Souvenirs de la Sicile/Notice sur quelques artistes siciliens, depuis la renaissance des arts jusqu’au XIXe siècle

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NOTICE
SUR
QUELQUES ARTISTES SICILIENS
DEPUIS LA RENAISSANCE DES ARTS
jusqu’au XIX.e siècle.




Une grande obscurité règne sur la vie des artistes siciliens. En attendant la publication d’une histoire plus complète, que nous devrons bientôt à un écrivain de cette nation, voici, sur ce sujet, quelques renseignemens exacts que nous avons pu recueillir.


Antonio d’Antonio peignit, vers 1267, S. Placide pour la cathédrale de Messine. On croit qu’il est un des ancêtres d’Antonello da Messina, et que tous deux étaient de la famille degli Anronj, dont les ouvrages sont encore conservés dans les monumens publics.

Salvatore di Antonio, père d’Antonello da Messina, a laissé dans l’église de San-Francesco un tableau qui représente S. François sur le mont della Vernia, recevant les stigmates.

Antonello da Messina. On lui conteste l’honneur, que quelques écrivains lui avaient fait, d’avoir rapporté de Flandre en Italie le secret de la peinture à l’huile, dont la pratique y était, dit-on, connue long-temps avant lui.

Un portrait d’un noble Vénitien, fait par Antonello da Messina et qui était conservé dans la galerie de Bartolommeo Vitturi à Venise, portait la date de 1478; ce qui fait présumer qu’à cette époque Antonello exerçait encore la pratique de son art dans cette ville.

Pino da Messina, élève d’Antonello, aidait son maître dans l’exécution des nombreux travaux dont il fut chargé à Venise.

Franco (Alfonso), né à Messine en 1466, mort de la peste en 1524, fut élève de Jacopello d’Antonio. Les étrangers recherchèrent ses tableaux. Ses compositions avaient la naïveté de cette époque, et son dessin portait un grand caractère de vérité. On ne conserve de lui dans sa patrie qu’une déposition de croix à San-Francesco di Pola, et une dispute de Jésus avec les docteurs à Sant’-Agostino.

Oliva (Pietro), de Messine, dont le maître est inconnu, mit dans ses ouvrages autant de naïveté qu’Alfonso Franco. Il vivait en 1491.

Rosaliba (Antonello), de Messine, peignait, en 1505, d’une manière agréable.

Salvo di Antonio, neveu d’Antonello da Messina, vivait en 1511 : il soutint par ses talens la réputation de la famille degli Antonj. On peut juger par son tableau de la Mort de Vierge, conservé dans la sacristie de la cathédrale de Messine, combien il cherchait à saisir la manière de Raphaël, qu’il imitait parfois avec assez de succès.

Alibrandi (Girolamo), né à Messine, d’une famille considérée, en 1470, y mourut de la peste en 1524. À l’étude des lois, à laquelle ses parens lui prescrivaient de s’appliquer, il substitua celle de la peinture, qui lui offrait plus d’attraits. Après en avoir appris les premiers élémens dans l’école messinoise degli Antonj, il alla séjourner en Italie, et imita les autres peintres au point de tromper les connaisseurs les plus exercés. La Purification de la Vierge, tableau d’une grande proportion (24 palmes de Sicile), et qui est conservé dans l’église della Candelora passe pour le chef-d’œuvre de la peinture messinoise par la noblesse du dessin, la grâce et le charme de la couleur. Polydore de Caravage admirait tellement cet ouvrage, qu’il peignit à la détrempe une déposition de croix pour lui servir de couverture et en assurer la conservation.

On ne peut parler des artistes siciliens sans rappeler le service éminent que Polydore de Caravage rendit à Messine, en y établissant une école où les jeunes artistes étudièrent les saines doctrines de la grande école italienne, dont ils suivirent toujours depuis les progrès et la décadence. L’empereur Charles-Quint, au retour de son expédition d’Afrique, en 1535, vint à Messine, où il fut reçu avec une grande pompe : de magnifiques arcs de triomphe avaient été élevés par les soins de Polydore, qui était aussi bon architecte que peintre ingénieux.

Si l’on en croit Vasari, ce fut principalement à Messine que ce disciple de Raphaël essaya de colorier ses tableaux, qu’il avait jusqu’alors exécutés en clair-obscur. Vasari vante sur-tout un portement de croix, noblement conçu et peint avec art. Polydore se préparait à revoir Rome et ses amis, lorsqu’il fut assassiné, en 1543, par un Calabrois, son élève.

Cesare di Napoli, peintre de Messine, étudia sous Deodato Guinaccia, élève de Polydore. Il vivait en 1583. Les ouvrages qui restent de lui dans sa patrie, prouvent qu’il méritait les éloges que lui donnèrent ses contemporains.

Anastasio, architecte sicilien, appelé à Gènes en 1509, y restaura des aqueducs, et réunit des sources abondantes dans une vaste citerne, près du pont de’ Cattanei. Cet homme habile fortifia l’ancien môle, jeta des fondemens pour sa prolongation, et dirigea dans la même ville la construction de plusieurs édifices publics et particuliers.

Comandè (Francesco), de Messine, élève de Deodato Guinaccia, adopta le style de Polydore.

Il ne faut pas le confondre avec Giovanni-Simone Comandè, son frère, qui rapporta dans sa patrie le goût qui distingue l’école de Venise, où il avait long-temps étudié. Quoique la manière d’opérer des deux frères fût très-différente, l’union qui régnait entre eux les a fait souvent travailler au même ouvrage : mais, par une bizarrerie dont il est difficile d’assigner la cause, les Siciliens accordaient plus d’habileté à Giovanni-Simone, et, dans cette persuasion, lui attribuaient les peintures qui étaient entièrement de la main de Francesco.

Riccio (Mariano), né à Messine en 1510, suivit d’abord la manière de Franco, son maitre ; il la quitta ensuite pour prendre le style de Polydore, qu’il saisit avec beaucoup d’adresse.

Riccio (Antonello), fils de Mariano, s’attacha, dès son entrée dans la carrière des arts, à l’école fondée par Polydore ; il y obtint assez de succès. Cet artiste vivait en 1576.

Duca (Giacomo del), sculpteur et architecte sicilien, élève de Michel-Ange Buonarotti, dont il a imité en bronze le Jugement dernier, dans l’église de Saint-Jean de Latran. Il fut architecte du peuple romain, et donna les dessins de la villa Mattei, du jardin Strozzi, près de la villa Negroni, et de plusieurs édifices sacrés et profanes. De retour à Palerme, sa patrie, en qualité d’ingénieur en chef de la ville, il y périt misérablement en 1582.

Vignerio (Jacopo), de Messine, obtint la réputation de peintre habile. On admire à juste titre un portement de croix qu’il exécuta en 1552 pour l’église de Santa-Maria della Scala.

Catalani (Antonio), dit l’Antico, né à Messine en 1560, mort en 1630, suivit à Naples l’école de Deodato Guinaccia.

Catalani (Antonio), dit il Giovane, né en 1585, mort en 1666, élève de Giovanni-Simone Comandè. Il se forma une manière agréable, expéditive, mais incorrecte. Il Giovane produisit un grand nombre de tableaux qui n’eurent qu’un succès passager.

Laureti (Tommaso), Sicilien, peintre et architecte, mourut octogénaire à Rome, sous le pontificat de Clément VIII. Ses talens en peinture et en architecture avaient été appréciés par le pape Grégoire XIII, qui le connut à Bologne avant son exaltation. Il le fit venir à Rome pour peindre le plafond de la salle de Constantin au Vatican. Laureti éprouva, à la mort du pontife, de tels dégoûts, qu’il ne termina point les travaux qu’il avait entrepris. Cet artiste vécut pauvre et estimé. Ses confrères de l’académie de Saint-Luc lui décernèrent un buste exécuté par Borgiani. Laureti excellait dans la connaissance de la perspective.

Francesco, sculpteur sicilien, a exécuté à Rome plusieurs ouvrages assez estimés. On ignore à quelle époque vivait cet artiste.

Minniti (Mario), de Syracuse, né en 1577, mort en 1640, passa une grande partie de sa vie à Messine. Épris de la manière forte de Michel-Ange de Caravaggio, il fréquenta pendant quelque temps son école à Rome ; cependant ses ouvrages avaient plus de douceur, et son dessin était plus correct. De retour dans sa patrie, il inonda la Sicile de ses tableaux. Empruntant souvent la main de ses élèves, il retouchait leurs ouvrages, et les vendait sous son nom. La perte de sa réputation fut le résultat de cette avidité.

Roderigo ou Rodriguez (Luigi), de Messine, appelé à Naples Luise Siciliano, eut le malheur d’étudier les principes de son art dans l’école de Belisario Corenzio. Ce maître, ne pouvant supporter les louanges que Rodriguez avait méritées par les fresques qu’il avait exécutées dans l’église del Carmine à Naples, et piqué de la préférence qu’il donnait aux avis de Josepin, empoisonna son élève. Rodriguez succomba en 1630 à sa cruelle destinée, avant d’avoir mis fin aux travaux qu’il avait commencés dans l’église de la Conception des Espagnols. Ils furent confiés après sa mort à Giuseppe Marullo et à Pacceco di Rosa.

Roderigo ou Rodriguez (Alonzo), frère de Luigi, naquit à Messine en 1578 et mourut en 1648. Après avoir étudié les ouvrages des Vénitiens, il retourna en Sicile, où il obtint de grands succès. On vante son tableau de la Piscine miraculeuse à San-Cosmo de’ Medici, et celui des deux fondateurs de la ville de Messine, dans le palais sénatorial. Cet artiste estimable, loin de porter envie aux succès de Barbalunga, qui, à Messine, fit préférer le style de l’école bolonaise à celui de l’école vénitienne, avait coutume de nommer son rival le Carrache de la Sicile.

Roderigo ou Rodriguez (Giovanni-Bernardino), peintre et sculpteur sicilien, surnommé, pour la régularité de ses mœurs, il Pittore santo, mort en 1665, vint à Naples, à l’âge de douze ans, chez son oncle Luigi Roderigo, et parvint, au bout de quelques années, à l’aider dans ses travaux. On cite de lui quelques sujets tirés des actions de la Vierge. Il entra dans l’école du Dominiquin, appelé à Naples en 1629. Docile aux avis d’un aussi grand maître, Giovanni-Bernardino mérita d’obtenir des succès. On a de lui des peintures à l’huile et à fresque.

Giordano (Stefano), de Messine, pratiqua les maximes suivies par les Riccio, et l’on cite avec éloge de cet artiste la Cène peinte en 1541, dans le monastère de Saint-Grégoire. Le style de Giordano dans cet ouvrage tient beaucoup de celui de Polydore.

On a lieu de présumer qu’il est le même que Jordan (Esteban), peintre sculpteur et architecte, dont les auteurs espagnols ignorent la patrie. Il fut le premier sculpteur de Philippe II, place à laquelle un artiste médiocre n’aurait pu aspirer. Les Siciliens paraissent avoir perdu de vue Giordano en 1541. Les Espagnols sont dans la persuasion que Jordan cessa d’exister vers l’an 1600.

Gaggini, famille palermitaine qui a produit plusieurs habiles sculpteurs. À défaut de renseignemens plus satisfaisans, on dira qu’un Domenico Gaggini, sculpteur, eut un fils appelé Antonio ou Antonello, qui suivit la profession de son père, plaça en 1503 une statue de la Vierge dans la cathédrale de Palerme, et enseigna les principes de son art à ses trois enfans, Vincenzio, Giacomo et Fazio.

Angelo, dit il Siciliano, sculpteur et architecte, vivait au commencement du XVI.e siècle.

FULCO (Giovanni), né à Messine en 1615, mort en 1680, apprit les premiers élémens de la peinture dans l’école messinoise, d’où il passa à Naples dans celle du chevalier Massimo Stanzioni. Il excella à donner du mouvement et de la grâce aux enfans. Le tremblement de terre qui ravagea Messine fit disparaître un grand nombre de ses ouvrages ; mais le tableau de la Nativité de la Vierge, ainsi que les fresques dont il décora la chapelle du Crucifix dans l’église della Nunziata de’ Teatini, échappèrent à la destruction.

Barbalunga (Antonio Ricci, dit) se nommait Alberti. Né à Messine en 1600, il y mourut en 1649. Il se perfectionna à Rome, dans l’atelier du Dominiquin, et fut son meilleur élève. La Sicile a peu de peintres qui lui soient comparables. Il forma à Messine une école qui a été long-temps florissante. Syracuse et Palerme conservent avec soin ses productions.

Cozza (Francesco), peintre et graveur, né en 1605, mort en 1682, a vécu long-temps à Rome, et fut constamment attaché au Dominiquin, dont il termina quelques ouvrages demeurés imparfaits. On croit qu’il était Palermitain. Il a gravé quelques eaux-fortes qui sont recherchées et très-rares. Un de ses meilleurs ouvrages en peinture, placé dans l’église de San-Francesco in strada Felice, à Rome, représente la Vergine del Riscatto. Sa profonde connaissance des manières d’opérer de chaque maître donnait beaucoup de poids à ses jugemens sur les tableaux.

Maroli (Domenico), né à Messine en 1612, mort en 1676, suivit d’abord l’école de Barbalunga ; mais, craignant que ses succès ne fissent ombrage à son maître, il vint à Venise étudier Paul Veronèse, qu’il parvint à imiter. On lui reprocha d’avoir peu empâté ses tableaux, de s’être servi de couleurs trop liquides ; pratique vicieuse qui contribua à les faire noircir et à leur faire perdre le charme qu’ils avaient en sortant de ses mains.

Onofrio (Gabrielli), nommé à Padoue, où il résida long-temps, Onofrio da Messina, naquit en 1616 et mourut en 1706, à quatre-vingt-dix ans. Il s’attacha d’abord à l’école de Barbalunga, dans la suite à celle du Poussin, puis à celle de Piètre de Cortone ; enfin, après avoir passé neuf ans à Venise avec Maroli, il adopta une manière expéditive et retourna dans sa patrie, où l’on rechercha ses ouvrages.

Scilla ou Silla (Agostino), né à Messine en 1629, et mort à Rome en 1700, a été peintre, poète, naturaliste et antiquaire. Barbalunga, charmé de ses dispositions pour la peinture, obtint du sénat en sa faveur une pension, qui le mit en état d’aller à Rome perfectionner ses talens sous la direction d’Andrea Sacchi. Après un séjour de quatre années dans la capitale des arts, il revint à Messine mettre à profit ses études d’après l’antique et d’après les chefs-d’œuvre de Raphaël, et réussit à améliorer sa manière de peindre, à laquelle on reprochait de la sécheresse. Son dessin avait de la pureté. Il a laissé des mémoires sur la connaissance des monnaies pontificales et des médailles antiques.

Scilla (Giacinto), frère d’Agostino, mort à Rome en 1711, eut aussi un talent assez remarquable.

Balestriero (Giuseppe), né à Messine en 1632, fut élève d’Agostino Scilla, dont il copia les ouvrages. Il était bon dessinateur ; mais, s’étant fait prêtre, il renonça aux arts, et mourut en 1709.

Celi (Placido), de Messine, mort en 1710, avait de grandes dispositions pour les arts. Il vint à Rome avec Agostino Scilla, dont il abandonna la manière pour suivre celle de Carle Maratte et de Giovanni Morandi ; mais il ne s’éleva jamais au-dessus de la médiocrité.

Madiana (Antonio), né à Syracuse en 1650, mort en 1719, abandonna à Rome Agostino Scilla, pour suivre à Malte le Calabrese. De retour dans sa patrie, il fit admirer dans ses tableaux un style ferme et prononcé qui tient du goût de ses deux maîtres.

Tricomi (Bartolommeo), de Messine, disciple de Barbalunga, peignit bien le portrait.

Suppa (Andrea), né en 1628, mort en 1671, surpassa en talens son maître B. Tricomi. Il apprit l’architecture et la perspective d’Abraham Casembrot, artiste hollandais fixé en Sicile, étudia soigneusement les ouvrages de Raphaël et des grands maîtres, se forma un style agréable, mit du choix dans ses airs de tête, et termina toutes les parties de ses tableaux peut-être avec trop de recherche. Une grande partie de ses ouvrages a péri dans les tremblemens de terre qui ont affligé Messine ; le reste est conservé en Sicile avec beaucoup de soin et d’estime.

Bova (Antonio), né à Messine en 1641, mort en 1711, imita avec succès le style d’Andrea Suppa, son maître.

Po (Pietro del), peintre et graveur, né à Palerme en 1610, mort Naples en 1692, apprit les premiers élémens de la peinture en Sicile et alla se perfectionner à Rome sous la conduite du Dominiquin. Son fils et sa fille Teresa jouirent aussi de quelque réputation. Pietro del Po a gravé à l’eau-forte et retouché au burin un grand nombre d’estampes d’après A. Carrache, le Dominiquin, le Poussin &c.

Tancredi (Filippo), né à Messine en 1655, mort à Palerme en 1725 fit ses premières études pittoresques à Naples et se perfectionna à Rome sous Carle Maratte. Ses ouvrages sont répandus dans toute la Sicile et particulièrement à Messine et à Palerme.

Novelli (Pietro), surnommé il Monrealese, du lieu de sa naissance, et appelé quelquefois Morelli, mais sans doute par erreur, vivait en 1660. De nombreux ouvrages de sa main à fresque et à l’huile décorent les édifices de sa patrie et l’on cite particulièrement le réfectoire des Bénédictins de Monréale, où il représenta les noces de Cana. Long-temps domicilié à Palerme, il y fut souvent employé ; et l’ouvrage le plus considérable qu’il y exécuta entièrement de sa main, est la peinture de la voûte de l’église des Pères Conventuels. Novelli a la réputation d’habile dessinateur, de coloriste agréable ; il s’est parfois élevé à la hauteur de l’Espagnolet. Sa manière tient aussi de celle de Van Dyck, qu’il avait beaucoup connu. Les ouvrages de cet artiste jouissent avec raison de la plus haute faveur en Sicile.

Aquila (Pietro), peintre, graveur et prêtre, était de Palerme. On voit dans l’église della Pietà de cette ville deux de ses tableaux qui représentent la parabole de l’Enfant prodigue. Il est plus connu par ses nombreuses gravures d’après les grands maîtres. On lui doit la galerie Farnèse d’après Annibal Carrache, recueil en vingt-cinq feuilles grand in-folio, et, de concert avec Cesare Fanteti, les loges de Raphaël au Vatican.

Aquila (Francesco-Faraone), frère de Pietro, a été également peintre et graveur. Ses tableaux sont peu connus. Il a gravé les peintures de Raphaël qui sont dans les salles du Vatican.

Zumbo (Gaetano-Giovanni), sculpteur, né à Syracuse en 1656, mort à Paris en 1701, n’a eu d’autres maîtres que la nature et l’antique. Il étudia l’anatomie avec soin, et donna des preuves de ses talens à Bologne. En 1701, l’académie des sciences de Paris fit l’éloge d’une belle tête anatomique modelée par cet homme industrieux.

Planzone (Filippo), né en 1610 à Nicosia, petite ville de Sicile, fut contraint par la misère d’entrer dans le service militaire à Gènes, où il occupa ses loisirs à sculpter des masques d’homme, de bête, ou des figures de fantaisie, remarquables par un bon goût de dessin. Planzone aurait acquis une réputation plus solide, si la mort ne l’eût enlevé à l’âge de vingt-six ans.

Papaleo (Pietro), sculpteur et stucateur, né à Palerme vers l’an 1642, et mort à Rome en 1718, a laissé plusieurs ouvrages dans cette dernière ville. Le mérite de Papaleo l’avait fait admettre à l’académie de Saint-Luc en 1695.

Juvara ou Ivara (Filippo), architecte et graveur, né à Messine en 1685, d’une famille ancienne, mais pauvre, mourut en 1735. Il s’appliqua dans son enfance au dessin et à l’architecture, prit l’habit ecclésiastique, et vint à Rome dans l’école du cav. Fontana. À défaut d’occupations, Ivara se mit à graver à l’eau-forte des scènes du petit théâtre de’ Burattini [marionnettes] du cardinal Ottoboni ; mais le duc de Savoie, à peine nommé roi de Sicile, le fit venir à Messine, et lui demanda un projet de palais à élever sur le port de cette ville. Ce prince en fut si satisfait, qu’il nomma Ivara son premier architecte. Cet artiste fit construire à Turin la façade de l’église des Carmélites sur la place Saint-Charles, jeta les fondemens de l’église de la Superga, ceux du palais de Stupinigi et de plusieurs autres édifices sacrés et profanes. Appelé par le roi de Portugal, il lui présenta plusieurs projets d’édifices publics et religieux. L’incendie du palais royal de Madrid, arrivé à la fin de l’année 1734, détermina Philippe V à faire venir Ivara pour en élever un nouveau ; il s’en occupait au moment de sa mort. Un frère d’Ivara exécutait des ouvrages précieux en argenterie, qui étaient fort recherchés en France et en Angleterre.

Guergena (Domenico), né à Messine en 1610, étudia, avant de se faire capucin sous le nom del Padre Feliciano, l’architecture et la perspective sous Abraham Casembrot. Il est probable que Guergena se serait contenté de faire des tableaux dans le goût de Casembrot, s’il n’eût pas été envoyé à Bologne dans un couvent de son ordre. L’occasion qu’il eut de voir et d’apprécier les ouvrages du Guide lui inspira le desir de l’imiter. Ses essais furent heureux ; les religieux le vantèrent et soignèrent sa réputation.

Quagliata (Giovanni), né à Messine en 1603, mort en 1673, obtint à Rome des succès, à l’aide de Piètre de Cortone, qui eut pour cet élève une grande partialité. De retour dans sa patrie, il osa disputer le premier rang à Rodriguez et même à Barbalunga. Tant que ses rivaux vécurent, il mit de la sagesse dans la composition et l’exécution de ses tableaux ; mais, après leur mort, il s’abandonna à la fougue de son imagination, et perdit tout-à-fait la faveur publique.

Avellino (Giulio), de Messine, mort vers l’an 1700, était élève de Salvator Rosa. Il peignit avec succès le paysage, qu’il enrichissait d’architecture et de figures touchées avec esprit.

Calandrucci (Giacinto), né à Palerme en 1646, et mort en 1707. Après avoir étudié la peinture sous Pietro del Po, il a laissé à Rome, ainsi que dans plusieurs villes d’Italie, des preuves de son talent.

Calandrucci (Domenico), frère de Giacinto, fut d’abord élève de Carle Maratte ; il entra depuis dans l’école de son frère, et resta à Rome.

Calandrucci (Giov. Batista), neveu et élève de Giacinto. On voit de ses ouvrages à l’huile et à fresque, à Rome, dans l’église de San-Lorenzo in Borgo.

Porcello (Giovanni), né à Messine en 1682, mort en 1734, vint à Naples, dans l’école de Solimène. De retour dans sa patrie, il ouvrit chez lui une académie, où il s’attacha à propager la manière de son maître, défectueuse à la vérité, mais préférable à celle qui dominait alors en Sicile.

Filocamo (Antonio et Paolo) ouvrirent, vers le même temps, à Messine, une académie qui fut très-suivie. Élèves de Carle Maratte, ils y firent prévaloir le goût de l’école romaine. Antonio surpassait son frère dans la peinture à l’huile. Un troisième frère, Gaetano, exécutait les ornemens qui faisaient partie de leurs compositions.

Paladini (Litterio), de Messine, mourut de la peste en 1743. Cet élève de Sebastiano Conca dut ses succès à l’étude de l’antique, et peignit à Messine la voûte de l’église di Monte Vergine.

Campolo (Placido), victime de la peste de Messine en 1743. On vante son plafond de la galerie du sénat.

Paladini (Giuseppe) était de Messine, et vivait dans le XVII.e siècle. Il peignit avec succès une Sainte Famille à San-Guiseppe di Casel-Termini.

Foti (Luciano), né à Messine en 1694, mort en 1779, excellait à copier les ouvrages de tous les maîtres, et particulièrement ceux de Polydore. Il parvint également à connaître avec exactitude le style des différens maîtres et leur manière d’opérer, au point de restaurer les tableaux endommagés, sans qu’il fût possible de discerner les traces de son travail.

Bellavia (Marcantonio), peintre sicilien, est présumé élève de Piètre de Cortone. On voit plusieurs de ses ouvrages, à Rome, dans l’église de Sant’-Andrea delle Fratte.

Sottino (Gaetano), Sicilien. On ignore l’année de sa naissance, celle de sa mort, et le nom de son maître. Il a peint à Rome la voûte d’un oratoire qui est près de Santa-Maria in Costantinopoli, hôpital fondé en faveur des pauvres Siciliens.

Martorana (Giovacchino), Palermitain, peintre à grandes machines, vivait dans le XVIII.e siècle. On montre de lui, dans sa patrie, il Capellone de’ Crociferi, et à Santa-Rosalia, quatre grands tableaux de la vie de S. Benoît.

Sozzi (Olivio), de Catane, a peint beaucoup à Palerme ; il y a peu d’autels à San-Giacomo, église de cette ville, qui ne soient ornés d’un tableau de sa main.

Sozzi (Francesco), Sicilien, a peint dans la cathédrale de Girgenti un tableau qui représente les cinq premiers évêques de cette ville.

Lipari (Onofrio), Sicilien. On lui doit deux tableaux du martyre de S. Oliva, qui se voient à Palerme. Il vivait vers la fin du dernier siècle.

Randazzo (Fiiippo) a exécuté à fresque de vastes compositions qui décorent plusieurs édifices de Palerme.

Sciacca (Tommaso), né à Mazzara en 1734, mort en 1795, a suivi l’école d’Antonio Cavallucci da Sermonetta, et a exécuté des peintures considérables dans la cathédrale de Rovigo et dans l’église des Olivétains de la même ville.

Tuccari (Giovanni), né à Messine en 1667, y mourut de la peste en 1743. Antonio, son père, élève médiocre de Barbalunga, lui avait enseigné les principes de l’art : le fils pratiqua les diverses branches de la peinture ; mais il ne dut sa réputation qu’aux petits tableaux de bataille qu’il exécutait avec une rapidité singulière.

Cartissani (Niccolo), né à Messine en 1670, mourut en 1742 à Rome, où il réussit à peindre agréablement le paysage.

Gianetti (Filippo), de Messine, mourut à Naples en 1702. S’il l’emporta sur Abraham Casembrot, son maître, par le grandiose des sites et la justesse de la perspective, il lui fut inférieur pour la finesse du dessin des figures. La facilité de son pinceau était si extraordinaire, qu’elle lui mérita le surnom de Giordano des paysagistes. C’est à la protection et aux encouragemens du vice-roi comte di San-Stefano qu’il dut une partie de la considération qu’il obtint à Palerme et à Naples.

Jocino (Antonio), de Messine, peignit le paysage dans le XVII.e siècle, en concurrence avec Abraham Casembrot. Il était fécond, exécutait avec promptitude, et ne mettait point à ses ouvrages un prix élevé.

Panaria (Matteo), Palermitain, peignit à Rome, dans l’église des SS. Quaranta Martiri, le supplice du bienheureux Jean de Prado et de S. Pascal, ainsi que plusieurs autres sujets.

Il Padre Matteo di Sant-Alessio, de Palerme, a peint à Rome plusieurs tableaux pour la sacristie de l’église di Gesù e Maria al Corso.

Monosilio (Salvatore), de Messine, suivit la manière de Sebastiano Conca, son maître, et habita longtemps à Rome.

Serenari (Gasparo), abbé palermitain, entra dans l’école de Seb. Conca à Rome, où il acquit la réputation de peintre ingénieux. Sa manière était franche et rapide. De retour à Palerme, il exécuta beaucoup de tableaux à l’huile, et fit de vastes travaux à fresque. On cite de lui la coupole del Gesù et il Capellone du monastère della Carità.

Lapiceola (Niccolo), Palermitain, né en 1730, mourut en 1790. On le croit de Crotone en Calabre. Après avoir suivi l’école de Francesco Mancini, il vécut à Rome. Lapiceola a fourni les dessins d’une mosaïque exécutée dans une des coupoles de Saint-Pierre au Vatican, et a peint S. François pour l’église de San-Lorenzo. Plusieurs ouvrages de cet artiste sont répandus dans les églises de la capitale et des environs. Il a aussi travaillé dans la villa Albani près de Rome.

Puglia (frà Luigi), architecte sicilien et religieux dominicain, restaura, au milieu du XVIII.e siècle, l’église de Sant-Idelfonso à Rome.

Biscari (Ignazio-Vincenzio Paterno Castello prince di) a construit, à ses frais et d’après ses dessins, sur le Simeto, qui est la rivière la plus considérable de la Sicile, et qui coule à quelques milles de Catane, un pont de trente-une arches et de deux cents cannes de longueur. Cette utile entreprise, commencée en 1765, terminée en 1777, facilitait la circulation des voyageurs, et fournissait de l’eau pour l’irrigation des terrains voisins. L’entretien en fut négligé, et ce monument tombe en ruine.