Sous le masque/Les Colombes
Les Colombes
Quand les colombes seront mortes
Dans le colombier du jardin,
Lorsque viendront les feuilles mortes
Et le vent parmi les sapins,
Ne manquez pas de me le dire :
Elles portaient au ciel profond
L’esprit de ce que je désire.
Lorsque les colombes mourront,
Ne manquez pas de me le dire.
Ce sera par un clair dimanche ;
Avec un bouquet, je viendrai,
Un grand bouquet de roses blanches
Sur le tombeau, j’effeuillerai
Un grand bouquet de roses blanches.
Et ce jour-là, dans l’air tranquille,
Toutes les cloches sonneront ;
Colombes blanches et graciles !
Des plus beaux jours de la saison,
Toutes les cloches sonneront.
Les jeunes filles du pays
Me feront signe de leur porte :
— Venez donc vous asseoir ici —
Mais sauront-elles mon souci
Et que les colombes sont mortes ?
Mes pleurs tomberont sur la terre.
Et la porte du colombier,
Désormais vide et solitaire,
Battra comme un cœur oublié :
Mes pleurs couleront sut la terre.
Et ce sera l’automne obscur
Et sa robe de feuilles mortes,
Et mon âme, qu’un rêve emporte ;
N’ira plus à travers l’azur —
Car les colombes seront mortes.