Souvenirs de 1848/2/22

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Calmann Lévy, éditeur (p. 433-434).


XXII

JACQUES DUMONT
PAR
MÉDÉRIC CHAROT


M. Médéric Charot n’appartient à aucune école. Il cherche le vrai, et il le trouve, parce qu’il le sent profondément, parce qu’il est vrai lui-même. C’est un jeune homme sincère qui n’essaye pas dé se vieillir par des théories de désenchantement ou de fausse expérience de la vie. Il dit ce qu’il voit et ce qu’il éprouve ; aussi ses écrits ont-ils une fraîcheur de jeunesse et des senteurs de printemps. Il décrit la nature en poète, sa prose a la concision du vers et la sobriété du peintre qui résume en traits précis. Rien d’affecté dans sa manière, il ne cherche pas l’effet. Il semble qu’il connaisse le secret des vrais maîtres, et qu’il sache par quels moyens simples on rend la logique de ses impressions. Est-ce par de grandes études littéraires qu’il est arrivé à la science de la bonne peinture ? Nous croyons savoir qu’il n’a point eu tant de beaux loisirs, et qu’il a cédé sans résistance à une droiture naturelle de l’esprit. Ses récits sont si vrais, qu’on les croirait faits de mémoire. Il a vu les personnages qu’il met en scène, et les choses auxquelles il touche lui sont familières. Il connaît son sujet tout comme un vieux praticien, mais il ne l’épuisé pas par la recherche exagérée du détail. En un mot, il ne décrit pas pour montrer ce qu’il sait, mais pour faire voir ce qu’il a vu avec de bons yeux, sains et jeunes.


Mai 1876.

FIN