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Alexandre Piédagnel
 
Alexandre Piédagnel
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Cet étrange pays était bien loin du nôtre.
Cet étrange pays était bien loin du nôtre.
Ô naïfs, ô charmeurs ! Qu’êtes-vous devenus ?
Ô naïfs, ô charmeurs ! Qu’êtes-vous devenus ?
On aurait beau chercher, hélas ! d’un pôle à l’autre,
On aurait beau chercher
</poem>}}
Nul ne découvrirait tant d’heureux ingénus !

Triste réalité ! — Les récits qui, naguère,
Me tenaient éveillé, si tard, sont fabuleux. —
Le bonheur sans mélange est donc une chimère ?…
Que je voudrais entendre encor ces contes bleus !</poem>


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{{T3|HENRY MURGER}}
{{-}}
<poem>{{lettrine|lignes=2|L}}{{sc|aissant}} pour la douce paresse
Sa porte ouverte à deux battants,
Il aimait surtout la jeunesse
Et les effluves du printemps.
Sa gaîté rêveuse, attendrie,
Nous racontait bien des douleurs,
Car il égrena de la vie
Non les sourires, mais les pleurs.
{{-}}
Il gardait mainte épave chère ;
Reliques disant du passé
L’illusion trop éphémère,
L’amour — éternel — effacé.
Puis, quand ces débris pleins de charme
Évoquaient un songe enivrant,
Sur sa main tombait une larme
Qu’il essuyait en soupirant.
{{-}}
Le soir, dans l’ombre vaporeuse,
Il croyait entendre la voix
D’une belle et folle amoureuse
L’appelant, tout comme autrefois.
Son cœur alors battait plus vite :
Musette écoutait sa chanson,
Que commentaient la marguerite
Et le rossignol du buisson.
{{-}}
Mimi penchait sur son épaule
Son doux visage rose et blond ;
Ou bien, assise au pied d’un saule,
Sur ses genoux posait son front.
Oubliant les longs jours d’orage,
Les froids hivers — où l’on eut faim !
Il retrouvait, dans un mirage,
Ses vingt ans, perdus en chemin.
</poem>

{{sauts|1}}

}}

Version du 19 juin 2022 à 16:50

Alexandre Piédagnel, L’île Enchantée dans Pastels et Fusains s.d. (1888?) (p. 1-8).


L’ÎLE ENCHANTÉE



Ma grand’mère, autrefois, filant sa quenouillée,
Nous parlait longuement d’un monde merveilleux,
Où des sylphes dansaient, le soir, sous la feuillée ;
Où tout était plaisir pour l’âme et pour les yeux.

La haine, assurait-elle, en fut toujours bannie,
Et le mensonge aussi. — Se couronnant de fleurs,
Sous un ciel azuré, chacun passait sa vie
À chanter, à rêver, ignorant les douleurs.

On croyait, à l’amour, et l’on s’en faisait gloire :
Les cœurs épanouis battaient à l’unisson.
Chez ce peuple béni — qui n’avait pas d’histoire, —
L’égoïsme impassible eût donné le frisson !

La douce paix régnait, féconde et radieuse :
On n’enviait personne, on se prêtait appui ;
Dans les bois verdoyants courait, franche et rieuse,
La jeunesse, — narguant le pâle et morne ennui…

Cet étrange pays était bien loin du nôtre.
Ô naïfs, ô charmeurs ! Qu’êtes-vous devenus ?
On aurait beau chercher