ici, à ton habitation, à la vie.


HYMNE XIV.
À divers dieux, par les Gopayanas.
(Mètres : Trichtoubh, Pankti et Mahâpankti.)

1. Que cette existence nouvelle soit prolongée, et menée (par le maître de la vie) comme un char l’est par un habile écuyer. Ainsi celui qui était tombé se relève. Que Nirriti s’éloigne.

2. Pour obtenir la fortune, nous apportons avec nos chants des offrandes abondantes. Puissions-nous recueillir les heureux fruits de nos hommages ! Que Nirriti s’éloigne.

3. Puissions-nous par notre vigueur vaincre nos ennemis (et devenir leurs maîtres), comme le ciel est celui de la terre, comme le tonnerre est celui du nuage ! Puissent nos hommages recueillir les heureux fruits qu’ils attendent ! Que Nirriti s’éloigne.

4. Ô Soma, ne nous livre pas à la Mort. Que nous voyions le lever du Soleil ! Que notre vieillesse soit pleine de jours ! Que Nirriti s’éloigne.

5. Ô (Sounîti, toi qui conduis l’esprit)[41], affermis en nous l’âme qui fait la vie, et prolonge heureusement notre existence. Assure-nous la vue du soleil. Que ce corps s’accroisse sous nos libations de ghrita.

6. Ô toi qui conduis l’esprit, mets en nous l’œil, le souffle vital, le sentiment du plaisir. Que nous voyions longtemps le lever du Soleil ! Ô Anoumati[42], comble nous de tes bénédictions !

7. Que la Terre, que le Ciel tout divin, que l’Air nous rendent le souffle vital. Que Soma nous rende un corps ; que Poûchan (amène) Pathyâ[43], qui est (la voie) du bonheur.

8. Que le Ciel et la Terre, ces grands parents du Sacrifice, soient propices pour Soubandhou[44]. Ils peuvent enlever tous maux d’ici-bas. (Ô Soubandhou), que jamais aucun mal ne t’arrive !

9. Que les remèdes descendent sur nous et deux et trois fois[45]. Le Ciel et la Terre peuvent enlever tous les maux qui circulent ici-bas. (Ô Soubandhou), que jamais aucun mal ne t’arrive !

10. Envoie, ô Indra, ce taureau vigoureux, qui amène le char d’Ousînarânî[46]. Le Ciel et la Terre peuvent enlever tous les maux d’ici-bas. (Ô Soubandhou), que jamais aucun mal ne t’arrive !


HYMNE XV.
À la famille des Asamatis[47], par les Gopayanas.
(Mètres : Gâyatrî, Pankti et Anouchtoubh.)

1. Apportons l’offrande, et honorons cette brillante et illustre famille de nobles (héros).

2. Nous honorons cette (race) d’Asamâtis brillante, généreuse et rapide, qui protége la piété.

3. Dans le combat elle terrasse ses ennemis, comme le lion (terrasse) les buffles, qu’ils se présentent en armes ou désarmés.

4. Au sein de leurs œuvres, Ikchwâkou croît en richesses, et triomphe (de ses adversaires). Les cinq espèces d’êtres sont (sous lui heureuses) comme dans le ciel.

5. Ô Indra, affermis les forces de ces Asamâtis aux chars rapides, comme dans le ciel (tu affermis) le soleil pour nos regards.

6. Attelle les chevaux rougeâtres par les soins des fils[48] d’Agastya. Ô roi, triomphe de tous ces avares Panis.

7. (Agni parle). Voici ta mère ; voici ton père ; voici ta vie. Tu peux marcher, ô Soubandhou ; viens, lève-toi.

8. De même qu’avec une corde on lie le joug (d’un char) pour le rendre solide, ainsi l’âme te soutient pour la vie, pour l’existence, pour un heureux développement.

9. De même que la grande Terre soutient ces (arbres) maîtres de la forêt, ainsi l’âme te soutient pour la vie, pour l’existence, pour un heureux développement.

10. Je suis l’âme de Soubandhou, et je viens de la contrée d’Yama, fils de Vivaswân, pour la vie, pour l’existence, pour un heureux développement.

11. C’est en bas que le Vent envoie son souffle, et le Soleil ses rayons ; c’est en bas que coule le lait de la (Vache) immortelle. Qu’en bas également tombe pour toi le mal.

12. Que ma main soit sainte et fortunée ; qu’elle soit remplie de remèdes salutaires ; qu’elle ne touche que pour le bonheur.


HYMNE XVI.
Aux Viswadévas, par Nâbhânédichtha, fils de Manou.
(Mètres : Gâyatrî, Pankti et Anouchtoubh.)

1. Que le (chantre)[49], élevant sa voix, (fasse agréer) à Roudra l’hommage qu’il lui rend aujourd’hui au milieu de cette pieuse assemblée. Les deux pères (du sacrifice) poursuivent leur œuvre. Que le chef de famille, dans ce jour de largesses, ne refuse rien aux sept sacrificateurs.

2. Que Roudra, qui de ses traits terrasse (ses ennemis), vienne dans cette enceinte pour nous protéger et nous combler de ses biens. Que ce (dieu) rapide, à la voix sonore, fasse descendre sur nous son onde secourable.

3. (Ô Aswins), votre âme est émue aux invocations que vous adresse le sage, et vous accourez avec empressement. La main du (prêtre) dirige l’offrande qu’a préparée le généreux sacrificateur.

4. Quand la Nuit se trouve surprise au milieu des vaches rougeâtres, c’est vous que j’invoque, ô Aswins, enfants du Ciel. Entendez-moi ; venez à mon sacrifice, et faites attention aux offrandes que je vous présente.

5. Cependant il s’étend, le (dieu)[50], qui, pour le bonheur des hommes, développe avec force son énergique virilité. Lui-même, invincible (héros), forme et agrandit le sein de sa fille.

6. Alors, entre (le Ciel et la Terre), ils se rapprochent, et le père devient l’époux de sa fille. Ils laissent échapper dans l’air quelques gouttes de leur semence féconde, et le foyer du sacrifice en est arrosé.

7. Quand Je père s’est uni à sa fille, il vient répandre sa semence sur la terre. Les pieux Dévas, qui ont enfanté les Rites, ont établi (Agni) pour être le gardien de leur œuvre, le maître de la demeure (sainte)[51].

8. Que ce (dieu) jette donc, pour ainsi dire, son écume (lumineuse) sur le champ (du sacrifice). Qu’il se précipite témérairement de tous côtés. On dirait qu’il recule en retenant le pied droit ; on dirait qu’il refuse de toucher les vaches que je lui présente[52].

9. Que le (dieu) qui par son souffle agite le monde, arrive pour soutenir la mamelle d’Agni. Tel que le poëte[53] (avec ses chants), qu’il le réveille. (Le prêtre) apporte le bois, et enfante l’holocauste ; et (Agni) naît pour soutenir et défendre (ses serviteurs).

10. Les (Angiras) Navagwas,[54] chantant Rita, ont recherché sa tutelle et l’amitié de sa charmante fille.[55] Privés du sacrifice, ils sont venus trouver le (dieu) gardien de ce monde placé entre le Ciel et la Terre,[56] et ils ont retrouvé le lait (céleste).

11. Avec l’amitié de la charmante fille (de Rita), ils obtiennent encore un bien nouveau ; et ce bien, que produit la pure semence d’un dieu, c’est le lait de la Vache du sacrifice.

12. (Les Angiras) avaient trouvé l’étable vide de son troupeau (céleste). Mais un (dieu) bon et réparateur s’écrie pour consoler le sage : « Ô sacrificateurs, me voici ! Votre richesse va vous être rendue. »

13. Ainsi (les Angiras) se rassemblent autour d’Indra. Ils allument les feux nombreux (du sacrifice). Indra cherche à briser les membres du fils de Nrichad[57]. Enfin le (dieu) invincible pénètre dans la caverne (ténébreuse), et déchire le corps de Souchna qui couvrait le monde.

14. Alors naît la Lumière. Alors brillent, comme le soleil, ces Dévas qui siégent au triple foyer. Alors apparaît Agni, surnommé Djatavédas ; « écoute-nous, ô sacrificateur ! » (Agni) qui honore Rita veut notre salut.

15. J’ai chanté Indra, et, comme Manou, j’ai préparé le gazon pur (et sacré). Venez aussi prendre part au sacrifice, ô Nâsatyas, enfants radieux de Roudra ![58]Soyez célébrés parmi les nations ; soyez heureux de nos hommages, et comblez nous de vos bienfaits.

16. J’adore aussi et je chante ce (dieu) fort[59], ce roi prudent, qui traverse l’océan (aérien), et dont les rayons sont les chaînes du monde. Il a donné de la vigueur à Cakchîvân. Il a communiqué à Agni la rapidité avec laquelle tourne la roue d’un char.

17. (Agni) le sacrificateur est l’ami des deux races (divine et humaine) ; il est appelé Vêtarana,[60]et nous donne le lait de la Vache rapide du sacrifice. Cependant, par des chants pieux, je demande la protection de Mitra, Varouna et Aryaman.

18. (Ô Agni,)[61] Nâbhânédichtha, ton parent, dépose en ton sein brillant la libation et la prière ; il t’adresse ses vœux. Ici est notre mère commune, et je ne suis qu’un de ses nombreux enfants.

19. « Oui, » (dit Agni), « ici est ma mère ; ici, ma demeure ; ici, mes Dévas. Je suis tout ici. Les Dwidjas[62] sont les premiers-nés de Rita. La Vache (du sacrifice) vient de naître, et vous offre son lait. »

20. Ainsi le (Dieu) rapide et brillant, qui appartient à deux mondes, dévore le bois qui est son aliment, et s’élance avec joie dans l’air. Sa mère l’a enfanté pour que sa force fasse notre bonheur : le jeune nourrisson croît, se dresse, se développe, et bientôt menace ses ennemis.

21. Que les Vaches (de la louange), enfants d’un sage, s’élèvent à la hauteur (des Dieux). Ô toi, qui es opulent, écoute-nous ! (Manou) a fait le sacrifice de l’Aswamédha, et n’a dû son bonheur qu’à sa piété.

22. Et toi, Indra, maître des hommes, dont le bras porte la foudre, accorde-nous une grande richesse. Conserve-nous. Ô (Dieu) traîné par deux coursiers azurés, tu es bon ; sauve par ton secours les serviteurs de Maghavan.

23. Ô couple royal,[63] en faveur d’un sacrificateur, Indra, charmé de ses chants, est parti sans retard pour la conquête des Vaches (célestes). Ce (dieu) sage s’est montré l’ami des (Angiras) ; il les a soutenus, il a rempli leurs vœux.

24. Empressés à orner de nos louanges un (dieu) invincible, nous lui adressons une prière. Le coursier de la libation est lancé en son honneur. (Ô Varouna), tu es sage ; apporte-nous l’abondance.

25. Pour obtenir votre amitié et augmenter nos forces, le (prêtre) vous présente son offrande et sa louange. Toutes nos voix s’unissent pour vous chanter. Qu’une route semée de biens s’ouvre devant nos prières.

26. Le dieu (surnommé) Soubandhou,[64] célébré par nos voix, couvert de nos libations, entouré de nos offrandes et de nos prières, a grandi au milieu de nos hymnes. Le lait de la Vache (divine) déborde de sa mamelle.

27. Dieux, que nous honorons et qui vous réjouissez ensemble (de nos hommages), soyez-nous secourables. Vous êtes sages ; vous nous apportez l’abondance, et, dans les fonctions diverses que vous remplissez, vous rassemblez pour nous (des trésors de bonheur).

  1. Trita est la libation des trois Savanas. Vibhoûvasou doit être un nom du sacrifice.
  2. Cette Vache, qui est la flamme du foyer, est appelée Aghnyâ (non lœdenda).
  3. Le commentateur pense qu’il est ici question du richi Saptagou, auteur de cet hymne. J’ai vu dans ce mot une épithète du dieu Agni, honoré par sept holocaustes ou par sept espèces de mètres poétiques. Le mot Vrihaspati est expliqué ailleurs : il signifie maître du large sacrifice.
  4. Voy. page 41. col. 2, note 1, et page 59, col. 2, note 3.
  5. Voy. page 92, col. 1, note 1.
  6. Voy. page 104, col. 2, note 3.
  7. Nom du peuple.
  8. Voy. page 73, col. 1, page 75, col 2, et alibi. Le commentaire donne Atithigwa comme père de Divodâsa.
  9. Noms d’Asouras. Voy. page 75, col 2.
  10. Voy. page 318, col. 2.
  11. Ces traits portent le nom d’asthan. Voy. page 92, col. 1, note 1.
  12. Ainsi s’appelle le père d’Ousanas. Le commentaire dit que c’est Ousanas lui-même.
  13. Asoura, dont le nom est synonyme de Vritra.
  14. Nous avons parlé de la légende de Coutsa, page 239, col. 2, note 1 et p. 534, col. 2, note 1. En relisant l’histoire de ce Coutsa, je crains bien d’avoir mal rendu un passage, section VI, lecture ii, hymne iv, st. 25, en disant : Tu as deux fois sauvé Coutsa. Il faut peut-être traduire : Tu as sauvé Coutsa en le doublant.
  15. Suivant le commentaire, c’est un nom propre, il ne donne pas d’autres détails.
  16. Nom d’un Richi.
  17. Asoura.
  18. Voy. page 331, col. 2, note 3, pour le sens donné au mot nahouch.
  19. Mantra.
  20. Oulva. Le commentaire traduit ce mot par prâvarana faisant sans doute allusion à ce grand vêtement que les nuages jettent sur le ciel. Je crois que le mot oulva doit désigner le foyer : les Ondes sont les libations.
  21. J’aurais supposé que ce sont les dix disas, ou bien les dix demeures de ces dix personnages désignés section VII, lect. vii, hymne ix, stance 15. Mais le commentaire entre dans quelques détails sur ces dix stations d’Agni, qui sont, dit-il, les trois mondes, les trois dieux Agni, Vâyou, Soûrya, les Ondes, les Plantes, les Arbres, et le Prânisariram.
  22. Dans le sacrifice, il y a cinq manières de l’offrir, trois époques de la journée pour le renouveler, sept espèces d’offrandes, ou sept mètres poétiques pour l’hymne.
  23. Toute cette stance se retrouve section III, lecture i, hymne iii, stance 6. Voy. pour ce nombre des Dévas, la page 198, col. 2, note 7.
  24. Voy. page 45, col. 1, note 1.
  25. Je suppose que ce sont les Marouts.
  26. Manou est chef de race ; mais il est aussi sacrificateur. C’est par ce dernier trait qu’Agni lui ressemble.
  27. Le commentaire dit que ce char est celui du soleil. Par ces huit siéges, le poëte doit faire allusion aux huit disas, qui sans doute sont les huit Vasous.
  28. C’est un nom donné au fleuve de la libation, appelé ailleurs Ansoumati, Parouchni, etc.
  29. Je crois que ce doit être un nom d’Agni. C’est aussi le nom d’un Richi, allégorique sans doute. Voir page 76, col. 1, page 80, col. 1 et alibi.
  30. Cette vache, c’est le sacrifice ; ce veau, c’est Agni lui-même.
  31. Le commentaire fait rapporter ce dernier passage à la troupe des Ribhous. Je pense qu’il est question d’Agni, de ce veau qu’ils ont créé.
  32. J’ai cru d’abord qu’ici par tchatwâri nâma le poëte désignait les quatre points de l’horizon, ou les quatre éléments. Mais, en lisant l’hymne suivant, il m’a semblé que les quatre formes d’Indra étaient les quatre apparences du ciel éclairé par sa lumière propre, par celle d’Agni, celle de l’Aurore, et celle du Soleil.
  33. Cette forme, dit le commentaire, est celle de l’éther (âksâtamicâm).
  34. Ce frère d’Indra est Pardjanya, c’est-à-dire le ciel des Nuages, qui sont ses enfants.
  35. Ordinairement le nombre des dieux est de trente-trois. Voy. page 198, col. 2, note 7. Le commentaire, aux huit Vasous, aux onze Roudras, aux douze Adityas, ajoute ici un Pradjâpati, un Vachatkâra, un Virât.
  36. Je suppose qu’il est ici question de la lumière d’Agni, qui part d’en bas (vivratam). La lumière propre d’Indra vient d’en haut.
  37. Le commentateur dit que Vrihadouktha déplore la mort de son fils appelé Vâdjin. Je pense que ce Vâdjin (escâ plenus) est Agni engraissé par l’offrande. Il est le fils du sacrificateur appelé Pitri. S’il meurt avec le sacrifice, il revient à la vie avec le nouveau sacrifice. Mais cet hymne ne parle point de la mort de Vâdjin.
  38. Ces Pères du sacrifice sont les Angiras, les Rites personnifiés, autrement les Pitris ou Feux (Agnayah).
  39. Cet hymne a un autre titre, qui en exprime mieux l’objet : Mano dévâtâ, c’est-à-dire qu’il est adressé au Manas, à l’âme du monde, qui est Agni. Cette idée était trop simple, et une histoire a été inventée. Ce n’est plus ici Vrihadouktha qui pleure sur la mort d’un fils : ce sont trois frères de la famille des Gopâyanas, Bandhou, Sroutabandhou et Viprabandhou, qui demandent que leur frère Soubandhou revienne à la vie. Ces Gopâyanas étaient les Pourohitas du prince Asamâti, fils d’Ikchwâkou ; celui-ci donna leur charge à deux Mâyâvins, et une querelle s’ensuivit, dans laquelle fut tué Soubandhou. Soubandhou est une épithète d’Agni.
  40. Les Gopâyanas, dit le commentateur, se rendent au tombeau de leur frère pour ranimer son corps.
  41. C’est l’Asounîti, que nous avons vu mentionné dans la section précédente, lect. vi, hymne x, st. 14 ; hymne xi, st. 2.
  42. Anoumati est le quinzième jour de la lune. C’est le jour où les offrandes sont particulièrement propices pour les morts.
  43. Nom d’une déesse dont le nom semble signifier voie, personnification de l’air. Voy. section IV, lecture iii, hymne v, st. 14.
  44. Voilà le nom de ce frère que les Gopâyanas ont ressuscité. Le lecteur jugera si nous avons tort de ne voir dans ce personnage qu’Agni.
  45. Deux fois par les Aswins, trois fois par Ilâ, Saraswatî et Bhârati.
  46. Je croirais assez que c’est une épithète de l’Aurore. L’Ousînara est le nom d’une contrée qui est aujourd’hui le Candahar. Serait-ce le nom d’une princesse ? Le commentaire veut que ce soit le nom d’une plante.
  47. Le commentateur suppose que cet hymne est en l’honneur d’Asamâti, fils d’Ikchwâkou. Il me semble que le poëte y célèbre une famille incomparable (Asamâti) de Dévas, de Dieux ou de Rites divinisés.
  48. Ce char attelé par les fils d’Agastya me parait être le sacrifice ; ces chevaux rougeâtres, ce sont les flammes. Le commentaire trouve ici une invocation au roi Asamâti, auquel il donne pour prêtres ces Gopâyanas ou Bandhous, fils d’Agastya.
  49. Le commentateur raconte que le fils de Manou, Nâbhânédichtha (dans les Pourânas Nâbhâganédichtha), privé de sa part dans l’héritage paternel, vient la réclamer dans un sacrifice à Roudra. Toute cette stance est interprétée par le commentateur conformément à cette idée, que je n’ai pas pensé devoir adopter.
  50. Le commentateur hésite, avant de se décider, pour savoir quel est ce dieu. Il lui semble que c’est Roudra. Alors sa fille devait être la Nue, et non l’Aurore. Réflexion faite, je crois que le dieu mentionné dans ce passage est Agni et sa fille, la Lumière ou la Flamme ; ou mieux encore Agni-Soma ou le Sacrifice et la Science sacrée, ou Saraswatî, comme on le voit plus bas. Agni est celui qui me paraît mériter le nom de Vâstochpati. Le texte donne à ce dieu Pradjâpati le nom de Pitri, qui appartient à Agni ; et les Pourânas ont mis cette légende sous le nom de Brahmâ, qui d’abord a été celui d’Agni sacrificateur.
  51. Vâstochpati.
  52. Ce passage me semble une peinture du feu qui languit. Le commentateur y trouve des allusions à Roudra.
  53. Le texte porte le mot nagna qui signifie nudus, et qu’ailleurs le commentateur a traduit par stotri. Ici il donne à ce mot le sens de Rakchasa.
  54. Voy. page 80, col 1. note 6.
  55. Le commentateur nomme ce personnage Srouti, synonyme de Saraswatî. Voy. page 547, col. 2, note 2.
  56. Traduction du mot Dwibarhas.
  57. C’est un nom donné à l’Asoura des ténèbres, comme habitant parmi les hommes.
  58. Dans la stance 4, les Aswins étaient appelés enfants du Ciel (divo napâtâ). Ici le poëte dit qu’ils sont enfants de Roudra, dieu de l’air, qu’ils traversent dans leur course journalière.
  59. Le commentaire pense que ce dieu est Soma.
  60. Ce mot fait allusion à l’emploi d’Agni, chargé de transmettre les offrandes.
  61. Le commentateur veut reconnaître dans ce passage la parenté de Nâbhânédichtha avec Manou, et par conséquent avec le Soleil. Je n’ai pu y voir que la parenté spirituelle du prêtre et d’Agni.
  62. Ce mot désigne l’homme qui, par l’initiation religieuse, a reçu comme une seconde naissance (bis natus). Il est possible que, dans ces anciens temps, il désignât seulement le prêtre ; par la suite il s’appliqua aux hommes des trois premières castes. La présence de ce mot n’implique pas par lui-même l’établissement de ces castes, il annonce simplement un état social où le sacerdoce a déjà fait assez de progrès pour avoir inculqué parmi le peuple le respect de ses observances.
  63. Ainsi se trouvent désignés Mitra et Varouna, dit le commentaire.
  64. Ce mot signifie bon parent. Le commentaire croit qu’il est ici question de Varouna. Je pense que Soubandhou est Agni.