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temps, tout concourt à multiplier singulièrement pour elle les surfaces de contact. Pour la Grèce, ce n’est pas seulement sur une frontière que peut se faire, comme pour tout autre peuple, l’échange des idées et des procédés ; elle a des colonies attachées à tous les rivages, comme autant de navires à l’ancre ; étant presque partout île ou côte, elle est partout frontière, partout ouverte, partout sensible à l’influence de l’étranger. Elle est toute tournée vers le dehors ; chez elle, pas de ces épaisseurs de pays fermé qui peuvent rester longtemps closes au passage des marchandises et des idées. Que devait-il donc arriver le jour où les tribus dont elle était peuplée s’éveilleraient et voudraient sortir de la barbarie ? De l’Orient si voisin, elles recevraient des exemples et des modèles, des germes féconds, qu’elles absorberaient, si l’on peut ainsi parler, par tous les pores. L’homme va toujours au plus pressé ; dès qu’un plus instruit lui enseigne quelque moyen d’améliorer sa vie et de satisfaire ses besoins, il s’en empare aussitôt ; il l’applique d’abord tel qu’on le lui a transmis, puis il le perfectionne à l’épreuve, avec les années et l’expérience.

Ainsi, plus l’étude du passé fait de progrès, plus on arrive à reconnaître quel fond de vérité contiennent ces traditions et ces mythes qui nous montrent l’influence de l’Égypte, de la Syrie et de l’Asie-Mineure s’exerçant sur la Grèce. Ce qui frappe tout d’abord, c’est que les Grecs ont emprunté à ces prédécesseurs tous les élémens de cette industrie qui n’est pas encore l’art, mais sans laquelle l’art ne saurait naître, les procédés de la métallurgie, de la céramique, de l’orfèvrerie, de la verrerie, du tissage et de la broderie, de la taille et de l’appareillage de la pierre, en un mot tous ces secrets de métier qui paraissent si simples quand on les possède et qu’on les pratique de temps immémorial, mais dont la découverte représente les efforts accumulés de tant de génies inconnus. Ce n’est pas seulement l’outillage matériel de la civilisation que la Grèce doit à ses prédécesseurs ; elle a reçu d’eux, en même temps que l’alphabet qui représentait par un signe spécial chacun des sons principaux de la voix, ce que l’on a très bien nommé l’alphabet de l’art, certaines conventions nécessaires, certaines combinaisons de lignes, certains ornemens, certaines formes décoratives, tout un ensemble d’élémens plastiques qu’elle a appliqués à l’expression de ses idées et de ses sentimens propres. De là dans l’art grec, même arrivé à la perfection, tant de survivances, c’est-à-dire tant de motifs, comme le sphinx, le griffon, la palmette et bien d’autres encore, qui sont nés sur les bords du Nil ou du Tigre, et que les Grecs ont conservés jusqu’au bout, qu’ils ont même transmis aux ornemanistes modernes.

Plus vous remontez vers les origines de la Grèce, et plus vous