Sonnets Gaillards et Priapiques/C’est un étrange cas qu’en ce monde qui passe

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Sonnets gaillards et priapiquesBibliothèque internationale d’édition (p. 18).


C’est un étrange cas qu’en ce monde qui passe
Comme on voit les torrens qui s’écoulent en bas,
Si l’homme a du plaisir, il ne luy dure pas,
Et tout incontinent la Nature s’en lasse.

Vous me confesserez que le foutre surpasse
Tout ce qu’on peut sentir d’agreables appas,
Même ce qui se boit aux célestes repas,
Comme fait un haut mont une campagne basse.

Toutes fois, remarquez, foutons, et refoutons,
Puis estant délassez, aussi tôt remontons,
Tant que la seule mort nous en ôte l’envie ;

Si nous avions rangé tous nos coups bout à bout,
Quand nous aurions vécu quinze lustres de vie,
Nous n’aurions pas foutu six semaines en tout.