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ï54 son retour de la ville, répondit avec une certaine impatience qu’Antoinette ne devait pas être troublée pour des riens, que d’ailleurs elle n’était pas en âge d’être soumise à l’inquisition, comme une petite pensionnaire, au sujet de la correspondance qu’elle tenait avec sâ cousine;' - Cette réponse fut invariablement donnée par M. de' Mirecourt, chaque fois que madame Gérard voulut recourir à son intervention; car si jusque-là la jeune fille s’était montrée aussi bonne et aussi soumise,c*était du à la douceur de ses dispositions et non à la contrainte exercée par son père. C’était donc une bcûme fortune, pour le secret qu’elle gardait avec tant de soin, que le temps et les pensées de M. d^Mirecourt fussent occupés par d’autres Choses ; autrement, il n’aurait pas manqué de remarquer l’inconcevable changement qui s’était opéré chez elle. , Nous avons déjà dit que la plupart des Canadiens-Français, au lieu de recourir, pour le règlement de leurs difficultés, à des juges qui ne connaissaient ni leur langue ni leurs lois, s’étaient habitués à les soumettre à l’arbitrage dé leur curé ou à celui de quelque notable de leurs paroisses. A Valmont M. de Mire-court était universellement aimé et respecté ; aussi se trouva-t-il constitué juge et arbitre des différends qui s’élevaient quelques fois entre ses co-paroissiens. Jamais on n’en appelait de ses décisions, car tous-étaient convaincus qu’il agissait avec la plus entière impartialité, avec la plus stricte justice. Digitized by CrOOQle