Souvenirs de 1848/2/21
XXI
LE BLEUET
PAR
GUSTAVE HALLER
Je crois, malgré le pseudonyme, que ce charmant livre est l’œuvre d’une femme.
Il y a de ces délicatesses de sentiment, de ces recherches d’analyse qui me semblent appartenir à un esprit plus pénétrant et plus contenu que celui de l’homme.
L’homme qui joue le principal rôle dans cette simple et touchante histoire, a, dans tous les cas, un cœur de femme ; mais il a aussi le caractère d’un homme bien trempé, et ce mélange de tendresse et de fermeté fait de lui un type assez neuf. Est-il vrai ? Je veux l’admettre ; on ne discute pas ce qui plaît et intéresse. Dans tous les cas, l’auteur, en voulant être romanesque, ce que je crois très nécessaire à un romancier, nous montre qu’il sait fort bien étudier les caractères les plus opposés, et tous les types qu’il nous montre ont un grand relief.
La forme nous paraît très bonne, correcte et sobre. Nous croyons que le public encouragera ce remarquable essai d’un homme excessivement délicat ou d’une femme très fortement douée.