Sonnets Gaillards et Priapiques/Je ne m’étonne pas que dès le second jour

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Sonnets gaillards et priapiquesBibliothèque internationale d’édition (p. 29).


Je ne m’étonne pas que dès le second jour
Sans nulle émulction, ni remède topique,
Le chancre qui campoit sur le bout de ta pique
Voulut abandonner un si triste sejour.

Le travail de la Muse, et celuy de l’amour
Qui depuis un long temps rendent ton corps ethique,
Sont cause qu’après eux ce glouton domestique
Ne treuva plus de quoy te manger à son tour.

De sorte que voyant que tu portois la mine
De luy faire chez toy des leçons de lésine,
Et qu’effectivement il estoit au filet ;

Il ronge son lien, il devore sa bride
Et s’enfuit promptement de ce squelette aride,
De crainte que la faim ne le prît au colet.