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« Les Chants du crépuscule/« Hier, la nuit d’été, qui nous prêtait ses voiles » » : différence entre les versions

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{{TitrePoeme|[[ Les Chants du crépuscule]]|Victor Hugo|Hier, la nuit d'été, qui nous prêtait ses voiles }}
{{TitrePoeme|[[ Les Chants du crépuscule]]|Victor Hugo|Hier, la nuit d’été, qui nous prêtait ses voiles }}


[[Catégorie:Victor Hugo]]
<div class="verse">

<pre>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/269]]==

<poem>


Hier, la nuit d'été, qui nous prêtait ses voiles,
Hier, la nuit d’été, qui nous prêtait ses voiles,
Etait digne de toi, tant elle avait d'étoiles !
Etait digne de toi, tant elle avait d’étoiles !
Tant son calme était frais ! tant son souffle était doux !
Tant son calme était frais ! tant son souffle était doux !
Tant elle éteignait bien ses rumeurs apaisées !
Tant elle éteignait bien ses rumeurs apaisées !
Tant elle répandait d'amoureuses rosées
Tant elle répandait d’amoureuses rosées
Sur les fleurs et sur nous !
Sur les fleurs et sur nous !


Moi, j'étais devant toi, plein de joie et de flamme,
Moi, j’étais devant toi, plein de joie et de flamme,
Car tu me regardais avec toute ton âme !
Car tu me regardais avec toute ton âme !
J'admirais la beauté dont ton front se revêt.
J’admirais la beauté dont ton front se revêt.
Et sans même qu'un mot révélât ta pensée,
Et sans même qu’un mot révélât ta pensée,
La tendre rêverie en ton coeur commencée
La tendre rêverie en ton cœur commencée
Dans mon coeur s'achevait !
Dans mon cœur s’achevait !


Et je bénissais Dieu, dont la grâce infinie
Et je bénissais Dieu, dont la grâce infinie
Sur la nuit et sur toi jeta tant d'harmonie,
Sur la nuit et sur toi jeta tant d’harmonie,
Qui, pour me rendre calme et pour me rendre heureux,
Qui, pour me rendre calme et pour me rendre heureux,
Vous fit, la nuit et toi, si belles et si pures,
Vous fit, la nuit et toi, si belles et si pures,
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Oh oui, bénissons Dieu dans notre foi profonde !
Oh oui, bénissons Dieu dans notre foi profonde !
C'est lui qui fit ton âme et qui créa le monde !
C’est lui qui fit ton âme et qui créa le monde !
Lui qui charme mon coeur ! lui qui ravit mes yeux !
Lui qui charme mon cœur ! lui qui ravit mes yeux !
C'est lui que je retrouve au fond de tout mystère !
C’est lui que je retrouve au fond de tout mystère !
C'est lui qui fait briller ton regard sur la terre
C’est lui qui fait briller ton regard sur la terre
Comme l'étoile aux cieux !
Comme l’étoile aux cieux !


C'est Dieu qui mit l'amour au bout de toute chose,
C’est Dieu qui mit l’amour au bout de toute chose,
L'amour en qui tout vit, l'amour sur qui tout pose !
L’amour en qui tout vit, l’amour sur qui tout pose !
C'est Dieu qui fait la nuit plus belle que le jour.
C’est Dieu qui fait la nuit plus belle que le jour.
C'est Dieu qui sur ton corps, ma jeune souveraine,
C’est Dieu qui sur ton corps, ma jeune souveraine,

</poem>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/270]]==
<poem>
A versé la beauté, comme une coupe pleine,
A versé la beauté, comme une coupe pleine,
Et dans mon coeur l'amour !
Et dans mon cœur l’amour !


Laisse-toi donc aimer ! - Oh ! l'amour, c'est la vie.
Laisse-toi donc aimer ! Oh ! l’amour, c’est la vie.
C'est tout ce qu'on regrette et tout ce qu'on envie
C’est tout ce qu’on regrette et tout ce qu’on envie
Quand on voit sa jeunesse au couchant décliner.
Quand on voit sa jeunesse au couchant décliner.
Sans lui rien n'est complet, sans lui rien ne rayonne.
Sans lui rien n’est complet, sans lui rien ne rayonne.
La beauté c'est le front, l'amour c'est la couronne :
La beauté c’est le front, l’amour c’est la couronne :
Laisse-toi couronner !
Laisse-toi couronner !


Ce qui remplit une âme, hélas ! tu peux m'en croire,
Ce qui remplit une âme, hélas ! tu peux m’en croire,
Ce n'est pas un peu d'or, ni même un peu de gloire,
Ce n’est pas un peu d’or, ni même un peu de gloire,
Poussière que l'orgueil rapporte des combats,
Poussière que l’orgueil rapporte des combats,
Ni l'ambition folle, occupée aux chimères,
Ni l’ambition folle, occupée aux chimères,
Qui ronge tristement les écorces amères
Qui ronge tristement les écorces amères
Des choses d'ici-bas ;
Des choses d’ici-bas ;


Non, il lui faut, vois-tu, l'hymen de deux pensées,
Non, il lui faut, vois-tu, l’hymen de deux pensées,
Les soupirs étouffés, les mains longtemps pressées,
Les soupirs étouffés, les mains longtemps pressées,
Le baiser, parfum pur, enivrante liqueur,
Le baiser, parfum pur, enivrante liqueur,
Et tout ce qu'un regard dans un regard peut lire,
Et tout ce qu’un regard dans un regard peut lire,
Et toutes les chansons de cette douce lyre
Et toutes les chansons de cette douce lyre
Qu'on appelle le coeur !
Qu’on appelle le cœur !


Il n'est rien sous le ciel qui n'ait sa loi secrète,
Il n’est rien sous le ciel qui n’ait sa loi secrète,
Son lieu cher et choisi, son abri, sa retraite,
Son lieu cher et choisi, son abri, sa retraite,
Où mille instincts profonds nous fixent nuit et jour ;
Où mille instincts profonds nous fixent nuit et jour ;
Le pêcheur a la barque où l'espoir l'accompagne,
Le pêcheur a la barque où l’espoir l’accompagne,
Les cygnes ont le lac, les aigles la montagne,
Les cygnes ont le lac, les aigles la montagne,
Les âmes ont l'amour !
Les âmes ont l’amour !


</pre>
</poem>


21 mai 1833
21 mai 1833
</div>

[[Catégorie:Victor Hugo]]

Version du 6 mars 2011 à 19:36

Victor Hugo Les Chants du crépuscule

Hier, la nuit d’été, qui nous prêtait ses voiles



Hier, la nuit d’été, qui nous prêtait ses voiles,
Etait digne de toi, tant elle avait d’étoiles !
Tant son calme était frais ! tant son souffle était doux !
Tant elle éteignait bien ses rumeurs apaisées !
Tant elle répandait d’amoureuses rosées
Sur les fleurs et sur nous !

Moi, j’étais devant toi, plein de joie et de flamme,
Car tu me regardais avec toute ton âme !
J’admirais la beauté dont ton front se revêt.
Et sans même qu’un mot révélât ta pensée,
La tendre rêverie en ton cœur commencée
Dans mon cœur s’achevait !

Et je bénissais Dieu, dont la grâce infinie
Sur la nuit et sur toi jeta tant d’harmonie,
Qui, pour me rendre calme et pour me rendre heureux,
Vous fit, la nuit et toi, si belles et si pures,
Si pleines de rayons, de parfums, de murmures,
Si douces toutes deux !

Oh oui, bénissons Dieu dans notre foi profonde !
C’est lui qui fit ton âme et qui créa le monde !
Lui qui charme mon cœur ! lui qui ravit mes yeux !
C’est lui que je retrouve au fond de tout mystère !
C’est lui qui fait briller ton regard sur la terre
Comme l’étoile aux cieux !

C’est Dieu qui mit l’amour au bout de toute chose,
L’amour en qui tout vit, l’amour sur qui tout pose !
C’est Dieu qui fait la nuit plus belle que le jour.
C’est Dieu qui sur ton corps, ma jeune souveraine,

A versé la beauté, comme une coupe pleine,
Et dans mon cœur l’amour !

Laisse-toi donc aimer ! — Oh ! l’amour, c’est la vie.
C’est tout ce qu’on regrette et tout ce qu’on envie
Quand on voit sa jeunesse au couchant décliner.
Sans lui rien n’est complet, sans lui rien ne rayonne.
La beauté c’est le front, l’amour c’est la couronne :
Laisse-toi couronner !

Ce qui remplit une âme, hélas ! tu peux m’en croire,
Ce n’est pas un peu d’or, ni même un peu de gloire,
Poussière que l’orgueil rapporte des combats,
Ni l’ambition folle, occupée aux chimères,
Qui ronge tristement les écorces amères
Des choses d’ici-bas ;

Non, il lui faut, vois-tu, l’hymen de deux pensées,
Les soupirs étouffés, les mains longtemps pressées,
Le baiser, parfum pur, enivrante liqueur,
Et tout ce qu’un regard dans un regard peut lire,
Et toutes les chansons de cette douce lyre
Qu’on appelle le cœur !

Il n’est rien sous le ciel qui n’ait sa loi secrète,
Son lieu cher et choisi, son abri, sa retraite,
Où mille instincts profonds nous fixent nuit et jour ;
Le pêcheur a la barque où l’espoir l’accompagne,
Les cygnes ont le lac, les aigles la montagne,
Les âmes ont l’amour !

21 mai 1833