Si jadis Jupiter eust delugé les flammes

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Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 242).


SONNET.

Si iadis Iupiter euſt delugé les flammes,
 Mes feux r’allumeroiẽt des feux à l’Vnivers :
 Si le fils de Clymene eut deſſeiché les Mers
 Mes pleurs donroiẽt des flots aux poiſſons & aux rames.
Si le Grec fort des vents euſt abysmé leurs ames,
 Mes ſoupirs produiroient des orages aux ers,
 Si Orphee euſt banui les tourments des enfers,
 Ma peine ſuffiroit pour les esprits infames
Si ce tout s’abyſmoit dans le Rien ſon vainqueur,
 L’Amour retrouueroit son chaos dans mon cœur,
 Pour recouuer ſoubs ſoi l’eſtre d’vn nouueau monde
Et ſi tu reſtes ſeul entre les Deitez,
 Tu prendras de mon ſein mille diuinitez,
 Iupiter pour regir le ciel, la Terre & l’onde.


A. D. V.