Souvenirs et correspondance tirés des papiers de madame Récamier/Avant-Propos

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Texte établi par Amélie CyvoctMichel Lévy frères, Libraires-Éditeurs (4 livresp. i--).


AVANT-PROPOS


La célébrité a ses dangers et ses épines : elle offre mille inconvénients pendant la vie des personnes qui en jouissent, et quand elles ne sont plus, il n’est pas toujours facile de mettre leur mémoire à l’abri de l’erreur et des fausses interprétations. Celle de Mme Récamier est restée environnée d’une douce et brillante auréole : c’est peut-être la seule femme qui, n’ayant rien écrit et n’étant jamais sortie des limites de la vie privée, ait mérité que sa ville natale proposât son éloge public. Il semble que, plus qu’une autre, elle aurait dû échapper à la loi commune, et pourtant l’ignorance des conditions toutes particulières dans lesquelles elle a vécu, le peu de rapports qu’on trouve entre la modestie de son existence et la grandeur de sa renommée, la livrent sans défense, en quelque sorte, à toute la profanation des conjectures. Les intentions les plus sincères ont quelquefois conduit ses panégyristes eux-mêmes à des suppositions et à des jugements qui offusquent la pureté de son souvenir.

Elle avait senti ce péril, et surmontant la répugnance qu’elle avait à s’occuper d’elle-même, ses soins s’étaient attachés à recueillir les renseignements au moyen desquels on pourrait faire un jour comme un miroir de sa vie. L’ouvrage qu’on publie est l’accomplissement imparfait, mais fidèle de cette intention : il répond dans une mesure affaiblie, mais exacte, aux désirs qu’elle a exprimés, aux instructions qu’elle a laissées.

Elle aurait pu elle-même écrire des Mémoires ; sa famille et ses amis l’en ont toujours pressée, et cédant à leurs instances, elle avait à plusieurs reprises commencé ce travail.

Diverses causes l’ont empêchée de l’accomplir : avant tout, une singulière défiance de ses propres forces, défiance certaine, quoiqu’inexplicable dans une femme habituée aux plus éclatants succès personnels. C’était un des traits saillants de son caractère : courageuse dans toutes les circonstances graves, assurée, par mille preuves, de son empire sur les cœurs et les esprits, elle avait posé elle-même, avec une exagération évidente, les limites de sa puissance. Ce découragement mal justifié, mais permanent, s’étendait jusqu’à sa beauté elle-même, le plus éclatant de ses attributs. Sous l’influence de quelques-unes des idées qui dominaient dans sa jeunesse, elle se croyait en dehors de la régularité grecque ; elle considérait ses traits comme impropres à la sculpture, et cette conviction fut la vraie cause du chagrin qu’elle fit éprouver à Canova, lorsqu’elle se montra peu satisfaite de ce que cet artiste avait modelé son buste de souvenir.

Dans l’ordre des choses de l’esprit, elle se Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/15 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/16 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/17 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/18 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/19 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/20 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/21 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/22 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/23 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/24 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/25 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/26 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/27 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/28 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/29 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/30 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/31 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/32 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/33 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/34 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/35 Page:Cyvoct - Souvenirs de madame Recamier.djvu/36 faute si, après les témoignages que nous avons produits, on avait désormais, sur la femme qui nous fut si chère, un autre avis que l’amie dont les paroles nous ont servi d’avance d’encouragement et de justification.

ERRATA


TOME PREMIER

Page 134, ligne 48. Au lieu de : légère mesure de dédain ; lisez : légère nuance.

— 151, ligne 5. Au lieu de : fut renvoyé en 1843 ; lisez : 1845.


TOME DEUXIEME

Page 50, ligne 40. Au lieu de : elle conservait des traces d’une régularité ; lisez : elle conservait des traits.

— 83, ligne 20 et page 87, ligne 43. Au lieu de : Arenemberg ; lisez : Arenenberg.

— 234, à la note, ligne 22. Au lieu de : 1838 ; lisez : 4 828.

— 453, ligne 43. Au lieu de : InciderUs. — Jardins ; lisez : Incidences.