Sonnet a Seine et a ses rivages

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Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 271).


SONNET A SEINE ET A SES RIVAGES.

 PVissant ſorcier d’Amour tranſformé en abeille,
Ie vous coniure fleurs de ces bords verdoians,
Et vous flots argentins doucement ondoians,
De laiſſer repoſer la belle qui ſommeille.
 Ie veux roder trois fois autour de ſon oreille,
Et me percher trois fois sur les crins rouſſoians,
Ie veux baiſer trois fois les beaux yeux fouldroians,
Et ſuccer tout le miel de ſa bouche vermeille ;
 Mais elle eſt eſueillée, & ſes beaux doigts de lis
Me donnent ià la mort pour les baiſers cueillis,
Preſſans mon corps froiſſé contre ſes leures closes.
 O heureux enchanteur, puis que tes iours de fiel
Finiſſent doucement par une mort de miel,
Couché dans un tombeau & de lis & de roſes.


A. D. V.