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nous un échantillon de votre talent ; allons ! une tirade passionnée !
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{{Personnage|PREMIER COMÉDIEN|c}}
LE SECOND HAMLET.
Quelle tirade, monseigneur ?


{{Personnage|HAMLET|c}}
nous un échantillon de votre talent; allons, une tirade passionnée !
Je t’ai entendu déclamer une tirade qui n’a jamais été dite sur la II,, ou, dans tous les cas, ne l’a été qu’une fois ; car la pièce, je m’en souviens, ne plaisait pas à la foule ; c’était du caviar pour le populaire ; mais, selon mon opinion et celle de personnes dont le jugement, en pareilles matières, a plus de retentissement que le mien, c’était une excellente pièce, bien conduite dans toutes les II, s, écrite avec autant de réserve que de talent. On disait, je m’en souviens, qu’il n’y avait pas assez d’épices dans les vers pour rendre le sujet savoureux, et qu’il n’y avait rien dans le style qui pût faire accuser l’auteur d’affectation ; mais on trouvait la pièce d’un goût honnête, aussi saine que suave, et beaucoup plutôt belle par la simplicité que par la recherche. Il y avait surtout un passage que j’aimais : c’était le récit d’Énée à Didon, et spécialement l’endroit où il parle du meurtre de Priam. Si ce morceau vit dans votre mémoire, commencez à ce vers… Voyons… voyons

PREMIER COMÉDIES.

Quelle tirade, monseigneur?

HAMLET. •

Je t’ai entendu déclamer une tirade qui n’a jamais été dite sur la scène, ou, dans tous les cas, ne l’a été qu’une fois; car la pièce, je m’en souviens, ne plaisait pas à la foule : c’était du caviar (11) pour le populaire; mais, selon mon opinion et celle de personnes dont le jugement, en pareilles.matières, a eu plus de retentissement que le mien, c’était une excellente pièce, bien conduite dans toutes les scènes, écrite avec autant de réserve que de talent. On disait, je m’en souviens, qu’il n’y avait pas assez de sel dans les vers pour rendre le sujet savoureux, et qu’il n’y avait rien dans le style qui pût faire accuser l’auteur d’affectation ; mais on trouvait la pièce d’un goût honnête, aussi saine que suave, et beaucoup plutôt belle par la simplicité que par la recherche. Il y avait surtout un passage que j’aimais; c’était le récit d’Ënce à Didon, et spécialement l’endroit où il parle du meurtre de Priam. Si ce morceau vit dans votre mémoire, commencez à ce vers... voyons... voyons...


<poem>
Pyrrhus hérissé comme la bête d’Hyrcanie,
Pyrrhus hérissé comme la bête d’Hyrcanie,
Ce n’est pas cela : ça commence par Pyrrhus…

Le hérissé Pyrrhus avait une armure de sable,
Ce n’est pas cela; ça commence par Pyrrhus...
Qui, noire comme ses desseins, ressemblait à la nuit,

Le hérissé Pyrrhus avait une armure de sable, Qui, noire comme ses desseins, ressemblait à la nuit, Quand il était couché dans le cheval sinistre. Ma\s son physique affreux et noir est barbouillé D’un blason plus effrayant; des pieds à la tète, 11 est maintenant tout gueules; il est horriblement coloré Du sang des mères, des pères, des filles, des fils, Cuit et empâté sur lui par les maisons en flammes Qui prêtent une lumière tyrannique et damnée
Quand il était couché dans le cheval sinistre.
Mais son physique affreux et noir est barbouillé
D’un blason plus effrayant des pieds à la tête,
Il est maintenant tout gueules ; il est horriblement coloré
Du sang des mères, des pères, des filles, des fils,
Cuit et empâté sur lui par les maisons en flamme
Qui prêtent une lumière tyrannique et damnée
</poem>
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Version du 11 janvier 2012 à 19:05

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nous un échantillon de votre talent ; allons ! une tirade passionnée !

PREMIER COMÉDIEN

Quelle tirade, monseigneur ?

HAMLET

Je t’ai entendu déclamer une tirade qui n’a jamais été dite sur la II,, ou, dans tous les cas, ne l’a été qu’une fois ; car la pièce, je m’en souviens, ne plaisait pas à la foule ; c’était du caviar pour le populaire ; mais, selon mon opinion et celle de personnes dont le jugement, en pareilles matières, a plus de retentissement que le mien, c’était une excellente pièce, bien conduite dans toutes les II, s, écrite avec autant de réserve que de talent. On disait, je m’en souviens, qu’il n’y avait pas assez d’épices dans les vers pour rendre le sujet savoureux, et qu’il n’y avait rien dans le style qui pût faire accuser l’auteur d’affectation ; mais on trouvait la pièce d’un goût honnête, aussi saine que suave, et beaucoup plutôt belle par la simplicité que par la recherche. Il y avait surtout un passage que j’aimais : c’était le récit d’Énée à Didon, et spécialement l’endroit où il parle du meurtre de Priam. Si ce morceau vit dans votre mémoire, commencez à ce vers… Voyons… voyons

Pyrrhus hérissé comme la bête d’Hyrcanie,
Ce n’est pas cela : ça commence par Pyrrhus…
Le hérissé Pyrrhus avait une armure de sable,
Qui, noire comme ses desseins, ressemblait à la nuit,
Quand il était couché dans le cheval sinistre.
Mais son physique affreux et noir est barbouillé
D’un blason plus effrayant des pieds à la tête,
Il est maintenant tout gueules ; il est horriblement coloré
Du sang des mères, des pères, des filles, des fils,
Cuit et empâté sur lui par les maisons en flamme
Qui prêtent une lumière tyrannique et damnée