Séances de la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire/5 août 1880

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SÉANCE DU 5 AOÛT 1880.


Présidence de M. Aymard.


Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la séance précédente, M. le Président, se faisant l’interprète de la compagnie, exprime les regrets que lui occasionne la mort d’un de ses membres, M. François Girollet, dessinateur et apprêteur en dentelles, décédé le 26 juillet 1880. Notre confrère, dit-il, avait organisé au Puy un atelier destiné au blanchissage des dentelles et avait inventé et perfectionné lui-même certaines parties de son outillage. Il avait également essayé d’implanter dans le pays une industrie qui fonctionne aujourd’hui à Langeac, celle des perles soufflées.

M. Aymard, préconise pour la destruction du chiendent, un instrument connu sous le nom de paroire et demande si cet appareil est en usage chez nos agriculteurs. Sans contester l’utilité du paroire, M. Chorand dit que, pour extirper le chiendent, il emploie, comme beaucoup de propriétaires, la herse qu’il fait passer, trois jours après le labour, en long et en large sur la surface du champ où pullule cette plante parasite.

Le concours départemental qui doit avoir lieu cette année à Yssingeaux, est fixé au 19 septembre prochain. M. le Sous-Préfet, président du comice agricole de cet arrondissement, et M. le Maire d’Yssingeaux annoncent que des fonds votés par la municipalité seront mis à la disposition de la Société pour être distribués en prix. Quant au concours annuel des animaux reproducteurs de la race du Mezenc il se tiendra à Fay le 26 septembre 1880.

Chargés d’étudier un phénomène de combustion spontanée survenu dans le remblai du viaduc des Combes, entre Espaly et le Puy, MM. Récipon et Arssac rendent compte de leur mission dans un rapport dont la lecture intéresse vivement l’assemblée[1].

M. Aymard fournit de curieux renseignements sur une hache et un bracelet préhistoriques, découverts près du Monastier et sur les débris d’un mobilier funéraire trouvé à Saint-Paulien.

À propos des industries nouvelles introduites dans la Haute-Loire depuis ces dernières années, M. le Président donne des détails sur les fabriques de liqueurs qui sont en voie de prospérité dans notre département. Notre confrère, M. Rumillet-Charretier, créateur de la distillerie du Velay dont les produits perfectionnés lui ont valu d’honorables récompenses à la suite de concours départementaux, a introduit une culture spéciale, celle des plantes aromatiques sur un terrain de 31 ares, situé avenue de Vals. On y remarque, en épais massifs, la verveine odorante, la mélisse citronnée, la menthe, l’angélique, la marjolaine, le thym, l’hysope, la sauge, la grande et la petite absinthe.

Ces plantes parfumées, distillées par la vapeur, entrent dans la composition de liqueurs excellentes, et notamment de la Verveine du Velay, fort appréciée.

Une discussion assez vive et basée tantôt sur la pratique, tantôt sur le raisonnement, s’élève entre les partisans de la race locale, la petite poule du pays, et ceux des races étrangères, parmi lesquelles celle de Houdan tient le premier rang. Il résulte de cette discussion que, plus robuste, mieux acclimatée, trouvant elle-même sa subsistance avec plus de facilité, la race locale pond médiocrement, mais quand même ; que la race de Houdan, livrée à elle-même et privée de tous soins, pond moins abondamment et des œufs plus volumineux. Mais si, à l’absence de soins, vous faites succéder ceux qui sont et devraient être donnés à la volaille pour en obtenir un produit rémunérateur, les œufs des volailles du pays, en restant petits et en devenant sensiblement plus abondants, le sont cependant beaucoup moins que ceux des races étrangères qui donnent alors des résultats beaucoup plus avantageux.

M. le Président résume les débats en disant que la Société doit encourager les cultivateurs à élever des volailles de races choisies, houdan, fléchoise, bressane, dont la vente sur les marchés est plus avantageuse ; elle doit, toutefois, leur faire comprendre que, pour obtenir de ces races un bénéfice réel, il est indispensable de leur fournir un bien-être supérieur à celui qui est donné aux races locales : un poulailler en contact avec l’écurie, par conséquent chaud en hiver ; une nourriture supplémentaire, surtout pendant les froids de l’hiver ; enfin, des soins hygiéniques donnés soit par le propriétaire en nettoyant, aérant, et tenant très secs les poulaillers, soit par l’animal lui-même, à la disposition duquel on devra toujours mettre des tas de sable ou de cendre, afin qu’il puisse se nettoyer, et, si la chose est praticable, des carrés de verdure, afin qu’il puisse se rafraîchir.

M. Alexis Liogier, propriétaire à Sereys, commune de Chomelix, présenté par MM. A. Jacotin et Henry Mosnier, est, à l’unanimité, nommé membre non résidant de la Société.



A. Lascombe.

  1. V. IIe volume. Mémoires, p. 263.