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Version du 27 septembre 2009 à 08:23
lors, les conséquences qui en résultaient. Une fois par semaine, pour se conformer au règlement, le vieux général faisait le tour de toutes les cellules, et demendait aux prisonniers s’ils n’avaient pas quelque requête à lui présenter. Les prisonniers, souvent, lui présentaient des requêtes : il les écoutait tranquillement, sans rien répondre ; et jamais il n’en tenait aucun compte, sachant d’avance que toutes ces requêtes demandaient des choses qui n’étaient pas d’accord avec le règlement.
Au moment où Nekhludov se présenta chez le vieux général, celui-ci était assis dans un petit salon dont toutes les fenêtres avaient leurs rideaux baissés, de façon qu’on s’y trouvait en pleine obscurité. Il était occupé à faire tourner un guéridon, en compagnie d’un jeune peintre, frère d’un de ses subordonnés. Les doigts minces et frêles du jeune artiste s’entremêlaient aux doigts épais, ridés, en partie ossifiés, du vieux général. Le guéridon était en train de répondre à une question posée par le général, et qui consistait à savoir si les âmes se reconnaissaient l’une l’autre, après la mort.
C’était l’âme de Jeanne d’Arc qui parlait, ce jour-là, par l’intermédiaire du guéridon. Elle venait déjà de dire : « Les âmes se reconnaissent », et elle avait commencé à dicter le mot suivant lorsque, soudain, elle s’était arrétée. Elle avait dicté, du mot suivant, les trois premières lettres, un p, un o, et un s. Et elle s’était arrêtée, en réalité, parce que le général aurait voulu que la lettre suivante fût un l, tandis que l’artiste désirait que ce fût un v. Le général voulait que Jeanne d’Arc dît que les âmes se reconnaissaient après (posl) leur purification ; l’artiste désirait faire dire par Jeanne d’Arc que les âmes se reconnaissaient d’après la lumière (po svitu) qui se dégageait d’elles.
Le général, fronçant d’un air maussade ses énormes sourcils blancs, considérait fixement ses mains, espérant toujours que le guéridon allait se décider à écrire un l ; l’artiste, le visage tourné vers le coin de la pièce imprimait machinalement à ses lèvres le mouvement nécessaire pour prononcer la lettre v. C’est sur ces entre-