Séances de la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire/1er avril 1880
SÉANCE DU 1er AVRIL 1880.
Le concours d’animaux gras tenu au Puy, le 16 mars dernier, a eu un succès complet. M. Jacotin, secrétaire du Comice, en a fait un compte-rendu très fidèle inséré dans nos Mémoires[1].
M. le Préfet de la Haute-Loire ayant, au nom de M. le Ministre de l’Agriculture, demandé des renseignements sur les dégâts causés à l’agriculture par les froids intenses de l’hiver, il résulte d’une discussion prolongée entre les propriétaires présents à la séance et de données puisées à diverses sources que les récoltes en céréales n’ont souffert des gelées rigoureuses de l’hiver dernier que dans les endroits bas et humides ; celles de la montagne ont suffisamment résisté. L’ensemble de la récolte à venir n’est nullement compromis de ce chef ; il n’en est pas de même des arbres fruitiers, beaucoup ont été complètement détruits. Les moins atteints ont vu périr toutes les branches de l’année et les fruits seront, en conséquence, peu abondants cette année. La vigne a particulièrement souffert. Dans les environs du Puy, les vieilles souches présentent un phénomène particulier ; elles sont fendues dans le sens de la longueur. Quelques treilles laissent entre les fragments un espace assez ouvert pour y passer la main. Dans l’arrondissement de Brioude, toutes les vignes atteintes par la grêle de l’été précédent sont menacées de mort ou, au moins, de l’absence de récolte pendant trois ans.
M. le Président entretient la Société d’un travail paru dans le no 565 du 7 février 1880, du journal de M. Barral.
L’auteur de cet article, M. Boreau, estime que les vignes pourraient être facilement préservées des effets des gelées printanières en semant auprès des souches une plante résistant aux gelées de l’hiver et se développant rapidement au printemps, comme le seigle ou les vesces. La vigne serait taillée avant l’hiver. Nos vignerons feraient bien de faire l’essai d’un procédé peu coûteux et qui, s’il était reconnu véritablement efficace, rendrait de grands services.
Les journaux agricoles de l’Angleterre préconisent une nouvelle variété de pommes de terre remarquable par ses qualités prolifiques, sa saveur exquise et son immunité contre les atteintes de la maladie. C’est la pomme de terre Champion. La forme de ce tubercule est un peu défectueuse, mais il est d’une végétation vigoureuse et, pour le cultiver avec succès, il importe que l’espace entre les lignes soit plus large que pour la culture des variétés ordinaires. On doit cette nouvelle pomme de terre à l’habileté et à la persévérance d’un cultivateur écossais, M. John Nicoll, d’Arbroath, en Écosse.
Il est donné lecture, par M. Henry Mosnier, d’un document sur l’attaque par des paysans, vers le milieu du XVIIe siècle, d’un détachement de Gardes-Françaises, entre la Chaise-Dieu et Dore-l’Église[2].
Le même membre lit un remarquable mémoire sur l’enseignement secondaire au Puy-en-Velay, de l’an VI à l’an XII, et fait l’historique de l’École centrale de la Haute-Loire[3].
A. Lascombe.