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Rob Roy/Avertissement

La bibliothèque libre.
Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 9p. 5-6).


AVERTISSEMENT
DE LA PREMIÈRE ÉDITION.


Quand l’éditeur des volumes suivants publia, il y a quelques années, l’ouvrage intitulé l’antiquaire, il annonça que c’était la dernière fois qu’il donnait au public des productions de cette espèce. Il pourrait donner pour excuse que tout auteur anonyme n’est, comme le célèbre Junius, qu’un fantôme ; et que dès lors, bien qu’il soit une apparition moins redoutable et d’un ordre moins élevé, il ne saurait être tenu de se justifier du reproche d’inconséquence. Peut-être se justifierait-il mieux encore en imitant l’honnête Benedict[1] qui, lorsqu’il disait qu’il mourrait garçon, ne pensait pas vivre jusqu’au jour de son mariage ? Mais le mieux serait que, comme il est arrivé à quelques-uns de mes illustres contemporains, le mérite du livre, au jugement des lecteurs, pût absoudre l’auteur d’avoir manqué à sa promesse. Sans m’abandonner à cette espérance présomptueuse, il est nécessaire de dire que ma résolution, comme celle de Benedict, a succombé à une tentation, si ce n’est pas à un stratagème.

Il y a environ six mois que l’auteur reçut, par l’intermédiaire de ses respectables éditeurs, un manuscrit contenant l’esquisse de cette histoire, avec la permission, ou plutôt la prière, conçue dans les termes les plus flatteurs, d’y faire tous les changements convenables pour pouvoir l’offrir au public[2]. Ces changements se trouvèrent si nombreux que, sans parler de la suppression des noms et de certains événements qui se rapprochaient trop de la réalité, on peut dire que l’ouvrage a été refait en grande partie. Plus d’un anachronisme s’est probablement glissé dans cette refonte, et les épigraphes des chapitres ont été choisies sans tenir compte de la date des événements. Il est naturel que l’éditeur en prenne sur lui la responsabilité. Quelques autres inexactitudes appartiennent au manuscrit original, mais aucune n’est de grande importance. Si l’on tient à une précision minutieuse, on pourra objecter que le pont sur le Fort, ou plutôt sur l’Avondhu (la rivière Noire), près le hameau d’Aberfoil, n’existait pas il y a trente ans : mais ce n’est pas l’éditeur qui doit relever le premier ces erreurs. Il saisit cette occasion d’adresser publiquement des actions de grâces au correspondant inconnu et anonyme à qui le lecteur sera redevable de la plus grande partie du plaisir que pourront lui procurer les pages suivantes.

1er décembre 1817.



  1. Personnage de Shakspeare, dans Beaucoup de bruit pour rien. a. m.
  2. Comme il convient à la présente édition de parler avec une entière véracité, l’auteur croit devoir déclarer que cette prétendue communication est entièrement imaginaire.