Satyres (1789)/02

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Tu dormois sur le trône, ô monarque imbécile,
Quand de la nation le suprême sénat
Motivoit à tes pieds sa résistance utile,
Et de tes propres mains vouloit sauver l’état.
Quelle sécurité tout près du précipice !
Tu n’apperçois donc pas ton peuple s’indigner :
Il n’attend que le sceau de ta haute injustice
Pour t’apprendre à grands cris qu’un autre doit régner.

Tes desseins sont affreux, daigne donc les connoître ;
Une reine prodigue a pu les enfanter ;
Mais du trône François tu dois être le maître.
Eh ! comment une femme ose-t-elle y monter ?
Les cris des citoyens, armés pour la patrie,
Seront différens des cris de tes soldats ;
Nos provinces crieront : justice, économie,
Et sous tes étendards, sanglans d’assassinats,
On n’entendra crier que la bourse ou la vie.
Réfléchis, ou prends rang parmi les scélérats.