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« Page:Rouquette - L'Antoniade, 1860.djvu/55 » : différence entre les versions

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Ivre encor des parfums de son île bénie,
Ivre encor des parfums de son île bénie,
Ton âme, en débordant de sauvage harmonie,
Ton âme, en débordant de sauvage harmonie,
A l’Europe lettrée, en d’incultes concerts,
À l’Europe lettrée, en d’incultes concerts,
Chantera sa louange, en chantant-les déserts ;
Chantera sa louange, en chantant-les déserts ;
Oui, tu diras son vœu, ses épreuves, sa fuite,
Oui, tu diras son vœu, ses épreuves, sa fuite,
D’infidèles parents la lointaine poursuite,
D’infidèles parents la lointaine poursuite,
Et sa vie angélique, et sa tranquille mort,
Et sa vie angélique, et sa tranquille mort,
Son doux sommeil d’amour, — extatique transport !
Son doux sommeil d’amour, — extatique transport !....


Heureux Daniel Boon, en ses rapides courses,
Heureux Daniel Boon, en ses rapides courses,
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Heureuse l’Indienne, en sa forêt natale,
Heureuse l’Indienne, en sa forêt natale,
Retrouvant l’élément de la force vitale !
Retrouvant l’élément de la force vitale !
Heureux en ses instincts le sage ''Bas''-''de''-''Quir'',
Heureux en ses instincts le sage ''Bas''-''de''-''Cuir'',
Qui voulut dans les bois vivre ainsi que mourir !
Qui voulut dans les bois vivre ainsi que mourir !
Heureux donc, mille fois, celui dont l’âme forte
Heureux donc, mille fois, celui dont l’âme forte
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De ce Dieu que le monde aime et connaît si peu !
De ce Dieu que le monde aime et connaît si peu !


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LE POÈTE.


L’Amérique a des bois, des forêts primitives ;
L’Amérique a des bois, des forêts primitives ;

Version du 27 février 2020 à 15:11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un jour, tu chanteras cet Ange du pays.
Pour son front virginal tressant une guirlande,
Aux hommes des cités tu diras sa légende ;
Oui, tu raconteras ce que tu vis, — errant
De cabane en cabane, au bord du Saint-Laurent ;
Ivre encor des parfums de son île bénie,
Ton âme, en débordant de sauvage harmonie,
À l’Europe lettrée, en d’incultes concerts,
Chantera sa louange, en chantant-les déserts ;
Oui, tu diras son vœu, ses épreuves, sa fuite,
D’infidèles parents la lointaine poursuite,
Et sa vie angélique, et sa tranquille mort,
Son doux sommeil d’amour, — extatique transport !....

  Heureux Daniel Boon, en ses rapides courses,
Rencontrant sur ses pas de faciles ressources !
Heureux l’Artiste errant, le nomade Audubon,
Changeant, avec le jour, de hutte et d’horizon !
Heureuse l’Indienne, en sa forêt natale,
Retrouvant l’élément de la force vitale !
Heureux en ses instincts le sage Bas-de-Cuir,
Qui voulut dans les bois vivre ainsi que mourir !
Heureux donc, mille fois, celui dont l’âme forte
Peut fuir des froids humains l’incrédule cohorte !
Heureux qui peut briser, libre enfin de ses fers,
La prison des cités, pour voler aux déserts !
Que- la nature est belle, et que le monde est triste !
Que la nature est bonne, et le monde égoïste !
Que la nature, en tout, est pleine de son Dieu ;
De ce Dieu que le monde aime et connaît si peu !

LE POÈTE.


L’Amérique a des bois, des forêts primitives ;
Poétiques abris, solitudes plaintives ;
Sous le dôme ogival des cèdres, des cyprès,
Des sonores sapins, aux feuillages épais ;
Sur les monts, les rochers, et sur toutes les plages,
Pour l’âme solitaire, elle a des ermitages !
L’Amérique a son Nil, traversant les déserts ;
Ses vertes oasis, sous des climats divers ;
Elle a d’obscurs recoins, de profondes retraites,
Des grottes où cacher d’humbles anachorètes ;
Elle a tout ce que rêve, en fuyant l’Orient,
Le poète exalté, l’extatique croyant !
Oh ! qui n’a pas rêvé, dans les villes troublées,
Ces tranquilles abris, ces grèves isolées,
Ces déserts inconnus, où l’homme, enseveli,
En n’aimant que Dieu seul, vit calme et recueilli ?
Oh ! qui n’a pas rêvé, dans les villes fiévreuses,