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« Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 4.djvu/639 » : différence entre les versions

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Les deux gardes étaient si près du chevalier, qu’ils étendaient déjà la main pour le saisir.
Les deux gardes étaient si près du chevalier, qu’ils étendaient déjà la main pour le saisir.


Tout beau, messieurs, dit-il en faisant faire un bond en
Tout beau, messieurs, dit-il en faisant faire un bond en arrière à son fidèle compagnon ; tout beau !…, laissez-moi prendre du champ, et je suis à vous.
arrière à son fidèle compagnon ; tout beau !…, laissez-moi
prendre du champ, et je suis à vous.


À ces mots, il mit son cheval à un galop si rapide, qu’un instant on put croire qu’il lui confiait le salut de sa vie ; les deux gardes avaient si bien compris que toute poursuite serait inutile, qu’ils restèrent stupéfaits à la même place, le suivant des yeux, et ne pensant pas même à lui crier d’arrêter. Leur étonnement redoubla lorsqu’au bout de quelques secondes ils lui virent faire volte-face et revenir à eux.
À ces mots, il mit son cheval à un galop si rapide, qu’un
instant on put croire qu’il lui confiait le salut de sa vie ; les
deux gardes avaient si bien compris que toute poursuite serait inutile, qu’ils restèrent stupéfaits à la même place, le
suivant des yeux, et ne pensant pas même à lui crier d’arrêter.
Leur étonnement redoubla lorsqu’au bout de quelques secondes ils lui virent faire volte-face et revenir à eux.


Un moment avait suffi au chevalier de Bourdon pour faire ses préparatifs de combat ; ils étaient aussi simples qu’ils étaient courts, et lorsqu’il se retourna, l’écharpe flottante, que nous avons désignée comme tombant de son chaperon, était roulée autour de son bras gauche, comme une espèce de bouclier. Il tenait de la droite sa courte épée, sur laquelle on apercevait ces cannelures dorées destinées à laisser égoutter le sang ; et son cheval enrêné au pommeau de sa selle, et obéissant comme un être doué d’intelligence à la pression de ses jambes, laissait aux deux bras de son cavalier une liberté dont il était évident qu’ils ne tarderaient pas à avoir besoin.
Un moment avait suffi au chevalier de Bourdon pour faire
ses préparatifs de combat ; ils étaient aussi simples qu’ils
étaient courts, et lorsqu’il se retourna, l’écharpe flottante,
que nous avons désignée comme tombant de son chaperon,
était roulée autour de son bras gauche, comme une espèce
de bouclier. Il tenait de la droite sa courte épée, sur laquelle
on apercevait ces cannelures dorées destinées à laisser égoutter le sang ; et son cheval enrêné au pommeau de sa selle,
et obéissant comme un être doué d’intelligence à la pression
de ses jambes, laissait aux deux bras de son cavalier une
liberté dont il était évident qu’ils ne tarderaient pas à avoir besoin.


Les deux gardes hésitèrent un instant à accepter le combat : on leur avait ordonné d’arrêter le chevalier de Bourdon, et non de le tuer, et les préparatifs de défense de celui-ci leur paraissaient assez décisifs pour ne leur laisser
Les deux gardes hésitèrent un instant à accepter le combat : on leur avait ordonné d’arrêter le chevalier de Bourdon, et non de le tuer, et les préparatifs de défense de celui-ci leur paraissaient assez décisifs pour ne leur laisser aucun doute qu’il était disposé à ne pas tomber vivant entre leurs mains. Il vit leur indécision, et sa témérité s’en augmenta.
aucun doute qu’il était disposé à ne pas tomber vivant entre
leurs mains. Il vit leur indécision, et sa témérité s’en augmenta.


Allons, mes maîtres, leur cria-t-il, sus, sus, la dague au
Allons, mes maîtres, leur cria-t-il, sus, sus, la dague au poing, et avec l’aide de Dieu et de monseigneur saint Michel nous allons avoir tout à l’heure du sang rouge et chaud sur les pavés.
poing, et avec l’aide de Dieu et de monseigneur saint Michel
nous allons avoir tout à l’heure du sang rouge et chaud sur les pavés.


Les deux gardes tirèrent leurs épées et s’élancèrent à leur
Les deux gardes tirèrent leurs épées et s’élancèrent à leur

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SCÈNES HISTORIQUES.

paraît que notre sire le roi aime les tournois de grand chemin.

Les deux gardes étaient si près du chevalier, qu’ils étendaient déjà la main pour le saisir.

Tout beau, messieurs, dit-il en faisant faire un bond en arrière à son fidèle compagnon ; tout beau !…, laissez-moi prendre du champ, et je suis à vous.

À ces mots, il mit son cheval à un galop si rapide, qu’un instant on put croire qu’il lui confiait le salut de sa vie ; les deux gardes avaient si bien compris que toute poursuite serait inutile, qu’ils restèrent stupéfaits à la même place, le suivant des yeux, et ne pensant pas même à lui crier d’arrêter. Leur étonnement redoubla lorsqu’au bout de quelques secondes ils lui virent faire volte-face et revenir à eux.

Un moment avait suffi au chevalier de Bourdon pour faire ses préparatifs de combat ; ils étaient aussi simples qu’ils étaient courts, et lorsqu’il se retourna, l’écharpe flottante, que nous avons désignée comme tombant de son chaperon, était roulée autour de son bras gauche, comme une espèce de bouclier. Il tenait de la droite sa courte épée, sur laquelle on apercevait ces cannelures dorées destinées à laisser égoutter le sang ; et son cheval enrêné au pommeau de sa selle, et obéissant comme un être doué d’intelligence à la pression de ses jambes, laissait aux deux bras de son cavalier une liberté dont il était évident qu’ils ne tarderaient pas à avoir besoin.

Les deux gardes hésitèrent un instant à accepter le combat : on leur avait ordonné d’arrêter le chevalier de Bourdon, et non de le tuer, et les préparatifs de défense de celui-ci leur paraissaient assez décisifs pour ne leur laisser aucun doute qu’il était disposé à ne pas tomber vivant entre leurs mains. Il vit leur indécision, et sa témérité s’en augmenta.

Allons, mes maîtres, leur cria-t-il, sus, sus, la dague au poing, et avec l’aide de Dieu et de monseigneur saint Michel nous allons avoir tout à l’heure du sang rouge et chaud sur les pavés.

Les deux gardes tirèrent leurs épées et s’élancèrent à leur